Laemia Vincent-Jean-Hubert
Messages : 706 Date d'inscription : 22/05/2012 Age : 27 Localisation : Dans ton C... Cauchemar. Je suis un Avale-Rêve, coucou.
| Sujet: [OS] Pardon, pour tout [Yuri] Mer 20 Juin - 19:46 | |
| Titre : Pardon, pour tout Monde : UA (réincarnation) Genre : Romance, Angst Pairing : Kairi/Olette... Je sais, c'est pas banal. ^^ Statut : Complet Disclaimer : *soupire* Si seulement j'avais Kairi, mais non, même pas. Rating : T Résumé : On dit que le contraire de l’amour n’est pas la haine, mais l’indifférence. Et moi, je ne supportais pas que tu m’ignores. Et puis, il y a ces rêves... Je crois que je te connais. Remarque : Pitié, quand vous arriverez à la fin, ne me tuez pas. T_T Hm, j'ai l'impression que Kairi peut paraître un peu OOC dans cet OS, pardon d'avance. ^^
On dit que le contraire de l’amour n’est pas la haine, mais l’indifférence. Et moi, je ne supportais pas que tu m’ignores. Je ne savais même pas pourquoi.
Cela fait tant d’années que je t’observe. Le destin a fait en sorte que l’on soit dans la même classe depuis l’école primaire. Merveilleux, le destin. Je pouvais te considérer à loisir, au moins. Seulement, je ne pouvais m’empêcher de me demander… Si nous avions été séparées, juste un an, mon obsession pour toi aurait-elle disparue ? Sans doute pas, en fait.
On ne s’est pas adressé la parole avant le collège. C’est étrange, je sais, mais je n’ai jamais réussi à t’aborder avant. Il faut dire, tu m’intimidais. Oui, je parlais facilement avec tout le monde, avait des tas de camarades, mais toi… Toi, l’élève sage et tranquille, trop calme, aux yeux verts pensifs, trop lointains, je ne parvenais pas à oser venir te parler, malgré la fascination que j’éprouvais à ton égard. Ce qui me frustrait par-dessus tout, c’était de ne pas savoir pourquoi tu me faisais cet effet-là.
Alors, vers la fin de notre année de cinquième, j’ai enfin osé venir vers toi. Tu lisais un livre. Sans doute pas le bon moment pour te déranger, mais je savais que si je ne le faisais pas de suite, ma détermination allait retomber.
« Euh… Salut. »
Tentative désespérée d’engager un dialogue. Je me trouvais déjà stupide. Cette impression s’est accentuée lorsque tu as levé tes yeux verts accusateurs vers moi. Tes prunelles avaient finies par se durcir avec le temps, certainement pour te protéger du monde, pour leur montrer que tu n’étais pas une proie facile ; pour les faire fuir.
« Qu’est-ce que tu lis ? poursuivis-je. -Hm, un livre. »
D’accord, ça progressait… Au moins, tu me répondais. J’essayais de me dire cela, mais en vérité j’étais à deux doigts de m’enfuir. Sauf que je n’en pouvais plus, il fallait que je sache pourquoi tu me faisais cet effet-là. C’était vrai, après tout, pourquoi toi et pas une autre ?
« Et… de quoi est-ce qu’il parle ? »
En soupirant, tu as refermé le bouquin et m’a tendu le verso pour que j’y lise le résumé. Je fronçais les sourcils. J’aurais préféré que tu m’expliques.
« Ah, ça a l’air bien, lâchais-je, plus dans l’espoir de te faire réagir qu’autre chose. -Oui… »
En vérité, je n’avais jamais été une très bonne lectrice. Ni une bonne élève, d’ailleurs. Pas que je n’essayais pas, mais… Tu retournais à ta lecture sans même un regard vers moi. J’avais mal. J’aurais bien ajouté quelque chose, n’importe quoi, mais j’avais déjà suffisamment honte de moi-même comme ça. Je retournais voir mes amies sans insister.
Mes amies… je ne me suis jamais sentie proche d’elles, étrangement. Un mur nous séparait. Invisible, infranchissable. Je ne me sentais tout simplement pas à l’aise avec elles. Comme si elles m’étaient étrangères. En revanche, j’étais certaine qu’avec toi, ce serait différent, alors qu’on ne se parlait pratiquement pas. J’avais même l’impression que tu m’évitais, tiens.
Tu ne parlais pas avec énormément de monde, étant d’un naturel discret, mais je te savais plus bavarde avec tes amis. Pourquoi n’arrivais-je pas à faire partie de tes proches, malgré tous mes efforts ? J’imagine que tu devais avoir une mauvaise opinion de moi, voilà tout. Maintenant que j’y repense, je ne sais toujours pas ce que je t’ai fait de si horrible à l’époque pour que tu refuses mon amitié. Je tentais encore de t’approcher cette année-là, bien que ce fut la première fois qui me marqua le plus ; sans doute car cette seule discussion aurait pu tout changer. Si seulement j’avais pu faire bonne impression… Mes tentatives d’engager une conversation se terminaient à chaque fois par d’affreux moments de solitude. Dire que la seule personne que je voulais le plus au monde me fuyait… le comble.
Et il y a eu les images. Je ne savais pas d’où celles-ci me venaient, ni même ce qu’elles signifiaient. J’essayais de t’en parler, de temps à autres.
« Ça ne te dit rien, une ville perpétuellement baignée dans une jolie lumière crépusculaire ? »
Regard à mi-chemin entre l’hostilité et l’ahurissement.
« Ça ne se peut pas», me répondis-tu avec toute la raison du monde dans ta voix.
Et voilà, tu me prenais pour une folle, à présent, mais je ne baissais pas les bras pour autant.
« Le Struggle. C’est un sport qui se joue avec un bâton bleu et où il faut frapper l’adversaire pour… -Jamais entendu parler. »
Et tu t’en allais sans me laisser le temps de répondre, à chaque fois. Tu devais penser que je me moquais de toi. La plupart du temps, tu m’ignorais, tout simplement. J’aurais, à la limite, préféré que tu m’insultes.
C’est dans cette optique là que, l’année suivante, je me plaçais à côté de toi en cours, sans te demander ton avis. Tu m’as d’abord regardé avec ce mélange de questionnement et de fureur, puis tu as tourné la tête vers le tableau. Ignorée. Encore.
Je ne le supportais plus. Toutes ces années, je n’avais rien dit, mais à présent mon cœur hurlait pour que tu le remarques. Je ne comprenais pas plus qu’avant, et ça me tuait lentement mais sûrement. J’agonisais, tout simplement. Un regard, un sourire m’aurait suffi, mais non, tu ne voulais pas, quoi que je fasse.
Je tentais la manière forte. Sans doute pas la meilleure méthode mais ça a marché.
Un compas, une petite pique sur le bras. Tu te tournais vers moi, fulminante.
« Mais ça va pas la tête ? »
Oh, oui, parle-moi encore !
Je souriais malgré moi. Loin de moi l’envie de te faire mal, mais la seule idée que tu m’adresses la parole de ton plein gré, même pour me faire des reproches, m’emplissais de joie. Je songeais, rapidement, que je devenais folle, mais qu’importe. Au moins j’avais ce que je voulais : ton attention.
Je pensais aussi, brièvement également, qu’avant je n’aurais jamais osé faire une chose pareille. Je n’en aurais pas eu besoin, aussi, puisque tu ne m’ignorais pas. Avant… avant quoi, déjà ? Sur le moment, cela me paraissait évident, mais une fois la question posée, la réponse m’échappa totalement. Cela n’avait aucun sens… Tu m’avais toujours snobée, après tout, non ?
Aucun sens, pourtant je recommençais au cours d’après, et le cours suivant également. Tu allais vraiment finir par me détester, mais je préférais de loin ça à l’ignorance.
Et effectivement, tu me haïssais. Bientôt, tu ne perdis plus une occasion de m’insulter ; ni moi une occasion de t’embêter. J’encaissais tous les reproches en silence, triste mais apaisée. Au moins, je faisais partie de ton quotidien, pas vrai ? Même si cela n’était pas en bien, tu pensais à moi, hein ? Parfois, je culpabilisais. Au fond de moi, je n’aimais pas te faire de mal. Mais –comment te dire ?- j’en avais besoin. C’était la petite fille sage contre la fille populaire et aimée de tous. Toi contre moi. Et tu ne faisais pas le poids, tout simplement. Les autres suivaient tranquillement nos querelles vaines. Mes amis –les trois quarts de la classe – trouvaient ça drôle. Les tiens –les rejetés, les discrets – me lançaient parfois quelques regards noirs, mais je n’en avais cure.
L’année suivante, la chose que je redoutais le plus depuis le début de ma scolarité se produisit. Dans le bureau du directeur du collège, ma sentence tomba.
« Un redoublement ? Comment ça, un redoublement ?! »
Je m’en fichais. Ou plutôt, je m’en ficherais si je n’étais pas morte de peur à l’idée de ne plus me retrouver dans ta classe.
« C’est la solution la plus adaptée à ton cas, Kairi. -Pas question ! »
Mais je n’y pouvais rien. Tous, directeur, professeurs et parents venaient de me condamner. De nous condamner, bien qu’il n’y ait pas de nous en dehors de mon imagination. Dans un ailleurs, également, mais je ne savais plus où ni quand. Il y avait eu un nous, n’est-ce pas ? Ce fut face à cette détresse qui me rendait malade que je me mis à me poser la question.
Etais-je amoureuse de toi ?
Je ne savais pas comment expliquer cette fascination autrement, mais cela ne me menait à rien, car je ne savais pas non plus expliquer mes sentiments envers toi. Oh, bien sûr, j’étais déjà sortie avec d’autres personnes. Des garçons. Mais jamais je n’avais ressenti une telle chose pour personne hormis toi, et ce depuis toujours. Etrange, pas vrai ?
A la rentrée, je me retrouvais donc dans un niveau différent du tien pour la première fois de ma vie. Il me fallut un moment pour cesser de te chercher du regard chaque fois que j’entrais dans une salle de classe.
Je continuais à te persécuter durant les récréations, au moins. Certainement davantage qu’auparavant, même. Je n’y pouvais rien si tu me manquais !
Un an plus tard, à nouveau. Là, tout changea. Tu partais au lycée, je restais au collège. Seule. Une année sans toi.
Ce fut à cette période que les rêves apparurent. Brefs, toujours, mais si plein de sentiments, d’émotions, de tout. De souvenirs, aussi ? Ça, ça restait à prouver.
Tu étais là, bien sûr. Je me souvenais rarement de ton image, mais je sentais ta présence. Rassurante, chaleureusement.
Il y avait un coucher de soleil également, et cette fameuse ville au crépuscule perpétuel. Une ambiance paisible, tranquille, des rires.
Une salle un peu en bazar, un canapé à moitié déchiré… Plus un repaire qu’une salle, en fait. Il y faisait bon vivre.
Ce n’était pas chez moi, non, mais je m’y sentais comme tel. Et puis, tu étais là, et cela, ça valait tous les foyers du monde.
Dans cette vie, tu ne me détestais pas. Bien au contraire. Et ça faisait du bien.
Soudain tout se recoupait. Ces impressions de déjà-vu, parfois, ainsi que ces sensations, ces connaissances qui me venaient sans que sache trop d’où. Ainsi que ma fascination à ton égard. Sauf que je refusais toujours d’y croire. Une autre vie ? Ridicule.
Puis j’arrivais au lycée. Le même que toi, constatais-je avec soulagement. Lorsque tu me reconnus, à la rentrée, je surpris ton regard hostile. Tu pensais que les ennuis recommenceraient pour toi, sans doute.
Mais non. Je n’en avais plus le courage. Pas après ton absence dans mon quotidien l’année précédente. Pas après les rêves, dont je ne savais pas, toujours pas, s’ils étaient vrais, fictifs, réels, inventés, significatifs, récurrents, passagers. Je ne savais rien de rien, sauf que je ne voulais plus que tu me détestes.
Je ne souhaitais pas que tu m’ignores non plus, remarque. Et si je mettais les choses au clair une bonne fois pour toute ?
Un jour, je m’avançais vers toi.
« Olette ? Je peux te parler, un instant ? »
Regard méfiant. Pas totalement agressif, au moins.
« Vas-y.
-En privé », précisais-je.
Tu me suivis dans la cour, dans un coin à l’abri des regards et attendis que je t’explique, les bras croisés, sourcils froncés. Toujours cet air sévère, hein… ?
En vérité, j’ignorais quoi te dire. Te parler des rêves ? M’excuser ? Quoi ? Quoi ? Que pouvais-je faire ? Panique. Je fis la première chose qui me passait par la tête, et le regrettais aussitôt.
Je t’embrassais.
Brièvement, sur les lèvres, impulsivement, assouvissant un désir que tout mon être réclamait depuis trop longtemps.
Tu te reculais, bien évidemment, horrifiée, ne comprenant pas mon geste. Ne te souvenais-tu pas de tous ces instants que nous avions passés ensemble ? La gifle partit sans que je m’y attende. J’aurais dû m’en douter. Je la méritais, après tout. Même pas la peine de te demander pourquoi, mais il fallait que je dise quelque chose pour t’empêcher de partir. Tu finis par t’emporter, le rouge aux joues.
« Pourquoi ? Mais parce que tu n’es qu’une sale garce superficielle qui m’a persécutée pendant deux ans ! »
Voilà, c’était dit. Et quelle était cette impression horrible que quelque chose se déchirait dans ma poitrine ? Quelque chose d’irréparable. A partir de là, plus rien ne serait jamais comme avant. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même.
Je n’insistais plus par la suite, ne te reparlant même pas, te laissant tranquille pour le reste de ta scolarité. D’ailleurs, deux mois plus tard, je suppliais mes parents de me changer d’école.
Je ne t’ai jamais plus revue.
Aujourd’hui, je ne sais pas ce qui me pousse à faire cela. Cela fait sept ans depuis que les rêves ont cessés, m’arrachant ma dernière once de lumière. Je n’ai même plus la consolation de te voir durant mes songes. J’imagine que je suis las d’exister sans toi.
Il pleut. Les gouttes de pluie qui viennent s’écraser contre la vitre produisent un son presque apaisant. Elles ressemblent à des larmes. Cela fait longtemps que je ne pleure plus, moi. Je n’en ressens pas la nécessité. Je suis vide et fatiguée.
Je suis si désolée, Olette. Pardon pour tout. Je m’excuse de ne pas avoir été moi-même, de t’avoir fait subir toutes ces choses. Au fond de moi, je crois –je sais- qu’on aurait pu être autre chose que des ennemis. Qu’on aurait pu redevenir comme avant, dans cette autre vie dont je ne suis même pas sûre de l’existence. C’est ma faute. J’ai tout gâché. Tant pis. Pardon.
Olette replia la lettre et la mit dans sa poche. Elle releva la tête, et effleura du bout des doigts la stèle de marbre gravée du nom d’une personne qu’elle avait connue bien longtemps auparavant.
« Kairi… » murmura-t-elle, et le nom glissa sur ses lèvres comme un son particulièrement mélodieux.
Olette avait grandi et mûri depuis ces années qui lui semblaient lointaines. Elle gagnait bien sa vie, avait tout ce qu’elle désirait, et même une petite amie qui l’aimait. Elle avait toujours eu cette impression que quelque chose lui manquait, malgré tout. Elle se releva, se retourna. Au fond, elle n’avait rien à faire là, sur la tombe d’une fille qu’elle avait connu longtemps auparavant. Enfin, connue… Leur vie s’étaient accrochées, frôlées, juste un peu, avant de glisser vers des directions opposées.
« C’est moi qui dois m’excuser. Si j’avais su… »
Mais elle ne savait pas, avant de lire les aveux de la fille aux cheveux rouges, qu’elle comptait tant pour elle. Elle ne savait pas non plus quoi pensait de cette vie antérieure dans Kairi parlait dans sa lettre mais, étrangement, elle voulait y voir.
C’était une belle histoire, au fond. Celle de deux filles qui se sont aimées dans une vie, détruites dans l’autre. Dommage que cela se finissait si mal. Peut-être, un jour… ailleurs, elles pourraient enfin se retrouver.
Dernière édition par Laemia le Dim 24 Juin - 16:12, édité 2 fois |
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