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| [FanFic] Notre Avenir nous appartient | |
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Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 25 Avr - 22:43 | |
| Titre: Notre Avenir nous appartient Résumé: Six ans après la fusion, la vie a repris son cours. Doucement mais sûrement, l’économie et l’organisation générale du nouveau monde -nommé Almari- reprenaient une activité normale. Le monde était en paix, et la cohabitation entre Alma et Mirari se passait parfaitement bien dans son ensemble. Pourtant, ceux qu’on qualifiait de héros à Agena -leur ville natale, celle dans laquelle ils continuaient à vivre pour la plupart- ne profitaient pas ensemble de ce nouveau monde. Riko, Alexia, Xion et Vanilla avaient quitté toutes les quatre la ville, et tout le monde ignorait si un jour elles reviendraient. Malgré tout, le monde continuait d’avancer -avec ou sans elles- pour ceux qui étaient restés, pour ceux encore en vie. Mais ils étaient loin de se douter que tout recommencerait et que leur Destin, à nouveau, serait incertain. Obligés de reprendre les armes pour récupérer l’avenir qu’on tentait de leur voler, ils devront également faire face aux fantômes de leur passé, et les combattre pour libérer Almari de l’oppression. Disclaimer: Tous les personnages de Kingdom Hearts sont la propriété exclusive de Square Enix et Disney. Les autres m’appartiennent. Genres: angst ; amitié ; romance ; surnaturel. Rating: Entre T et M Monde: UA Vous l'attendiez peut-être, eh bien la voici enfin, cette suite ! J'espère qu'elle vous plaira. (commentaires ici !) _________ Notre Avenir nous appartientPrologue : PréparatifsCela faisait maintenant six ans, jour pour jour, que la menace des monstres avait été éliminée. Dans le nouveau monde, nommé Almari, c’était une journée festive, durant laquelle les habitants fêtaient leur victoire, et commémoraient également les morts ; cette année, six coups de cloches seraient donnés. Même si en six ans beaucoup de personnes avaient réussi à faire son deuil, ce festival était une manière pour tous de ne pas oublier les nombreux sacrifices qu’avaient faits ceux dont le nom était gravé sur cette plaque de marbre, dans le mémorial.
Sora, comme à son habitude, avait participé aux préparatifs de la fête, seulement au lieu de se trouver au centre-ville comme la plupart des habitants de la ville, il rendait visite à Vanitas. Lors d’un jour anniversaire comme celui-là, il préférait largement être au calme, et seul avec lui. Il s’était assis en tailleurs sur le sol, glacé en cette saison, et observait les fleurs et autres décorations qui étaient posés régulièrement sur cette tombe. Il leva ensuite son regard sur la photo de son frère, présente directement sur la pierre. Il sourit.
« Ca fait six ans aujourd’hui… dans quelques jours, on fêtera nos vingt-trois ans. C’est dingue comme le temps est passé vite, hein ? »
Il se leva, et retira rapidement la neige qui s’était accumulée sur la tombe depuis sa dernière visite. Avec toutes les choses à faire pour réparer ce monde et également reprendre ses études, le brun n’avait pas eu le temps de voir les années passer.
Il pensa également aux amis qu’il s’était fait, suite à la fusion d’Alma et de Mirari. Son visage devint nostalgique. Cela faisait trois ans que Vanilla et Alexia étaient parties de la ville, presqu’un an pour Riko et Xion. Toutes les quatre ne donnaient que rarement des nouvelles. Chaque jour le brun espérait les revoir, mais il fallait croire que seul un miracle pouvait les ramener dans leur ville natale. Il soupira, et mit les mains dans ses poches. Sora ressentait toujours de la culpabilité, suite au départ de l’opposée de son frère, et sans doute qu’il continuerait à en éprouver tant qu’elle ne reviendrait pas, mais il réussissait mieux à la mettre de côté, maintenant. Après tout Axel le soutenait, et était finalement resté ici. D’ailleurs, en parlant de lui… un sourire se dessina sur le visage du brun.
« J’ai laissé tomber Axel lors des derniers préparatifs du festival, et je ne pense pas qu’il ait beaucoup apprécié… donc je vais partir maintenant. J’espère que Vanilla veille bien sur ton cœur. »
En effet, depuis la fusion, la malédiction avait également été rompue, grâce à la force de ces personnes qui avaient réussi à survivre sans leur double. Depuis lors, lorsqu’une personne mourrait, son opposé ne souffrait plus autant, et ne vivait plus les quarante-huit heures qui pouvaient voler une vie dans la folie. Plus personne n’avait cette peur bleue de perdre son double, car c’était maintenant quelque chose de normal, tout comme chaque mort dans ce monde. D’ailleurs, Sora se demandait parfois ce que ça faisait d’avoir deux cœurs dans sa poitrine, et si le duo réuni pouvait communiquer ainsi…
Une fois près de la sortie du cimetière, il vit Kaël, un bouquet de fleurs à la main –des myosotis, les préférées de Kairi, d’après ce que Sora avait compris. Les deux hommes se sourirent, mais n’échangèrent pas le moindre mot. Ils ne le faisaient jamais lorsqu’ils se croisaient au cimetière, près du mémorial et le jour du festival ; mais l’un attendait l’autre à chaque fois à la sortie, pour ensuite rejoindre leurs amis communs. C’était un petit rituel, né naturellement au fil des années. Ils ne sauraient pas dire comment et pourquoi tout cela avait bien pu commencer.
Une petite demi-heure plus tard, Kaël revint, les mains vides cette fois, et salua Sora d’un geste de la main avant de le rejoindre. Comme d’habitude, ils se mirent à marcher vers le café où tout le groupe se retrouvait régulièrement. Au moment où ils arrivèrent devant ledit café, ils furent accueillis par Axel, qui paraissait plus ou moins énervé. Sora se rappela alors du lapin qu’il lui avait posé et n’afficha alors qu’un sourire.
« Qu’as-tu à dire pour ta défense ? Demanda directement le roux, les bras croisés sur le torse. - Hm… j’ai oublié. - Tu parles ! Tu me fais le coup chaque année, rétorqua l’autre. La prochaine fois je te bâillonne, et je déconne pas. »
Puis le roux passa de suite à un autre sujet, et reprit ce sourire dont seul lui avait le secret.
« Bon, maintenant venez vite, on a une méga nouvelle à vous annoncer ! »
Le jeune homme guida donc ses deux amis dans le café, et les emmena à une table où étaient déjà installés Seïra, Riku, et Noa –les seuls, avec les trois autres, qui étaient restés dans cette ville depuis la fin de la lutte. Les arrivants saluèrent ceux déjà présents, puis s’installèrent à leurs côtés. Sora et Kaël remarquèrent bien vite l’air jovial qu’affichait chacun de leurs amis, et ils étaient plutôt curieux d’en connaître la raison.
« Alors ? C’est quoi cette « méga » nouvelle ? Demanda le rouquin en reprenant les mots d’Axel. - Xion m’a téléphoné ce matin, commença Noa. Et- - Elle et Riko reviennent en ville demain soir ! Coupa Seïra. Elles prendront le premier avion, et on devra les chercher à l’aéroport vers vingt-heures. »
Sora et Kaël se regardèrent, tout d’abord surpris, mais bien vite ravis d’apprendre ça -cela faisait presque un an qu’ils ne les avaient plus vues quand même. Pourtant, le brun pouvait sentir un pincement dans son cœur, un pincement qui ne lui appartenait pas –et il comprit rapidement de qui ça venait, et pourquoi. Il observa Seïra ; même si elle devait être heureuse de savoir pour Riko et Xion, il y avait une autre personne qu’elle aurait vraiment voulu revoir. Et si elle arrivait à cacher à tout le monde cette tristesse, à Sora, c’était impossible.
Seïra se rendit d’ailleurs compte que son double la regardait, et savait qu’elle était percée à jour. C’était le seul point négatif avec ce lien entre les opposés ; elle ne pouvait rien lui cacher très longtemps, malgré tous ses efforts. Elle se contenta de lui faire un léger sourire pour le rassurer.
« Donc il faut leur préparer quelque chose pour fêter leur retour, continua la brune, malgré tout, et en évitant cette fois-ci de regarder son double. - Moi je dis : un barbecue. C’est toujours cool les barbecues, déclara Axel, sûr de lui. - Dois-je te rappeler qu’il y a quelques années, tu as réussi à incendier une partie du jardin de Sora et Vanitas ? Demanda Riku. Ah, et nous sommes en hiver aussi. - … Attendez… Il a réussi à mettre le feu à un jardin ? Demanda Kaël, qui croyait avoir mal entendu. - La table de jardin en fait, et comme Vanitas était le plus proche à ce moment-là, je peux vous garantir qu’Axel s’en est pris pour son grade, répondit Sora avec un sourire. - Mais non, c’était une gentille engueulade comme on en a souvent eu. - Il a failli te mettre la tête dans le barbecue, je te rappelle, rétorqua Riku. - … Détail. »
Les autres rirent de bons cœurs en imaginant la scène, et en constatant la mauvaise foi d’Axel. Cela faisait maintenant quelques temps que parler ainsi de Vanitas ne faisait plus mal –bien au contraire. Tous les souvenirs finissaient par devenir bons, et il en avait été de même pour ceux avec le noiraud, même si ça avait pris du temps.
Malgré tout, Kaël ne pourrait jamais se pardonner de l’évènement tragique qui avait eu lieu il y avait six ans par sa faute, même s’il arrivait mieux à gérer ses émotions depuis que Kairi était de nouveau près de lui. Lorsqu’il doutait ou qu’il déprimait, il pouvait sentir une chaleur familière dans sa poitrine. Au début il n’avait pas su expliquer cette sensation, mais suite aux nombreuses conversations avec Zenia et même Aqua –la meilleure amie de Kairi- il avait fini par comprendre. Il mit inconsciemment une main à l’endroit où se trouvait son cœur, et celui de son double. C’était grâce à lui qu’il resterait toujours une trace de Kairi dans ce monde –et grâce à Vanilla, qu’il en serait de même pour Vanitas.
« Mais du coup, on fait quoi ? Soupira Sora, ce qui eut pour effet de ramener Kaël dans la réalité. Avec les idées géniales d’Axel, on est pas plus avancés que ça… - Tu peux parler, t’es jamais à l’heure aux rendez-vous toi, bougonna le concerné. - On pourrait faire une fondue ? C’est de saison, et en plus c’est convivial, déclara Noa. - Oh oui ! En plus on pourra se donner des gages pour ceux qui perdent leur morceau ! Déclara Seïra qui se leva brusquement. Donc adjugé vendu pour la fondue, je vais demander à mes parents de nous prêter ce qu’il faut ! »
Et comme à son habitude, Seïra s’éclipsa si vite qu’aucune personne n’eut le temps de la stopper. L’assemblée soupira pour cette impulsivité, même si elle en avait pris l’habitude, en six ans. Avec la brune, aucune objection n’était tolérée, et impossible de l’arrêter une fois qu’elle avait pris une décision. Même Sora, son propre double, n’arrivait pas à la canaliser –il n’y avait visiblement que Vanilla qui arrivait cet exploit.
« Bon, on a le repas principal, mais ce serait trop cool d’avoir un bon dessert aussi ! Reprit finalement Axel. Kaël ! - Oui ? - Tu es chargé de faire un gâteau ! - … Pourquoi moi ? - Parce que moi j’ai la flemme. - Bah voyons. »
Les autres personnes encore présentes ne purent s’empêcher de sourire fasse à ça. Il se passa encore une petite demi-heure, pour décider des derniers préparatifs, avant que chacun ne rentre finalement chez soi. Au fond d’eux, ils avaient le sentiment que, bientôt, ils seraient tous à nouveau réunis.
Dernière édition par Fexatsyn Miroï le Dim 23 Aoû - 17:20, édité 4 fois |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 25 Avr - 22:46 | |
| Et comme j'ai une marge de publication... Chapitre 1 ! ______ Chapitre 1 : Aucun changement
Après avoir récupéré leurs bagages, Riko et Xion se sentirent un peu nostalgiques à la sortie de l’aéroport. Cela faisait presque un an maintenant qu’elles étaient toutes les deux parties pour leurs études de médecine. En regardant autour d’elles, les deux jeunes femmes réalisèrent qu’elles arrivaient en plein milieu du festival de l’unification des mondes, qui avait lieu tous les ans depuis maintenant six ans.
« Xion, Riko, par ici ! »
Les deux jeunes femmes se tournèrent vers l’endroit d’où provenait la voix familière qui venait de les interpeler. Elles virent donc Seïra agiter une main, quelques mètres plus loin, un large sourire aux lèvres –à ses côtés il y avait évidemment leurs autres amis. Elles se rapprochèrent rapidement du groupe, cependant encore incomplet.
« Où sont Kaël et Sora ? Interrogea Xion. - Ils n’ont pas pu venir, mais bon, nous on est là ! Alors, pas trop long le voyage ? Demanda finalement Axel. - On avait pris de quoi s’occuper, donc ça allait. Par contre nous n’avons pas eu le temps de réserver un hôtel…, soupira Riko. - Vous en faites pas pour ça, Kaël a une chambre d’amis, et moi le canapé le plus confortable au monde ! - Nous voilà complètement rassurées, déclare Xion, amusée. »
Après avoir pris les valises que traînaient les deux jeunes femmes depuis un moment, le petit groupe se mit en route vers le parking, et une fois qu’ils furent tous installés dans le monospace que Kaël leur avait prêté, tous se dirigèrent vers leur destination finale, encore inconnue pour Riko et Xion. Ils en profitèrent pour parler un peu durant le trajet.
« Alors, qu’est-ce qui vous amène ici de nouveau ? Demanda Axel, tout en fixant la route –car c’était lui qui avait été chargé de conduire pour le trajet du retour. - Nos études, répondit Riko. - Ca veut dire que vous ne resterez pas ? Interrogea Seïra, déçue. - Eh bien non, mais comme on nous avait laissé le choix de l’hôpital pour notre stage, on a choisi d’aller ici, donc on reste deux mois, rassura Xion. - Et lorsque vous aurez fini vos années, vous reviendrez définitivement ? Interrogea Noa. - Sans doute, déclara Riko. »
Rassuré d’entendre ça, le groupe garda quelques instants le silence –mais il n’était en aucun cas pesant. Riko finit tout de même par le rompre.
« Vous avez des nouvelles d’Alexia et Vanilla ? »
A cette question, Seïra baissa la tête et esquissa un sourire triste. Elle était la seule à en avoir, de leurs nouvelles, mais c’était tout de même assez rare. Sa sœur avait décidé de s’isoler avec sa meilleure amie, pour prendre du recul par rapport à tout ce qui avait pu arriver ces six dernières années –et jamais sa jumelle ne lui avait parlé d’une éventualité de revenir lors de ses appels, dans ses mails ou dans ses SMS. En voyant l’air attristé de son amie, l’argentée regretta d’avoir posé une telle question. La brune finit tout de même par répondre.
« La dernière fois que Vanilla m’a appelée, c’était le mois dernier. Mais elle avait l’air d’aller bien… enfin non, d’aller mieux que les précédentes fois. - C’est bon signe ça, sourit Xion. »
C’était vrai. Autrefois, quand sa jumelle appelait, il y avait ce petit quelque chose qui donnait l’impression à Seïra de parler presque à une inconnue, car elle n’arrivait pas à reconnaître la voix de sa sœur. Au fur et à mesure, cette sensation devenait moins forte -et le mois dernier elle avait même parlé avec la vraie Vanilla, celle d’il y avait six ans. Ca l’avait rendue heureuse, mais pourtant, sa jumelle ne lui avait jamais parlé d’un quelconque retour.
« Je suis convaincu qu’elles reviendront, rassura finalement Noa. - Je n’en suis pas si sûre…, soupira la brune. Après tout c’est parce que les parents de Sora avaient du mal à l’accepter que Vanilla a décidé de partir. - Excuse bidon, rétorqua Axel. Elle s’est servie de ça pour avoir une raison de partir, car elle voulait certainement pas te faire de mal. Elle avait juste besoin de prendre du recul. - Axel qui joue au psychologue ? C’est sans doute le signe avant-coureur d’une terrible catastrophe…, déclara Noa. - Je sais être sérieux de temps en temps quand même ! - « de temps en temps », tu veux dire une fois tous les cent ans, non ? - Je t’emmerde Riku. »
Tous ceux présents rirent de bon cœur, avant de laisser un silence se réinstaller. Seïra, qui était assise sur le siège passager à l’avant, regarda Axel qui, arrêté à un feu rouge, tourna à son tour la tête vers elle.
« Qu’est-ce qu’il y a ? - Je pense que tu as raison, c’est tout, déclara la brune. C’est vrai que c’est bien son genre d’éviter d’inquiéter ou de faire de la peine aux autres. - Hm… tu me tapes si je te dis un truc ? - Ca dépend, tu veux me dire quoi ? »
Le roux se gratta nerveusement la tête, avant de passer une vitesse et de recommencer à conduire, une fois le feu rouge devenu vert. Ca l’arrangeait d’ailleurs de devoir fixer la route, comme ça il n’aurait pas à la regarder dans les yeux, ou à affronter son regard. Et comme leurs autres amis discutaient de nouveau derrière, il ne risquait pas d’être entendu par quelqu’un d’autre.
« En fait Vanitas agissait pareil que Vanilla. Et vu sa fierté, ça n’aidait pas à savoir ce qu’il avait vraiment dans la tête. Sora était le seul à pouvoir lui tirer les vers du nez. »
Et voilà, il venait de refaire la même erreur qu’il y avait six ans ; comparer les doubles c’était vu comme quelque chose d’hyper égoïste… il réalisa qu’il venait vraiment de jouer au débile sur le coup –s’il pouvait, il se taperait la tête contre le volant, là. Seulement il ne s’attendait pas une seule seconde à entendre Seïra laisser échapper un rire. Il aurait voulu se vexer, mais ne sachant pas quoi dire, il laissa l’autre se calmer. La brune finit par reprendre la parole, un léger sourire aux lèvres.
« Il n’y a pas que Vanilla qui va mieux, on dirait. »
De toutes les réponses qu’il aurait pu entendre, Axel ne s’attendait pas à celle-là. Il observa une seconde la brune, avant de regarder à nouveau la route –il reprit toutefois la parole.
« Pourquoi tu dis ça ? - Il y a encore quelque temps, parler de Vanitas vous était encore à tous les quatre hyper difficile, mais maintenant c’est devenu quelque chose de normal pour vous. Je le ressentais déjà chez Sora, et l’avais déjà constaté hier quand on parlait de ce qu’on pourrait faire pour l’arrivée de Xion et Riko… mais là j’en ai vraiment eu la preuve. - A t’entendre, on dirait qu’on était des gros dépressifs. - Pas du tout. C’est juste qu’en tant que vos doubles, on savait que vous n’aviez pas encore fait votre deuil, du coup ça fait vraiment du bien de constater que c’est vraiment le cas, maintenant. - Donc… tu me prends pas pour un gros égoïste car j’ai comparé Vanilla à Vanitas ? - Bien sûr que non. J’ai conscience que même s’il y a un paquet de différences, il y également des tonnes de ressemblances entre opposés. »
Axel ne sut pas quoi répondre, et garda alors simplement le silence. Mais il ne pouvait donner que raison à Seïra, sur le fait que lui et les trois autres avaient finalement réussi à faire complètement leur deuil. Lui-même se sentait beaucoup mieux, surtout qu’il savait que son meilleur ami n’était pas tout à fait mort non plus.
Ils finirent par arriver à destination ; c’était l’appartement que Sora et Seïra se partageaient –ils étaient en colocation, pour réussir à payer le loyer. Quand Riko et Xion sortirent du monospace et purent identifier les lieux, elles soupirèrent en même temps.
« Je sens que vous allez encore trop en faire, déclara Riko. - Nous ? Jamais voyons ! Répondit Axel, qui ferma la voiture une fois tout le monde dehors. Allez venez. »
Tout le monde monta au premier étage, et une fois arrivée devant la bonne porte, Seïra l’ouvrit et laissa tout le monde entrer avant de refermer derrière elle. Ils furent accueillis par Sora et Kaël, qui s’étaient chargés des derniers préparatifs pour l’accueil de leurs amies. Quand les deux filles virent la banderole avec écrit « Bon retour parmi les fous ! » elles savaient que leurs soupçons étaient exacts. Mais au fond, ça leur faisait du bien de retrouver cette ambiance. Après quelques embrassades et des mots de bienvenue, Axel frappa dans ses mains pour obtenir le silence.
« Maintenant c’est l’heure de… Manger ! - Toujours aussi morfal, à ce que je vois, sourit Xion. »
Au fond, cela rassurait les deux jeunes femmes de voir que rien n’avait changé ici, malgré l’absence de deux de leurs amies encore. Tellement de choses auraient pu se modifier, au bout de presque un an. Tous s’installèrent à table, prêts à déguster la fondue. Mais avant que tout le monde n’entame le repas, Seïra se leva, son verre de soda à la main.
« Au retour triomphal de nos deux meilleures futures médecins au monde ! »
Une fois le toast porté, la brune se réinstalla, et alors que chacun préparer leur baguette avec le bout de pain, Axel reprit la parole.
« Celui ou celle qui perd son morceau aura le droit à un gage, et celui ou celle ou ceux qui auront perdu aucun morceau pourront donner un gage supplémentaire à tous les autres ! - Pourquoi ça ne m’étonne pas que tu proposes ça ? Demanda Sora avec un léger sourire. - Parce que sinon c’est pas une vraie fondue savoyarde. - Mais bien sûr… »
Malgré tout, tous se prêtèrent au jeu. Durant le repas les conversations allaient d’ailleurs bon train, jusqu’à ce qu’ils arrivent au programme du week-end.
« Vous auriez très bien pu venir lundi, vu que votre stage commence ce jour-là… vous avez prévu quelque chose ? Demanda Noa, en s’adressant à Xion et Riko. - Eh bien… on pensait aller voir nos parents, moi je souhaitais rendre visite à Vanitas, déclara Xion. Et on voulait passer un week-end avec vous aussi, avant de commencer notre formation à l’hôpital. - Ah, donc vous pourriez avoir Zenia ou Eva comme tuteur ! Sourit Seïra. - Ils sont dans quel service ? Demanda Riko. - Je crois que Zenia au service cardiologie, répondit Riku. - Et il ne faut pas oublier Eva, qui est médecin légiste ! Rajouta Axel. Etonnant n’est-ce pas ? - Hm, travailler tous les jours dans un endroit où il fait hyper froid, on s’en passera volontiers, répondit simplement Riko. »
Mais en parlant des deux adultes qui, avec l’aide de Briana, Braig, Zexion, et Even, avaient réussi à reconstruire la ville… Riko et Xion décidèrent d’aller à leurs nouvelles –surtout qu’il y avait encore plein de choses d’inachevées dans la gestion de la ville, lors de leur départ.
« D’ailleurs, ils vont bien ? Demanda Xion. - Et est-ce qu’ils ont réussi à régler tous les problèmes administratifs ? Renchérit Riko. - Ils vont bien, Zenia a décidé d’adopter Naïm et Naminé, et elle est en train d’écrire un mémoire sur ce qu’il s’est passé il y six ans, répondit Riku. - Et grâce aux dossiers qui, par miracle, étaient restés intacts dans la mémoire des ordinateurs prévus pour ça, et malgré la fusion, ils ont fini de recenser toute la population de la ville, rajouta Noa. Actuellement ils travaillent sur les actes de décès et sur les nouvelles cartes d’identité. - Ils travaillent vraiment dur… j’espère quand même qu’ils ne se surmènent pas…, s’inquiéta tout de même Xion. - Ils veulent que tout le monde puisse revivre normalement au plus vite, déclara Sora. Il paraît même que les travaux publics sont presque finis, et les transports en commun ont été remis en place depuis six mois. - Tout redevient doucement comme avant, alors, c’est vraiment une bonne nouvelle, sourit Riko. »
Bientôt, ils pourraient définitivement tourner la page sur la catastrophe d’il y avait six ans. Enfin… presque. Pour pouvoir mettre un point final à cette histoire, il fallait encore qu’Alexia et Vanilla reviennent, mais même si elles leur manquaient à tous, ils avaient confiance sur ce point ; après tout Xion, Riko et Axel étaient revenus, alors il n’y avait aucune raison pour qu’elles ne fassent pas pareil.
« Ah, et Kaël est devenu instituteur depuis la rentrée de cette année, aussi ! Se rappela Seïra. - Le pire c’est qu’à la base, je ne voulais même pas faire ce métier, en plus, déclara le concerné, un peu gêné. - Il y a une raison pour ce changement de voie ? Demanda Riko. - Hm… je crois que le cœur de Kairi m’a influencé, répondit Kaël avec un léger sourire. Son rêve était de devenir institutrice, et elle était en train d’étudier dur pour ça avant la fusion des mondes. - Alors le cœur d’une personne peut influencer son double à ce point ? Demanda Xion, étonnée d’apprendre ça. - Moi-même je pense ne pas encore avoir découvert tout ce qu’il y a à découvrir sur le sujet, avoua le rouquin. Mais en tout cas, je sens constamment qu’elle est là, à me soutenir, rajouta-t-il en portant une main au niveau de son cœur. - Kaël, ce poète, j’en ai la larme à l’œil, conclut brillamment Axel en faisant mine de s’essuyer les yeux. »
Pour toute réponse, et vu qu’il était juste à côté de lui, Kaël donna un coup de coude au roux, mais avec un léger sourire aux lèvres.
« Et tu viens de gâcher ma fabuleuse poésie. - Il ne sait faire que ça, gâcher les choses, répondit Sora en haussant les épaules. - Hé ! Tu devrais me défendre toi, pas m’enfoncer ! - Peut-être mais… ça n’aurait pas été aussi drôle. - Je vous hais, tous autant que vous êtes, voilà. »
Tous rirent de bon cœur, et reprirent la dégustation de leur fondue. Seulement suite à la conversation précédente, Sora était intrigué. Et en passant un regard à Seïra, il savait qu’ils se posaient tous les deux la même question. Ce fut finalement la brune qui osa la poser.
« Vous croyez que, comme Kaël, Vanilla est influencée et soutenue par le cœur de Vanitas ? - On ne peut pas vraiment savoir, car c’est peut-être du cas par cas, supposa le rouquin. Le mieux c’est de lui demander quand elle reviendra avec Alexia. - Oui, mais c’est quand même une question délicate, rétorqua Riko. Elle a quitté la ville en grande partie à cause des évènements d’il y a six ans, il ne faut pas l’oublier. - Peut-être, mais en parler ne lui fera plus de mal maintenant, déclara Seïra. L’intonation dans sa voix était redevenue la sienne, je l’ai vraiment reconnue, la dernière fois qu’elle a appelé, et elle reviendra, je le sais. »
Après tout, il y avait un autre lien, presqu’aussi fort que celui des opposés ; celui des jumeaux et des jumelles. La brune pouvait donc avoir la certitude que sa sœur reviendrait bientôt, et elle l’attendrait le temps qu’il faudrait.
« Tiens, Seïra a évolué en poète aussi, Kaël est un bon instituteur dis-donc ! - Et toi, tu as de nouveau tout gâché, bravo, rajouta Riku. - Bah, vous m’avez suffisamment enfoncé pour ce soir, donc ça peut pas être pire, donc je risque plus rien, rétorqua simplement le roux. - Oh ça, je n’en mettrai pas ma main à couper…, répondit simplement l’argenté. T’arrives toujours à creuser plus profond. - Tu arriveras sans doute à bientôt trouver du pétrole, à force, renchérit Sora. - Mais j’y crois pas, vous vous êtes donné le mot pour me faire chier ou bien ? »
Les autres se contentèrent d’afficher des sourires innocents, ce qui ne fit qu’énerver un peu plus Axel, qui croisa les bras.
« Bah si c’est comme ça je boude voilà. - Quelle belle preuve de maturité, constata Noa. - Et certains d’entre nous le supportent depuis la primaire, rajouta Riku. - Vous avez bien du courage ! Déclara Seïra, en prenant un ton faussement admiratif. - Mais sérieux, vous avez quoi contre moi ce soir ? - Roh, mais tu sais bien qu’on rigole, et puis depuis le temps, tu devrais savoir que tu es notre souffre-douleur, sourit Sora. »
Axel ne prit même pas la peine de répondre, et cacha simplement ses yeux derrière ses mains, en murmurant des « pourquoi moi ? » ou encore des « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? » ce qui ne fit qu’augmenter l’amusement des autres.
Mais au fond, ils étaient surtout heureux. Leur relation, malgré les départs de certains, n’avait aucunement changé. L’ambiance n’était pas pesante, il n’y avait aucun malaise, aucun silence pesant… Et ils pourraient tous profiter du week-end pour fêter convenablement le retour de Riko et Xion.
La soirée continua dans la bonne humeur, où Seïra put également parler de sa relation avec un certain Kylian, qu’elle avait rencontré dans une maison d’édition, huit mois auparavant. Noa, lorsque la brune leur avait présenté cet homme il y avait de ça cinq semaines, avait voulu la mettre en garde car le garçon lui paraissait suspect. Evidemment la brune n’avait rien écouté, et continuait de sortir avec lui.
Ce sujet fut d’ailleurs très rapidement clos, pour passer à d’autres, moins gênants et sans possibilités de disputes. Ce fut après avoir dégusté le dessert que chacun retourna chez soi. Xion et Riko furent accueillies par Noa, qui avait depuis peu réaménagé son appartement pour pouvoir disposer d’une chambre d’amis. Il n’y avait qu’un lit double, mais Riko avait clairement répondu que c’était bien mieux que le canapé d’Axel. De toute façon, elles prendraient bientôt une chambre d’hôtel, le temps de leur stage. Les frais d’hébergement étaient de toute manière remboursés par leur faculté de médecine.
Et même si le week-end passerait très vite et qu’en semaine ils se verraient avec plus de difficulté, ils profiteraient un maximum du temps qu’ils pourraient passer tous ensemble durant ces deux prochains mois. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Jeu 18 Juin - 19:59 | |
| Il serait temps de reprendre la publication par ici... Je publie un jeudi, mais les publications du samedi devraient reprendre d'ici peu. Peut-être même après demain. J'ai toujours une marge d'avance côté écriture, du coup je tiendrai sans doute le rythme d'un chapitre par semaine à partir du 20 juin, donc tous les samedis si je n'oublie pas. Enfin bref, trêve de blabla, voilà le chapitre ! _____________________________________ Chapitre 2 : PossessionDevant l’immense hôpital, Xion soupira. Le week-end était passé beaucoup trop vite, et elle n’était pas spécialement motivée à commencer son stage. Une pensée lui traversa l’esprit lorsque Riko la força à franchir les portes de l’entrée ; les vacances scolaires lui manquaient terriblement. Elle se souvenait encore de toutes les virées qu’elle faisait avec ses quatre amis, avant la fusion des mondes. Ca paraissait si loin, et si proche à la fois…
Enfin, ils avaient tous grandi, et le lycée était bien loin, maintenant. Il fallait donc qu’elle se concentre sur son stage –de toute façon, elle n’était pas non plus seule, vu que Riko étudiait avec elle dans la même faculté.
L’argentée était d’ailleurs en train d’annoncer leur arrivée à la réception, lorsque Xion l’avait finalement rejointe. Une jeune femme -sans doute une stagiaire elle aussi- les accueillit avec le sourire, et les invita à signer quelques papiers et autres formulaires, avant de leur indiquer le chemin qui les mènerait au bureau de la directrice de l’hôpital.
Le trajet ne leur permettrait sans doute pas de croiser les deux scientifiques, mais elles avaient déjà repéré le plan, et surent donc plus ou moins où se trouvait chaque service ; la cardiologie était en troisième étage, et la morgue –sans surprise- dans les sous-sols. Peut-être que si elle avait du temps libre, elles pourraient aller les saluer.
Pour l’instant, les deux femmes suivirent les indications que la réceptionniste leur avait indiquées, et arrivèrent donc rapidement devant une porte faite de marbre au second étage –là où se trouvait le service d’oncologie. Sur le bois, il y avait une plaquette –visiblement neuve- avec marqué « Vera Zuteln ». Xion se chargea de frapper, et lorsqu’une voix sèche leur répondit finalement d’entrer, elle ouvrit la porte.
La première chose que constatèrent les deux futures internes, c’était les innombrables cartons encore fermés. Visiblement, la femme blonde aux traits sévères venait de prendre le poste de directrice. Ce qui expliquait d’ailleurs pourquoi elle paraissait agacée d’avoir de la visite pendant qu’elle déballait quelques affaires.
« C’est pour quoi ? - Nous sommes les deux internes, de la faculté de médecine de la ville d’Esseïn. - Ah oui, on m’a vaguement parlé de ça quand je suis arrivée, répondit l’autre sans même les regarder. Mais là j’ai genre, pas le temps, donc allez au service des urgences, et demandez Arioch Necroma, ce sera lui votre tuteur. Si vous avez des papiers à me faire remplir, posez-les sur la table près de la porte en sortant. »
Les deux internes répondirent par la positive, et préférèrent donc s’éclipser rapidement pour ne pas embêter davantage la femme –qui devait sans doute approcher de la quarantaine. Elles déposèrent chacune un formulaire sur le meuble indiqué, puis partirent en direction des urgences.
Une fois arrivée là-bas, elles se dirigèrent vers l’accueil et demandèrent le nom du médecin que leur avait donné la directrice quelques minutes plus tôt. Le réceptionniste s’informa dans les dossiers informatiques pour être certain qu’il y avait bien deux internes qui devaient arriver ce jour, puis une fois les vérifications faites, téléphona sans doute à ce fameux Arioch Necroma. Une ou deux minutes passèrent, puis l’homme en face des deux jeunes femmes leva un nouveau le regard vers elles.
« Passez cette porte, prenez à gauche, et son bureau sera juste en face, au fond du couloir. »
Après une brève prise de congé, Xion et Riko se dirigèrent à l’endroit indiqué en soupirant intérieurement, elles se doutaient que régler tous les détails administratifs ça prendrait du temps, mais c’était quand même lourd d’être envoyées d’un coin à l’autre comme ça… enfin, bientôt elles commenceraient leur service, vu qu’elles allaient rencontrer leur tuteur pour ces deux mois de stage.
Au moment où elles arrivèrent devant la porte qu’on leur avait indiquée, celle-ci s’ouvrit, laissant un homme d’âge mur en sortir ; il avait de longs cheveux blancs, attachés en queue de cheval pour des raisons d’hygiène, ainsi que la blouse blanche que tout médecin se devait de porter. Lorsque le médecin se tourna vers les deux internes, ces dernières purent lire « Necroma Arioch » sur le badge qu’il portait. Ce dernier, en les voyant, leur sourit.
« Vous êtes les deux internes ? - Oui et la directrice, madame Zuteln, nous a informés que vous seriez notre tuteur, répondit Riko. - Je vois… eh bien ce serait bien que vous commenciez au plus vite votre service, non ? Donnez moi le formulaire que je dois remplir, et suivez-moi, je vais vous conduire au vestiaire où vous pourrez déposer vos affaires. »
Les deux jeunes femmes obtempérèrent et passèrent donc leur dossier au médecin, puis le suivirent sans un mot, se contentant de se créer des points de repère pour ne pas se perdre les premiers jours. Arioch s’arrêta devant une porte.
« Ceci est le vestiaire femmes, déclara le médecin. Il est utilisé par tout le personnel féminin de l’hôpital, tout étage confondu. Je ne suis évidemment pas autorisé à pénétrer dans cette zone, mais je pense qu’il y a de grandes chances que vous tombiez sur une de nos collègues d’un autre étage. Elle vous aidera à choisir une blouse adaptée à votre taille, ainsi qu’un casier. »
Après avoir écouté leur tuteur, Riko et Xion entrèrent dans l’immense vestiaire. Elles y croisèrent plusieurs femmes, mais elles leur avaient parus si antipathiques que sur l’instant, les internes avaient préféré aller plus loin dans la pièce, dans l’espoir de croiser quelqu’un qui ne les prendrait pas de haut. Et qu’elle ne fut pas leur surprise de voir, dans une autre rangée de casier, un visage familier. Lorsque celui-ci se tourna vers elles, sa surprise fut évidente sur l’instant, mais la femme finit tout de même par leur sourire.
« Bonjour Riko, bonjour Xion, ça fait longtemps. - Bonjour Zenia, et oui, c’est vrai…, répondit l’argentée. - Quand êtes-vous revenues ? - Vendredi dernier, déclara Xion. Et on est là pour les deux prochains mois, le temps de notre stage. - Et vous savez déjà qui est votre tuteur ? - C’est un certain Arioch Necroma. - Je vois…, murmura Zenia, qui paraissait soucieuse pendant un instant. Je suppose donc que c’est à moi de définir vos casiers, et de vous donner une blouse, venez alors. »
La cardiologue les emmenèrent deux rangées de casiers plus loin, et leur attribua deux nombres –le 439 pour Xion, et le 415, un peu plus loin, pour Riko. Pendant que les deux internes déposaient leurs affaires, Zenia les examina rapidement, avant d’aller dans la salle annexe du vestiaire. Elle en ressortie quelques minutes plus tard avec deux blouses, encore cintrées. Elle en tendit une à chaque interne.
« Pour les badges, cependant, il faut que votre tuteur les fasse imprimer. - On lui demandera alors, répondit Riko. »
Les deux internes, une fois prêtes, se dirigèrent vers la sortie, quand Zenia les interpella une dernière fois.
« Faites attention à vous, d’accord ? »
Xion et Riko se regardèrent, ne comprenant pas vraiment pourquoi l’adulte leur disait ça. Elles hochèrent cependant la tête positivement, puis partirent pour rejoindre leur tuteur, qui était toujours aussi souriant. Il les inspecta brièvement, et porta une main à son menton.
« Hm… je vous ferai des badges personnalisés pour demain, donc pour le moment gardez celui remis d’office. »
Il frappa ensuite une fois dans ses mains, et observa ses deux nouvelles protégées.
« Bien, il est temps de passer aux choses sérieuses ! Je remplirai vos papiers plus tard, quand je ferai vos badges. Pour l’instant il est temps pour vous de visiter les urgences, et d’être affectées à un poste. »
Les deux internes se laissèrent donc guider par Arioch, qui prit un maximum de temps pour correctement les guider, et pour pouvoir répondre à leurs diverses questions. Ils y passèrent toute la matinée.
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Il était midi passé lorsque Kaël s’étira. Tous ses élèves –une classe de CE1- étaient partis à la cantine, et il n’était pas en charge de surveillance du réfectoire, cette semaine. L’école reprenait à quatorze heures, ce qui lui laissait largement le temps d’aller au rendez-vous que Zenia et lui avait fixé durant le week-end.
D’ailleurs, le rouquin se demandait quand même ce que voulait la cardiologue… elle lui avait dit que c’était important, mais qu’elle ne préférait ne pas en parler au téléphone. Enfin, il prit son portefeuille ainsi que sa veste et ses clés, et déserta finalement sa salle de classe –en prenant soin de fermer à clé derrière lui.
Il devait retrouver Zenia au café où il se retrouvait souvent avec ses amis, car c’était à égal distance de l’école, comme de l’hôpital, pour arranger tout le monde. Lorsque Kaël franchit la porte, il vit Zenia, déjà installée à une table à sa droite. Le rouquin salua l’ancienne scientifique, et s’installa sur la chaise en face d’elle.
La première chose que Zenia fit, ce fut de donner deux enveloppes brunes au jeune homme. Celui-ci les examina, et leva un regard interrogateur vers la femme en face de lui. Celle-ci répondit à la question silencieuse de son interlocuteur.
« Ce week-end, j’ai établi les derniers actes de décès. Ce sont des papiers importants, qu’il faut conserver. - Alors dans l’une des deux enveloppes, il y a celui de Kairi, c’est ça ? - Exact. - Mais dans la deuxième ? - Je n’ai pas réussi à arranger un rendez-vous avec Sora, vu qu’il travaille sur un nouveau jeu vidéo en semaine, alors j’ai pensé que tu pourrais lui transmettre l’acte de décès de Vanitas. Ca ne te dérange pas ? - Oh non, bien sûr que non. »
En plus, il était prévu que tout le groupe se retrouve vendredi prochain à nouveau, donc il n’y avait que des avantages. Il mit de côté les deux enveloppes pour ne pas les abîmer et, comme l’objet de leur rendez-vous était réglé, ils décidèrent de finalement commander. Mais à ce moment-là, Kaël remarqua l’air soucieux de Zenia. Il était rare qu’elle prenne cette expression, ce qui voulait dire qu’elle songeait à quelque chose qui, pour elle, avait une certaine gravité.
« Quelque chose ne va pas ? - Hm… c’est juste qu’Eva et moi sommes en train de faire certaines recherches sur les évènements surnaturels d’il y a six ans. - Et vous avez découvert quelque chose ? - Eh bien lorsque le laboratoire venait juste d’être déserté par les âmes et les monstres, il y avait une activité étrange, des sortes d’ondes mais que la science humaine n’avait jamais rencontrée et étudiée auparavant. Elles ont bien sûr fini par disparaître au bout de quelques jours, mais… - Mais quoi ? - Depuis peu, certains lieux émettent à nouveau les mêmes ondes. - Vous croyez que les monstres ont une chance de revenir ? S’inquiéta de suite Kaël. On a pourtant tué la créature originelle… - Rien n’est sûr, car l’émission des ondes est encore très faible, mais il vaut mieux se tenir prêt, si cela devait arriver. »
Kaël serra les poings. Ils avaient finalement tous réussi à faire leur deuil, et à revivre normalement malgré tout… si les monstres devaient revenir, cela voudrait que tous leurs efforts auraient été inutiles ? En plus de ça… si tout devait recommencer, cela signifiait que tous les sacrifices avaient été vains, six ans auparavant.
« Je suis désolée, je n’aurais peut-être pas du te parler de ça. - Non, ce n’est rien…, murmura le rouquin. Mais si les monstres devaient revenir, vous avez réussi à estimer dans combien de temps ? - L’émission augmente un peu plus chaque jour mais de manière très irrégulière, donc il est difficile de faire une estimation. - Je vois… - N’en parle à personne, s’il te plaît. Tant que nous ne sommes pas sûrs à 100% qu’il s’agit bien des monstres, on préfère que l’affaire ne s’ébruite pas. - Pour éviter une panique générale… »
Les dégâts matériels d’il y avait six ans avait été en grande partie été provoqué par la fusion en elle-même, mais… 90% des décès avaient eu lieu à cause des monstres. Les pourcents restants, eux, étaient ceux morts de faim, ou écrasés par divers bâtiments qui s’étaient effondrés. Mais c’était un bien faible pourcentage sur une échelle mondiale. Cela signifiait donc que si les monstres devaient revenir… le même massacre se reproduirait.
« Si on devait revivre ça… je crois que certains d’entre nous ne le supporteraient pas, souffla Kaël. - Je le sais bien. C’est pour ça que j’aimerais taire cette affaire pour l’instant, car rien n’est moins sûr. »
Les plats qu’ils avaient commandés finirent par arriver, mais Kaël n’arrivait pas encore correctement à assimiler la nouvelle. Bien sûr il n’en faisait rien paraître extérieurement, car sinon Zenia regretterait définitivement de lui en avoir parlé, mais durant l’intégralité du repas les précédents mots de la cardiologue tournaient dans la tête du rouquin.
Après avoir fini de manger, Zenia regarda l’heure et fit savoir qu’il était temps pour elle de partir. Ils se levèrent donc, prirent chacun leurs affaires –sans oublier les deux enveloppes pour Kaël.
A la sortie du café ils se serrèrent tous deux la main, avant de prendre chacun une direction différente ; l’école pour le rouquin, l’hôpital pour la cardiologue.
Sur le chemin, Kaël pouvait voir que beaucoup de personnes s’attelaient à retirer les décorations du festival, qui avait eu lieu ce week-end. Malgré les nouvelles que Zenia lui avait apportées, il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en se rappelant de ces deux jours qui avait marqué le retour, provisoire pour l’instant, de Riko et Xion. Ca avait été une excellente surprise pour tout le monde –et cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas été presque tous réunis.
Il porta une main à son cœur inconsciemment. Lorsque les six coups de cloche furent donnés en hommage aux personnes mortes, il avait eu un pincement dans sa poitrine. Il s’arrêta de marcher et ferma finalement les yeux. Chaque année, à cette période du festival, il ne pouvait s’empêcher de se rappeler distinctement la scène qui avait coûté la vie à son double. C’était il y avait six ans, lors d’une mission, qui consistait à retrouver des possibles rescapés de la catastrophe de la fusion des mondes ; il était à ce moment-là avec Zexion, Briana, et Kairi.
Les différentes ruelles -dans lesquelles le petit groupe s’était frayé un passage malgré les débris- empestaient la mort et le sang, Kaël s’en souvenait très bien. Et c’était Zexion et Briana qui avaient pris les devants, afin de s’assurer que la zone était praticable. Kairi et le rouquin, eux, étaient plus en retrait, et ne s’étaient pas une seule fois lâché la main.
A cette époque, cela faisait deux jours que la fusion avait eu lieu, et quelques heures qu’ils avaient découvert l’existence des monstres qui volaient les cœurs. Malgré tout, le duo avait choisi de venir avec les scientifiques, pour tenter de sauver un maximum de personnes.
Ce n’était qu’au bout d’une heure de marche qu’ils entendirent quelqu’un tousser. Cela venait d’un bâtiment à moitié en ruine, qui était juste à leur droite. Briana et Zexion s’étaient immédiatement dirigés vers la provenance du bruit, et avaient finalement réussi à sortir la personne des décombres…
« Aqua ! S’écria Kairi. »
L’interpelée, qui était encore maintenue debout par les deux scientifiques, eut à peine le temps de relever la tête vers la rouquine, que celle-ci se précipita vers elle pour l’enlacer.
« Dieu merci, tu es vivante… je m’étais tellement inquiétée… »
Affaiblie par ces derniers jours d’errance dans une ville qui s’écroulait toujours un peu plus, Aqua ne fit qu’enlacer son amie, et passa une main dans ses cheveux, pour la rassurer. Mais le temps n’était pas aux retrouvailles.
« Elle paraît quand même dans un sal état, on ferait mieux de rentrer au plus vite, déclara Briana. T’arrives à marcher ? - Je l’aiderai, ce n’est pas un souci, répondit Kairi immédiatement, pour éviter à Aqua de parler inutilement. »
Ils commencèrent donc à faire demi-tour, quand l’air devint soudainement plus lourd. Malgré le peu d’expériences qu’ils avaient contre les monstres, ils savaient que c’était le signe de leur apparition.
« Restez sur vos gardes, et regardez bien partout autour de vous, déclara Zexion. Ces choses sont rapides, donc restez concentrés. »
Tous s’exécutèrent. Kaël resta toutefois près de Kairi et d’Aqua, pour pouvoir les protéger. Mais à cause de la première vague de monstres, le rouquin fut contraint d’essayer une autre tactique ; celle d’éloigner les créatures des deux jeunes femmes sans défense. Ils venaient de défaire ce qu’ils pensaient être la dernière vague de monstres, quand ils entendirent les cris de Kairi et d’Aqua.
Il ne fallut pas plus pour Kaël, qui se retourna brusquement ; il vit alors les deux jeunes femmes entourées d’une masse noire, prête à s’abattre sur elles à tout instant.
Kaël se mit à courir le plus vite qu’il put vers elles, afin de détruire le monstre, seulement il fut bien trop lent ; et lorsque la masse commença à s’abattre sur les deux jeunes femmes, Kairi poussa Aqua suffisamment loin pour la sortir de cette prison noire. Mais juste après son geste… Un cri effroyable sortit des lèvres de la rouquine, qui finit par s’écrouler -le monstre semblait avoir disparu.
Une souffrance immense frappa à ce moment-là le cœur de Kaël, qui n’arriva plus à bouger –il tomba même à genoux. Il porta une main à sa poitrine, et devait tout faire pour ne pas crier de douleur. Il arriva cependant à relever la tête vers Kairi, qui s’était déjà relevée –Aqua, elle, était visiblement inconsciente.
Mais avant qu’il ne réalise qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez son double, il se prit une énorme slave noire, qui l’envoya plusieurs mètres plus loin. Bien trop affaibli, il ne pouvait que voir ce qui était en train d’arriver. Malheureusement, et au bout de quelques attaques difficilement évitées, les scientifiques ne purent que tirer une seule conclusion de tout cela ; Kairi était possédée. Mais Kaël ne voulait pas y croire. Il se releva, malgré la douleur des attaques et celle de son cœur.
« Il doit y avoir un moyen de la ramener ! »
Il se tourna ensuite vers son double qui s’approchait, une main tendue en avant –elle était visiblement en train de préparer une nouvelle attaque. Mais même si le regard de la rouquine était vitreux et inhumain, son opposé tenta le tout pour le tout ; lorsque Kairi fut assez proche, il l’enlaça le plus fort qu’il put.
« Kairi, s’il te plaît écoute-moi, murmura Kaël. Tu es plus forte que ça… alors tu dois revenir, ne laisse pas ce mons- »
Il ne parvint pas à finir sa phrase. Il sentit une vive douleur dans son ventre, alors qu’encore une fois, Kairi l’envoya plus loin. Le regard qu’elle affichait ne reflétait aucun sentiment, il n’y avait plus rien, ce n’était plus que la marionnette d’une chose inhumaine.
« Kaël, nous n’avons pas le choix, déclara Zexion, malgré ses blessures. Nous devons la- - Non…, coupa l’autre. Je refuse que ça se passe comme ça ! Il doit y avoir quelque chose à faire ! Kairi ! Kairi ! »
Des appels désespérés, pour ne pas affronter la réalité. Pourtant, au fond de lui, il savait comment tout cela allait se terminer. Kairi s’approcha de nouveau de lui, sans doute prête à lui arracher son cœur. Il ferma les yeux.
Mais ce qui brisa le silence fut un coup de feu, qui résonna dans la rue où le groupe se trouvait. Kaël rouvrit par automatisme les yeux et vit Kairi, dont la poitrine se teintait déjà de sang. Le rouquin se mit à trembler alors que le corps de la jeune femme tomba dans ses bras. Une plus grosse douleur vint le frapper au cœur. Cette souffrance fut tellement immense qu’il ne put retenir un cri de désespoir, avant de sombrer dans l’inconscience.
Kaël rouvrit finalement les yeux sur le présent. Même s’il arrivait à faire abstraction de certains souvenirs… d’autres, eux, le hanteraient jusqu’à sa propre mort, il en avait pleinement conscience. Malgré tout, il avait choisi d’avancer, de continuer à vivre. Il le ferait pour Kairi, et réaliserait tous les rêves qu’elle n’avait pas eu le temps de concrétiser, il se le promettait. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 20 Juin - 13:27 | |
| Chapitre 3 : Souvenirs
La semaine passa extrêmement rapidement pour tous. Entre les stages de certains, ou les métiers des autres, aucune personne n’avait vraiment eu le temps de se poser, ou même de penser à autre chose. C’était d’ailleurs déjà vendredi après-midi, et Riko et Xion soupirèrent mentalement de soulagement dans les vestiaires de l’hôpital. Leur stage les satisfaisait, là n’était pas le problème, mais il était encore difficile pour elles de prendre le rythme. Elles étaient donc soulagées d’être en week-end –en plus, ce soir, elles verraient leurs amis au café Granny, là où ils avaient tous pris l’habitude de se retrouver lors de leur temps libre commun.
Une fois dehors de l’hôpital, Riko regarda l’heure. Il leur restait encore une heure à combler, avant le rendez-vous avec les autres. Elles décidèrent alors de faire quelques courses, histoire de passer le temps. Tout en marchant, Xion ne put s’empêcher d’observer un peu partout autour d’elle ; cela faisait tout de même presque deux ans qu’elle n’était plus venue à Agena. Beaucoup de choses avaient changé depuis la dernière fois.
« La ville a l’air comme neuve, comme si rien ne s’était passé…, souffla-t-elle. - C’est vrai, répondit Riko, alors qu’elle observait également les divers bâtiments autour d’elle. La vie reprend doucement son court, malgré la fusion encore très récente. »
Le silence revint rapidement entre les deux jeunes femmes. C’était encore calme, à cette heure-ci ; il y avait peu de circulation. D’ailleurs, en voyant une moto rouge –avec à son bord deux personnes, visiblement- Xion réalisa que c’était le premier véhicule qu’elle croisait, depuis qu’elle avait quitté l’hôpital. C’était vraiment une ville silencieuse de ce côté-là, comparé à celle où elle étudiait avec Riko.
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Seïra soupira de soulagement lorsqu’elle parvint enfin à finir le dessin sur lequel elle travaillait depuis le début de la semaine. Elle avait vraiment cru qu’elle n’y arriverait pas, cette fois-ci. Et alors qu’elle venait de poser son crayon, elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, et Sora déclarer qu’il était rentré. Ni une ni deux elle se leva de sa chaise, et le rejoignit dans le salon.
Sora, qui pouvait sentir la joie de la jeune femme grâce au lien des doubles, eut un léger sourire. Il déposa ses affaires et retira sa veste avant d’observer son opposée.
« Laisse-moi deviner… tu as fini ton dessin, c’est ça ? - Mais, arrête de gâcher mon plaisir de te l’annoncer moi-même, bouda l’autre en croisant les bras. - Pardon, déclara simplement son double en souriant. - Du coup, vu qu’on a le week-end, on pourrait essayer de voir avec les autres s’ils sont libres aussi ! - On pourra en parler ce soir avec eux. - Ce soir, comment ça ? »
Sora l’observa avec étonnement pendant quelques secondes, avant de porter une main à son front. Elle avait encore oublié. Lorsqu’elle était plongée dans ses dessins, Seïra était vraiment tête en l’air.
« On a rendez-vous au Café Granny avec eux dans quarante-cinq minutes je te rappelle…, soupira Sora, qui ne put cacher son amusement. - … Ah, fut la seule chose qu’elle trouva à dire. Bon, bah je file me préparer alors ! »
Même si elle était terriblement en retard et qu’elle en avait pleinement conscience, Seïra prit tout de même le temps de prendre une douche de vingt-cinq minutes, de se sécher et se lisser les cheveux. Sora, qui stressait donc généralement pour deux, ne put s’empêcher de frapper à la porte à quinze minutes de l’échéance.
« Seïra, même si c’est tout près, faudrait que tu accélères légèrement le mouvement, là… - T’inquiète, je gère ! »
Ce fut au bout de dix minutes que la brune finit par sortir de la salle de bain, sous les soupirs de Sora. Ils seraient encore une fois en retard à cause d’elle… Enfin, les autres en avaient l’habitude, donc ils ne diraient rien, mais il fallait tout de même avouer que cela énervait Sora, par moment.
« Bon, cette fois on y va. »
Le duo se mit enfin en route et, comme Sora s’en doutait, lui et son double étaient les derniers arrivés. Les autres sourirent simplement devant l’air dépité du brun, alors que Seïra montrait cet éternel sourire qui ne la quittait que rarement.
« Pardon pour le retard, mais j’avais oublié la réunion. »
Cette déclaration n’étonna absolument personne, mais ils passèrent bien vite à autre chose une fois que les deux arrivants s’étaient installés.
« Bon, qui est libre ce week-end ? Demanda Axel. »
Tous les autres réfléchirent quelques instants. Riku, Riko et Xion avaient bien quelques révisions à faire pour leurs différentes études, mais ça ne leur prendrait pas tout le week-end, et les autres n’avaient rien prévu pour l’instant. Ce fut après un rapide tour de table qu’Axel prit la décision de ce qu’ils feraient tous.
« Comme on a tous eu une rentrée difficile, si on se faisait un week-end aux sources chaudes, à la sortie est de la ville ? - Oh, bonne idée ! Approuva Sora. - Pourquoi pas, ça nous permettra de vraiment décompresser comme ça, renchérit Noa. »
Après ça, ils fixèrent l’heure de rendez-vous devant les sources chaudes, avant de dériver bien rapidement sur d’autres sujets. Lorsque Kaël passa son regard sur Sora, il se rappela de ce que lui avait confié Zenia en début de semaine. Il vérifia qu’il n’avait pas oublié l’enveloppe, et fut rassuré de pouvoir la sortir de sa sacoche.
« Au fait, Zenia m’a demandé de te donner ça, déclara le rouquin en lui tendant ladite enveloppe. »
Sora savait très bien ce qu’il se trouvait à l’intérieur –c’était évidement l’acte de décès de Vanitas. Lorsqu’ils avaient essayé de conclure un rendez-vous ensemble, Zenia lui avait dit son contenu. Malheureusement, leurs horaires de la semaine n’étaient jamais synchronisés, du coup ils n’avaient pas eu l’occasion de se voir, pour que la cardiologue puisse lui remette en main propre. Le brun prit la fameuse enveloppe des mains de Kaël.
« Merci d’avoir bien voulu joué au facteur, déclara-t-il en souriant. »
Sora rangea ensuite l’enveloppe dans sa sacoche, et les deux jeunes hommes prirent ensuite part aux différentes conversations qui avaient lieu. Définitivement, rien n’avait changé entre eux. En voyant l’heure défiler, Noa interrompit finalement tout le monde ; s’ils voulaient être à l’heure demain, il valait mieux ne pas s’éterniser, pour pouvoir se préparer.
Tous furent contraints de donner raison au noiraud, et après des au revoir qui durèrent facilement une demi-heure, chacun retourna chez soi, afin de préparer leurs affaires pour le week-end –sauf Seïra, qui rejoignit l’appartement de son copain au lieu de rentrer avec Sora.
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La nuit ainsi que la journée passa rapidement pour tout le monde, et –une fois n’était pas coutume- Axel était l’un des premiers à être arrivés aux sources chaudes, au côté de Noa et Kaël. Cependant, les autres ne tardèrent pas à tous arriver, et cette fois-ci, aucun retard ne fut à déplorer. Seïra –qui était rentrée assez tôt dans la matinée dans l’appartement qu’elle partageait avec Sora- paraissait d’ailleurs fière d’elle quand Riku lui fit la remarque sur sa ponctualité exceptionnelle.
« Sora a parié un paquet de bonbon qu’à cause de moi on arriverait en retard, déclara la brune, avant de s’adresser à son double. D’ailleurs, lundi, je veux mes bonbons ! - Dixit Seïra, vingt-deux ans. - Tu n’es pas le mieux placé pour faire ce genre de remarque, Axel, rétorqua simplement Riku. - Mais je t’ai pas sonné toi, pis je suis très mature moi d’abord, donc chut. - Dixit Axel, vingt-trois ans…, répondit l’argenté, d’un ton détaché. »
Alors que le roux lança un « Pff ! » en croisant les bras, Xion finit par interrompre la conversation, pour proposer à tout le monde d’entrer dans les sources, au lieu de rester sur le seuil à discuter. Une fois à l’accueil, la réceptionniste leur donna à chacun les clés des différentes chambres qu’ils auraient et partageraient à deux.
Tous montèrent ensuite dans les pièces qui leur avaient été attribuées, afin de mettre la tenue réglementaire, lorsqu’ils n’étaient pas dans les sources. Une fois prêts, tous se retrouvèrent devant les bains –une porte menaient aux vestiaires femmes, l’autre aux vestiaires hommes. Comme l’intérieur des sources n’était pas un lieu mixte, ils fixèrent une heure où ils se rejoindraient dans la salle de détente. De toute façon, ils ne pouvaient pas rester en continue dans les bains, à cause de la chaleur, et des risques de malaise.
Lorsque les filles furent finalement installées de leurs côtés, Seïra soupira de contentement en s’étirant.
« Qu’est-ce que ça fait du bien ! - J’avoue que pour une fois, Axel a eu une bonne idée, répondit Riko. - Vous êtes au courant qu’on peut vous entendre ? S’exclama le concerné. Et pis j’ai toujours de bonnes idées, moi ! »
C’était vrai qu’ils n’étaient séparait que par une immense barrière ; cela coupait certes la vue, mais pas le son. Tout le monde rit donc de bon cœur, alors que le roux s’enfonça un peu plus dans l’eau, vexé.
Malgré tout, tout le monde profitait de ce moment. C’était la première fois en six ans qu’ils s’offraient le luxe d’aller aux sources chaudes –et il n’y avait pas mieux que ça pour se détendre, surtout en hiver, où le froid devenait difficilement supportable.
« Au fait, commença Seïra. On ne s’est toujours pas raconté comment nos deux groupes s’étaient formés, dans nos mondes respectifs. - Comment ça ? Demandèrent les autres. - Bah… on sait que les relations d’amitié et d’amour étaient identiques dans les deux mondes, mais la façon dont on s’est rencontré était peut-être différente, vous ne pensez pas ? - Seïra et ses questions existentielles… cette fille me tuera un jour, répondit simplement Axel. - Non, mais c’est vrai que ça pourrait être intéressant, défendit Xion. Qui commence ? - C’est Seïra qui a proposé l’idée, donc c’est elle qui doit commencer, déclara le roux. »
La brune n’émit aucune objection, et réfléchit un moment à la manière dont elle formulerait les choses, avant de commencer.
« La première personne que Vanilla et moi avons rencontré c’était Alexia, en primaire. Croyez-le ou non, mais elle se faisait souvent victimiser, à l’époque. Et Vanilla n’a pas vraiment supporté ça, du coup elle s’est une fois interposée. A savoir, on était en CE1 et c’était trois garçons de CM1 ou CM2. Bon, on a eu de la chance, une adulte était venue avant que les choses ne tournent vraiment mal, mais Vani a quand même fini avec une cheville cassée et quelques hématomes. - J’ai toujours su que cette fille était folle, déclara Axel. »
Mais évidemment, ce caractère impulsif rappela à tous les Almarys celui de Vanitas, qui agissait exactement pareil, et n’hésitait pas à s’interposer pour protéger les autres –ce qu’il avait fait pour sauver Zenia, d’ailleurs. Mais malgré le rappel soudain de ce souvenir, l’ambiance ne devint pas morose, bien au contraire. Sora ne put d’ailleurs s’empêcher de rire légèrement, en constatant le contraste entre la rencontre de Vanilla et Alexia, et celle de Vanitas et d’Axel. Ce fut d’ailleurs ce dernier qui prit la parole.
« Bah moi j’étais pas victimisé, et quand j’ai rencontré Sora et Vanitas, aussi en primaire, c’était parce que j’avais volé le goûter à Van’, qu’il m’avait chopé, et qu’on a commencé à se battre à cause de ça. Fin. »
Tous les autres purent bien évidemment s’apercevoir à leur tour du contraste entre la rencontre des Almarys, et celle des Miraë. Seïra avait finalement eu raison en supposant que la manière dont ils s’étaient rencontrés différait d’un monde à l’autre. C’était amusant de voir les différences.
« Et toi Riko, comment tu les as connues ? Demanda Xion en regardant la jeune femme. - Hm… Noa était déjà là, en fait, commença la concernée. J’ai été transférée dans leur collège en plein milieu de la quatrième, et comme Seïra était la déléguée, elle était chargée de me guider et de m’aider. Les choses après se sont enchaînées. - Ah, Riku aussi avait été transféré ! Remarqua Sora. Mais je crois que c’était en troisième… et puis c’était Axel le délégué. - En effet, confirma l’argenté. - Lui ? Délégué ? Comment ça a été possible ? Demanda Kaël. - Il donnait des bonbons ou des chewing-gums à ceux qui votaient pour lui, si je me souviens bien, répondit Xion. - J’avais dit que cette info devait rester secrète ! S’écria le concerné. »
Mais encore une fois, Axel fut ridiculisé et les autres se moquèrent gentiment de lui –et même s’il y avait un mur qui séparait les filles et les garçons, il n’était pas difficile de savoir que le groupe féminin riait également. Il ne restait plus que Xion et Noa qui devaient raconter la rencontre –ce fut la jeune femme qui commença.
« En fait, je connais Vanitas et Sora depuis la maternelle. Mais lorsqu’on est rentrés au collège… j’avais le rôle d’Alexia chez vous, en quelques sortes. En sixième, j’avais énormément de problèmes, à cause de mes cheveux courts, et de mon style vestimentaire un peu garçon manqué. Du coup Axel et Vanitas sont intervenus à un moment, et depuis je n’ai plus eu de problèmes. - Eh ouais ! Frima Axel. Qu’est-ce que tu aurais fait sans nous ce jour-là, hein ? - Ta modestie te perdra, Axel, soupira Riku. »
Tous les garçons se tournèrent ensuite vers Noa, qui n’avait pas dit grand-chose, mais dont le tour était venu. Le jeune homme soupira, mais commença tout de même à parler.
« C’est une rencontre toute bête, pour ma part. J’étais en cinquième, et on avait un travail à faire, par groupe de deux obligatoirement. Alexia et moi on s’est retrouvés à devoir faire équipe, le courant est finalement bien passé, et donc une chose en entraînant une autre, j’ai connu Seïra et Vanilla, et par la suite Riko après son transfert. - Eh ben, t’avais raison Seïra, y’a quand même vachement de différences dans nos rencontres, conclut brillamment Axel. Je pensais pas. »
Mais au fond, il n’y avait pas que le roux qui était surpris ; ils l’étaient tous, car ils ne pensaient pas que, malgré tout, il y avait eu de telles variations dans le passé. Cette discussion avait été quand même instructive, dans un sens.
« Bon, par contre ça fait déjà une heure qu’on discute, donc il vaudrait mieux sortir, pour éviter un coup de chaleur, déclara Noa. - Oui, c’est vrai, répondit Seïra. On se retrouve dans la salle de détente ? »
Les garçons répondirent par la positive, et ce fut ainsi qu’au bout de quinze minutes, tous prirent place dans la pièce convoitée –ils avaient d’ailleurs de la chance, car il n’y avait personne à part eux pour l’instant. Ils se servirent donc chacun une boisson, et Axel décida de lancer un tournoi de Ping-pong. Chacun approuva l’idée, et Sora prépara même la grille des matchs, qui seraient en individuels. Le brun avait tout de même mis un petit quart d’heure avant de finalement en faire profiter tout le monde : il avait fait en sorte que les Miras affrontent les Almarys, mais en évitant les combats double contre double –ce qui n’avait pas été une chose simple.
Le premier match, qui confrontait Axel et Riko, commença. Et alors que les premières minutes se passèrent dans le silence et la concentration totale, le roux décida de le rompre brusquement.
« Au fait, pour les règles… un gage à chaque perdant, mais le gagnant paie une tournée aux autres. - Je n’appelle pas ça gagner du coup…, fit remarquer l’argentée, alors qu’elle venait de réussir un smash. Et puis vu le désavantage certain que tu as, tu risques d’être le premier à avoir un gage. - C’est loin d’être fini, ma chère ! Me sous-estime pas ! »
Seulement l’issue de ce match était déjà courue d’avance. Dès le début Riko avait pris l’avantage, et il ne restait qu’une dizaine de minutes sur les vingt minutes imposées ; ce fut donc sans surprise que, une fois le temps écoulé, l’argentée avait remporté la victoire sans aucune difficulté. Elle sourit en observant l’air boudeur du roux.
« Alors ? L’histoire des gages tient toujours ou tu y renonces ? - Roh ça va hein. »
Sora annonça ensuite le prochain match, qui confronterait Xion à Seïra. Axel, quant à lui, décida d’aller prendre l’air. La nuit était déjà tombée, donc il faisait plutôt froid, mais cela ne dérangeait pas le roux. De toute façon il venait de subir la pire humiliation au monde, donc la température extérieure ne pourrait que lui rafraichir les idées.
Il se dirigea vers la rivière, à quelques centaines de mètres des sources chaudes. Lorsqu’il arriva sur les lieux, il observa distraitement le courant. A ce moment-là, il eut l’impression que quelqu’un le fixait, de l’autre côté du court d’eau. Pourtant, quand il releva son regard, il ne vit personne. Sans se préoccuper plus longtemps de ça, il décida de suivre le sens inverse du flux de l’eau, par curiosité -et parce qu’il n’avait de toute façon rien de mieux à faire.
Mais au bout de plusieurs mètres parcourus, il sentit une vive douleur dans son dos, alors qu’il fut projeté un peu plus loin. Sonné, il réussit pourtant à tourner la tête vers une personne à la tenue entièrement noire, et dont le visage était dissimulé par une capuche. Axel, malgré le coup qu’il s’était pris, arriva tout de même à se relever, et à lancer un regard noir à son agresseur. Il n’eut d’ailleurs aucun mal à faire le rapprochement entre ça, et l’impression d’être observé depuis tout ce temps. « T’es qui ? Et qu’est-ce que tu me veux ? »
Durant les premières secondes, il ne reçut aucune réponse, mais recula par automatisme lorsqu’il vit l’autre s’approcher.
« Où est-il ? »
Avant de se poser la question sur ce que cherchait la personne devant lui, Axel dut d’abord se défaire de cette horrible impression ; celle qui lui poussait à croire qu’il connaissait la voix qu’il venait d’entendre, et qui réveillait en lui des souvenirs trop flous pour que le roux puisse vraiment les identifier. Il se secoua mentalement la tête, pour se ressaisir. Il était en face de quelqu’un de visiblement dangereux, donc il ne devait pas perdre sa concentration sur des choses aussi idiotes.
« Je vois pas de quoi tu veux parler, rétorqua finalement Axel, qui se voulait être sûr de lui. - De mon cœur, évidemment, celui que mon double m’a volé. »
Le roux n’eut le temps de réfléchir ni sur cette voix qui lui était bien plus que familière au fur et à mesure, ni sur les paroles qui venaient d’être prononcées ; l’autre se rua vers lui, et le plaqua au sol, une main au niveau de la gorge du jeune homme.
« Si tu veux rester en vie, tu as intérêt à me dire où se trouve cette fille. »
Mais qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Qu’est-ce que ce mec –car sa voix ne trompait pas, malgré le côté bien trop familier- racontait ? C’était quoi cette histoire de double et de cœur volé ?
« Tu tiens tant que ça à mourir, Axel ? »
L’interpelé n’eut pas vraiment le temps de se demander comment l’inconnu pouvait connaître son prénom ; la poigne au niveau de sa gorge commençait à vraiment l’étouffer, et s’il ne faisait rien, c’était certain qu’il y laisserait la vie. Il tenta de rassembler toutes ses forces dans ses jambes, pour réussir à donner un coup de pieds suffisamment puissant pour propulser l’autre plus loin. Le roux fut le premier étonné, lorsqu’il constata que cette tentative désespérée avait marché.
Axel se releva, toussota, et massa sa gorge endolorie. Il s’approcha ensuite de la personne accroupie, et dont la capuche dissimulait toujours son visage. Déterminé à enfin voir à qui il avait affaire, Axel tendit un bras pour lui retirer le vêtement. Il se stoppa quand la personne se mit à rire brusquement, et qu’elle se redressa. Une distance de quelques mètres les séparait à nouveau.
« Tu ne reconnais toujours pas ma voix ? Je pourrai me sentir vexé, tu sais ? »
Axel avait peur de comprendre où voulait en venir l’inconnu en face de lui, et se surprit même à trembler légèrement lorsqu’il vit l’autre porter une main à sa capuche de lui-même. Une fois celle-ci retirée, le roux se pétrifia, alors qu’un sourire malsain se dessinait sur le visage de cette personne qui ne pouvait pas se trouver là.
« Visiblement, tu n’as pas oublié mon visage, c’est déjà ça. »
Les jambes d’Axel le portaient avec très grande peine. Il rêvait, là, hein ? Bien sûr, ça ne pouvait qu’être un très mauvais cauchemar, et il se réveillerait dans la chambre qui lui avait été attribuée aux sources.
« Enfin, je suppose que des présentations sont inutiles, à ce stade, déclara simplement l’autre. Donc tu seras gentil de me dire où est Vanilla, ma très chère double, et je te laisserai en vie. »
Ce n’était pas Vanitas. Son caractère, sa façon de parler, ses expressions… rien ne correspondait au noiraud qu’il avait connu. Pourtant, sa ressemblance physique était là, sa voix aussi. Il n’y avait qu’une tâche noire sur ce tableau ; son meilleur ami avait toujours le physique qu’il avait à dix-sept ans –comme si le temps n’avait plus aucune emprise sur lui.
« Tu sais, je ne voulais pas te tuer à la base, mais tu ne me laisses visiblement pas le choix. »
Une aura noire commença à se former au niveau de la main droite de l’imposteur, mais Axel ne parvenait pas à ordonner à son corps de bouger pour éviter l’attaque, qui serait très certainement mortelle. Il rit même nerveusement ; il allait mourir à cause d’une personne qui n’était plus censée être en vie depuis six ans. Le comble.
Mais au moment où « Vanitas » leva son bras vers le roux, les deux garçons entendirent des voix qui appelaient Axel. La seule réaction qu’eut la créature fut de soupirer, avant de faire disparaître cette aura noire et de baisser sa main. Axel, qui ne parvenait toujours pas à bouger, ne fit qu’observer l’autre, qui remettait sa capuche.
« Ne t’en fais pas, on se reverra très bientôt. »
Le garçon encapuchonné disparut au moment même où le roux put distinguer Sora, Riku, et Seïra venir vers lui, visiblement inquiets. Une fois assez proche, les trois jeunes adultes remarquèrent le teint plutôt pâle du roux.
« Axel ? Tout va bien ? Demanda Sora. »
Le brun n’avait jamais vu le roux dans un tel état. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Qu’est-ce que son ami avait vu au point d’avoir ce teint aussi blême ? Les trois jeunes adultes se posaient tous ces questions, mais se doutaient qu’ils n’auraient pour l’instant aucune réponse de la part d’Axel.
« Je crois qu’il vaut mieux le ramener, il nous expliquera après, déclara finalement Riku. »
Seïra et Sora hochèrent la tête en signe d’accord, et tous les trois guidèrent Axel -qui ne prononça pas le moindre mot de tout le chemin- vers les sources.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 24 Juin - 19:41 | |
| J'ai décidé finalement qu'il y aurait deux publications par semaine. Du coup retrouvez chaque mercredi et chaque samedi un nouveau chapitre ! Le chapitre 3 a éveillé les premières interrogations vers sa fin, mais laissez-moi vous dire que ce n'est véritablement que le début. D'autres surprises vous attendront au fil des prochains chapitres ! Allez, je vous retiens pas plus longtemps. J'espère que ce chapitre 4 saura vous satisfaire ! ________________________________________ Chapitre 4 : Ombres
Tout le monde s’était réuni dans la salle de détente, déserte à une heure aussi tardive. Xion venait de revenir de la cuisine, avec un verre de chocolat chaud, qu’elle donna à Axel. Celui-ci avait l’air d’avoir repris des couleurs, mais paraissait toujours autant perturbé. Personne n’osait rompre ce silence pesant, et il ne fallait pas compter sur le roux pour le faire ; il observait distraitement la tasse que son amie venait de lui donner, se demandant encore si tout ce qu’il avait vu et vécu près de cette rivière avait été réel.
Vanitas était mort depuis six ans, c’était une chose indéniable ; il avait vu le corps inerte de son meilleur ami, et avait assisté à son enterrement -mais en même temps… il n’y avait aucun doute possible sur le visage de la personne qu’il avait vu tout à l’heure. Il porta inconsciemment une main à son cou, là où son col roulé pouvait facilement dissimuler la marque de l’étranglement, qu’il avait subi avant l’arrivée de Sora et des autres.
« Axel ? Appela finalement le brun. Qu’est-ce qu’il s’est passé, là-bas ? »
Le roux aurait dû se douter que la première question qui tomberait serait celle-ci. Mais pouvait-il vraiment expliquer une chose pareille –et en présence de Sora en plus- ? Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait plus été déstabilisé comme ça, qu’il préféra continuer de fixer la tasse encore remplie qu’il tenait, au lieu d’affronter les regards interrogateurs de toutes les personnes autour de lui. Mais pour Kaël, le silence de son ami parlait pour lui.
« Il y a quelques jours… Zenia m’a parlé de quelque chose, déclara soudainement le rouquin. »
Tous tournèrent la tête vers Kaël, qui l’avait baissé. Il ne pouvait pas croire que la scientifique avait eu raison d’avoir de tels soupçons.
« Elle m’a dit que les signaux que dégageaient les monstres il y a six ans… étaient réapparus. »
Les autres ne pouvaient pas croire aux paroles que venait de prononcer leur ami. C’était impossible ; ils avaient vaincu la créature originelle, faisant ainsi disparaître tous les monstres pour de bon. C’était même Kaël qui avait porté le coup final, libérant ainsi tous les doubles de cette horrible malédiction.
« Ce n’est pas possible, tu as tué le monstre originel, il y a six ans, déclara Riko. - Et pourtant, votre ami a raison. »
Cette voix féminine, personne ne la connaissait –ou presque-, mais tous se tournèrent vers l’endroit d’où elle provenait ; soit la seule entrée et sortie possible de la salle de détente. La personne qu’ils aperçurent était complètement vêtue de noir, et son visage était dissimulé par une capuche. Axel put bien vite reconnaître ces vêtements, car l’imposteur qu’il avait vu près de la rivière portait exactement les mêmes –ce qui signifiait que cette fille faisait partie du clan des monstres.
« Qui êtes vous ? Et que voulez-vous ? Demanda directement Seïra. - Je viens vous prévenir. Ce qu’il s’est passé près de cette rivière… n’était que les prémices d’une nouvelle guerre. »
A ces mots, Axel releva finalement la tête vers la personne encapuchonnée. Si elle faisait vraiment partie du camp des créatures, pourquoi viendrait-elle les prévenir ?
« Et pourquoi on devrait te faire confiance ? - La personne que tu as affrontée près de cette rivière… était instable. L’Ombre Originelle, comme elle se fait appeler, l’a formaté pour lui faire croire qu’elle était quelqu’un qu’elle n’est pas, et la manipule grâce à ça, et à ce côté humain qu’elle a acquis avec le temps, déclara l’inconnue. J’ai moi aussi un corps qui ne m’appartient pas, mais contrairement à mon « confrère » que votre ami a vu, j’ai réussi à échapper à la corruption, même si mon opposé est encore en vie. »
Axel était le seul à pouvoir ramener les bouts ensemble, suite à ce qu’il avait vécu quelques temps plus tôt. Mais c’était trop gros pour qu’il puisse y croire ; surtout qu’en six ans, le corps de Vanitas devait être dans un état de décomposition avancée, alors que celui qu’il avait croisé n’avait même pas un teint cadavérique. Kaël, lui, écoutait attentivement les mots prononcés par cette femme ; plus elle parlait, plus sa voix sonnait familièrement en lui…
« Vous serez tous, tôt ou tard, confronté à votre passé, continua l’autre. Mais ne vous fiez pas aux apparences, certaines personnes que vous verrez ne seront pas celles qu’elles prétendront être. Elles sont totalement manipulées, et n’ont même pas conscience de leur véritable identité. »
L’encapuchonnée s’apprêta à partir, mais Sora l’interpella une dernière fois.
« Attends ! Qu’est-ce que tout cela veut dire ? - Je vous ai dit tout ce qu’il était essentiel pour vous de savoir pour l’instant. Vous devrez découvrir tout le reste par vous-même. Mais je vous demanderai seulement une chose… Toutes ces Ombres qui sont persuadés d’être quelqu’un d’autre… libérez-les. Ramenez-les, avant qu’elles ne commettent des actes irréparables. S’il vous plaît. »
L’inconnue serra ensuite ses mains gantées, et baissa la tête. Les autres n’en revenaient pas ; cette « Ombre » -comme ils se faisaient tous visiblement appeler- avait un côté tellement… humain. C’était à la fois perturbant, mais également horrible de sentir cette souffrance. Cela n’avait rien à voir avec ces monstres sans âme et sans cœur qu’ils avaient pu affronter, six ans auparavant.
« Comme tu l’as mentionné avant… tu n’es qu’une simple Ombre, et tu as été libérée des ténèbres à cause de la créature Originelle. Comment pourrait-on te faire confiance ? Demanda finalement Riku, méfiant malgré tout. »
L’ombre soupira, réfléchit quelques instants, avant de parler à nouveau.
« Si ce n’est pas pour nous que vous le faites, faites-le au moins pour tous ces humains qui sont morts il y a six ans, et dont le repos a été perturbé à cause de notre réapparition. »
Ce fut sur ces derniers mots que l’Ombre disparut définitivement de la pièce, dans un nuage de fumée noire. Chaque personne présente se regarda, perdue. Ce qu’il venait de se passer était tellement… indescriptible, et surtout incroyable. Ils venaient de recevoir tellement d’informations d’un coup, qu’ils furent tous obligés de faire un récapitulatif dans leur tête.
Les Ombres possédaient les corps des personnes mortes il y avait six ans, certaines avaient été corrompue par l’Originelle, pour récupérer « leur » cœur… et vu l’état dans lequel ils avaient récupéré Axel, il n’était pas si difficile, au final, de faire le rapprochement sur le corps humain que l’Ombre avait volé contre son gré, pour finir complètement manipulée. Seulement en comprenant tout cela, Seïra en comprit encore autre chose qu’Axel, après avoir vérifié que tout le monde avait finalement compris, ne tarda pas à expliquer de vive voix.
« Alexia et surtout Vanilla sont dans la mouise. Faut surtout pas qu’elles reviennent ici tant que y’a ces Ombres corrompues qui traînent. - Ca va être compliqué…, rétorqua Riko. Alexia a certainement du avoir l’écho de tes ressentis lorsque tu étais près de ce court d’eau. - Et connaissant leur caractère à toutes les deux, elles vont très certainement revenir sans prévenir pour savoir ce qu’il s’est passé, rajouta Seïra, qui avait serré les poings. »
Cela faisait trois ans qu’elles étaient parties, alors les revoir dans un tel contexte… même la brune n’arrivait pas à se réjouir, car elle savait très bien que sa sœur serait constamment en danger.
« Il faut qu’on libère l’Ombre corrompue avant le retour de Vanilla et Alexia, déclara finalement Noa. - Mais comment ? Demanda Sora. - Surtout qu’on doit avoir quelques jours, voire heure, rajouta Riko. - Je ne sais pas encore… mais il doit y avoir un moyen. Peut-être qu’en suivant le principe de la malédiction des quarante-huit heures… on pourrait arriver à quelque chose ? - C'est-à-dire ? Interrogea Riku, sceptique. - Lorsque Kaël et Vanilla ont perdu leur double, ils ont eu besoin de proches de celui-ci pour sortir de leur folie, pas vrai ? - Euh, oui… mais là nous parlons de monstres, pas d’humains, rétorqua le concerné. - Ils ont un corps humain. Et l’Ombre corrompue a le corps de Vanitas, donc il y a une chance qu’on arrive à la convaincre qu’elle n’est pas lui, expliqua le noiraud. »
La logique de Noa tenait debout, dans la théorie. Mais dans la pratique… ce serait toute autre chose. L’Ombre corrompue n’allait certainement pas s’asseoir sur une chaise et les écouter tranquillement ; elle était déterminée à récupérer ce qu’elle croyait avoir perdu, et serait prête à tuer pour ça –il n’y avait qu’à se rappeler la situation dans laquelle s’était retrouvé Axel.
« Du coup, qu’est-ce qu’on fait ? Demanda finalement le roux, après un silence. Car c’est pas en restant les bras croisés ici qu’on va arranger la situation… - La première chose à faire, c’est de prévenir Zenia, déclara Riko. Pour le reste… je pense qu’il faudra aviser lorsqu’on sera de retour en ville. »
Les autres approuvèrent, et ce fut l’argentée qui se chargea de mettre au courant la scientifique de la situation, laissant tous les autres silencieux dans la salle de détente. Chacun essayait d’assimiler le fait que tout était sur le point de recommencer, malgré quelques différences notables.
« Vous croyez qu’on peut faire confiance à cette Ombre ? Demanda Sora. - Je ne sais pas…, répondit sincèrement Noa. - Mais on peut peut-être lui laisser le bénéfice du doute, rajouta Riku. Elle n’a pas tenté de nous attaquer, et n’a pas l’air d’avoir préparé une embuscade. »
Kaël, cependant, restait étrangement silencieux depuis la disparation de l’Ombre. Xion finit par s’en rendre compte, et par lui demander la raison de son silence. Le garçon répondit quelques secondes plus tard.
« L’Ombre qui vient de nous aider… je crois qu’elle avait le corps de Kairi. - Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Demanda Riku. - Cela fait six ans, mais je suis sûr d’avoir réussi à reconnaître sa voix, en plus j’avais l’impression qu’elle me regardait constamment, aussi. Et puis j’ai eu une étrange sensation à ma poitrine, lorsqu’elle est apparue… - Après ce qu’elle nous a dit, ce n’est pas impossible, répondit Noa. Mais si c’est bien elle, je ne comprends pas pourquoi elle n’a pas cherché à t’attaquer pour récupérer ton cœur. »
Chacun réfléchit sur la question ; c’était illogique en effet. L’Ombre qui possédait le corps de Vanitas était prêt à tuer pour récupérer « son » cœur, alors pourquoi celle qui avait l’apparence de Kairi n’aurait-elle rien tenté, alors que Kaël était à deux pas d’elle ?
« Oh mais attendez ! Je crois qu’elle a dit quelque chose à ce sujet ! S’exclama Seïra. Elle a dit avoir réussi à éviter la corruption, même si le double du corps qu’elle possédait était encore en vie, ou quelque chose comme ça. - Maintenant que tu le dis, c’est vrai qu’elle avait mentionné quelque chose comme ça, affirma Noa. - Mais ça ne nous avance pas sur la situation actuelle…, soupira Sora. Même si cette Ombre est de notre côté, on ignore combien sont corrompues, et si celles qui ne le sont pas sont toutes dans notre camp. »
C’était vrai. Tout le monde ignorait le nombre exact d’Ombres qui erraient dans leur monde actuellement. En plus de ça, certaines étaient peut-être dans leur camp, mais c’était très certainement une minorité, ils ne pouvaient donc pas faire confiance à toutes celles qu’ils pourraient croiser, et encore moins à celles corrompues –mais celles-ci avaient besoin de leur aide, pour récupérer leur véritable identité.
« J’ai prévenu Zenia, mais… elle était déjà au courant, interrompit soudainement Riko. Il semblerait que certaines ombres soient déjà en ville. Il y a déjà eu de nombreux blessés. - Quoi ? Déjà ? Soufflèrent tous les autres. »
Les Ombres les avaient donc pris de vitesse ? Impossible, Axel avait croisé la première Ombre il y avait un peu plus d’une heure, donc c’était impossible que…
« Pendant que l’Ombre agressait Axel, d’autres devaient très certainement se diriger en ville. Nous devons y retourner et aider Zenia au plus vite, déclara Noa. »
Tous hochèrent la tête, et se dirigèrent vers leur chambre respective. Leur temps était compté, ils ne devaient pas perdre une seule seconde.
~0~0~0~0~
Malgré l’heure avancée, les phares d’une moto transperçaient l’obscurité, sur une route forestière habituellement déserte. Sur le véhicule, deux personnes s’y trouvaient ; la conductrice slalomait entre les arbres à grande vitesse, tandis que la passagère s’accrochait à sa taille.
Mais les deux personnes ne virent que trop tard une silhouette humaine sur leur route ; la conductrice tenta de dévier sa trajectoire, mais percuta de plein fouet l’inconnu, en plus de perdre le contrôle de sa moto. Elles furent éjectées sans douceur du véhicule, qui termina sa course contre un arbre. Accrochées l’une à l’autre –et parce qu’elles portaient leur casque-, les deux réussirent à s’en sortir qu’avec quelques hématomes et ce qu’elles espéraient être des égratignures, malgré le sang qui pouvait s’écouler de leurs différentes plaies.
Avec difficulté, elles se relevèrent, et retirèrent leur casque avant d’observer l’endroit où la personne qui avait provoqué tout ça se trouvait –celle-ci, contre toute attente, était toujours debout, et les fixaient sans doute sous cette capuche noire, qui dissimulait son visage.
« Alexia et Vanilla, je présume. »
Les deux jeunes femmes s’observèrent ; comment cette personne –à la voix totalement inconnues pour les deux- pouvait connaître leur nom ? Immédiatement méfiantes, et malgré leurs mouvements fortement altérés par leurs blessures due à l’accident, elles empoignèrent leur arme qu’elles avaient à leur ceinture.
« Moi aussi je suis ravi de faire votre connaissance, déclara simplement l’inconnu en haussant les épaules. Mais je ne pense pas que dans votre état, vous soyez capable de me faire quoique ce soit. - Si t’avais pas trainé sur cette route, on en s’rait pas là, déclara froidement Alexia. Et on a pas le temps, alors dégage. - Je n’avais pas prévu votre vitesse, et je suis désolé de vous avoir mis dans un si piteux état. Mais cela vous donne une raison de plus de me suivre. »
Qu’est-ce que cette personne racontait ? Et que leur voulait-elle ? En tout cas une chose était sûre dans leur tête, ce qu’Alexia avait ressenti à cause d’Axel… cela devait être lié à ça. Ca sonnait même comme une certitude dans leur cœur –surtout que, poussées par cet horrible pressentiment, elles n’avaient pas vraiment réfléchi, et malgré cette absence de trois ans, s’étaient immédiatement mises en route vers la ville de leur enfance, plus guidées par leur cœur que par autre chose.
Seulement voilà, il n’était pas prévu qu’elles croisent quelqu’un et fassent un accident de la sorte –surtout qu’elles ne s’en sortaient pas vraiment bien. Alexia avait pu voir la pâleur et les nombreuses blessures de Vanilla, mais ne devait pas être dans un meilleur état. C’était un miracle qu’elles n’aient pas encore perdu connaissance.
« Vous pâlissez à vue d’œil, donc il vaudrait mieux pour vous que vous me suiviez sans faire d’histoire. - Hors de question, rétorqua Vanilla, en levant son arme vers l’inconnu. - Vous risquez d’êtres retrouvées par une Ombre corrompue d’ici peu de temps et y perdre la vie, vous savez ? Soupira l’inconnu. Et je voulais éviter d’utiliser la force, surtout après un tel accident, enfin… vous ne me laissez pas le choix. »
La personne se téléporta, et les deux jeunes femmes eurent à peine le temps de s’en rendre compte qu’elles sentirent un violent coup dans leur nuque.
« Je ne suis pas votre ennemi, leur murmura l’inconnu. »
Ce fut la dernière chose que les blessées entendirent avant de s’évanouir. A ce moment là une deuxième silhouette apparut ; elle s’agenouilla près des deux jeunes femmes inconscientes et blessées. Elle soupira.
« Je croyais t’avoir dit de ne pas les blesser… T’as de la chance que le point de rendez-vous soit dans un hôpital… - J’ai mal calculé mon coup, c’est tout, se défendit l’autre. Bon, Selena doit en avoir fini avec les amis de ces deux-là, on la rejoint ? Les autres Ombres s’approchent d’un peu trop près à mon goût. »
Son interlocuteur hocha la tête, et prit l’une des deux femmes inconscientes dans ses bras, tandis que la deuxième Ombre s’occupa de l’autre, et toutes les quatre disparurent dans un nuage de fumée noire.
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Lorsque tout le groupe arriva finalement en ville, la lueur de l’aube commençait doucement à éclairer les ruelles –ce qui signifiait que, comme six ans auparavant, les Ombres devaient avoir déserté les lieux. Seulement personne ne s’attarda sur ça ; le sol était abîmé par endroit, et quelques personnes se relevaient difficilement. Le groupe décida de les aider, en les accompagnant jusqu’à l’hôpital –c’était de toute manière leur destination à la base, vu que Zenia s’y trouvait.
Une fois au centre hospitalier, ils furent accueillis par Arioch, qui demanda à Xion et Riko de rester avec lui, pour gérer le service des urgences, qui était rempli suite aux dernières catastrophes. Les deux internes adressèrent un regard à leurs amis, pour leur faire comprendre qu’ils n’avaient de toute façon pas besoin d’être tous présents dans le bureau de Zenia.
Sora, Seïra et les autres se dirigèrent donc vers le service de cardiologie, et trouvèrent rapidement le bureau de la scientifique. Ils ne prirent pas la peine de frapper pour entrer. Ils virent la femme concentrée sur un document, avant qu’elle ne relève la tête vers eux. Après de brèves salutations, le groupe d’amis demanda immédiatement un bilan des dégâts.
« Nous avons eu de la chance, si j’ose dire… Il y a eu plus de dégâts matériels qu’autre chose, et aucun mort n’a été déclaré. De plus, les Ombres ont déserté dès que les premiers rayons du soleil sont apparus. - Donc ils peuvent toujours pas survivre à la lumière du jour… c’est déjà quelque chose de rassurant ça, non ? En plus les nuits sont courtes, donc si on s’organise… - Ce n’est pas si simple, Axel. Pour l’instant les habitants ignorent tout de ce que signifie cette attaque, mais lorsqu’ils en apprendront la cause…, commença la scientifique. Cela créera une panique générale, et il n’y aura pas que les monstres à gérer. »
Sur l’instant, personne ne sut quoi répondre. Mais en effet, même si eux réagissaient le plus calmement possible en sachant très bien le danger, les habitants, eux… Quand Sora eut une idée.
« Et si… on instaurait un couvre-feu ? - Ca empêchera pas les monstres d’entrer dans les maisons, hein…, rétorqua Axel. - Oui, mais si on établit des roulements dans les services de l’ordre, avoir un couvre-feu, plus des personnes en dehors et armés pour les protéger, ça éviterait peut-être une vague de panique comme cette nuit, expliqua le brun. Vous ne croyez pas ? - Ce n’est pas une mauvaise idée, je vais en parler à Braig, déclara Zenia. Comme ça il aura le temps de préparer les forces militaires, et de préparer les habitants au couvre-feu. »
Zenia était bien évidemment au courant de la nature des Ombres ; tous étaient en possession de corps humains, morts depuis six ans. Il n’était donc pas question de souiller les cadavres avec de nouvelles blessures –qui s’accumuleraient avec celles reçues à l’époque- mais plutôt de les immobiliser le temps qu’ils mettent la main sur l’Ombre Originelle. Elle s’apprêta à téléphoner à Braig pour lui transmettre tout ce qui avait été dit, seulement quelqu’un frappa à la porte. Elle décida donc d’autoriser la personne à entrer avant de joindre l’autre scientifique.
« On a trouvé les corps de deux jeunes femmes inconscientes mais soignées dans les sous-sols, déclara immédiatement l’arrivante. Et dans la main de l’une d’entre elles y’avait ce mot. »
Intrigués, tout le groupe se tourna vers Zenia, qui prit immédiatement le papier qui lui était tendu. Elle le lut ensuite à voix haute pour que tout le monde puisse en prendre connaissance.
« Pardonnez-nous pour l’état dans lequel elles se retrouvent toutes les deux. Elles se dirigeaient vers une Ombre corrompue, nous devions donc les arrêter, seulement elles allaient bien plus vite que prévu… J’espère que nos soins auront été suffisants, mais il serait tout de même préférable de faire des examens plus approfondis, dans le doute. »
Même si la lettre n’était pas signée, il n’était pas difficile de deviner de qui cela pouvait provenir. C’était sans doute des Ombres qui étaient dans leur camp -car personne, mis à part eux, n’était au courant pour la corruption de certaines des créatures. Mais qui étaient ces personnes dont les créatures parlaient ? Et surtout, est-ce que ces femmes avaient été prises en charge, comme le recommandaient les auteurs de ce mot ? Zenia releva la tête vers son assistante.
« Avez-vous commencé les examens ? - Oui, ils sont d’ailleurs terminés. - Et donc ? - En se basant sur le mot, et sur leurs blessures, on a pu en déduire qu’elles étaient à moto, et qu’elles portaient un casque toutes les deux, donc aucun traumatisme au niveau du crâne, et leurs blessures ne sont pas aussi profondes qu’on le craignait. Par contre, on a remarqué un hématome dans leur nuque qui ne provient pas de l’accident… elles n’étaient donc pas inconscientes après avoir été blessées, mais on les a visiblement assommées. »
Ce dernier détail était étrange pour chacun, et sans doute faudrait-il interroger les deux victimes, pour avoir plus de détails, seulement il était préférable de les laisser se reposer pour aujourd’hui, avant d’entamer l’interrogatoire sur ce qu’il s’était passé.
« Savons-nous au moins qui elles sont et d’où elles viennent ? - Elles portaient toutes les deux une sacoche avec leurs effets personnels, et on a trouvé leur carte d’identité provisoire à l’intérieur. »
Pour prouver ses dires, l’assistante sortit deux cartes, qu’elle tendit à Zenia ; celle-ci entreprit immédiatement leur inspection. Et si habituellement la scientifique affichait un air plutôt neutre… là elle avait plutôt l’expression de quelqu’un complètement stupéfaite, qui avait de la peine à croire ce qu’elle voyait –et sur l’instant, personne ne comprit pourquoi elle réagissait comme ça. Sans lever son regard de ce qu’elle tenait, Zenia s’adressa à nouveau à la femme en face d’elle.
« Où sont-elles actuellement ? - A cet étage, chambre 45, mais elles ne se sont pas encore réveillées, car elles ont tout de même perdues pa- - Vous tous, suivez-moi, coupa la scientifique en se levant de son bureau et en s’adressant aux autres. »
Personne ne comprit une telle réaction, surtout de la part de Zenia -elle qui était si calme, d’habitude. Ils furent tellement surpris de son comportement, qu’ils ne purent que la suivre vers la chambre, avant de finalement lui demander des explications. Zenia, pour toutes réponses, ne fit que donner à Seïra les deux cartes d’identité, et ouvrit la porte en silence.
Le groupe observa les objets, et crut halluciner. Les deux photos, et les noms sur les cartes… c’était impossible. Seïra et tous les autres relevèrent la tête vers la cardiologue, qui les invitait en silence à entrer. Une fois à l’intérieur de la pièce, chacun put voir deux personnes endormies. En les observant, il n’y avait plus aucun doute possible sur leur identité.
Vanilla et Alexia avaient vraiment été blessées, mais également sauvées par ces Ombres non-corrompues par la créature Originelle. Et même si énormément de dangers les attendaient encore… Seïra était heureuse ; malgré le contexte qu’elle pensait inadapté quelques heures auparavant, malgré cet accident, malgré ces bandages, malgré ce teint encore trop pâle. Tout cela n’avait aucune importance, maintenant qu’elles étaient de retour, et surtout en vie. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 27 Juin - 11:04 | |
| Chapitre 5 : Questions
La première chose que sentit Alexia lorsqu’elle parvint finalement à revenir à elle, ce fut son corps complètement engourdi, mais surtout douloureux. La seconde chose qu’elle remarqua, c’était l’odeur d’antiseptique très prononcée dans l’air ambiant –elle était donc à l’hôpital. Le plafond blanc qu’elle aperçut –après avoir réussi à ouvrir les yeux- le lui confirma bien vite.
Instinctivement, elle porta un regard vers sa droite, et vit Vanilla dans le lit d’à côté, encore endormie. La rousse soupira, rassurée ; sa meilleure amie s’en était également sortie. De quoi exactement ? Elle ne savait plus trop, car tout était encore assez flou dans sa tête ; les seules choses dont elle arrivait vraiment à se souvenir, c’était la souffrance à son cœur, qui l’avait soudainement prise dans la nuit, mais après…
Malgré ses bras endoloris et la lourdeur actuelle de son corps, Alexia se redressa, pour observer son environnement. Sa vue redevenue complètement normale, elle constata la présence de Seïra et Sora, endormis l’un contre l’autre, sur l’un des deux sièges présents dans la pièce. Elle s’apprêta alors à regarder Vanilla, quand elle réalisa ce qu’elle venait de voir.
Elle se frotta les yeux, pour être certaine que ce n’était pas une hallucination, mais non ; le duo ne disparaissait pas de ce fauteuil. Elle tenta de se rappeler quelque chose qui pourrait expliquer la présence de ces deux personnes ici, mais les seuls souvenirs qui lui revenaient étaient cette souffrance, son cœur qui l’avait guidée à nouveau vers sa ville natale, cet accident de moto, cette silhouette humaine qu’elle avait percutée… il lui semblait aussi que l’inconnu leur avait parlé, mais elle ne parvenait pas à se rappeler de leur conversation. Mais elle était sûre d’une chose ; à aucun moment Seïra et Sora n’avaient été présents. Alors comment ?
« Tu t’es enfin réveillée, c’est rassurant. »
Trop concentrée pour tenter de se rappeler de tout ce qui s’était passé avant d’atterrir ici, Alexia n’avait pas entendu la porte de la chambre s’ouvrir, et ne remarqua la présence de Xion qu’après les mots que cette dernière avait prononcés. Alexia, ne put que penser à une seule chose à ce moment-là ; encore une personne qu’elle ne s’attendait pas à voir.
« Comment on s’est retrouvées ici ? Demanda-t-elle finalement. Et Vanilla ? Elle s’est déjà réveillée ? Ses blessures sont pas trop graves ? »
Après tout, c’était de sa faute si elles se retrouvaient toutes les deux blessés et à l’hôpital. Sa faute aussi si l’état de Vanilla était peut-être plus grave que le sien. Elle serra les poings ; elle aurait du être plus vigilante ! Xion, quant à elle, ne fit que sourire face à cet interrogatoire ; la relation entre les deux meilleures amies n’avaient absolument pas changé, bien au contraire. Elle finit tout de même par répondre, pour rassurer la rousse.
« C’est plutôt une longue histoire, mais ne t’en fais pas, Vanilla s’en remettra comme toi, il vous faut juste du repos. »
Encore trop fatiguée pour chercher à savoir ce qu’il se passait, Alexia ne fit que se recoucher correctement dans son lit, et se tourna vers sa meilleure amie. L’essentiel pour l’instant, c’était que Vanilla ne soit pas dans un état plus grave que le sien, et que sa vie ne soit plus en danger.
« Vous n’avez pas changé, en trois ans… Seïra sera vraiment contente. »
Cette fois-ci, ce fut la voix de Sora qui résonna dans la pièce. Alexia observa du coin de l’œil le brun, qui s’était réveillé, et même levé pour se rapprocher de la rousse, en prenant soin de ne pas réveiller son double.
« Vanilla s’est réveillée il y une petite heure, expliqua-t-il. Elle s’est inquiétée exactement comme toi. - Elle s’est aussi posée de nombreuses questions sur la situation, mais on lui a ordonné de se reposer, car de toute façon elle n’aurait pas été en état d’écouter, continua Xion. - Hm… »
Alexia n’écoutait qu’à moitié, en fait, à cause de la fatigue qui venait de la reprendre. Mais elle devait tout de même s’estimer heureuse de ne souffrir que de ça, et de simples douleurs ; elle ne se rappelait peut-être plus de l’après de l’accident, mais celui-ci était bien clair dans son esprit –et c’était un exploit qu’elles s’en soient toutes les deux sorties… Comme Vanilla, Alexia avait un nombre incalculable de questions à poser, mais son état ne lui permettrait pas de le faire maintenant. Elle laissa ses yeux se fermer sur sa meilleure amie.
~0~0~0~0~
Quand Seïra se réveilla vers le milieu de l’après-midi –personne n’avait vraiment dormi, la nuit dernière, après tout- elle constata qu’elle était toute seule dans la chambre d’Alexia et Vanilla. Ces dernières paraissaient profondément endormies, mais la brune remarqua que leur position avait changé –sans doute s’étaient-elles réveillées à un moment donné.
Elle s’étira, puis se leva, avant de s’approcher du lit de sa sœur. Sans doute que certains avaient déjà pu lui parler, et il fallait avouer que la brune leur en voulait légèrement de ne pas l’avoir réveillée à ce moment-là. Elle s’assit sur la chaise très inconfortable –par rapport au fauteuil qu’elle venait de quitter- à côté du lit de Vanilla, et prit la main bandée de cette dernière. Elle évita cependant de serrer trop fort le membre entre ses doigts, pour éviter de provoquer une douleur inutile à sa sœur.
Mais même si elle était heureuse, Seïra était aussi assez stressée ; cela faisait trois ans qu’elles ne s’étaient plus vues, alors que dire lorsque Vanilla se réveillerait ? Comment réagirait-elle lorsqu’elle réentendrait la voix de sa sœur ? Quand elle verrait à nouveau son regard ?
« Tu te poses trop de questions, Seïra, comme d’habitude, soupira une voix. »
L’interpelée sursauta, et plongea son regard bleu azur dans celui doré de sa sœur. Elle porta une main contre sa bouche, alors que sa jumelle, elle, l’observait simplement. La brune resta figée quelques instants, avant que son corps ne réponde finalement à ses nombreuses questions ; elle se mit à pleurer, et se laissa tomber sur le lit pour prendre sa sœur dans ses bras.
« Trois ans il t’a fallu pour revenir…, souffla-t-elle entre deux sanglots. Trois foutues années… »
Même si la brune l’avait enlacé un peu trop fort au vue de ses blessures, Vanilla ne dit rien ; cette douleur n’était rien comparée à ce qu’elle avait fait subir à sa propre sœur. Alors, et malgré sa faiblesse actuelle, elle enlaça à son tour sa jumelle, et la serra un peu plus fort contre elle. Des excuses ne changeraient rien, car aucun mot ne serait assez fort pour exprimer la culpabilité qu’elle ressentait à avoir mis Seïra dans cet état.
Alexia, qui s’était réveillée à cause des sanglots de la brune, ne fit qu’observer la scène en silence. Elle aussi se sentait coupable de l’état émotionnel dans lequel était Seïra ; après tout, la rousse aurait pu forcer sa meilleure amie à revenir plus tôt, mais elle en n’avait jamais trouvé le courage.
Les deux blessées ignorèrent pendant combien de temps le silence de la pièce avait été rompu par les larmes de Seïra, qui s’était finalement calmée, et redressée, en réalisant l’étreinte qu’elle venait de faire à sa sœur, qui était blessée. Elle essuya rapidement ses larmes avec son bras, mais n’osa pas le retirer pour regarder sa jumelle dans les yeux.
« Je… désolée, j’ai du te faire mal…, souffla la brune. - C’est bon, ça va. »
A son tour Vanilla se redressa ; elle prit ensuite le poignet de sa sœur, retira le bras de cette dernière, pour pouvoir la regarder dans les yeux, et surtout lui sourire.
« Tu ne m’as pas fait mal. »
Seïra ne chercha pas à savoir si sa sœur mentait ou si elle disait la vérité. Elle était bien trop hypnotisée par ce sourire qu’elle avait tellement voulu revoir un jour, autre part que dans ses rêves. Elle sourit à son tour, et enlaça –moins fort cependant- Vanilla.
~0~0~0~0~
Zenia observa l’horloge à sa droite ; c’était déjà la fin de l’après-midi, et il ne restait donc que quelques heures avant la nuit. Elle avait déjà mis au courant Braig des mesures à prendre –le scientifique était d’ailleurs en train de tout préparer- mais il fallait encore parler à Vanilla et Alexia de la situation, et du danger qui les menaçait. On lui avait communiqué que les deux jeunes femmes s’étaient finalement réveillées, et que cela faisait maintenant une heure que tout le groupe, enfin au complet, s’était retrouvé dans la chambre à parler de tout et de rien, comme ils en avaient pris l’habitude quelques années auparavant.
Zenia ne voulait pas gâcher ces retrouvailles, mais elle n’avait pas le choix. Elle se leva et sortit à contre cœur de son bureau, puis se dirigea vers la chambre 45. Elle frappa, puis attendit une réponse qui arriva bien vite.
Tous les visages se tournèrent vers elle –et mis à part Vanilla et Alexia, tous devinèrent rapidement la raison de sa visite. La scientifique ferma la porte derrière elle, et s’approcha du groupe. Elle s’assura que l’état des deux patientes leur permettrait de suivre la conversation, avant de commencer. Il n’y avait aucune contre-indication de visible ; elles avaient repris des couleurs, et semblaient en forme, malgré leurs nombreuses blessures.
« Si vous êtes revenues la nuit dernière, c’est parce qu’Alexia avait senti qu’il était arrivé quelque chose à Axel, c’est ça ? - Yep, répondit la rousse. Mais maintenant que j’y pense… c’est étonnant que tu ais bien voulu me suivre surtout en sachant la destination, continua la rousse, à l’attention de sa meilleure amie. »
Alexia venait juste de réaliser ça en y réfléchissant, mais maintenant qu’ils y pensaient, c’était vraiment étrange que Vanilla agisse de la sorte, après trois années où elle refusait catégoriquement de revenir.
« Je ne sais pas trop non plus pourquoi j’ai si facilement accepté, à vrai dire, répondit la principale concernée. J’avais un pressentiment, et juste avant les évènements avec les sentiments d’Axel transmis à Alexia, j’ai cru sentir quelque chose se réveiller en moi, comme une voix étouffée, qui me disait que vous étiez tous en danger et que je devais revenir. C’est débile, mais je crois que je me suis laissée guidée par ça. - Ok, donc en gros, ma meilleure amie a viré folle, conclut la rousse avant de prendre un air méfiant. Je crois que je vais prendre mes distances avec toi, c’est peut-être contagieux… - C’est pas moi qui me laisse avoir par les sentiments de mon double, rétorqua l’autre. - Dixit celle qui entend des voix dedans sa tête…, répondit sa meilleure amie, d’un ton faussement apeuré, et qui dissimulait difficilement son amusement. »
A cette remarque, Vanilla se vexa, et enfonça un peu plus sa tête dans ses genoux, sous les sourires amusés de tous les autres. Ca leur avait terriblement manqué, ce genre de choses -et dire que ce n’était que maintenant qu’ils le réalisaient vraiment… Zenia était la seule qui avait gardé son sérieux.
« Ce n’est peut-être pas totalement dénué de sens, comme on pourrait le croire à première vue, déclara la scientifique. - Comment ça ? Demandèrent Sora et Seïra. - Je vous expliquerai lorsque je serai sûre de mon hypothèse. Pour l’instant, Vanilla, Alexia, dites nous ce qu’il s’est passé, cette nuit. »
Les deux meilleures amies se concertèrent du regard. Pour l’une comme pour l’autre, ces évènements restaient assez flous dans leur tête. Sans doute à cause du choc dû à l’accident…
« On va pas vraiment pouvoir vous aider…, soupira Alexia. On y a pas mal réfléchi, mais on sait juste qu’on a tenté de pas écraser quelqu’un qui s’était mis sur notre route, et qu’on lui a parlé, mais après pour les détails… - Et sa tenue ? Insista tout de même Zenia. Ou son visage ? - On a rien pu voir, il portait une capuche, et sans doute quelque chose de foncé, car ça ne ressortait pas dans la nuit, répondit Vanilla. »
La scientifique baissa la tête une fraction de seconde, avant de la relever ; avec ces dernières informations reçues, elle en était arrivée à un moment délicat de la conversation -mais elle ne pouvait pas tourner autour du pot plus longtemps.
« La personne que vous avez croisée cette nuit… c’était un monstre. Ou plutôt une Ombre, comme elles se font maintenant appeler. »
Les deux jeunes femmes se regardèrent, avant de fixer Zenia. Ce n’était pas quelqu’un qui avait l’habitude de faire de mauvaises blagues, mais sur l’instant… elles peinaient énormément à la croire ; ou plutôt, elles ne voulaient pas le faire –car cela signifierait que tous ceux qui s’étaient sacrifiés six ans auparavant… l’auraient fait pour rien. Elles ne trouvèrent rien à répondre, et laissèrent simplement la scientifique continuer.
« La créature Originelle est revenue à la vie, et a libéré ces Ombres des ténèbres où on les avait enfermé, il y a six ans. - C’est impossible…, souffla finalement Alexia. Kaël l’avait tué sous nos yeux. - C’est ce que je croyais aussi, jusqu’à cette nuit, répondit le concerné. »
Zenia et tous les autres se turent, conscients que c’était un coup dur et qu’il leur fallait du temps pour digérer ces quelques informations. Mais le pire à leur raconter rester à venir –surtout pour Vanilla, pensa Sora.
« Seulement leur nature est totalement différente que celle d’il y a six ans, reprit le brun, qui avait baissé la tête. La plupart des Ombres ont développé des émotions humaines, certaines se sont donc rebellées contre la créature Originelle, d’autre ont été corrompues à cause d’elle. - Donc l’Ombre qui a provoqué notre accident…, commença Alexia. Elle est dans notre camp, en gros ? - D’après un mot qu’elle a laissé après vous avoir ramenées ici, ce n’était pas prévu que vous soyez blessées, répondit Zenia. Elle voulait vous protéger d’une Ombre corrompue… qui est à ta recherche, Vanilla. »
La concernée ne sut pas quoi répondre, mais son expression parlait pour elle ; elle ne comprenait pas –pas encore. Alors qu’Alexia observait tour à tour sa meilleure amie et le reste du groupe, ce dernier se concerta rapidement du regard ; la partie la plus délicate à raconter était arrivée.
« Une autre Ombre, qui se trouve être de notre côté, nous a dévoilé que sous la capuche de chacune d’entre elles… il y avait le corps d’une personne morte il y a six ans, et que pour les corrompre, la créature Originelle leur faisait croire que c’était leur vraie identité. Mais la corruption ne peut atteindre que les Ombres qui possèdent le corps de personnes dont le double est encore en vie, continua Riku. »
Un nouveau silence. Mais à voir les expressions d’Alexia et Vanilla, il était certain qu’elles commençaient doucement à saisir où ils voulaient en venir depuis le début.
« Nous ignorons encore comment la créature Originelle a réussi à inverser les effets du temps sur les cadavres, mais l’Ombre qui nous a parlé de tout cela nous demande une chose, c’est de libérer toutes celles qui sont corrompues, reprit Zenia. - En nous précisant bien qu’on devra affronter notre passé pour réussir, conclut Seïra, qui tenait inconsciemment la main de Sora à ce moment-là. »
Un silence de plomb régnait dans la pièce après ces derniers mots. Alexia avait baissé la tête, tandis que Vanilla observait un point invisible devant elle, comme si elle réfléchissait à quelque chose. La rousse et elle avaient parfaitement compris ; cette histoire de cadavres possédés par une Ombre qui pouvait être corrompue -dans le cas où le double dudit cadavre était encore vivant- les sentiments qu’Alexia avaient ressentis à cause d’Axel, le fait que Vanilla soit recherchée… Il fallait être un idiot fini pour ne pas comprendre.
Pourtant, et contre toute attente, la principale concernée ne réagit pas –ou presque. Elle se contenta seulement de soupirer, et de se laisser retomber sur son lit, en croisant les bras à l’arrière de sa tête. Les autres se méfièrent tout de suite de ce comportement. Kaël rompit finalement le silence.
« Comme tu es la cible, il serait préférable que toi et Sora ne- - Je t’arrête tout de suite, coupa Vanilla. Il est hors de question qu’on nous mette de côté pour une raison aussi débile. - C’est vrai, on ne va pas rester là les bras croisés, en vous sachant en danger contre ces Ombres, renchérit Sora. Et puis ça fait six ans maintenant, et on sait à quoi s’attendre, donc ça ira. »
C’était évident qu’ils répondraient ça, le rouquin les connaissait, maintenant. Mais comme tous les autres, il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet. En plus Kaël se souvenait parfaitement bien de la première fois où il avait croisé une fausse Kairi ; il n’était plus parvenu à faire quoique ce soit, et visiblement, Axel s’était retrouvé dans le même état que lui, lorsqu’il avait vu le visage de l’Ombre corrompue. Et même si les deux hommes avaient été pris par surprise… Est-ce qu’être au courant, et savoir qui était leur ennemi, empêcherait vraiment cette tétanie ?
« Il nous reste encore quelques heures avant la tombée de la nuit, déclara soudainement Zenia. Kaël, tu peux venir dans mon bureau d’ici une dizaine de minutes ? - Euh oui, bien sûr… - Bien, à tout de suite, alors. »
Puis, sans un mot de plus, la scientifique sortit de la chambre, et prenant soin de refermer derrière elle. Il n’était pas rare qu’elle parte dans ses réflexions incompréhensibles, mais cette fois, c’était encore plus étrange que d’habitude. Mais personne ne s’attarda là-dessus, surtout en voyant Alexia et Vanilla se lever, et se diriger vers la salle d’eau de la chambre, vêtements neufs en main, et malgré leurs nombreuses blessures. Riku soupira, et bloqua l’accès à la petite pièce annexe.
« On peut savoir ce que vous allez faire ? - Bah, c’est évident non ? Il reste trois heures avant que la nuit tombe, donc on se prépare, répondit Alexia, le plus naturellement du monde. - Dans votre état ? Je vous rappelle que vous avez eu un grave accident de moto. - Ce ne sont que des blessures superficielles, déclara Vanilla en haussant les épaules. On s’en remettra. »
L’argenté ne gagnerait pas, il en avait pleinement conscience. Il ne fit que soupirer, avant de laisser les deux jeunes femmes entrer dans la salle d’eau, qu’elles fermèrent à clé. Noa soupira à son tour, alors que Seïra souriait ; elles n’avaient vraiment pas changé, et malgré tout ce qu’elles venaient d’apprendre, leur comportement restait parfaitement naturel. C’était vraiment rassurant.
« Je vais aller chez Zenia, déclara finalement Kaël. Vous allez faire quoi, vous ? - Nous, on retourne aux urgences, répondirent Xion et Riko. - D’ailleurs, les heures de visite vont se terminer, vous feriez mieux de partir, rajouta l’argentée. »
En réalisant que son amie avait raison, et à contrecœur, Seïra prévint Vanilla et Alexia de leur départ, en leur précisant toutefois de ne pas trop en faire, si elles voulaient vraiment participer à l’expédition nocturne qui les attendait. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 1 Juil - 13:18 | |
| Chapitre 6 : La Voix du Cœur
Il ne restait plus qu’une heure avant la tombée de la nuit. Malgré leurs blessures, personne n’avait pu empêcher Vanilla et Alexia de rejoindre le groupe dans le bureau de Zenia. Celle-ci avait d’ailleurs déjà préparé les armes qui seraient utilisées pour contrer, sans les blesser, les différentes Ombres qu’ils affronteraient dans un futur très –trop- proche.
Comme à une certaine époque que tout le monde aurait voulu oublier, Zenia fut contrainte de former plusieurs groupes, afin d’aider au mieux les forces de l’Ordre. La scientifique profita d’ailleurs de la présence de Vanilla et d’Alexia, pour que les deux meilleures amies les guident vers le lieu de leur accident, et dans l’espoir qu’elles puissent se rappeler ce qu’il s’était passé en étant sur place. Avec elles seraient présents Seïra, Kaël, et elle-même. Les autres seraient répartis en plusieurs petits groupes, à travers la ville, pour aider le plus efficacement possible les équipes que Braig allait envoyer sur le terrain.
Ils avaient deux missions ; déjà celle de protéger les habitants des Ombres restées fidèles à la Créature Originelle, mais aussi celle de repérer les Ombres Corrompues, pour tenter de les libérer. Bien sûr, la seconde chose ne pourrait pas se faire en une nuit -surtout qu’ils ignoraient encore comment s’y prendre- mais ils ne devaient pas se décourager pour autant. C’était non seulement pour ces Ombres corrompues qu’ils le feraient mais également, et surtout, pour ces corps que le Monstre Originel avait souillés une nouvelle fois.
Par la fenêtre, le crépuscule laissait doucement place à la sombre nuit qui les attendait. Chacun s’était déjà équipé de l’arme spécialement conçue pour ne tirer que des projectiles hypodermiques. Ils ne pourraient que créer des stratégies défensives, s’ils voulaient avoir une chance de ne pas blesser ou abimer le corps de toutes ces personnes.
« Nous devons y aller, on se retrouvera dans mon bureau une fois que l’aube sera levée. »
Tous hochèrent simplement la tête, et se séparèrent ensuite à la sortie de l’hôpital. Le groupe de Kaël se laissa guider par Alexia, qui se souvenait du chemin qu’elle avait pris, et donc de l’entrée où elle et Vanilla seraient arrivées, si elles n’avaient pas eu l’accident. La nuit venait tout juste de tomber lorsqu’ils arrivèrent au niveau du petit sentier forestier, désert.
Equipés de lampes torches, ils se permirent de se séparer, pour retrouver l’endroit où la moto avait sans doute était laissée à l’abandon. Alors que le calme régnait, le cri déchirant d’Alexia résonna dans la forêt. Sans chercher plus loin, tous se réunirent à l’endroit d’où provenait la voix de la rousse. Vanilla fut la première arrivée sur les lieux et à voir sa meilleure amie, agenouillée près de ce qui restait de sa moto, complètement détruite et enfoncée dans un arbre.
« Sérieusement ? T’as hurlé pour ça ? Soupira la noiraude, alors que les autres venaient de découvrir eux aussi la raison des cris. - Mais… ma moto… regarde…, souffla la rousse qui en pleurait presque. »
Vanilla, déjà blasée du comportement de sa meilleure amie, se contenta d’observer les autres gens du groupe ; Seïra et Kaël souriaient, amusés, tandis que Zenia avait porté une main à son front en fermant les yeux et en soupirant de lassitude. Seulement des bruissements suspects se firent rapidement entendre, et la scientifique détourna bien vite son attention de la rousse, pour observer les alentours. Elle ne vit rien, mais entendit clairement le cri de Kaël et Seïra. En se tournant vers leur provenance, elle vit la brune étalée au sol près du rouquin, qui avait atterri contre un arbre.
Instinctivement elle se rapprocha d’eux pour vérifier leur état de conscience, mais Vanilla l’en empêcha en la bousculant avant qu’une slave noire ne la percute. Les deux femmes se relevèrent un peu plus loin, un peu sonnées, tandis qu’Alexia les avait rejointe, pour protéger Kaël et Seïra –qui étaient, fort heureusement, bel et bien conscients tous les deux.
« Vous m’avez à ce point facilité la tâche ? Demanda une voix qu’ils reconnaissaient tous très bien. »
La personne finit par se montrer juste en face d’eux, et portait bien évidement la tenue des Ombres. La capuche masquait encore son visage, mais sa voix dévoilait sans peine l’identité du corps volé. Zenia observa rapidement Vanilla ; le fait de savoir qui ils allaient affronter… n’avait rien changé. La scientifique pouvait clairement percevoir des tremblements, et voir ce regard vide qui fixait la personne en face d’eux. La première confrontation était toujours la plus dure –et Vanilla ne ferait pas exception à cette règle. La cardiologue vit Alexia se mettre devant sa meilleure amie, avec la ferme intention de ne pas laisser passer l’Ombre corrompue, qui ne fit que soupirer.
« Hors de question que vous me la voliez, cette fois. »
Suite à ces mots, la Créature tendit le bras, puis effectua un mouvement latéral vers la gauche. L’effet fut immédiat ; Alexia et Zenia furent envoyées plus loin, et dans la direction du geste que venait de faire leur adversaire, laissant le champ libre entre lui et sa cible, qui n’avait pas bougé –qui ne pouvait pas le faire. L’Ombre s’approcha ensuite de Vanilla, qui tentait vainement de se ressaisir, en pointant au moins l’arme vers l’autre, dans une tentative d’intimidation. Mais celle-ci échoua lamentablement quand la Créature retira finalement sa capuche ; elle en lâcha presque l’arme qu’elle tenait, alors que son adversaire souriait sournoisement -avec une certaine haine dans son regard.
« Tu te souviens de ce cœur que tu m’as volé, il y a six ans ? »
Après ces mots, l’Ombre envoya Vanilla contre un arbre, qui en eut le souffle coupé quelques instants. Une fois remise de ce coup, elle eut la force de serrer le poing qui avait malgré tout fermement tenu son arme –alors que tout son corps, suite à son précédent accident en moto, lui faisait mal. Seulement elle devait se ressaisir au plus vite, psychologiquement comme physiquement parlant. Après tout, elle savait très bien que ce n’était pas Vanitas en face d’elle ! Et elle avait cru s’être suffisamment préparée pour ça… Pourtant… son passé l’avait quand même rattrapé, et elle se sentait comme six ans auparavant –faible et impuissante.
Au fur et à mesure que l’Ombre se rapprochait vers elle, Vanilla abandonnait. Ca ne servait à rien, de toute façon. Ses amis avaient été complètement immobilisés, et elle… elle était juste trop faible pour affronter cette Ombre. Elle aurait mieux fait d’écouter les autres en restant à l’hôpital, et donc en sécurité. C’était sa propre fierté qui l’avait tout droit conduite à sa perte. Elle n’était qu’une sombre idiote.
« Ah ça, je confirme. »
Vanilla sursauta à l’entente de cette voix. Mais lorsqu’elle rouvrit les yeux, ce fut sur un monde figé ; l’Ombre ne s’approchait plus, et les cris de ses amis ne résonnaient plus dans ses oreilles. Elle tenta de comprendre le sens de tout cela ; le faux Vanitas était devant elle, et n’avait pas l’air d’avoir prononcé le moindre mot… alors comment avait-elle pu entendre la voix de son double ? Et pourquoi le temps s’était-il stoppé ainsi ?
« J’ai pas le temps de t’expliquer. »
Elle comprit finalement comment elle pouvait entendre la voix de Vanitas, et comment ce dernier faisait pour savoir à quoi elle pensait. Elle porta une main à sa poitrine. Elle pouvait le sentir, le cœur de son double. Sa chaleur. C’était ça. Malheureusement… sa mort était une chose inéluctable ; lorsque le temps reprendrait son court, l’Ombre franchirait les derniers pas qui lui resteraient à faire, et lui prendrait la vie. Elle sourit tristement, alors qu’elle entendit comme un soupir résonner dans son cœur.
« Tu tiens une arme, sers-t-en. »
Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Il n’avait pas l’air de se rendre compte de la situation. Même Vanilla était totalement perdue –comment pouvait-elle parler au vrai Vanitas ? Etait-ce un rêve ? Ou elle était peut-être déjà morte, qui sait -ce qui expliquerait facilement sa petite conversation avec lui.
« Tu me fatigues, donc maintenant, tu vas m’écouter bien gentiment : tu vas prendre cette arme et tirer, déclara Vanitas d’un ton beaucoup trop calme pour être rassurant. Car crois-moi que si tu meurs aussi bêtement, je te le ferai regretter pour l’éternité. - Je n’aurais jamais le temps, il est bien trop proche. - C’est vrai, t’auras à peu près dix secondes, à tout casser. Mais t’en es capable, on le sait tous les deux. Alors now, t’arrêtes de réfléchir, et t’agis. »
Tandis que les derniers mots de Vanitas résonnaient encore dans son cœur, le temps reprit son court. A nouveau, elle entendait les voix paniquées de ses amis et l’Ombre, déjà beaucoup trop proche, recommençait déjà à marcher vers elle. Elle avait dix secondes. Dix secondes pour demander à son corps endoloris -et qui teintait ses vêtements de sang suite à la réouverture de ses plaies encore trop récentes- d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Elle empoigna son arme et leva son bras, au moment même où l’Ombre était arrivée à son niveau. Malgré tout, elle osa le regardait dans les yeux ; ces yeux dorés si similaires aux siens, mais dont le regard ne montrait aucun sentiment, mis à part la haine. Elle avait froid, elle tremblait, et sa vue s’était brouillée, mais elle ne pourrait pas louper sa cible –elle ne pouvait pas se le permettre. Elle tira au moment même où l’Ombre se préparait à lui transpercer la poitrine. L’écho du coup de feu retentit longuement dans ses oreilles, tandis qu’elle lâchait son arme quelques secondes après, en observant la Créature s’effondrer à ses pieds. Elle laissa retomber son bras, tandis que les dernières forces qui lui restaient disparurent.
« Tu vois ? Je te l’avais dit que tu y arriverais. »
Emportée par la fatigue émotionnelle et physique, les mots de Vanitas furent la dernière chose que Vanilla entendit, avant de sombrer dans l’inconscience.
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De leurs côtés, Sora, Axel et Noa, qui avaient rejoints les forces de l’ordre dans la partie ouest de la ville, n’avaient pas encore rencontré la moindre Ombre. Le roux pouvait cependant avoir un écho des sentiments d’Alexia, et savait que du côté de son double, ce n’était pas une partie de plaisir.
« J’crois qu’on aurait du les bâillonner sur leur lit d’hosto, ces deux-là, soupira-t-il en s’asseyant sur le rebord du trottoir. »
Ca aurait été, en effet, la meilleure des solutions à prendre, pensa Sora –qui pouvait se douter de quoi parler son ami, en sentant à son tour l’écho que lui envoyait le cœur de Seïra. Mais ça aurait eu pour effet de se mettre les deux femmes sur le dos, et ça, le brun préférait éviter. Noa, lui, préférait rester silencieux et sur ses gardes, car même si Xion avait l’air d’aller bien, ce n’était peut-être que provisoire.
« Bonjour mes p’tits loups ! Claironna une voix qui leur était totalement inconnue. »
Les trois amis interrompirent toute réflexion et se tournèrent vers la personne qui, comme ils s’y attendaient, portait la tenue des Ombres. Mais celle-ci ne resta pas seule très longtemps ; trois de ses comparses apparurent à ses côtés.
« Ne vous en faites pas, nous ne sommes pas des Ombres Corrompues, mais… nous ne sommes pas de votre côté pour autant, déclara l’une des Créatures qui venaient d’arriver. - C’est en partie de votre faute, après tout, si on a moisi pendant six ans dans les ténèbres, il est donc normal pour nous de nous venger, rajouta la deuxième. »
Axel et les deux autres n’eurent pas le temps de réagir, que les quatre Ombres firent un mouvement latéral vers la droite, envoyant ainsi tout le groupe dans la direction du geste. Sora percuta de plein fouet un banc, et put clairement sentir une vive douleur dans son bras droit. Il retint difficilement un cri de douleur, mais se releva malgré tout, en tenant son membre meurtri de son autre main. En examinant les alentours, il vit Axel, inconscient, et Noa qui se relevait difficilement à son tour ; le brun pouvait clairement voir qu’il était ouvert au niveau de la jambe.
« Eh bien, pour les « héros » de la première guerre, vous êtes plutôt faibles… j’aurais pu vous battre à moi tout seul, si j’avais su, soupira la première Ombre qui leur avait fait face. J’ose espérer que vos amis me donneront plus de fil à retordre. Sur ce… »
Lui et deux autres de ses comparses préparaient déjà leur ultime attaque contre les trois jeunes adultes, mais furent brusquement interrompus par l’arrivée de Braig et son équipe qui, immédiatement alertés par les bruits, étaient arrivés et venaient de tirer des projectiles hypodermiques, dont l’effet fut immédiat. Après ce sauvetage in-extremis, le scientifique soupira, et observa les trois autres.
« Ah, qu’est-ce que vous auriez fait sans moi les jeunes, hein ? »
Il examina rapidement l’état des blessés, et prit son émetteur-radio, pour appeler des renforts. L’état des trois jeunes adultes ne leur permettrait pas de combattre plus longtemps cette nuit, et il valait mieux les soigner au plus vite. La nuit promettait d’être longue…
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L’Ombre corrompue ne sut pas vraiment combien de temps s’était écoulé entre le moment où elle s’était subitement endormie, et celui où elle s’était réveillée dans cette forêt. Seulement elle s’en foutait. La seule chose qui tournait dans sa tête était ce nouvel échec – et lorsqu’elle réussit à se relever et à remettre sa capuche, elle frappa rageusement dans l’arbre où se trouvait cette fille avant que le sommeil la rattrape.
Son double lui avait encore échappé, alors que la Créature était certaine de l’avoir, cette fois-ci. Après tout son Maître lui avait parlé des faiblesses humaines ! Cette Vanilla n’aurait donc normalement pas dû lutter, elle aurait dû se laisser complètement faire, pas se défendre !
« Eh bien alors, chère Ombre, qu’a donc fait cet arbre pour que tu le frappes ainsi ? »
A l’entente de cette voix, l’interpellée se retourna vivement, et s’agenouilla immédiatement face à la personne en face d’elle. Celle-ci portait des vêtements et une capuche similaires à celles des Ombres –à une chose près. Cette créature-là avait sa tenue complètement blanche.
« Maître… ! - A ta voix, et à ta colère, je devine que ton opposée t’as échappé ? - J’ai pourtant suivi tous vos conseils…, se défendit vainement l’autre. J’avais affaibli tout le groupe, je l’avais immobilisée, et elle n’était pas censée lutter… - Ne t’en fais pas. Les humains sont des choses faibles, et tu penses bien que je n’avais pas que ce plan là en tête, n’est-ce pas ? - Que voulez-vous dire ? »
Même avec la capuche, l’Ombre corrompue put deviner qu’un sourire s’était dessiné sur le visage de la Créature Originelle.
« Les deux autres plus grandes faiblesses des humains sont très simple. Ce sont des sentiments dont tu souviendras une fois ton cœur récupéré et que l’on nomme, dans le langage des humains, l’amitié et l’amour. - Je ne suis pas sûr de vous suivre… - Tu as peut-être remarqué le comportement de cette fille rousse, à l’égard de ton double, non ? - Oui. Elle paraissait très protectrice, et voulait m’empêcher de l’atteindre… - Exact. Elles tiennent l’une à l’autre très fortement, et c’est ça, l’amitié. Etre prêt à se sacrifier pour protéger ceux qu’ils apprécient. - Mais comment pourrait-on profiter de ça ? - Imagine un instant qu’il arrive quelque chose à cette fille rousse à qui tient énormément ton double… Que crois-tu qu’elle serait prête à faire pour la sauver ? »
L’Ombre corrompue sembla réfléchir un instant, avant de comprendre où voulait en venir son Maître. Ce dernier s’approcha et posa une main sur l’épaule de son serviteur.
« Tu sais ce qu’il te restera à faire la nuit prochaine, je présume ? Supposa la Créature Originelle. Oh et… comme il s’agit de ton double, je te laisse le soin de choisir ce que tu réserves à son « amie ». - Je ne me permettrai pas de vous décevoir une nouvelle fois, Maître. »
Ledit Maître sourit, puis disparut dans un nuage de fumée blanche. Un sourire carnassier se dessina sous la capuche de l’Ombre corrompue. La prochaine partie promettait d’être très intéressante.
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Quand Vanilla eut la force de rouvrir les yeux et qu’elle vit le plafond blanc, elle devina bien vite qu’elle était revenue à la case hôpital. Elle soupira, mais tenta malgré tout de se redresser –ce fut avec une facilité plutôt déconcertante qu’elle le fit, avant de comprendre. On l’avait mise sous perfusion, et le liquide qui lui était injecté à dose et heure régulière devait être de la morphine.
En observant à sa droite, elle put voir le jour qui commençait à se lever ; elle était donc restée inconsciente toute la nuit. Elle passa finalement son regard sur la gauche, où elle vit Alexia, assise sur son lit, et à l’air visiblement contrariée, qui l’observait durement. Vanilla tenta un maigre sourire pour la rassurer, mais ça n’eut pas vraiment l’effet espéré.
La rousse s’approcha, la noiraude crut même à un moment que sa meilleure amie allait la gifler et était déjà prête à encaisser le coup en fermant les yeux, cependant… la seule chose qu’elle sentit, c’était les bras d’Alexia autour d’elle, qui la serrait le plus fort possible, comme si elle avait peur qu’elle s’en aille malgré tout.
« J’te jure que si tu me refais un coup pareil, c’est moi qui te tue, et pas une Ombre débile. »
Vanilla ne trouva rien à répondre sur l’instant, consciente de la scène que les autres avaient pu voir de là où ils étaient. A quelques secondes près et… elle n’aurait plus été là pour sentir l’inquiétude de sa meilleure amie qui la serrait dans ses bras.
« Que vous êtes mignonnes, déclara soudainement une voix qu’elles connaissaient bien. »
Elles se séparèrent immédiatement, en se rendant compte qu’elles devaient être observées par le double de la rousse depuis plus longtemps qu’elles ne le pensaient. Mais malgré la gêne, Vanilla put remarquer un bandage au niveau de la tête du plus grand. Visiblement, ils n’avaient pas été les seuls à avoir eu des difficultés… Axel, qui s’était rendu compte que la noiraude fixait sa blessure avec une certaine inquiétude, soupira simplement.
« Légère commotion, il paraît que je dois prendre du repos, ce que je fais évidemment pas. - T’es pas raisonnable, décréta Alexia. - Dixit celle qui pissait le sang mais qui refusait qu’on la soigne tant qu’elle n’avait pas de nouvelles de sa chère et tendre, répliqua son opposé avec un sourire narquois. - … C’est pas pareil ça, bredouilla simplement l’autre en détournant le regard. - Bah voyons. »
Une gêne certaine naquit entre les deux meilleures amies, surtout après les mots d’Axel, qui était plutôt fier de son effet. Il s’assit sur le lit où devait normalement se reposer Alexia, et croisa les bras.
« Plus sérieusement…, déclara finalement Axel en s’adressant à Vanilla. Comment t’as fait ? - Pour ? - Bah Kaël et moi on était pas capable de faire le moindre mouvement et tout la première fois, mais toi, c’est passé crème, donc ? Comment t’as fait ? - A vrai dire, je ne le sais pas moi-même. »
Et elle ne mentait pas totalement ; elle ne savait toujours pas si ce qu’il s’était passé avait été réel, ou si c’était son esprit qui avait inventé tout ce qu’elle avait pu entendre… Alexia avait peut-être raison, elle était sans doute en train de devenir folle. Elle eut cependant de la chance, car le roux ne chercha pas à insister, et donc elle put dévier sur un autre sujet.
« Mais est-ce que Seïra et tous les autres vont bien ? - Ouais, plus ou moins, répondit Axel. Des hématomes un peu partout pour tout le monde, et les seuls qui s’en sortent le plus mal, après vous, c’est Noa avec une blessure au niveau de la jambe, Sora avec un bras cassé, et Zenia qui a eu une épaule déboitée. - Et ma moto qui est irrécupérable d’après le mécanicien, rajouta Alexia, dont on pouvait lire tout le désespoir dans son regard. - Pauvre de toi, répliqua simplement son double. »
La seule réaction qu’eut la rousse, fut de s’asseoir sur le lit de sa meilleure amie, et de croiser les bras en détournant les yeux. Vanilla, qui ne pouvait s’empêcher d’être amusée, tenta vainement de compatir en lui tapotant gentiment l’épaule.
« Tu t’en remettras, commença-t-elle. Et puis nos casques s’en sont bien sortis, eux. C’est déjà ça, non ? -Ouais, c’est fabuleux, bouda l’autre, provoquant pour de bon les rires des deux autres. Oh et puis pourquoi je vous parle… »
Mais au fond d’elle, Alexia était heureuse et surtout rassurée de voir Vanilla rire, malgré tout ce qu’il s’était passé. La rousse se rappelait encore de la scène qui avait failli lui voler sa meilleure amie, et elle ne pouvait s’empêcher de frissonner ; si la noiraude avait réagit rien qu’une seconde plus tard…
« Bon, vous avez faim ? Car moi je crève la dalle, déclara Axel. J’vous cherche un truc à la cafèt’ ? »
Les deux femmes acceptèrent la proposition du roux, qui partit en direction du rez-de-chaussée où se trouvait la cafétéria de l’hôpital. Après avoir vu son double partir, Alexia adressa un dernier regard à Vanilla, qui avait fermé les yeux. Elles étaient toutes les deux épuisées par les derniers évènements et dormiraient sans doute une bonne partie de la journée –surtout qu’elles n’avaient pas pris le temps de se rétablir de leur accident de moto. Mais la rousse savait qu’à présent il valait mieux se montrer raisonnable, et se reposer à l’hôpital. Elle rejoignit son lit, et s’emmitoufla dans ses couvertures -elle trouva le sommeil presqu’immédiatement après. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 4 Juil - 14:15 | |
| Chapitre 7 : Manipulation
Alors que la ville s’endormait, et que les équipes de Braig surveillaient à nouveau chaque rue et ruelle, une Ombre parvint tout de même à se glisser au sein de l’hôpital. Elle avait eu toute la journée pour réfléchir à ce qu’elle réserverait à ses victimes, et la Créature Originelle lui avait même offert les plans complets du bâtiment qu’elle devait infiltrer –avec, en plus, des précisions sur chaque personne présente, et leur emplacement à cette heure tardive.
L’Ombre Corrompue observa autour d’elle ; elle n’était pas entrée au niveau des urgences –son maître lui avait formellement interdit, étant donné que c’était la partie la plus animée de l’hôpital, de jour comme de nuit. Elle était donc simplement à la réception où l’établissement recevait les visites, et qui était donc déserte actuellement.
D’après les plans de l’Ombre Originelle, il y avait la morgue juste en dessous d’elle, et il suffisait juste de s’assurer qu’une certaine Eva Simore ne puisse pas interférer, avant de commencer la mise en place de son plan. L’Ombre se mit en route vers les escaliers qui étaient droit devant elle, se glissant complètement dans la pénombre des lieux.
Bien vite, elle arriva au sous-sol, où il lui suffisait de continuer tout droit avant d’arriver à l’endroit convoité. Lorsqu’elle arriva devant une porte visiblement anti-feu, elle put lire au dessus l’inscription « Morgue ». Un sourire se dessina sur ses lèvres, même lorsqu’elle s’aperçut de la lumière à l’intérieur. Cela ne la dérangeait pas ; après tout, son Maître l’avait averti de cette présence –présence qui la connaissait, de son vivant, en tant que Vanitas. Il suffirait donc juste de déstabiliser cette Eva en montrant son visage, et l’Ombre corrompue pourrait agir à sa guise.
Sans plus attendre, elle entra, passa par cette pièce annexe où étaient disposés outils et tenues nécessaires à une autopsie, prit donc un objet pouvant réussir à assommer quelqu’un, et ne s’attarda pas plus longtemps dans cette salle. L’Ombre repéra bien vite la seconde porte –celle qui l’intéressait- et y franchit le seuil sans plus attendre. Elle tomba nez-à-nez face à une femme qui devait avoir dans la quarantaine d’année –cela devait être elle, l’Eva dont lui parlait son Maître.
« Que faites-vous là ? L’accès à cet endroit est strictement réservé au personnel, déclara froidement l’humaine. Si vous ne quittez pas immédiatement les lieux… »
L’Ombre ne la laissa pas finir sa phrase, qu’elle retira sa capuche, un sourire sinistre sur le visage. Eva sembla être perturbée sur l’instant ; l’Ombre en profita pour se glisser derrière elle, et la frappa avec une force considérable. L’humaine tomba inconsciente sur le coup, la Créature la rattrapa, et chercha dans une sacoche sous son manteau quelques cordes, ainsi qu’un foulard. Ce dernier fut attaché au niveau de la bouche de la femme, tandis que les cordes servirent à emprisonner ses bras contre sa taille, et à placer ses chevilles l’une contre l’autre, pour les bloquer.
L’Ombre transporta ensuite le corps de l’humaine dans la salle annexe, et l’emprisonna dans l’une des armoires, dont elle verrouilla l’accès en y attachant la dernière corde qui lui restait, et qu’elle fit passer dans les poignets du meuble.
La première partie de son plan effectuée, la Créature éteignit la lumière de la morgue, et se dirigea vers la chambre 45 du premier étage. Durant la durée du trajet, l’Ombre retravaillait mentalement et consciencieusement les prochaines étapes à suivre. D’après son Maître, les deux jeunes femmes étaient sous morphine, de ce fait leur sommeil était plus reposant, et elles ne souffraient pas de leurs récentes blessures. L’Ombre devait avant tout stopper le traitement chez Vanilla, pour que les effets puissent s’estomper le temps qu’elle amène Alexia à la morgue. Son double serait sans doute réveillée à cause de son corps endoloris, et après… tout dépendrait de la tournure que son opposée ferait prendre aux choses.
La créature pénétra dans la chambre dans une discrétion absolue, et repéra bien vite le lit de Vanilla. Elle s’en approcha, et retira l’aiguille qui permettait la perfusion de la morphine –elle vit le corps de son double tressaillir face à ça, mais ce fut la seule réaction qu’elle eut. Son réveil n’était pas pour maintenant.
Après s’être occupée de son opposée, l’Ombre Corrompue se tourna et prit place à côté du lit où se tenait Alexia. Elle effectua le même procédé qu’avec Vanilla, à la différence qu’ensuite, elle prit le corps endormi de la rousse dans ses bras. La créature sourit, puis utilisa un portail pour retourner directement à la morgue, sans risquer d’être prise sur le fait.
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Vanilla émergea difficilement du sommeil dont elle fut tirée de force, à cause de son corps, redevenu presqu’aussi douloureux qu’au moment où elle avait été dans cette forêt avec Alexia et les autres. Elle était pourtant sous morphine depuis la nuit dernière… la poche du médicament devait être vide. Elle vérifia tout de suite cette hypothèse, et remarqua que non ; elle baissa alors son regard, et constata l’absence d’aiguille dans son bras. Qu’est-ce que c’était que ces histoires, encore ?
Elle soupira, mais redressa la tête vers Alexia, qui devait être profondément endormie. Ou pas. La noiraude pouvait voire une forme, sans doute assise, sur le lit de sa meilleure amie. Elle s’apprêta à lui parler, quand l’autre la devança.
« Tu auras mis plus de temps que prévu à te réveiller…, soupira la personne. »
Alors que son interlocuteur se levait, Vanilla serra les poings ; elle avait reconnu cette voix facilement, mais elle ne se ferait pas avoir par le même stratagème. Elle glissa discrètement sa main sous son oreiller, où elle y avait déposé une arme aux munitions hypodermiques. Mais une chose était claire, si c’était l’Ombre Corrompue qui était en face d’elle… cela signifiait que sa meilleure amie avait disparu par sa faute.
« Où est Alexia ? - Elle est au frais, déclara l’autre avant de laisser échapper un rire. Mais ne t’en fais pas, tout ira bien pour elle si tu te dépêches de me donner ce qui me revient de droit. »
N’y tenant plus, Vanilla sortit l’arme de sous son oreiller, et la pointa contre l’Ombre –bien sûr celle-ci avait retiré sa capuche, mais malgré ce léger pincement au cœur, la noiraude n’avait plus peur d’agir. C’était comme avec Kaël, il avait facilement pu tirer sur le monstre originel, lorsque celui-ci avait pris l’apparence de Kairi une seconde fois.
« Tu comptes me rendormir, comme dans cette forêt ? Demanda l’autre, d’un air ennuyé. Vas-y, mais alors le temps que tu trouves la cachette où j’ai déposé ta chère amie… elle sera sans doute morte. »
L’Ombre Corrompue put facilement déceler l’hésitation dans le regard doré qui lui faisait face. Elle s’approcha, sans la moindre crainte d’être immobilisée –après tout Vanilla ne mettrait pas la vie de sa meilleure amie en jeu.
« Où est-elle ? Demanda une seconde fois Vanilla, dont la main serrait fortement l’arme qu’elle tenait. - Le savoir ne te sera d’aucune utilité. Mais rend-moi mon cœur, et je la libèrerai. Après tout, si tu tiens vraiment à elle… sa vie devrait passer avant la tienne, non ? »
Cette Ombre jouait clairement avec ses sentiments. Peut-être qu’Alexia avait juste été déplacée et cachée, et qu’elle se portait bien… comme elle pouvait très bien être vraiment en danger. Vanilla ne pouvait pas prendre un tel risque –mais elle ne pouvait pas montrer à la Créature qu’elle avait déjà gagnée pour autant. Elle se rappela soudainement de la présence de cette petite télécommande près de son lit. Avec la main qui ne tenait pas l’arme, elle chercha à tâtons ce qui permettrait d’appeler les infirmières. Seulement pour que l’Ombre en face d’elle ne remarque rien, elle continua de parler, en pesant le moindre de ses mots.
« Si… je te donne ce que tu veux, sachant que je ne peux pas fuir, ni contacter quelqu’un… est-ce que tu me diras où se trouve Alexia ? - Ce marché m’a l’air tout à fait plausible, en effet. Mais pas tant que tu n’auras pas relâché cette arme… ainsi que cette télécommande que tu viens de prendre en main. »
Vanilla fut désemparée. Son seul moyen de prévenir quelqu’un à l’extérieur avait été découvert –et si elle appuyait quand même… Elle laissa tomber l’arme au sol, et lâcha la télécommande, qui pendait à présent dans le vide.
« Bien, maintenant… lève-toi. »
Elle fut contrainte d’obéir, malgré ses hématomes et autres plaies qui lui soufflaient une douleur atroce. Ses jambes tremblaient, et elle dut s’appuyer sur son lit pour rester debout. Elle comprit finalement pourquoi elle n’était plus reliée à la perfusion de morphine ; cette Ombre voulait s’assurait qu’elle ne puisse rien tenter. Son adversaire s’approcha d’elle, et lui prit le menton.
« Ta chère amie se trouve à la morgue. Oh ne t’inquiète pas, je ne l’ai pas tuée. Mais le temps, lui, le fera. »
Le visage de Vanilla ne put cacher son inquiétude –non, pire que ça, sa terreur. Voilà donc ce que l’Ombre sous-entendait par « elle est au frais ». Rester dans un lieu aussi froid ne pouvait que provoquer une hypothermie qui entraînerait la mort, si la durée d’exposition était trop longue –Alexia survivrait donc, au grand maximum, deux à trois heures là-bas. Mais il n’y avait pas que ça qui effrayait Vanilla.
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Quand Alexia se réveilla, elle frissonna. Il faisait vraiment froid d’un coup, à un point que tous ses membres étaient engourdis. Elle ne comprenait pas vraiment, et tourna sa tête vers la droite, pour savoir si Vanilla ressentait la même chose –ou si elle était simplement réveillée. Seulement lorsqu’elle observa dans la direction où était supposée être sa meilleure amie… elle ne vit rien -elle ne voyait rien nulle part, qu’importe la direction.
Un soudain sentiment de panique la prit en touchant la paroi à sa droite, puis à sa gauche et au dessus d’elle. Elle était enfermée. Son cœur et sa respiration s’accélérèrent et elle pouvait déjà sentir de la sueur froide à son front, alors qu’elle tentait vainement de frapper plusieurs fois les plaques de métal l’entourant.
« Pitié, sortez-moi de là…, commença-t-elle avant de crier, alors que la panique ne cessait d’augmenter en elle, ainsi que les coups sur les parois. ME LAISSEZ PAS ! A L’AIDE ! »
Lorsque ses forces commencèrent à la quitter, et que ses bras retombèrent sur son corps, elle s’aperçut qu’elle tremblait. Elle était terrifiée –non, plus que ça même. Et le froid ambiant n’aidait en rien ; elle commençait à ne plus sentir ses extrémités, ce qui l’effraya encore un peu plus, au point que sa voix, lorsqu’elle essaya de crier à nouveau, disparut. Comme si elle s’était bloquée.
Personne ne l’avait entendu avant, et maintenant elle ne pouvait plus parler. Elle allait mourir, sans savoir comment elle avait pu se retrouver là. Elle ferma les yeux et se recroquevilla sur elle-même, alors qu’elle perdait de plus en plus pied à la réalité.
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Depuis toutes petites, Vanilla savait qu’Alexia était claustrophobe. Un jour, lorsqu’elles étaient au CP, elles avaient été enfermées par des CE2 dans la toute petite réserve où les affaires sportives étaient entreposées, sans lumière. Elles étaient restées l’une contre l’autre jusqu’au bout, et Vanilla n’avait pas cessé de rassurer Alexia, en restant près d’elle jusqu’à ce que leur instituteur les retrouve.
Seulement là, Vanilla se trouvait dans cette chambre, et Alexia était livrée à elle-même, dans un caisson qui devait être à peine plus grand qu’elle. Seule. Il fallait qu’elle la sorte de là ! Elle ne pouvait pas l’abandonner dans un endroit pareil !
« Tu… tu n’avais pas le droit de lui faire ça. Je croyais que c’était moi, ta cible ! Alors libère-la ! - Tu tiens vraiment à cette fille plus qu’à ta propre vie ? C’est stupide. »
Elle serra les poings, et n’arrivait plus à réfléchir correctement. Elle ne pensait qu’à Alexia. Alexia qui était en train de vivre la pire des tortures, et qui était condamnée à mourir. Elle ne pourrait pas la sauver, sauf si elle donnait sa vie en échange. Ce qui était sans doute un piège. Alexia ne serait pas libérée, Vanilla le savait très bien.
Elle porta une main à sa poitrine inconsciemment. Elle ne pouvait pas laisser cette Ombre prendre son cœur, mais si elle ne le faisait pas… Alexia serait condamnée. Tenter de s’enfuir pour rejoindre la morgue était impossible ; elle avait suffisamment aggravé son état, et savait que son corps ne le supporterait pas. Alors même si elle savait que ce n’était qu’un piège… elle devrait quand même se soumettre à la volonté de cette Ombre ? A cette pensée, elle serra le tissu au niveau de sa poitrine ; elles étaient toutes les deux condamnées. A cause d’elle.
« Je pense que tu n’y verras pas d’inconvénient pour qu’on en finisse vite. »
Voilà maintenant que son adversaire se rapprochait, alors qu’elle n’avait trouvé aucune échappatoire. Son corps endoloris finit par lâcher, et elle s’effondra à genoux. Elle s’en fichait de mourir ici, la seule chose qui importait en ce moment était Alexia qui devait en train de vivre un véritable cauchemar dans cette morgue.
« Dans la morgue…, souffla finalement Vanilla, qui releva la tête vers l’Ombre, qui était maintenant suffisamment proche pour lui arracher le cœur. »
Quelle idiote. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? Son adversaire lui avait dit le lieu où se trouvait Alexia ! Vanilla tâtonnât rapidement le sol autour d’elle, et retrouva finalement l’arme qu’elle avait laissé tomber. Sans une seule hésitation, elle pointa à nouveau le pistolet sur l’autre, qui se stoppa, surpris.
« Quoi ? Tu serais quand même prête à sacrifier cette fille pour… »
L’Ombre se stoppa toute seule dans sa phrase, réalisant finalement la situation à son tour. Vanilla se contenta alors de simplement sourire, avant de tirer. L’Ombre réussit cependant à prendre la fuite avant que les effets ne la fassent sombrer dans le sommeil. Au même moment, la porte de la chambre s’ouvrit brusquement, laissant apparaître Axel, qui se dirigea immédiatement vers la jeune femme lorsqu’il la vit assise au sol. Seulement la noiraude le repoussa.
« T’occupe pas de moi, va à la morgue, et retrouve Alexia. Vite ! »
Vanilla avait complètement oublié qu’à cause de sa commotion, Zenia avait préféré gardé le roux en observation pendant quarante-huit heures. Mais s’il était là, dans cette chambre, cela ne pouvait s’expliquer que par une chose ; il avait senti la crise d’angoisse qu’avait du faire Alexia, lorsqu’elle s’était réveillée dans sa prison. Il était donc le seul en état pour pouvoir la sauver. Axel, quant à lui, ne chercha pas à savoir ce qu’il se passait, et se contenta d’obéir –surtout après les choses qu’il avait ressenties, et l’expression paniquée de Vanilla. Les réponses, il les aurait en temps et en heure.
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Le lendemain, Seïra et tous les autres furent réunis en urgence dans le bureau de Zenia. Inutile de dire qu’une telle convocation les avait immédiatement inquiétés. S’était-il passé quelque chose de grave, cette nuit ? Peut-être que certaines équipes de Braig n’avaient pas réussi à protéger les habitants, et…
« Eva, Alexia et Vanilla ont été attaquées, cette nuit. »
La nouvelle en surprit et en inquiéta plus d’un. Comment était-ce possible ? Elles étaient à l’hôpital, dans un lieu protégé, et surtout surveillé ! Aucune Ombre n’aurait pu s’infiltrer comme ça, sans être repérée… mais le plus important maintenant était de savoir dans quel état elles étaient.
« Comment vont-elles ? Elles vont s’en sortir ? Interrogea directement Seïra. - Ne vous en faites pas. Elles dorment actuellement et devraient aller mieux à leur réveil. - Mais que s’est-il passé ? Demanda Riku. - On ne sait pas encore les détails. Nous avons retrouvé Eva inconsciente et ligotée dans une armoire de la morgue, et Alexia dans l’un des caissons, en pleine crise d’angoisse avec un début d’hypothermie qu’on a su rapidement gérer. Vanilla a appelé les infirmières dans sa chambre, et celles-ci ont reporté qu’elle n’arrêtait pas de dire que c’était de sa faute, sans préciser de quoi elle parlait. »
Il était clair que pour comprendre ce qu’il s’était passé cette nuit, il faudrait poser des questions aux principales concernées. La porte du bureau s’ouvrit finalement sur une assistante de Zenia.
« Eva s’est réveillée, et tient à vous parler immédiatement. - Dites-lui que j’arrive dans un instant. - Bien. »
L’assistante repartie, Zenia observa les personnes qu’elles avaient en face d’elle.
« Eva pourra peut-être nous éclairer sur ce qu’il s’est passé, je vais aller la voir. Vous feriez mieux d’aller voir Axel, il pourra lui aussi vous raconter ce qu’il a vu. »
Puis, sans plus de bavardages, la scientifique rejoignit sa collègue, dans la chambre où elle avait été déposée après avoir été soignée. Les autres adultes, quant à eux, suivirent le conseil de Zenia, et se dirigèrent vers la chambre 57 de l’étage, là où se trouvait actuellement Axel. Celui-ci ne fit que soupirer en écoutant la raison de leur arrivée aussi fracassante.
« J’en sais pas vraiment plus vous savez. J’ai juste senti Alexia faire sa crise d’angoisse, donc je suis allé voir ce qu’il se passait. J’ai entendu un coup de feu juste avant d’entrer dans la chambre, pis j’ai vu Vanilla, à genoux, encore armée. J’ai voulu l’aider mais elle m’a direct envoyé à la morgue. - Mais… même s’il y avait effectivement une Ombre qui s’est attaquée à Vanilla, pourquoi Eva et Alexia se sont retrouvées emprisonnées dans la morgue ? Demanda Sora. - Peut-être qu’il y avait quelqu’un d’autre ? Supposa Xion. - Tous ces évènements ont forcément un lien les uns avec les autres, mais il faudra sans doute attendre d’avoir leur version des faits, rajouta Noa. »
Les autres ne pouvaient que donner raison au duo. Tant que Vanilla et Alexia ne se seraient pas réveillées, il leur serait impossible de savoir exactement ce qu’il s’était produit cette nuit, durant laquelle aucun d’eux n’avait fait partie des groupes de surveillance.
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Les rayons du soleil finirent par éblouir suffisamment Alexia, pour qu’elle se réveille totalement et porte sa main contre ses yeux, afin de se protéger de cet aveuglement. Ce ne fut qu’après qu’elle réalisa qu’elle était de nouveau dans sa chambre. Aurait-elle finalement rêvé tout ça ? Cette impression d’étouffer et de mourir lui avait paru si… si réelle.
Elle tenta de se redresser, mais s’aperçut qu’un poids à sa gauche l’en empêcha. Elle observa tout d’abord du coin de l’œil, avant de tourner complètement la tête en constatant la raison de cette gêne au niveau de son épaule. C’était Vanilla, qui se reposait à ses côtés. Tout d’abord étonnée, Alexia finit par sourire. Même si elle réalisait que, et à la présence de sa meilleure dans son lit, tout avait été réel cette nuit… encore une fois c’était grâce à la noiraude qu’elle s’en était sortie. Comme cette fameuse fois, au CP.
« Comment te sens-tu ? Murmura soudainement la voix de Vanilla, encore à moitié endormie. - Un peu fatiguée, mais ça va… et toi ? - Ca va mieux, maintenant que tu es réveillée. »
Pour confirmer ses dires, sa meilleure amie esquissa un sourire seulement fatigué, puis se redressa –Alexia l’imita. Elle s’apprêta à reprendre la parole, mais fut interrompue par l’arrivée de Zenia et d’Eva, blessée à la tête -mais rien de très grave, visiblement. La présence de la seconde femme les étonna, mais l’arrivante imprévue n’en tint pas rigueur.
« Eva a été assommée et ligotée par l’Ombre qui te recherche, déclara Zenia en s’adressant immédiatement à la noiraude. Alors nous devons savoir ce qu’il s’est passé. »
Comme les deux scientifiques, Alexia fixa Vanilla, tout aussi curieuse de savoir la vérité. Sa meilleure amie finit par prendre la parole -après tout, elle était la cause de tout ce qu’il s’était passé cette nuit, alors la moindre des choses était de tout expliquer.
« L’Ombre… a cherché à manipuler mes sentiments, et a donc capturé et transporté Alexia à la morgue. Avec ça, elle a cru que je lui donnerai mon cœur en me faisant un chantage. Quand j’ai réussi à obtenir l’endroit où Alexia était, j’ai tiré sur la créature. Axel est arrivé peu après. Pendant ce temps j’ai pu appeler les infirmières. »
Dans l’esprit de chacun, les morceaux du puzzle se rassemblaient. Eva avait sans doute été ligotée pour éviter de s’interposer à l’enfermement d’Alexia, ou de la libérer si elle finissait par s’en rendre compte. Le reste était suffisamment bien expliqué par Vanilla, pour comprendre la nature de ce chantage. Zenia observait la concernée, qui avait une expression qui parlait pour elle ; il était évident qu’elle culpabilisait à cause des évènements, vu que c’était elle la cible du monstre, pas les autres. La cardiologue reprit donc rapidement la parole.
« Au moins, tout le monde en ressort sans blessure grave. De plus nous sommes au début de la journée, et je ne pense pas que l’Ombre fera deux fois la même erreur. Mais par sécurité, je demanderai à Vera d’augmenter les vigiles les prochaines nuits. »
Les autres acquiescèrent en silence, tandis qu’Eva et Zenia s’éclipsèrent. Celle-ci ne pouvait pour l’instant rien faire de plus, afin de rassurer Vanilla et tous les autres. Ils pourraient toujours réfléchir à un plan d’action plus efficace, une fois qu’ils auraient complètement cernés leurs différents nouveaux ennemis –car il était certain que ces derniers leur réserveraient d’autres surprises- mais pour le moment, ils ne pouvaient rester que sur la défensive. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 8 Juil - 12:50 | |
| Chapitre 8 : Sentiments
Xion, comme tous les autres, avait été mise au courant des faits de cette nuit ; les pièces du puzzle avaient pu être rassemblées grâce à Eva et Vanilla, une fois qu’elles s’étaient réveillées –la scientifique avait d’ailleurs déjà repris son travail à la morgue.
Mais la jeune adulte voulait tout de même s’assurer qu’Alexia et Vanilla allaient vraiment mieux. Elle profita alors de sa pause, afin d’aller les voir –en espérant qu’elles soient réveillées. Elle entrouvrit doucement la porte, observa à l’intérieur, et put voir Alexia qui lisait une bande-dessinée. Vanilla, quant à elle, leur faisait dos, et était sans doute en train de se reposer. Elle salua en silence la rousse, qui lui avait répondu d’un geste de la main, puis s’assit sur le lit de son amie en la regardant ; elle paraissait un peu pâle, mais en forme malgré tout.
« Qu’est-ce qui t’amène ici ? Demanda la patiente, en prenant garde à ne pas parler trop fort. - J’ai appris ce qu’il s’est passé, cette nuit, alors je suis venue prendre des nouvelles, expliqua-t-elle. - Bah ça va, je me suis réveillée y’a quelques minutes, mais Vanilla se repose encore. Ca a été dur pour elle. »
C’était sûr. Après tout Xion avait entendu parler de ce chantage que lui avait fait l’Ombre corrompue. La jeune femme observa la rousse, qui fixait Vanilla d’un air inquiet. Cette nuit était vraiment un sujet délicat pour eux tous, l’interne tenta alors de dévier la conversation.
« Tu ne nous avais pas dit que tu étais claustrophobe, pourquoi nous l’avoir caché ? - … Vanilla était la seule au courant, avoua la rousse, qui dévia cette fois son regard. Et j’aime pas trop parler de faiblesses aussi stupides. - Ce n’est pas une honte tu sais ? - Ouais mais quand même. »
Alexia croisa les bras, et regarda à nouveau en direction de Vanilla, pour éviter d’avoir affaire à Xion, qui souriait simplement.
« Vous tenez vraiment beaucoup l’une à l’autre… vous ressemblez beaucoup à Vanitas et à Axel, de ce côté-là, songea Xion, pensive. - C’est parce qu’à l’époque, les relations d’amitié étaient identiques entre les deux mondes. - Oui, c’est vrai, mais tu sais… »
Xion esquissa un sourire, et observa Alexia d’une manière qui ne rassurait aucunement la rousse.
« Je crois qu’entre toi et Vanilla, il y a quelque chose de plus fort encore. - Du genre ? - De l’amour. »
Alexia n’eut pas le temps de cacher son visage dans ses mains ; l’autre adulte avait pu voir les rougissements bien avant que la rousse ne les cache.
« Pff, n’importe quoi. C’est ton esprit yaoïste et yuriste qui parle. »
Xion, tandis qu’elle se relevait, ne perdit cependant pas son sourire. Elle se rappelait de quelque chose, qui s’était produit six ans auparavant ; Alexia ne savait sans doute toujours pas ce qu’il s’était passé, mais…
« Il y a quelques années, je t’avais parlé de la crise de folie qui t’avait prise lorsque tu étais empoisonnée, non ? - Euh, oui, mais… je vois pas le rapport. - Donc tu ne sais toujours pas ce qu’il s’est passé à ce moment-là… »
Bien sûr que non, Alexia ne savait pas. Elle n’était au courant que d’une chose ; ça avait eu un lien avec Vanitas, et il était évident qu’elle ne pouvait pas poser de questions là-dessus, à l’époque. Mais maintenant que Xion en reparlait, et même si Alexia sentait qu’il valait mieux pour elle de rester dans l’ignorance… ça l’intriguait. L’interne en médecine, en voyant la curiosité dans le regard de son amie, observa simplement le plafond, avant de lui raconter. Son sourire était devenu un peu mélancolique.
« Nous étions avec Zenia, Vanitas, Noa, et Sora… tu as été empoisonnée, et pendant qu’on marchait vers l’une des galeries souterraines, tu as commencé à délirer, à confondre Vanitas avec Vanilla et- - … Non, stop. J’ai fait quoi ? »
C’était impossible qu’elle ait fait une telle connerie ! Alexia se tourna vers Vanilla, qu’elle crut voir bouger –était-elle réveillée ou pas ? Là était toute la question… mais visiblement, Xion continuerait, que ce soit le cas ou non.
« Tu as cru que Vanitas était Vanilla, tu lui as dit que tu l’aimais, et tu ne voulais plus le lâcher. - Oh bordel. J’ai pas fait ça. Non, je l’ai pas fait… »
Son regard n’avait pas quitté Vanilla, et il était maintenant certain que cette dernière était réveillée, car Alexia et Xion entendirent comme une voix étouffée qui murmurait quelque chose. Puis la rousse se rappela de ce que sa meilleure amie lui avait un jour raconté ; de temps en temps, ses rêves étaient formés par des souvenirs de Vanitas. Ce qui signifiait qu’elle… oh pitié, non.
« Vanilla, rassure-moi sur un point… tu n’as pas rêvé de ça ? »
Ce fut d’abord un long silence qui lui répondit, alors que Xion se rappelait également de la particularité des personnes qui avaient survécu sans leur double à l’époque de la seconde malédiction. La réponse de l’autre était déjà évidente dans chaque esprit.
« … Une fois, souffla finalement Vanilla, qui ne s’était toujours pas tourné vers elles, et dont la gêne était facilement perceptible dans sa voix. Il t’a même traité de sangsue. - Je veux mourir. »
Xion était la seule à être amusée de la situation, mais il fallait avouer que la gêne de ses deux amies était vraiment touchante. Elle se leva finalement du lit d’Alexia, et expliqua aux deux patientes qu’il était temps pour elle de reprendre le service. Une fois l’interne sortie, la rousse se recoucha, en prenant soin de tourner elle aussi le dos à sa meilleure amie ; elle retenait Xion avec ses souvenirs débiles ! Mais au fond, le pire à assumer, c’était tout de même le fait que Vanilla était au courant depuis bien plus longtemps qu’elle, et qu’elle ne lui en avait même pas parlé.
« T’aurais pu me le dire, déclara finalement Alexia. - Parce que tu crois que c’est aussi facile ? »
Un nouveau silence. C’était vrai, faire part de ce genre de choses était bien plus difficile qu’il n’y paraissait. En plus, Vanilla avait rêvé de ça à cause de Vanitas -car si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait préféré ne jamais le savoir non plus. L’une comme l’autre ne savaient plus trop où se mettre.
« De toute façon, c’est un poison qui t’a fait agir comme ça, donc ça veut rien dire du tout, déclara Vanilla. - Ouais… tu dois avoir raison. »
Ce fut sur ces mots que la conversation prit fin. Mais Vanilla porta une main à ses lèvres, alors qu’elle regrettait déjà ses paroles, tandis qu’Alexia, elle, eut un pincement au cœur, sans comprendre. Elles fermèrent les yeux. Cette discussion avec Xion les avait juste complètement troublées, et comme elles n’étaient pas tout à fait remises de tout ce qu’il s’était passé, elles devaient le prendre trop à cœur. Oui, voilà, c’était seulement ça, il n’y avait pas d’autres explications. Maintenant, le truc, c’était d’arriver à s’en convaincre.
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L’Ombre Corrompue, lorsqu’elle avait fini par se réveiller -dans ce qui lui servait de chambre- frappa rageusement le sol. Elle n’y croyait pas, elle avait encore échoué ! Pourtant… tout avait été parfaitement préparé, cette fois, et elle avait même reçu l’aide de la Créature originelle. Vanilla avait failli capituler, et pourtant… elle s’en était encore une fois tirée, car elle avait réussi à lui faire avouer l’information essentielle au bon déroulement de sa mission. Elle remit rageusement sa capuche, au moment où quelqu’un frappa à sa porte –elle l’autorisa à entrer d’un ton peu amical.
« Le maître veut te voir, mais…, commença l’Ombre qui venait d’entrer. Il a l’air vraiment très en colère. - Il doit déjà être au courant de mon échec… - Ca je sais pas, en tout cas tu dois le rejoindre de suite dans son bureau. »
L’Ombre corrompue n’avait d’autre choix que d’obtempérer. Rapidement, elle parcourut la galerie souterraine dans laquelle toutes les Ombres du côté de la Créature Originelle avaient trouvé refuge. Seulement leur Maître préférait rester à la surface, habituellement -car il pouvait survivre à la lumière du jour, lui- ce qui était donc très mauvais signe de le savoir actuellement dans les souterrains. Malheureusement, l’Ombre Corrompue ne pouvait éviter cette confrontation ; devant la porte du bureau de leur Supérieur, l’hésitation n’était plus permise. Elle respira un bon coup, puis frappa à la porte –la réponse ne se fit pas attendre.
« Eh bien alors ? Tu reviens encore une fois les mains vides ? »
Le Maître se leva et s’approcha de son serviteur, qui était debout et au milieu de la pièce. Il lui retira sa capuche, et le regarda droit dans les yeux.
« Je t’avais accordé une autre chance, et c’est comme ça que tu me remercies ? En échouant ? - Cette fille est bien plus forte que je ne le pensais… elle m’a piégé. - Piégé ? Tu ne te moquerais pas de moi, par hasard ? C’est une satanée humaine ! »
Le Maître frappa suffisamment fort son serviteur, pour que celui-ci finisse par s’agenouiller devant lui, les poings serrés par la douleur.
« Un humain ça ne peut pas être aussi fort qu’une créature comme toi. Je pensais pouvoir te faire confiance, mais une nouvelle fois tu m’as complètement déçu. - Je…je suis désolé… je vous promets que… »
Son Maître prit l’Ombre par le col, puis la souleva, l’empêchant de terminer sa phrase.
« Que tu vas réussir, c’est ça ? Laisse-moi rire. »
La Créature originelle jeta sans douceur l’Ombre, qui eut sur le coup du mal à se redresser. Elle pouvait cependant voir son Maître de dos qui, après un silence, l’observa du coin de l’œil.
« Je t’ai offert un corps, une vie. Des choses auxquelles tu peux te raccrocher. Mais tu sais… je peux aussi tout te reprendre. »
L’Ombre n’eut pas le temps de comprendre le sens de ces mots ; elle fut prise par une énorme douleur, tandis qu’elle commença à tousser, crachant ainsi du sang noir. Couchée, et recroquevillée sur elle-même à cause de la souffrance, la Créature vit son maître s’agenouiller près d’elle.
« Je peux te voler ce que je t’ai donné. Cette chose si précieuse qui a inversé les effets de la décomposition de ce corps. Il m’a suffit de reprendre ce temps quelques secondes, pour que la plupart de tes organes internes et ta peau se décomposent à nouveau. »
L’Ombre tenta de parler, mais ça lui provoqua une nouvelle vague de douleurs, et de nouveaux crachats de sang. Comment son Maître avait pu lui faire ça ? D’accord elle avait échoué, mais est-ce qu’elle méritait vraiment une telle souffrance ?
« Ca fait mal, hein, de se sentir pourrir, pas vrai ? Enfin sois rassurée, chère Ombre, dans quelques jours au grand maximum tu iras mieux, après tout mon temps te soignera comme il a pu te faire souffrir. »
Un rire sortit de la bouche de la Créature Originelle, alors qu’avec l’aide de son pied, il tourna le corps qu’il avait offert à cette Ombre. Une souffrance certaine se lisait sur ce visage à la peau pourrie, craquelée et suintante.
« Tu peux disposer, à présent. »
L’Ombre serra les poings, et malgré le sang qui coulait continuellement à cause de ce qu’elle venait de subir, elle se releva, tremblante, et ouvrit un portail vers sa chambre, dans laquelle elle s’écroula immédiatement. Elle ne pensait pas pouvoir souffrir ainsi, de par sa nature, mais son Maître était visiblement capable de tout. Encore une fois, elle cracha du sang, et dut serrer les poings pour ne pas crier à cause de la douleur.
C’était donc ça, le prix de son échec ? Mais pourquoi le punissait-elle, vu que c’était de toute manière pour son cœur qu’elle se battait ? Et que voulait-il dire en disant qu’elle lui avait donné un corps ? N’était-ce pas le sien, à la base ? La Créature Originelle lui cachait-elle quelque chose ? Puis l’Ombre réalisa ; elle commençait à se méfier de son propre Maître. Si ce dernier l’apprenait… elle serait très certainement anéantie.
Mais après ce que venait de lui faire subir celui en qui elle croyait depuis le début… l’Ombre devait trouver les réponses à toutes ses interrogations. Seulement dans son état, elle ne pouvait rien faire. Si elle avait été humaine, cette décomposition et la perte de tout ce sang l’aurait déjà tué, maintenant qu’elle y pensait… ou elle serait dans un coma profond –dans les deux cas, elle n’aurait plus eu à souffrir comme ça.
Seulement dans sa condition actuelle, elle ne pouvait dormir que si on l’y forçait –comme ça avait déjà été le cas deux fois. Elle avait donc beau souffrir, et saigner par tous les pores de sa peau pourrie et suintante, c’était impossible pour l’Ombre de trouver le sommeil pour pouvoir oublier cette douleur, ne serait-ce qu’un instant. Elle pouvait juste fermer les yeux, dans l’espoir que cette souffrance cesse enfin…
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Personne, la nuit dernière, n’avait participé aux missions de protection de la ville. Après tout, le fonctionnement de celle-ci était totalement normal en journée, ils ne pouvaient donc pas se permettre de s’absenter au travail ou au stage. Mais tous avaient été tirés très tôt de leur sommeil, à cause de ce qu’il s’était produit durant la nuit.
Après ça, chacun avait rejoint leur travail –ou leur lit, pour les plus chanceux qui travaillaient plus tard, ou chez eux- mais personne ne pouvait vraiment oublier la nouvelle qu’ils avaient apprise. Sora peinait vraiment à se concentrer sur la mise en 3D des personnages du jeu auquel il aidait au développement. Plusieurs fois déjà son regard avait glissé sur un dessin où était représentée la bande au complet.
Vanilla avait de nouveau été attaquée par cette Ombre Corrompue, qui pensait être Vanitas. Mais cette fois-ci, la Créature avait mis la vie d’Alexia en danger également, rien que pour réussir à avoir ce qu’elle souhaitait. Et cela ne faisait aucun doute que cela recommencerait, jusqu’à ce que Vanilla finisse dépossédée de son cœur. Comme Vanitas six ans auparavant. A cette pensée, le brun secoua vivement la tête ; non, ça ne finirait pas comme ça. Ils seraient là pour la protéger, et Zenia avait pris des dispositions particulières pour éviter qu’une agression comme la dernière en date n’arrive de nouveau.
Comme tout le monde, la tournure des évènements l’effrayait malgré tout. Le retour des monstres, les attaques récurrentes, avec cette question qui les tourmentait à chaque instant ; comment l’Ombre, qu’ils avaient vu aux sources, voulait-elle qu’ils s’y prennent pour libérer celles qui étaient corrompues ? En plus il n’y avait pas qu’elles, il y avait également celles qui demandaient vengeance… heureusement ces dernières étaient plus facilement gérables, et agissaient de manière impulsive et non préparée. Du coup les forces de l’ordre parvenaient à les immobiliser plutôt rapidement.
Sans conviction, Sora replongea dans son animation 3D, réalisant qu’il n’avait pas du tout avancé en une heure. Mais au fond, comment pouvait-il travailler tranquillement, avec tout ce qui était déjà arrivé ? En plus de ça, il pouvait sentir d’ici le stress total de Seïra depuis plusieurs heures, et ça n’arrangeait en rien sa concentration déjà inexistante. N’y tenant plus, il s’arma finalement de son téléphone et lui envoya un SMS.
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Riko était en train de déposer des papiers à la réception des urgences, au moment où elle vit Arioch arriver. D’après certaines infirmières, ce serait le premier retard du médecin, ce qui était assez étonnant. Malgré tout, l’homme gardait ce sourire qui ne quittait que rarement sa figure. Après avoir rapidement déposé ses affaires aux vestiaires, le médecin se dirigea vers l’interne.
« Bonjour, Riko. Excuse-moi du retard, j’avais une affaire familiale à régler. Alors, peux-tu me faire un petit topo sur ce que vous avez fait, toi et Xion ? D’ailleurs où est-elle ? - Elle est en pause, et est allée voir nos amies, mais elle ne devrait pas tarder. - Bien, ça me laisse le temps de mettre en ordre mes dossiers pour aujourd’hui. Vous pouvez me retrouver dans mon bureau, dans quinze minutes ? - Pas de problème. »
Puis Arioch disparut. Au même moment, Riko put apercevoir Xion, qui revenait de la chambre où se trouvaient Alexia et Vanilla. Elle avait un large sourire, et semblait même amusée. Une fois que la jeune femme fut assez proche, l’argentée lui demanda des explications sur cet étrange comportement.
« J’ai juste un peu embêté Vanilla et Alexia. - Alors qu’elles sont encore convalescentes ? - Ne t’en fais pas, je ne l’aurais pas fait si elles n’allaient pas bien. Mais elles ont l’air de s’être remises de la nuit dernière. - C’est une bonne nouvelle, les autres seront contents de l’apprendre, répondit l’autre, avant de passer à un tout autre sujet. Par contre, Arioch nous attend dans son bureau dans moins de quinze minutes. - Ah, il est finalement arrivé ? - Oui, il prend connaissance des dossiers de ce matin, et après il veut notre version des faits. - Je vois. On ferait mieux alors d’y aller, alors. »
Ce fut ainsi que les deux internes se dirigèrent vers le bureau de leur tuteur.
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Seïra n’avait pas réussi à retrouver le sommeil, après les nouvelles qu’ils avaient tous reçu tôt ce matin. Pourtant elle aurait pu aisément se rendormir, elle, étant donné qu’elle travaillait chez elle mais… non. Elle s’inquiétait bien trop pour Vanilla et Alexia, qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de voir réveillées, depuis l’incident de cette nuit. On lui avait raconté qu’elles avaient toutes les deux été en état de choc suite à ce qui était arrivés ; ils avaient d’ailleurs reçu les détails par téléphone par la suite, mais ça n’avait pas calmé l’inquiétude de la brune, bien au contraire.
Cela faisait maintenant toute la matinée que ses pensées étaient rivés sur sa sœur et son amie. Elle avait de nombreuses fois hésité à appeler l’hôpital pour avoir des nouvelles, mais on l’aurait sans doute prise pour une folle si elle appelait toutes les heures –car c’était ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas lutté. Les heures de visites débutaient à quatorze heures, et il n’était même pas encore tout à fait midi. Elle rongea nerveusement le crayon qu’elle tenait, avant de finalement le laisser tomber de ses lèvres, surprise par la vibration de son téléphone.
Lorsqu’elle s’aperçut que l’expéditeur était Sora, elle pouvait déjà largement deviner l’objet du message. C’était évidemment à cause de ce stress qu’elle lui envoyait inconsciemment depuis le début de la matinée. Elle finit par lui répondre un simple désolée, avant de jeter son téléphone sur le lit et de soupirer.
Elle laissa tomber sa tête en arrière, et essaya de faire le vide, histoire de soulager un peu Sora –dont elle pouvait aussi sentir le stress, maintenant qu’elle tentait de faire un tri dans ses propres pensées. Il n’était pas rare pour tous les deux de remettre l’autre sur le droit chemin, lorsque leurs sentiments se mélangeaient un peu de trop.
En plus, elle se faisait sans doute du souci pour rien ; après tout, Zenia les prévenait toujours dès qu’il y avait un problème, et elle n’avait plus donné de signe de vie depuis le début de la matinée. Elle inspira et expira un coup pour se calmer, lorsqu’elle sentit une seconde fois son téléphone vibrer. Une simple pub pour son opérateur, qui l’amena à sa boite de réception, pour y trouver un nom parmi quelques autres ; Kylian, son petit ami.
Avec tout ce qu’il s’était passé récemment, elle avait failli l’oublier. Elle se leva de sa chaise, enfila ses chaussure et prit sa sacoche ; sans doute qu’être avec lui lui ferait du plus grand bien, surtout en ce moment… et puis elle devait lui dire quelque chose d’important ; après tout il n’était pas concerné par toutes ces histoires, et elle avait déjà assez repoussé le moment de lui avouer ce qu’elle lui cachait depuis bientôt six semaines –et puis il était le plus apte à l’aider à avouer la vérité à tous ses amis, ou à la conseiller sur la manière de leur dire, au vu de tous les évènements récents… elle tenta d’esquisser un sourire en songeant à cela, mais n’y parvint pas ; car sur la route qui menait à l’appartement de son petit-ami, Seïra ne pouvait pas s’empêcher de penser à sa sœur ainsi qu’à la rousse.
Elle espérait vraiment que Vanilla et Alexia se rétablissent au plus vite, pour qu’ils puissent tous ensemble trouver une solution face à la menace actuelle, et réfléchir à un moyen de libérer les Ombres Corrompues -avant que l’un d’eux n’y laisse la vie. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 11 Juil - 16:26 | |
| Chapitre 9 : Confiance
Zenia, après les évènements de la nuit dernière, avait décidé de mener son enquête sur les monstres seule. Ce fut ainsi que, en début d’après-midi, elle était allée dans le cimetière, à côté du Mémorial, afin d’y vérifier quelque chose.
Les Ombres étaient issus de cadavres, de ce fait… il devrait y avoir des traces d’effraction, ou de violation sur les tombes. Seulement elle ne trouva rien de cela. Elle avait beau avoir parcouru la moitié des allées, aucune pierre tombale ne paraissait abîmée. Affrontaient-ils vraiment des cadavres, alors ? Elle ne savait pas. Une chose était sûre en tout cas ; il fallait le vérifier sur les Ombres elles-mêmes. Donc si la créature Corrompue possédait vraiment le corps de Vanitas, alors ce dernier devrait avoir la cicatrice provoquée par son cœur qui avait été arraché. Mais comment s’approcher suffisamment de cette Ombre, sans risquer d’y laisser la vie ?
Elle soupira, et s’apprêta à rentrer à l’hôpital, en tentant de trouver une solution à ce nouveau problème d’identité des Ombres, lorsqu’elle vit une personne qui observait attentivement chaque tombe. L’inconnue avait des cheveux violets qui lui retombaient jusqu’aux épaules, tandis que ses yeux étaient rouge. Lorsque les deux regards finirent par se croiser, la personne en face de Zenia lui sourit chaleureusement, puis s’approcha. La scientifique préféra tout de même garder ses distances, et recula de quelques pas lorsqu’elle jugea l’autre trop proche -ses yeux rouges reflétaient quelque chose de beaucoup trop étrange pour être rassurant.
« Qui êtes-vous ? Demanda finalement la scientifique. - Je m’appelle Ariane, déclara-t-elle. Ariane Mahoney. »
Plus par politesse que par sympathie, Zenia se présenta à son tour, malgré sa méfiance. Mais la jeune femme en face d’elle ne parut ni vexée, ni en colère face au comportement de la scientifique. Elle esquissa même un sourire.
« Ne vous en faites pas, je ne reste pas. Je voulais juste vérifier quelque chose. »
Puis, sans rien ajouter de plus, la mystérieuse femme se dirigea vers la sortie ouest du Mémorial –celle qui menait à la forêt. Zenia resta quelques instants sur place, se demandant si elle devait suivre cette Ariane –mais quelque chose en elle lui soufflait qu’elles se reverraient. Elle laissa donc la jeune femme disparaitre entre la cime des arbres.
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Il ne fallut à Seïra que quelques minutes de route pour arriver sur le parking de l’immeuble où vivait Kylian. Lorsqu’elle coupa le contact de sa voiture, elle dut respirer un coup avant d’en sortir ; elle était vraiment stressée à l’idée de le voir après tout ce qu’il s’était passé, et surtout pour cette raison assez particulière –et qu’elle ne pouvait pas dire à ses amis ou même à sa sœur, à cause des évènements encore trop récents.
Seulement elle ne voyait pas l’intérêt de le cacher plus longtemps à son petit ami, surtout qu’il était tout aussi concerné, et qu’elle ne pouvait compter –pour l’instant- que sur son soutien. Elle sortit de sa voiture, prit les clés de l’immeuble que Kylian lui avait prêté, et pénétra à l’intérieur. Elle prit ensuite l’ascenseur, monta au second étage, et marcha jusqu’au bout du couloir, là où se trouvait l’appartement de son copain. Au moment où elle sonna à la porte, elle reçut un SMS ; sans doute Sora, qui allait une nouvelle fois se plaindre du stress qu’elle lui faisait ressentir… du coup elle ne prit pas la peine de sortir l’objet de sa poche, car elle avait bien plus important à faire pour l’instant.
Elle entendit d’abord les clés se tourner dans la serrure, avant de voir la porte s’ouvrir sur un homme assez imposant, mais à peine plus âgé qu’elle, qui la jaugea un instant du regard, avant de prendre un air hautain que Seïra, sur l’instant, ne reconnut pas. Elle avait un mauvais pressentiment.
« Qu’est-ce que tu fous là, toi ? »
… Pressentiment qui se confirma rien qu’à cette interrogation, prononcée d’une manière bien trop sèche, directe, et surtout agacée. Seïra en fut désarçonnée, et baissa finalement son regard en tripotant nerveusement le bracelet qu’elle avait au poignet gauche.
« Eh bien… j’étais venue pour te dire quelque chose en fait… - Si c’est par rapport au SMS que je viens de t’envoyer, tu peux te casser, j’ai rien d’autres à ajouter. - Ton… quoi ? - T’as un portable, regarde-le, et me fais plus chier. »
Et sans laisser le temps à Seïra de réagir, Kylian reprit violement les clés de l’immeuble que la brune tenait toujours en main, puis lui claqua la porte au nez, sans qu’elle n’eut le temps de dire le moindre mot. Elle resta plusieurs secondes figée. Elle avait peur de comprendre ce que tout cela signifiait.
Ce fut avec des tremblements qu’elle prit finalement son portable en main. Lorsqu’elle déverrouilla l’écran, elle vit clairement l’expéditeur du SMS qu’elle avait reçu quelques instants auparavant –Kylian. Fébrile, elle fit glisser son doigt pour ouvrir le message, tandis que les larmes lui montaient déjà aux yeux. Mais lorsqu’elle en lut le contenu, elle crut halluciner.
Tu es un jouet sexuel très lassant, tu sais ? En tout cas ta remplaçante baise bien mieux que toi. Adieu.
Ses tremblements s’intensifièrent –au point où elle en lâcha son téléphone- tandis qu’elle luttait non seulement contre cette envie de vomir qui venait de la prendre, mais également contre ses sanglots, qu’elle retenait très difficilement. Elle fixa la porte qu’elle avait eut l’habitude de franchir presque tous les week-ends depuis quelques mois. Elle n’arrivait pas à réaliser. Elle n’arrivait pas à croire une telle chose ; elle n’avait vraiment été que ça, pour lui ? Un simple jouet ?
Elle sentit finalement une larme, puis deux, puis tout un torrent s’écouler de son visage, alors qu’elle s’effondra à genoux devant cet appartement. C’était impossible. Il ne pouvait pas lui avoir fait ça, pas maintenant… pas alors qu’elle… elle mit une main sur son ventre, tandis que l’autre empoigna difficilement le portable qu’elle avait fait tomber. Malgré ses tremblements et ses nausées assez violentes, elle envoya rapidement un SMS à Sora, lui disant qu’il n’avait pas à s’inquiéter sur les sentiments qu’elle lui faisait actuellement éprouver -que ce n’était qu’une rupture difficile et qu’elle s’en remettrait.
Puis, après avoir tenté de rassurer son double, elle se releva, titubante, et se mit à marcher vers l’ascenseur qu’elle venait tout juste de prendre. A l’intérieur de ce dernier, elle chercha au hasard un autre numéro dans son répertoire. Lorsqu’elle tomba sur celui de Kaël, elle se rappela qu’il n’habitait pas très loin d’ici. Sans vraiment réfléchir, elle lui envoya un message.
~0~0~0~0~
Kaël venait de sortir de la douche, lorsqu’il vit son portable vibrer sur la table basse de son salon. Il s’approcha, prit l’objet entre ses mains, et regarda l’expéditeur –Seïra. Il ouvrit donc rapidement le message.
Tu es chez toi, là ?
Alors qu’elle ne lui écrivait presque jamais, elle lui posait une bien étrange question. Il répondit toutefois par la positive, et reçut une réponse à peine une minute après ; cette fois-ci la brune lui demandait si elle pouvait venir chez lui. Kaël, à cette demande, comprit qu’il avait du se passer quelque chose, et accepta directement.
Après ce court échange de messages, le rouquin eut à peine le temps de sécher ses cheveux mi-longs, avant d’entendre la sonnette. Il se dirigea vers la porte immédiatement, et l’ouvrit à la volée, pour voir Seïra au visage pâle et qui affichait une détresse certaine –et d’après les rougeurs dans ses yeux, elle avait pleuré. Qu’est-ce qui avait pu lui arriver pour qu’elle soit dans cet état ?
« Je… peux entrer ? - Oui, bien sûr. »
Le jeune homme s’écarta pour laisser Seïra entrer dans le couloir. Ce fut à cet instant que Kaël remarqua que la jeune fille tremblait, et qu’elle tenait difficilement sur ses jambes. Alors, et malgré les tentatives de la brune pour le repousser, il l’aida à se diriger vers le salon, et à l’asseoir sur le canapé –il prit place sur le fauteuil juste en face.
« Tu veux quelque chose à boire ? - Non, ça ira, merci… »
Maintenant qu’elle était là, elle ne pouvait plus reculer. Elle n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’elle faisait, suite à ce qu’il s’était passé avec Kylian. Elle se sentait à la fois mal pour cette histoire, mais également coupable d’y avoir impliqué Kaël… Elle avait réussit à se calmer un minimum avant son arrivée ici, mais elle ne savait pas par quoi commencer, ou si elle devait vraiment parler au rouquin en face d’elle. Elle serra nerveusement le tissu de la jupe qu’elle portait actuellement.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demanda finalement Kaël pour rompre le silence. »
Seïra ne savait pas comment expliquer ça avec des mots, alors elle ne fit que sortir son portable, l’ouvrit sur le dernier message que Kylian lui avait envoyé, puis le montra à Kaël. Ce dernier, en lisant son contenu, comprit bien vite la situation. Malgré ça, il ne sut pas vraiment quoi dire –il n’avait jamais été dans une telle situation, et jamais l’idée de traiter une fille comme ça lui serait venue, donc il ne pouvait qu’à moitié imaginer ce que devait ressentir son amie.
« Je suis désolé, déclara-t-il finalement –et il l’était, vraiment, mais ne savait pas quoi dire d’autres. »
Seïra, elle, rit nerveusement, alors qu’elle récupérait son portable, pour effacer pour de bon ce message –et ce numéro de son répertoire. S’il n’y avait que ça qui la perturbait, elle ne serait jamais venue ici, et se serait débrouillée seule. Mais quelque chose de bien plus grave que ce SMS l’avait poussée à aller chez Kaël –pourtant elle savait très bien qu’il ne pourrait rien changer à la situation, mais… elle avait pris peur, et s’était précipitée vers la première personne qu’elle avait trouvée. Elle était tellement stupide…
« Mais il n’y a pas que ça… pas vrai ? Déclara soudainement Kaël, provoquant un sursaut chez la jeune femme en face de lui. »
Le rouquin connaissait maintenant suffisamment son amie pour la comprendre immédiatement. Seïra, qui était habituellement si souriante et positive, ne se serait jamais laissée abattre comme ça pour une simple rupture. Pendant les trois années où Vanilla n’était plus revenue, elle n’avait jamais fait paraître ses véritables sentiments, et ne se confiait que rarement, malgré les craintes qui avaient du naître en elle –comme celle de ne plus jamais revoir sa sœur, par exemple.
Donc même si Kylian l’avait laissé tombé d’une manière affreuse, elle ne serait jamais venue juste pour ça, et surtout pas dans cet état-là –elle aurait peut-être pleuré, mais ne l’aurait jamais dit, et aurait continué de sourire lorsque le groupe se serait réuni.
La brune, quant à elle, baissa simplement la tête. Kaël était instituteur, de ce fait… il devait être à la fois un enseignant mais également un très bon psychologue, pour comprendre ses élèves. Il avait donc facilement pu savoir qu’elle ne lui avait pas tout dit, rien qu’en analysant son comportement habituel, et celui qu’elle avait actuellement -lui mentir et dire qu’il n’y avait rien d’autre serait complètement inutile. Elle sourit nerveusement.
« C’est la dernière fois que je demande de l’aide à quelqu’un qui peut scanner mon cerveau. »
Cette remarque fit sourire Kaël et ça le rassurait, un peu. Il reconnaissait déjà un peu plus son amie, malgré la situation -dont il ne connaissait pas encore tous les détails. D’ailleurs, et avant que la jeune femme ne se confie, il décida tout de même de faire du chocolat chaud, pour que Seïra soit vraiment à l’aise. Ca ne lui prit que quinze minutes, avant de revenir un plateau à la main –il y avait deux tasses fumantes. Seïra en prit une machinalement, et but une gorgée, alors que Kaël s’était réinstallé sur le fauteuil juste en face. Enfin totalement calmée, elle soupira un grand coup, avant de relever son regard azur vers Kaël.
« Tu dois d’abord me promettre de ne rien dire. Ni à ma sœur, ni à mon double… à vraiment personne. - Tant que tu ne m’auras pas dit ce qu’il se passe je ne- - Ce n’est pas le moment pour qu’ils sachent ce genre de choses, coupa-t-elle. S’il te paît. »
Kaël n’aimait pas faire de promesse aveugle comme celle que Seïra demandait de lui faire. Mais la brune le regardait avec une telle insistance qu’il pouvait difficilement refuser sa requête. Il espérait vraiment qu’il ne regretterait pas ses mots.
« D’accord, je te le promets. »
Après les paroles de Kaël, Seïra observa sa tasse, encore à moitié remplie. Elle la serra un peu plus fort, soupira intérieurement, puis releva son regard azur vers celui du rouquin.
« Je suis enceinte d’un mois et demi, à peu près… »
L’information fut sur le coup tellement surprenante, que Kaël ne trouva rien à répondre –mais au fond, y avait-il vraiment une réponse à donner ? La brune, quant à elle, avait baissé la tête vers sa boisson chaude, qu’elle reposa sur le plateau –elle retenait de nouveau difficilement ses larmes. Le rouquin se leva et s’installa sur le canapé près de la brune. Le regard de Seïra montrait qu’elle était enfin prête à se confier, il lui prit donc simplement la main –pour qu’elle sache que, même s’il n’avait pas répondu, il était là, à l’écouter.
« Je voulais aller chez Kylian aujourd’hui pour lui dire…, continua finalement la jeune femme. Puis il m’a envoyé ce SMS… »
Elle serra un peu plus fort la main de Kaël, qu’elle sentait juste à ses côtés. Elle savait qu’il ne la jugerait pas –il ne le faisait jamais-, et il l’écouterait jusqu’au bout, même s’il restait silencieux. Alors elle continua, d’une voix plus rauque.
« C’est dingue quand même… j’ai oublié une fois de prendre cette pilule débile… une seule et unique fois… »
A ces mots, elle lâcha Kaël et cacha son visage en larmes derrière ses mains. Elle pleurait et riait nerveusement -comme si la situation actuelle ne suffisait pas, il fallait que ses hormones jouent avec elle à cause de son état. Elle voulut s’excuser de son comportement idiot et surtout de cette vision ridicule qu’elle offrait à Kaël, mais le rouquin ne lui en laissa pas le temps –elle sentit le garçon la serrer doucement contre lui. Même si ce n’était pas grand-chose, ce geste réussit à la rassurer et à la calmer suffisamment pour qu’elle se blottisse un peu plus contre le jeune homme. Mais à cet instant là, elle sentit autre chose en elle –quelque chose de trop familier depuis quelques semaines. Elle se redressa brusquement et mit une main devant sa bouche.
« La salle de bain, articula-t-elle difficilement. Vite. » Kaël ne comprit pas tout de suite pourquoi cette brusque demande, mais lui indiqua tout de même la pièce, que la brune s’empressa de rejoindre –elle prit soin de fermer la porte, mais n’eut pas le temps de le faire à clé. Le rouquin, qui avait décidé de la suivre -pour lui demander si tout allait bien- comprit finalement la situation, en se rappelant des symptômes les plus connus du début d’une grossesse. Et même si la jeune fille tenait sans doute à lui cacher cette facette-là de son état, le garçon entra tout de même dans la salle de bain, et s’agenouilla à ses côtés. Seïra aurait voulu lui répliquer de sortir, mais les nausées étaient beaucoup trop fortes maintenant pour qu’elle puisse prononcer le moindre mot. Et lorsqu’elle sentit le contenu de son estomac se retourner contre elle, elle put malgré tout s’apercevoir que Kaël avait pris ses cheveux et les avait ramené dans son dos, pour éviter qu’elle ne se les salisse, et ce jusqu’à ce que les nausées et les vomissements se calment définitivement.
Au moment où elle parvint à retrouver une respiration régulière, elle vit Kaël tirer la chasse d’eau et chercher des mouchoirs, qu’il lui tendit. Elle put ainsi se débarrasser des quelques gouttes de ce liquide immonde sur ses lèvres –mais pas de cet arrière goût. Une fois qu’elle eut repris complètement ses esprits, elle observa le regard inquiet du garçon à ses côtés. Elle aurait préféré qu’il n’assiste jamais à ça…
« Ca, c’est la partie la moins marrante de la chose…, souffla-t-elle, alors qu’elle tenta d’esquisser un léger sourire. J’ai dû perdre mon bonus charisme, là, non ? »
Kaël sourit à son tour face à la phrase que venait de prononcer la brune, mais il fut surtout rassuré de la voir de nouveau assez en forme pour sortir ce genre de choses complètement décalées. Lorsqu’il l’aida à se relever, elle chancela légèrement, et il préféra alors la tenir contre lui pour la guider à nouveau vers le canapé. Il l’allongea, et la recouvrit d’une couverture en voyant ses frissons. Il décida ensuite de lui faire rapidement un thé, conscient du goût amer qu’elle devait avoir actuellement en bouche.
« J’aurais dû vous écouter lorsque vous aviez dit que ce type vous paraissez louche…, entendit-il finalement de la cuisine. »
C’était vrai que Kylian n’avait pas la tête d’une personne fréquentable, mais en aucun cas Kaël n’avait jugé Seïra à cause de ça. Il savait très bien qu’elle ne pouvait pas s’en rendre compte, car elle l’aimait. Une fois qu’il eut fini de préparer la tasse de thé pour son amie, il revint à ses côtés et l’aida à s’asseoir.
« Ne pense plus à ce genre de chose, déclara-t-il avec douceur. Tu dois surtout penser à toi, et à cet enfant. - C’est l’enfant d’un connard… je ne peux pas le garder. - La question n’est pas si tu peux ou non le garder, la question est si tu veux le garder. »
Seïra, en écoutant ces mots, garda le silence et but simplement une gorgée du thé que lui avait fait Kaël. Elle avait toujours voulu fonder une grande et belle famille, mais savoir que cet enfant grandirait sans père, et deviendrait peut-être un connard comme lui… ça lui faisait peur.
« Ce n’est pas un choix facile, c’est certain, continua finalement garçon. Mais décider sur un coup de tête n’est pas non plus la chose à faire, tu comprends ? - Oui, bien sûr, mais… »
Elle n’avait que jusqu’au troisième mois de grossesse pour se décider –et à la base elle voulait les conseils et l’opinion de Kylian pour savoir ce qu’elle devait faire… mais maintenant il n’y avait plus personne pour l’aider ; elle était seule, avec un choix qui changerait définitivement sa vie. Toute l’assurance qu’elle avait toujours eu s’était envolée depuis sa visite chez Kylian, et des millions de questions se bousculaient en elle.
« Tu as encore du temps, rassura Kaël. Par contre… je suppose que tu n’as vu aucun médecin depuis, n’est-ce pas ? »
Aucune réponse. En effet elle n’avait jamais été à l’hôpital, de peur de croiser Zenia, ou une autre personne qu’elle connaissait. Et comme elle n’osait en parler à personne, elle n’avait fait aucune démarche nécessaire ; cet enfant en elle pouvait très bien être en mauvaise santé sans qu’elle ne le sache.
« La priorité est donc d’aller à l’hôpital, répondit Kaël, qui avait pu facilement traduire la signification de ce silence. - Hors de question ! Rétorqua immédiatement la brune. Vanilla, Alexia et Axel sont hospitalisés, et il y a Riko, Xion, Zenia et Eva qui y travaillent… - L’entrée de la maternité et à l’opposé des différents services où ils se trouvent tous, donc ça ira. - Mais si Zenia s’aperçoit qu’un dossier à mon nom a été ouvert… - Aqua est celle qui dirige le service de maternité, si je lui explique la situation, on pourra ouvrir un dossier sous X. »
Seïra avait du mal à croire les mots qu’elle entendait. Elle avait simplement fait promettre à Kaël de ne rien dire… elle ne lui aurait jamais demandé de s’occuper de toutes les démarches –elle ne voulait pas être une gêne. La brune refusait que le garçon perde plus longtemps son temps pour elle.
« Tu n’es pas obligé de faire ça. - Je sais, mais tu m’as accordé ta confiance, donc c’est le moins que je puisse faire, tu ne crois pas ? »
Fatiguée à cause de tout ce qu’elle avait vécu récemment, elle ne trouva rien à dire à Kaël pour tenter de le faire changer d’avis. Elle ne pouvait pas croire que le garçon était prêt à faire ça pour elle. Elle qui voulait simplement se confier à quelqu’un, à la base… Elle sentit finalement Kaël lui retirer des mains la tasse –maintenant vide- qu’elle tenait, pour ensuite la forcer à se recoucher.
« Pour le moment tu dois te reposer. - Mais, et les monstres ? Et Vanilla ? Je ne peux pas faire passer sa sécurité après moi… - Nous sommes en journée, les Ombres ne viendront pas. Et puis nous ne faisons plus parties des équipes de nuit, donc tu ne dois pas te soucier de ça, d’accord ? - Et pour Sora ? Après ce que j’ai dû lui faire ressentir… - Seïra, pour l’instant contente-toi de penser un peu plus à toi, et donc à dormir un peu. On s’occupera des détails plus tard. »
Même si « détails » n’était pas le mot le plus adapté, Seïra savait qu’elle ne serait pas en mesure de réfléchir sur ces derniers pour l’instant. En plus le garçon avait raison, il faisait jour, donc personne ne risquerait rien pour le moment, et si elle ne se reposait pas, elle ne serait de toute façon pas d’une grande utilité. Elle décida alors de se vider l’esprit, et de se laisser emporter par le sommeil –la dernière chose qu’elle sentit, ce fut Kaël qui remontait la couverture sur elle.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 15 Juil - 12:32 | |
| Chapitre 10 : Doutes
Deux jours étaient passés. Vanilla et Alexia avaient eu l’autorisation de sortie qu’elles attendaient, avec toutefois quelques recommandation -comme celle de ne pas en faire trop durant les prochaines vingt-quatre heures, et de prendre des douches avec de la bétadine pendant quelques jours le temps de la cicatrisation de leurs blessures. Riku avait accepté d’héberger Vanilla, tandis qu’Axel s’était évidement porté garant pour prendre Alexia sous son aile.
En deux nuits, les attaques des Ombres se faisaient plus agressives, mais d’après Zenia -qui avait recherché dans la base de données les personnes ayant survécues sans leur double- il n’y avait aucune de corrompue dans la ville, mise à part bien sûr celle qui avait actuellement le corps de Vanitas en otage.
D’ailleurs, ça les intriguait ; si l’Ombre Corrompue avait cherché plusieurs nuits de suite à déposséder Vanilla de son cœur… ce ne fut pas le cas ces deux derniers jours. Ce détail n’avait échappé à personne –et surtout pas à la principale concernée. Malgré tout, elle n’en montrait rien ; bien que tous se doutaient de ses craintes, ils savaient qu’elle n’en ferait jamais part, ou qu’il fallait vraiment la pousser dans ses derniers retranchements pour qu’elle le fasse.
Riku ne voulait pas se lancer dans ce genre de choses, surtout après cette longue absence de trois années. Après tout personne ne savait si elle resterait une fois le monde débarrassé pour de bon des monstres –et il ne souhaitait pas provoquer un autre départ de la noiraude.
Lorsqu’ils arrivèrent tous les deux dans l’appartement de l’argenté, celui-ci indiqua l’emplacement des différentes pièces –et précisa que Noa et lui étaient allés chez les deux meilleures amies pour leur chercher quelques affaires, qui se trouvaient déjà dans la chambre d’amis. L’autre écouta vaguement, et ne fit qu’observer son nouvel environnement. Il n’y avait aucune décoration superflue, et tout paraissait bien rangé –mais venant de Riku, cela n’étonnait pas Vanilla.
Son regard finit par tomber sur un cadre, dans lequel une photo abîmée se trouvait. Elle prit l’objet en main, et examina l’image. Mais lorsque son regard doré tomba sur un groupe de cinq personnes -parmi tous les visages qui lui étaient inconnus- une étrange mélancolie naquit en elle. Elle posa un doigt au niveau de ce double qu’elle n’avait pas eut le temps de connaître vraiment.
« Cette photo date de quand ? Demanda-t-elle finalement à Riku. - Deux semaines avant la fusion, je dirais, déclara l’autre. C’était une tradition de notre lycée de prendre les terminales, toutes filières confondues, en photo. »
Mais il voyait bien que la jeune fille paraissait mélancolique en regardant cette image –qui avait eu la chance de ne finir que légèrement abîmée suite à la fusion.
« Je peux la ranger, si elle te dérange. - Non, c’est bon, répondit Vanilla en reposant le cadre à sa place. »
Elle continua d’avancer dans l’appartement, et s’assit finalement sur le canapé au milieu du salon. Ses blessures étaient loin d’être guéries, du coup elle ne pouvait pas encore rester debout bien longtemps. Riku lui proposa donc de lui chercher une boisson, ce qu’elle accepta. Quelques minutes après, les deux jeunes adultes se retrouvèrent l’un en face de l’autre –l’air mélancolique de Vanilla avait laissé place à une expression ennuyée.
« Ton appartement est trop sombre, critiqua-t-elle. Mais je pense que je vais réussir à m’y faire. - Euh… Merci ? »
Vanilla se redressa, chercha la canette de coca sur la table basse, en but une gorgée, puis reposa la boisson. Elle observa ensuite avec insistance Riku, qui ne comprit pas tout de suite la signification de ce regard.
« Comme nous allons devoir cohabiter, j’imposerai un certain nombre de règles, déclara-t-elle. - Aux dernières nouvelles, nous sommes toujours chez moi, je crois. - Je m’en fous, rétorqua l’autre. Donc déjà, interdiction d’aller dans la chambre de l’autre. Je dis ça parce que tu as la tête d’un violeur. - … Je te demande pardon ? - Deuxième règle, continua Vanilla en l’ignorant. La salle de bain. Y’a pas intérêt à ce qu’un seul microbe mâle ne pollue l’endroit quand j’y vais. - Bah voyons… - Sinon tu es libre de laisser traîner une vaisselle de trois jours si ça t’amuse, hein, tant que tu respectes ces deux choses. - Ta gentillesse te perdra. - Je sais. »
Riku soupira intérieurement. Il se doutait que l’arrivée de Vanilla ici bouleverserait certaines choses, mais le « tête de violeur » lui restait quand même un peu en travers de la gorge. Ces prochains jours promettaient d’être plutôt mouvementés…
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Cela faisait deux nuits et deux jours que l’Ombre Corrompue avait été laissée à l’abandon, dans cette pièce qui lui était réservée. Durant ces quarante huit heures, son corps s’était presque totalement remis de la souffrance que lui avait fait subir son Maître. Elle avait donc pu s’asseoir, et fixait maintenant un point invisible devant elle.
Depuis le début, elle cherchait son identité, et la Créature Originelle lui avait rendu celle qu’elle avait durant sa vie humaine. Mais maintenant, et à cause des agissements de son Maître… elle doutait. Etait-elle vraiment « Vanitas » à l’époque ? Si non… pourquoi son Supérieur l’avait convaincue que si ?
Après avoir retiré ses gants, l’Ombre observa ses mains. La peau était encore craquelée par endroit, mais n’avait plus cet aspect pourri et suintant. Elle serra son poing et ferma les yeux –mais ce fut à cet instant qu’elle entendit la porte de la pièce s’ouvrir.
« Oh, à ce que je vois tu as réussi à te rasseoir, déclara la voix de son Maître. »
Après ces mots, celui-ci s’approcha, s’accroupit devant son serviteur -qui détourna le regard. Seulement cette réaction fit simplement rire l’autre, qui prit le menton de l’Ombre pour la regarder.
« D’après l’aspect de ton visage et de tes mains, tu t’es plutôt bien remise de la punition que je t’ai faite subir. »
Il se releva ensuite, et fit dos à l’Ombre, qui s’obstinait à garder le silence, et à avoir ce regard fuyant.
« Aurais-tu peur de moi, chère Ombre ? - Je…n’ai pas peur, non. - Alors pourquoi restes-tu si silencieuse ? »
Lui poser les questions qui la démangeaient serait une très mauvaise chose, l’Ombre Corrompue le savait. Mais… elle ne voulait pas continuer à se battre, si ce n’était pas pour elle qu’elle le faisait. Elle ignorait le véritable objectif de son Maître, mais refusait d’être manipulée plus longtemps.
« Qui suis-je ? Souffla-t-elle, en plantant son regard doré vers cette personne vêtue de blanc. »
Cette dernière se tourna à nouveau vers son serviteur, plutôt surprise d’une telle question.
« Je te l’ai déjà dit, tu étais Vanitas, et tu dois récupérer ton cœur volé pour redevenir l’humain que tu étais avant. »
A ces mots, l’Ombre serra les poings. Encore le même discours, mais plus on lui disait qu’elle était ce garçon, moins elle y croyait.
« Douterais-tu de mes paroles, Ombre ? »
Aucune réponse, ce qui prouva les soupçons que son Maître avait porté sur elle.
« Ecoute-moi bien ma chère… Si tu continues d’agir comme ça, je prendrai ça pour un acte de trahison, et je t’anéantirai. Me suis-je bien fait comprendre ? - O-Oui, Maître… - Bien. Je peux donc compter sur toi pour retourner à la surface, et récupérer ton cœur et celui de ton double ? - Oui… - Bien. »
L’Ombre observa ensuite son Maître se diriger vers la porte, lorsqu’elle le vit se tourner une nouvelle fois vers elle. Malgré la capuche qu’il portait, elle pouvait sentir son regard inquisiteur sur elle, avant qu’il ne s’en aille pour de bon.
Elle serra les poings. Si elle ne voulait pas être éliminée par son Maître, elle ne pouvait qu’obéir. Alors malgré ses doutes, et lorsqu’elle serait complètement en état, l’Ombre Corrompue aurait comme devoir de tenter à nouveau sa mission. Et quand ça arriverait, elle ne pourrait pas se permettre d’échouer.
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Sora, en passant devant la chambre vide de Seïra, poussa un soupir. Cela faisait deux jours que Kaël lui avait téléphoné, pour le prévenir que la brune resterait chez lui quelques temps, suite à sa récente rupture –ce qui était compréhensible, au vu des douloureux échos de sentiments qu’il avait ressenti. Et même si depuis quelques heures il pouvait sentir que son opposée était plus sereine, l’appartement était vraiment trop calme, sans elle –il espérait vraiment qu’elle reviendrait bientôt, car il ne supportait pas d’être seul dans un si grand espace.
En arrivant dans la cuisine, Sora regarda distraitement l’heure ; c’était le début de l’après-midi, et ses trois amis devaient être sortis de l’hôpital, maintenant. Au moins quelque chose de positif depuis les récents évènements. D’ailleurs, en songeant à ça, le brun eut une idée ; il n’avait qu’à rejoindre Axel à son appartement, histoire de prendre des nouvelles –et surtout pour éviter de mourir de solitude ici.
Il se dirigea vers le couloir, enfila rapidement ses chaussures et son veston, sortit de son appartement, et descendit quatre à quatre les escaliers de son immeuble. L’emplacement de celui d’Axel n’étant pas très loin, il ne prit pas la peine de chercher sa voiture sur le parking, et se mit immédiatement en route.
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Quand Alexia pénétra dans l’appartement d’Axel, la première chose qu’elle sentit fut l’odeur de viande brûlée. Elle soupira bruyamment, ce qui n’échappa pas à son double, dont elle critiqua immédiatement le talent culinaire, sans la moindre retenue.
« Trois ans, et toujours incapable de cuir un steak, ça promet mon séjour ici. - Je t’emmerde ok ? Pis si t’es pas contente, t’auras qu’à faire la cuisine. - Tu dis ça juste pour avoir l’immense privilège de goûter à de la vraie cuisine, et pas à des trucs complètement carbonisés. - Si tu commences à me faire chier, je te mets à la rue. - Mais oui bien sûr. »
Après cette discussion très sympathique entre le duo, Alexia déposa finalement sa veste et retira ses bottines, puis observa son nouvel environnement. Elle pouvait peut-être critiquer la cuisine de son double –car elle était largement plus douée- mais pas le côté désordonné, vu qu’elle était pire. Elle se contenta donc de demander l’emplacement de chaque pièce à son opposé, qui lui précisa d’ailleurs que Noa et Riku étaient allés chercher quelques affaires chez elle, et avaient déposés la valise dans sa chambre. Après les explications du roux, Alexia l’observa, réfléchit quelques instants, puis reprit la parole.
« Mais si je dors dans ta chambre, tu le feras où toi ? - T’en fais pas pour moi, j’ai un canapé ultra confortable. »
Il était rare pour Axel d’avoir des élans de générosité comme ça –et généralement il n’y avait que quelques rares personnes qui avaient le droit à ce genre de traitement de faveurs. De ce fait, la rousse n’insista pas sur ce point, et s’estimait plutôt heureuse d’être son double, pour avoir le droit à ce genre de bonus. Elle s’apprêta d’ailleurs à découvrir le lieu dans lequel elle dormirait, lorsque le bruit de la sonnette retentit dans tout l’appartement. Axel qui, dans ses souvenirs, n’attendait personne, se dirigea vers la porte –plutôt intrigué de cet invité surprise. Il fut encore plus étonné quand il vit une tête brune qui lui souriait innocemment.
« J’ai appris que vous étiez sortis de l’hôpital, alors je suis venu vous rendre visite pour prendre des nouvelles. »
A ces quelques mots, Axel et Alexia se rappelèrent d’une conversation téléphonique avec Kaël, deux jours auparavant. Le rouquin leur avait demandé d’expliquer à Vanilla que Seïra était pour l’instant chez lui et qu’elle allait bien, pour que la noiraude ne s’inquiète pas de ne plus voir sa sœur lui rendre visite à l’hôpital. Du coup, l’objet de la visite du garçon devint clair pour le duo.
« Avoue que tu te sentais juste seul, déclara finalement Alexia. - Mais non, pas du tout ! - A d’autres, rétorqua Axel. Mais puisque t’es là, profite-en pour nous chercher du coca dans le frigo, le temps que j’aide Alex’ à aller dans le salon. - A t’entendre on dirait que je suis une gosse de cinq ans. - Nan, mais comme t’es blessée et que tu veux cacher par fierté le fait que tu tiennes à peine debout…, commença le roux. Je veux t’éviter la honte monumentale de t’effondrer en plein milieu du couloir. »
Alexia ne trouva rien à redire à son double, car malheureusement c’était vrai. En plus de ça, il ne la connaissait que trop bien pour qu’elle tente de le nier –et s’il y avait bien un défaut avec ce lien entre opposés, c’était ça.
Sora, quant à lui, ne fit que sourire en regardant le duo s’éloigner vers le salon. Au fond, ça lui avait beaucoup manqué, cette adversité amicale entre Alexia et Axel. De bonne humeur, il se dirigea vers la cuisine, et prépara un plateau avec trois canettes de soda, ainsi que des verres. Malgré la distance entre les deux pièces, il put entendre la télévision s’allumer dans le salon, et quelques minutes après Axel l’appeler.
« Euh… Sora, tu peux venir une minute ? »
Cette demande avait été faite d’un ton qui était très peu rassurant –et ça n’avait pas l’air une mauvaise blague de la part du roux. Sans prendre le plateau, Sora se dirigea vers le salon, observa la télévision, et découvrit les informations sur la chaine prévue à cet effet.
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Riko et Xion, à peine arrivées à l’hôpital, avaient directement été convoquées dans le bureau de leur tuteur. Demetra, qui leur avait fait passer le message –et qui était elle-même l’une des infirmières du service des urgences- n’avait pas pu leur expliquer la raison de cette étrange convocation, car elle l’ignorait également. De ce fait, elles ne pouvaient qu’obéir à l’ordre donné. Une fois devant le bureau, Xion frappa à la porte, qui s’entrouvrit immédiatement après. Elle adressa un regard à Riko, qui haussa les épaules en signe d’incompréhension, mais toutes les deux finirent par entrer. La porte se referma à clé après leur arrivée dans la pièce. Perdues, elles observèrent la personne assise derrière le bureau ; celle-ci portait du blanc sur l’intégralité de son corps, et son visage était caché par une capuche. Cet accoutrement leur rappela immédiatement celui des Ombres qu’elles avaient pu croiser ces dernières nuits. Par réflexe, les deux jeunes femmes reculèrent d’un pas, et posèrent une main sur l’arme hypodermique, qui se trouvait sous leur blouse de médecin.
« Vous êtes des amis de Vanilla et de Kaël, n’est-ce pas ? »
La première chose dont Xion et Riko pouvaient être sûres après avoir entendu cette voix, c’était que la personne en face d’elles n’était pas Arioch. Par contre, ce n’était pas non plus l’Ombre corrompue -pourtant, l’inconnu semblait rechercher Vanilla. Mais pourquoi cette personne en voulait-elle également à Kaël ?
« En quoi cela vous regarde-t-il ? Demanda Riko, prête à utiliser son arme au moindre mouvement suspect de l’autre. - Oh, je me demandais simplement si vous ne vouliez pas abréger leurs futures souffrances, c’est tout… »
Lorsque leur interlocuteur se leva, l’argentée prit son arme et la pointa fermement vers l’inconnu, qui se mit simplement à rire en voyant une telle réaction.
« L’une de mes Ombres a réussi à manipuler facilement votre amie, et je n’hésiterai pas à le faire, encore et encore, pour obtenir ces quatre cœurs dont la puissance est très mal exploitée par de simples humains comme eux. »
Il leur fallut une demi-seconde pour comprendre où voulait en venir l’inconnu –mais au fond, ça aurait du sonner comme une évidence dès le début. Vanilla et Kaël, dans cette ville, étaient les seuls à avoir survécu sans leur double durant la première guerre. Ils possédaient, spirituellement parlant, deux cœurs, deux consciences différentes, ainsi qu’une force unique. L’Ombre Corrompue n’avait pas hésité à mettre la vie d’Alexia en danger pour obtenir cette puissance.
« Je vois que vous avez compris, déclara finalement l’inconnu face au silence des deux autres. Il serait donc fâcheux pour eux de voir tous leurs amis mourir à cause de ça, non ? Alors si vous ne souhaitez pas un tel sort, il vaut mieux réussir à les convaincre de se rendre, vous ne croyez pas ? »
Le silence qui suivit étonna tout de même leur ennemi, mais cela ne l’empêcha pas de sourire en sentant l’hésitation et les tremblements de Riko -qui pointait toujours son arme contre lui.
« Les humains sont parfois si égoïstes, c’est dans leur nature de penser à eux-mêmes avant les autres. S’ils tiennent à vous, vos deux amis comprendront votre choix. - Même si l’humain peut se montrer égoïste, il ne le sera jamais assez pour sacrifier des personnes qu’il aime ! Rétorqua Xion. Alors on les protègera, qu’importe ce qu’il peut arriver pour cela. »
Kairi et Vanitas l’avaient prouvé, six ans auparavant. Et il était hors de question pour elle comme pour Riko de sacrifier Vanilla et Kaël –surtout après toutes les souffrances qu’ils avaient tous les deux vécus- pour sauver leur propre vie.
« Tes mots seront lourds de conséquences, chère Xion. Je suis prêt à parier que tu les regretteras très vite. »
Puis, sans rien ajouter de plus, l’Ombre à la tenue blanche disparut, tandis que la porte se rouvrit derrière les deux jeunes femmes. Riko finit par baisser son arme et observa Xion, qui fixait un point invisible devant elle –allait-elle vraiment regretter ses mots ? Allait-elle un jour laisser sa propre vie passer avant les autres, alors que Vanitas avait sacrifié la sienne pour eux ? Elle se secoua mentalement la tête ; non, elle ne devait pas commencer à douter sur ce genre de chose, car ce serait rentrer dans le jeu de cette Ombre !
Elle observa Riko, qui avait rangé son arme et regardait maintenant autour d’elle. Xion se demanda un instant pourquoi son amie paraissait à ce point sur ses gardes, mais n’eut pas le temps de poser la question à la principale concernée. Un cliquetis plus qu’étrange se fit soudainement entendre dans la pièce, suivi d’un bruit qui ressemblait à un compte-à-rebours.
Les évènements après ça s’enchaînèrent très vite ; Xion vit Riko se mettre devant elle et lui protéger les oreilles. A cause de ça, elle ne put entendre qu’un bruit sourd et étouffé, alors qu’elle fut repoussée vers l’arrière. Son dos heurta violement le sol, ce qui lui coupa le souffle quelques instants, mais ce qui l’alarma était la lueur orangée ainsi que la fumée qu’elle pouvait voir au dessus d’elle. Lorsqu’elle se redressa, elle put sentir le poids de Riko, qu’elle découvrit inconsciente contre elle.
Paniquée, et en voyant la pièce prendre feu très rapidement, elle se releva, prit Riko –dont la blouse blanche, dans son dos, s’était teintée de sang- et sortit le plus vite possible de la pièce. A ce moment là, Xion entendit d’autres explosions, plus lointaines, mais qui fit trembler le bâtiment. L’alarme d’urgence commença à résonner dans chaque couloir, tandis que le dispositif anti-incendie se mit en route et arrosa l’étage dans son intégralité.
Alors qu’elle avançait difficilement, Xion pouvait entendre la panique malgré l’assourdissant signal d’alerte. Mais ce qui l’inquiétait bien plus encore c’était Riko, inconsciente, et surtout blessée par sa faute. Seulement si l’argentée ne l’avait pas protégée… peut-être que la noiraude aurait été dans le même état qu’elle, et qu’elles n’auraient donc eu aucune chance de s’enfuir de cette pièce en flammes.
Il fallait qu’elle rejoigne au plus vite l’endroit où se tenait le service des urgences, car l’état de Riko pouvait être bien plus grave qu’il n’y paraissait. Lorsqu’enfin elle réussit à atteindre l’endroit convoité, elle fut immédiatement accueillie par Zenia qui, malgré la panique générale, tentait de rester calme. La scientifique aida la jeune femme à installer Riko sur l’un des derniers lits libres restants, alors que de nombreux pompiers se disperser dans les différents couloirs de l’étage. Tandis que dehors, Braig dépêcha ses unités pour empêcher le public ainsi que les médias de s’approcher de trop près du bâtiment. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 18 Juil - 10:07 | |
| Chapitre 11 : Peurs et Intimidation
Au lendemain du drame, une réorganisation complète de l’hôpital avait eu lieu. Le service des urgences et plusieurs salles d’examens avaient dû être fermés et les patients, présents sur cet étage au moment des faits, transférés dans les hôpitaux des villes voisines.
Après l’explosion des diverses bombes éparpillés sur l’étage, et une fois le feu totalement éteint, des équipes de déminage avaient fouillé au peigne fin tout le reste de l’hôpital, afin de s’assurer qu’aucune autre catastrophe n’aurait lieu. Fort heureusement, aucun autre service n’avait été pris pour cible et le bâtiment, mis à part les urgences, reprit une activité normale plutôt rapidement.
Les travaux de rénovation, quant à eux, étaient conséquents et dureraient au minimum trois semaines. Vera était encore en train de s’organiser avec les hôpitaux voisins, alors que Zenia et Braig s’étaient retrouvés dans le bureau de ce dernier, au commissariat. L’ancien scientifique tenait dans sa main un dossier de quelque pages, qu’il feuilleta rapidement avant de relever la tête vers la femme en face de lui.
« Bon, une dizaine de blessés pas trop graves, aucun mort, mais des dégâts matériels qui coûteront plus de cinq cent mille balles à cause des machines foutues et de la rénovation. - Le ou les coupables ont pu être trouvés ? - Y’avait aucune empreinte sur les restes des bombes posées, par contre on a remarqué un truc plutôt intéressant. »
Pour imager ses dires, il tendit un plan de l’étage avec le positionnement des bombes et l’heure à laquelle elles avaient explosées, un autre avec l’emplacement du personnel et des blessés au moment des faits, ainsi qu’une fiche qui indiquait les horaires auxquelles les différentes pièces détruites devaient être occupées. Zenia examina avec attention chacun de ces documents, et put constater qu’il y avait quelque chose d’étrange.
« Il n’y avait aucun patient dans les pièces qui ont explosés… - Et y’a que du personnel qui a été blessé. »
Zenia récapitula mentalement la situation dans sa tête ; Xion lui avait vaguement parlé d’une discussion avec une personne qui les avait attiré dans le bureau d’Arioch, ce fut au terme de celle-ci d’ailleurs que la première bombe avait explosé, et que Riko avait été blessée. Ensuite, plusieurs salles contenant scanners ou IRM avaient été prises pour cible à leur tour, et à ce moment-là, il n’y avait que des médecins qui préparaient les machines, ou vérifiaient leur état de fonctionnement. Il fallait rajouter à ça le fait que même si les explosions avaient fait des blessés, elles n’avaient tué personne –et les bombes n’avaient été trouvées que sur un seul étage. Elle releva finalement la tête vers Braig.
« Une tentative d’intimidation ? - Ouaip, du moins c’est c’qui parait le plus logique. - Mais qui pourrait faire ça ? »
Mais au moment de poser sa question, la réponse la frappa comme une évidence. Les Ombres. Comment n’avait-elle pas pu le comprendre plus tôt ? Braig, en constatant que Zenia avait trouvé d’elle-même les possibles coupables, ne fit que soupirer.
« J’croyais qu’elles agissaient que la nuit. - C’est sans doute pour faire passer un message qui prouve le contraire… mais si elles peuvent vraiment intervenir le jour… »
Cela signifiait que Vanilla et Kaël ne seraient en sécurité nulle part, et à aucun moment du jour comme de la nuit. Il fallait qu’elle les prévienne, eux, et tous les autres. Elle se releva, et pointa du doigt le dossier de Braig.
« Je peux t’emprunter ça un moment ? - Tu vas prévenir les jeunes ? - Je n’ai pas le choix. - Fais gaffe avec ça, hein, c’est un dossier officiel et donc confidentiel à la base. »
Zenia lui fit signe qu’il n’avait pas à s’en faire pour ça, sortit du bureau, puis une fois dehors du commissariat, téléphona à plusieurs membre du groupe, pour une réunion d’urgence. De toute manière, il était certain que tous avaient vu les informations d’hier, et qu’ils n’attendaient donc qu’une chose ; des explications.
~0~0~0~0~
Après le coup de fil alarmant –et surtout lié aux évènements vu à la télévision la veille- de Zenia, il était hors de question pour Seïra de ne pas participer à la réunion qui avait lieu au café. De toute façon, elle se sentait bien mieux, maintenant, grâce à Kaël –et elle n’était pas non plus mourante, donc le rouquin ne pouvait pas l’empêcher d’y aller.
Bien vite, les deux jeunes adultes arrivèrent à l’endroit habituel. Le garçon gara rapidement sa voiture, puis ils se dirigèrent à l’intérieur, où tous les autres les attendaient avec Zenia. La scientifique, quant à elle, gardait cet air neutre ; elle en avait pris l’habitude, avec eux, car si elle montrait de l’inquiétude, elle ne pourrait jamais les rassurer. Elle décida d’ailleurs de parler en premier lieu de leurs deux amies absentes.
« Comme vous le savez déjà, l’hôpital a été la cible d’une attaque à la bombe, commença la scientifique. Xion et Riko étaient présentes, mais elles ne sont que blessées, et ont été transférées dans un hôpital d’une ville voisine. - Leurs blessures sont graves ? Demanda Noa. - Xion n’a que des égratignures, et Riko souffre d’une surdité temporaire. - D’une surdité, comment ça ? S’inquiéta Seïra. - A cause des fréquences, je pense, expliqua Riku. Selon celle sur laquelle fonctionne et explose la bombe, cela peut provoquer ce genre d’effet, non ? - Exact, confirma Zenia. Mais cela ne durera que quelques jours, une semaine tout au plus, mais sa vie n’est pas en danger. »
Une fois rassurés sur l’état de leurs deux amies –à qui ils rendraient visite dès que possible- il fallait maintenant que le groupe obtienne des informations sur cette attaque. Ils étaient d’ailleurs tous certains que Zenia les avait convoqués en premier lieu pour ça. La scientifique ne tarda d’ailleurs pas à reprendre la parole.
« Tout porte à croire que l’attaque a été provoquée par les monstres, et uniquement dans le but de nous intimider. - Mais l’attaque a été lancée en plein jour, non ? Rétorqua Riku. - Et pourquoi chercheraient-ils à nous intimider ? Rajouta Noa. - Xion et Riko, avant la première explosion, ont eu une conversation avec une personne dont le visage était dissimulé. Les bombes ont du être placées par cet inconnu. Et si on suppose que l’attaque a été une tentative d’intimidation, c’est à cause des dégâts que cela a provoqué. - Comment ça ? Demanda Kaël. - Aucune victime, et il n’y a que des membres du personnel qui ont été blessés. »
Pour prouver ses dires, Zenia sortit les documents que Braig lui avait prêté, et les montra à l’ensemble du groupe, qui prit quelques secondes à les étudier chacun à leur tour. Vanilla fut la dernière à avoir le dossier en main, mais son expression s’était assombrie.
« S’ils peuvent agir le jour… cela veut dire que par ma faute vous êtes tous en danger, déclara-t-elle en fixant les différents documents. - Tu n’es plus la seule personne visée, malheureusement, lui répondit simplement Zenia. Toujours d’après les dires de l’inconnu que Xion et Riko ont rencontré, il recherche toutes les personnes avec un « double-cœur ». - Alors je suis aussi une de leur cible…, souffla Kaël, qui resta pensif. - Exact. Cependant…, commença la scientifique. Ils n’ont aucune Ombre Corrompue pour te retrouver, contrairement à Vanilla, ce qui explique sans doute cette attaque à l’hôpital, pour que tu finisses par te montrer. »
C’était vrai. Le corps de Kairi était possédé par une Ombre qui se trouvait dans leur camp ; c’était même elle qui leur avait parlé du danger la toute première fois, aux sources. Du coup le Monstre Originel n’avait aucun moyen de suivre le rouquin à la trace, contrairement au corps de Vanitas, qui était inconsciemment rappelé vers son cœur. De ce fait, Kaël n’était pas vraiment en danger –pour l’instant du moins.
« L’Ombre originelle veut sans doute nous avoir par l’usure, reprit Zenia. Elle pense peut-être que des attaques répétées provoquent un abandon de notre part. - Mais vous avez pas trouvé d’autres explosifs dans l’hosto, si ? Demanda Axel. Donc ça sert à rien son truc… - Je vous l’ai dit, son but était d’atteindre des personnes qui connaissent Kaël et Vanilla. L’Ombre qui était présente dans l’hôpital à ce moment-là n’a pas demandé à voir Riko et Xion par hasard. - D’ailleurs, rien nous prouve que les Ombres puissent vraiment résister à la lumière du jour, pas vrai ? Demanda Seïra, dans l’espoir de retirer cette mine sombre de sa sœur qui gardait le silence. »
Zenia sembla réfléchir un instant. En effet, rien ne prouvait cette hypothèse, surtout que le bureau d’Arioch ne possédait aucune fenêtre, donc aucun moyen de faire passer la lumière du jour. En plus de ça, les bombes avaient très bien pu être déposées durant la nuit.
« Tu as raison. Ce n’est pour l’instant qu’une hypothèse, peut-être erronée, répondit finalement la scientifique. C’est donc inutile de s’inquiéter de ça pour l’instant. »
Il valait mieux pour eux tous de ne pas penser à cette possibilité ; car s’il s’avérait que les Ombres puissent résister au soleil… la situation deviendrait vraiment très dangereuse pour Kaël et Vanilla, qui seraient traqués sans relâche, jusqu’à une mort certaine. Zenia, qui procéda à un dernier tour de table pour être certaine qu’il n’y avait plus de questions ou autres, clôtura finalement la réunion –en précisant toutefois à tout le monde de rester sur leur garde- conseilla à tous de rentrer chez eux, et de réfléchir à tout ce qui avait été dit –ou pas d’ailleurs- à tête reposée.
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Malgré le conseil de Zenia, Kaël et Seïra ne rentrèrent pas directement chez le rouquin. Bien au contraire ; ils étaient dans l’obligation d’aller à l’hôpital. En effet, le jeune homme avait réussi à prendre rendez-vous avec Aqua, afin qu’elle puisse s’occuper du suivi de la grossesse de Seïra. Celle-ci, et vu les dernières nouvelles, n’était pas très encline à y aller un jour pareil, mais savait que Kaël ne pensait qu’à son bien, et qu’il était préférable de voir un professionnel au plus vite.
Mais durant l’intégralité du trajet qui les menait vers l’hôpital, la brune ne pouvait s’empêcher de penser à cette réunion avec Zenia. Elle s’inquiétait pour sa sœur –surtout qu’elle n’avait pas énormément parlé, et avait gardé cet air sombre tout au long de la discussion- mais aussi pour Kaël, qui était lui aussi une cible maintenant. Pourtant le concerné ne semblait pas s’en inquiéter plus que ça… cachait-il son jeu ? Très certainement –après tout elle aussi le faisait souvent, dans la mesure du possible, donc… Seulement elle ne voulait pas être un fardeau, alors qu’il avait à son tour des épées de Damoclès au-dessus de lui.
« Kaël ? Demanda-t-elle soudainement. - Tu te sens mal ? Je peux ralentir si tu veux, répondit directement l’interpelé. - Non non, ça va, mais… toi ? - Comment ça, moi ? - Tu viens d’apprendre que tu étais l’une des premières cibles des monstres, ça ne t’effraie pas ? »
La première chose qui lui répondit fut le silence. Kaël ne savait pas quoi dire à cela. Il s’était efforcé de ne pas trop y réfléchir, car son cas était tout de même moins grave que celui de Vanilla. Il se sentait même coupable de rajouter une dose d’inquiétude, et donc de stress, à Seïra, qui s’inquiétait à la fois pour sa sœur, pour sa situation, et maintenant pour lui. Alors oui, ça l’effrayait. Savoir le danger à la fois si loin, et pourtant si proche le terrifiait, mais… il ne pouvait pas en faire part à la jeune femme.
« Un peu, oui, mais ne t’en fais pas pour moi, je vais bien. - Tu viens de te crisper sur ton volant en disant ça, rétorqua l’autre qui avait les bras croisés, maintenant. - Fine observatrice, à ce que je vois, déclara l’autre en esquissant un sourire. Mais tu as d’autres soucis à te faire, tu ne crois pas ? - Tu as voulu m’aider alors que je ne t’ai jamais demandé une telle chose, donc c’est mon tour. Et ne me ménage pas juste parce que je suis enceinte hein. »
Kaël reconnaissait bien Seïra, depuis qu’elle s’était remise de tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps. Il se doutait donc qu’elle ne lâcherait pas l’affaire. Il soupira intérieurement, et observa une microseconde le côté de l’hôpital où les urgences –pour l’instant fermées- se trouvaient, puis prit le chemin pour se diriger de l’autre côté, là où se situait le service de la maternité.
« Ta sœur est bien plus en danger que moi, déclara-t-il finalement. Tu devrais donc plutôt t’inquiéter pour elle. - Je sais qu’elle est en sécurité chez Riku, alors même si l’Ombre la retrouve, il la protègera, mais toi tu n’as personne, répondit-elle. Dooonc… il est logique que je sois ton garde du corps, vu que pour l’instant je vis chez toi. - Dans ton état ce n’est pas rai- - Je ne quitterai pas ton appartement tant que tu ne seras pas en sécurité, coupa la jeune femme. Et je suis enceinte, pas en porcelaine, je te signale. - J’arriverai pas à te faire changer d’avis, hein ? Interrogea-t-il en laissant échapper un petit rire. - Tu peux toujours essayer, mais ça n’aboutira qu’à un échec critique. »
Kaël laissa échapper un soupir faussement agacé, mais adressa un regard amusé à Seïra qui lui souriait simplement. Mais l’expression de la jeune fille changea bien vite au moment où le rouquin coupa le contact ; car même s’il y avait eu ces histoires d’Ombre Originelle et Corrompue qui lui avait changé les idées durant quelques heures, la brune réalisait maintenant qu’elle devait penser à elle, et diriger son attention sur ce rendez-vous avec Aqua.
Elle saurait enfin si l’enfant qu’elle attendait était en bonne santé ou non, depuis combien de précisément elle le portait, et donc le temps qui lui restait pour se décider à le garder ou à avorter.
~0~0~0~0~
Depuis qu’elle était rentrée avec Riku dans l’appartement de ce dernier, Vanilla s’obstinait à garder le silence, assise sur le canapé du salon. Il n’était pas difficile pour l’argenté de comprendre le pourquoi du comment, surtout après cette réunion d’urgence qu’avait organisé Zenia dans la précipitation. Il soupira intérieurement, tandis qu’il chercha le matériel pour changer les nombreux bandages encore présents sur le corps de la jeune femme. Vu que celle-ci n’était pas spécialement pudique, il l’aidait à changer ses bandages au niveau des bras et du dos. Bien sûr, au fond de lui ça le gênait de faire ça, mais il n’en faisait rien paraître extérieurement –surtout qu’il l’avait déjà soignée, six ans auparavant, donc…
Il s’approcha puis s’installa sur le canapé où se trouvait Vanilla. Lorsque celle-ci s’aperçut du contenu du sachet -que l’argenté avait déposé sur la table basse en face d’eux- elle retira machinalement le haut qu’elle portait, toujours perdue dans ses pensées. Riku commença d’abord à retirer les anciens bandages, légèrement souillés de sang, avant de finalement s’adresser à son amie.
« Tu veux en parler ? - Pardon ? Interrogea Vanilla, qui n’avait pas vraiment écouté. Tu m’as demandé quoi ? - De tout ce qu’il s’est passé depuis ton retour ici. Tu veux en parler ? »
Vanilla ne répondit pas tout de suite, se contenta de soupirer -et de réprimer une grimace lorsque Riku commença à appliquer le désinfectant sur sa blessure au bras gauche. Au fond, il n’y avait pas grand-chose à dire sur la situation. Elle haussa simplement les épaules, en tentant de rester naturelle.
« Je suis juste poursuivie par un déglingué, mais sinon tout va bien. - Je suis sérieux, Vanilla, rétorqua Riku dans un soupir. Et je m’inquiète pour toi. - C’est bon, je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée. »
Et elle ne mentait pas totalement en disant ça. Elle détestait juste être au centre de l’attention, et n’aimait pas parler d’elle ou de ses ressentis –Riku devrait le savoir, depuis le temps, non ? Elle observait du coin de l’œil le garçon, qui retirait maintenant le bandage de la blessure au niveau de son flanc gauche. Elle sentit rapidement le désinfectant la picoter.
« Je sais que tu détestes te confier, mais te connaissant, tu serais capable de faire une connerie à force de cacher tes sentiments. - Du genre ? - Te rendre à cette ombre, peut-être ? »
Riku savait que cette pensée avait déjà du traverser la jeune femme –et son hypothèse se confirma dès qu’il vit son amie tressaillir, alors qu’elle fixait à présent ses poings serrés sur sa jupe noire. Son expression restait malgré tout neutre, bien que son regard fût fuyant et qu’elle gardait le silence.
« On est tous stressés à cause de ce nouveau combat, continua finalement l’argenté. Mais là, on est surtout inquiets pour toi. Ce n’est pas pour rien qu’on ne te laisse pas seule. - Je ne suis plus suicidaire, hein. - Je sais, mais c’est pour te protéger et te rassurer qu’on fait ça. - Tu te mets surtout en danger par ma faute. »
Riku lâcha un soupir, et punit les mots de Vanilla en lui rajoutant une couche considérable de désinfectant, qui la fit sursauter et râler à cause de la douleur.
« Bordel, pourquoi t’as fait ça ? - Parce que tu dis des conneries, voilà tout, rétorqua l’argenté. - Je suis juste réaliste. - Et masochiste ? »
Pour imager ses dires, Riku reprit la bouteille de désinfectant, prêt à en gaspiller à nouveau si besoin. Vanilla préféra garder le silence, mais l’expression qu’elle affichait montrait parfaitement bien son agacement –mais aussi autre chose. D’un côté elle voulait remercier l’argenté, mais d’un autre ça lui ferait perdre toute crédibilité sur la scène précédente.
Le reste des soins se déroula en silence, et lorsque Riku eut finalisé le dernier bandage, il observa sa montre -minuit passé. Il rangea le matériel médical dans le sachet, et mit les bandages et compresses usagés dans un autre, qu’il ferma. Il observa ensuite sa « patiente ».
« Il se fait tard, il vaudrait mieux dormir maintenant. - Ouais, peut-être… »
Si l’Ombre Corrompue ne venait pas lui prendre son cœur cette nuit… mais Vanilla s’abstint de dire ça à voix haute. Seulement l’expression plutôt sombre qu’elle affichait n’échappa pas à Riku qui, après avoir jeté le sachet avec les bandages usagés, s’assit à nouveau à ses côtés.
« Tu comptes vraiment te comporter comme ça tout le long de notre colocation ? »
L’autre ne trouva rien à répondre, augmentant un peu plus l’agacement de Riku, bien qu’il n’en fasse rien paraître.
« Ecoute…, commença-t-il. Je ne peux pas promettre que l’Ombre Corrompue ne te trouvera jamais ici, car ce serait faux. Mais je peux te promettre que je te protègerai à chaque fois qu’elle voudra tenter de t’approcher. Et je ne suis pas du genre à rompre mes promesses comme ça. - Comme je te l’ai dit avant, tu te mettras surtout en danger par ma faute. - Tournons la chose autrement alors…, déclara l’autre en réfléchissant rapidement. Si l’un d’entre nous était à ta place, tu n’hésiterais pas à t’interposer pour nous protéger, je me trompe ? »
Touchée. En effet Vanilla ne réfléchirait pas très longtemps, et s’assurerait de leur protection immédiatement -de ce fait elle ne trouva rien à répondre à l’argenté. Evidemment, son silence parla pour elle, et Riku ne fit que continuer.
« N’oublie pas que pour nous c’est pareil. On s’inquiètera toujours les uns pour les autres en cherchant à les protéger, et tu ne fais pas exception à cette règle. »
La seule chose qui frappa Vanilla sur l’instant était son comportement de parfaite idiote. Elle ne pensait qu’à elle depuis avant, et n’avait pas réalisé l’inquiétude qu’elle devait apporter aux autres. Si elle pouvait, elle se frapperait la tête contre un mur. Plusieurs fois. Mais comme elle n’avait pas cette possibilité, elle ne fit que baisser la tête, honteuse d’avoir été aussi stupide.
« Pardon. »
Peut-être qu’il aurait du employer un autre ton, pensa finalement Riku en observant l’expression coupable qu’affichait maintenant Vanilla. Mais il l’avait quand même agacé, à ignorer ce que les autres pouvaient ressentir en la voyant se refermer sur elle-même –surtout que son départ, trois ans auparavant, était à cause de ça aussi.
« Va dormir, ça ira mieux lorsque tu te seras reposée. - Ouais… je vais voir un peu la télé avant de me coucher. - Tu n’es pas raisonnable, soupira Riku. Te couche pas trop tard non plus. - T’inquiète. »
Vanilla observa Riku rejoindre le couloir qui le mènerait vers sa chambre, puis prit la télécommande pour allumer la télé. Avant de dormir, et même si ses yeux papillonnaient, elle devait se changer les idées. Elle changea plusieurs fois de chaîne avant de tomber sur une comédie qu’elle avait déjà vu, mais qui serait parfaite pour lui vider la tête. Au final, elle s’endormit sans s’en rendre compte devant la télévision allumée. |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 22 Juil - 14:24 | |
| Chapitre 12 : L’Ombre Corrompue
La nuit était maintenant suffisamment avancée, songea l’Ombre Corrompue, en regardant l’horloge sur le mur en face d’elle. Son Maître savait qu’elle s’était totalement remise de l’expérience qu’il lui avait faite subir, et elle n’aurait donc pas le droit à une autre chance pour réussir la mission qui lui était confiée.
Dans la pièce qui lui était réservée, elle ferma les yeux et se concentra. Cette Vanilla était sortie de l’hôpital, de ce fait l’Ombre devait s’appliquer à localiser à nouveau ses cœurs. Lorsqu’elle réussit enfin à les retrouver au bout de quelques minutes, elle n’eut aucun mal à se téléporter vers la provenance de leurs battements.
En rouvrant les yeux sur son nouvel environnement, elle fut brusquement éblouie par les images que l’écran en face d’elle diffusait dans la pénombre. Elle se retourna donc par automatisme, pour éviter de faire souffrir ses yeux plus longtemps. Son regard tomba directement sur la jeune femme assise et endormie.
Cette fois-ci, l’Ombre Corrompue n’aurait aucun mal pour réussir sa mission, vu que sa victime ne pourrait pas lutter. Et une fois qu’elle lui aurait pris les deux cœurs, son Maître la laisserait tranquille, et lui rendrait enfin cette vie humaine qui lui avait été volée. Du moins essayait-elle de se convaincre -ce qui était plutôt difficile, depuis la dernière fois où elle avait croisé son Maître.
Elle prit tout de même le temps de coucher Vanilla sur le dos. Celle-ci lâcha la télécommande qu’elle tenait, ce qui augmenta légèrement le son de la télévision –mais l’Ombre n’en tint pas rigueur, et se contenta de poser une main sur les lèvres de sa victime. Lorsqu’elle agirait, il était certain que la jeune femme se réveillerait en hurlant de douleur –et la Créature pouvait sentir la présence d’un autre humain dans les parages, donc…
Seulement l’Ombre Corrompue se figea un instant en observant l’expression calme et sereine qu’affichait l’humaine, profondément endormie. Elle ne connaissait pas cette joie de pouvoir décompresser ainsi ; déjà parce qu’elle ne pouvait pas dormir, mais en plus son Maître ne la laisserait pas tranquille tant qu’elle n’aurait pas accompli sa mission. Mais il y avait autre chose, aussi ; l’Ombre Corrompue culpabilisait. Pour pouvoir vivre normalement, et en tant qu’humain à nouveau, elle devait voler la vie de quelqu’un d’autre. Si ça ne tenait qu’à elle, au fond, elle n’en ferait rien, et préfèrerait rester comme elle était actuellement –seulement son Maître ne partageait pas le même point de vue.
Après s’être assurée d’avoir bien plaqué sa main contre la bouche de Vanilla, elle dirigea l’autre vers la poitrine de la jeune femme. Son bras s’enfonça profondément dans le corps de sa victime, mais aucune trace de sang n’apparut. Il n’eut que le violent sursaut et le cri étouffé de l’humaine, qui ouvrit les yeux vers l’Ombre Corrompue. Celle-ci put facilement lire dans ce regard de la terreur, mais également –et surtout- de la douleur. Douleur que la Créature augmenta sans vraiment le vouloir lorsqu’elle serra le poing sur les cœurs spirituels qu’elle tenait entre ses doigts.
Mais malgré les larmes qui se dégageaient des yeux de sa victime, de ses cris horribles et étouffés, et de ses vains mouvements pour se débattre, l’Ombre était obligée de continuer ce qu’elle avait commencé. Elle tenterait cependant d’éviter une souffrance inutile, et chercherait à abréger ce moment douloureux en réalisant le mouvement le plus sec et rapide qu’elle pourrait faire.
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Riku, qui avait comme toujours un sommeil plutôt léger, se réveilla lorsqu’il entendit des bruits plutôt suspects. Encore à moitié endormi, il observa tout d’abord l’heure sur son réveil, avant de soupirer en reconnaissant finalement la source d’où provenaient les sons, qui avaient provoqué son réveil. A tous les coups, Vanilla s’était endormie devant la télévision sans l’avoir éteinte.
A contrecœur il se leva, s’étira, et enfila ses chaussons. Il traîna ensuite les pieds jusque dans son salon –dont la lueur de l’écran était visible depuis le couloir. Il bailla, puis entra finalement dans la pièce. Il lui fallut moins de dix secondes pour finalement réaliser la scène devant lui -il fut d’ailleurs complètement réveillé grâce à une brusque poussée d’adrénaline.
L’argenté, qui comprit rapidement qu’il n’avait pas encore été repéré, prit la première chose qui lui tomba sous la main, pour assommer l’Ombre –sans doute la Corrompue, malgré sa capuche qui dissimulait « son » visage. La seule chose qu’il trouva fut un cendrier décoratif, qu’il utilisa pour frapper la Créature. Celle-ci, n’étant pas humaine, ne perdit pas connaissance, mais fut au moins perturbée à cause de la douleur engendrée. L’Ombre se redressa, lâcha sa victime en retirant également son bras de sa poitrine, puis fit un mouvement latéral pour tenter de mettre hors d’état de nuire l’humain qui venait de l’interrompre. Malgré la vitesse de l’attaque, l’argenté réussit à se baisser juste à temps, et à foncer sur la taille de son ennemi pour lui faire perdre son équilibre.
Par terre mais au dessus de l’Ombre, Riku lui immobilisa les poignets, et vérifia rapidement que dans les poings de la créature il n’y avait pas la trace de cette lueur blanche, signe distinctif des cœurs spirituels lorsqu’ils étaient « libres » -ou pire encore, la trace du cœur organique de Vanilla. Il fut soulagé de ne rien voir de tout cela dans les mains gantées de son adversaire. Il adressa d’ailleurs à celui-ci son regard le plus noir.
« Si tu t’approches encore une fois d’elle, ça ne sera pas qu’un simple cendrier que tu te prendras. »
L’Ombre Corrompue laissa échapper un sifflement agacé, avant de disparaître dans une fumée noire. Riku, cependant, ne chercha pas à savoir où avait pu s’enfuir l’Ombre Corrompue, il se releva dès que le nuage s’évapora complètement, et s’approcha directement de Vanilla, qui tremblait, et avait les yeux fermés -en plus d’une expression crispée.
L’argenté posa une main sur l’épaule de la jeune femme, et la secoua légèrement en l’appelant. Vanilla finit par rouvrir des yeux ternes –elle paraissait également déboussolée. Ses tremblements s’intensifièrent lorsqu’elle observa Riku, qui ne put s’empêcher de soupirer, soulagé de la voir éveillée –et pour la première fois de sa vie, il n’avait jamais été aussi content d’avoir le sommeil léger.
« Ri-Riku…, souffla-t-elle, d’une voix tremblante. - Chut, ne parle pas, rétorqua-t-il. - Mais… l’Ombre…, rétorqua Vanilla, qui avait légèrement pâli. - Elle est partie, tu ne dois pas t’en faire. »
En voyant son amie, les yeux fermés, poser un bras sur son front et tenter de reprendre une respiration régulière, Riku se rappela des effets qu’avait ressentis Alexia après avoir été dans la même situation, six ans auparavant. Elle avait été dans un état presque léthargique dans un premier temps, puis il lui avait fallu une journée entière de repos, avec malgré tout des douleurs régulières au niveau de son cœur. Ce serait sans doute pareil pour Vanilla, qu’il décida de porter jusque dans la chambre d’amis, pour qu’elle puisse se reposer correctement.
Il resta assis plusieurs minutes à ses côtés, pour être certain que son état ne risquerait pas de s’aggraver. Il hésita un instant à appeler Zenia pour la tenir au courant, mais décida qu’il le ferait dans quelques heures, vu que son amie paraissait déjà un peu moins pâle.
Il mit correctement la couverture sur le corps frissonnant de Vanilla, l’observa une dernière fois, puis se dirigea vers la salle de bain pour se rafraichir. Il ferait bientôt jour, maintenant, donc l’Ombre Corrompue ne risquait pas de revenir cette nuit –son amie était donc en sécurité, et il pouvait se permettre de se recoucher sans risque. Malgré tout, et avant de retrouver le sommeil dans son lit, il repensa à ce qu’il s’était passé ; s’il n’avait pas été réveillé par la télévision, sans doute qu’il n’aurait pas pu la sauver. Il s’en était vraiment fallu de peu…
Il devrait s’assurer de l’état de Vanilla, dès que celle-ci se réveillerait. Il aurait du aller à la faculté de psychologie dans quelques heures, mais la santé de son amie passait avant. De toute façon, il pourrait demander les cours à un de ses amis.
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Quand Vanilla parvint enfin à ouvrir les yeux, ce fut d’abord sur un monde beaucoup trop lumineux. Elle ferma quelques instants ses paupières, le temps de se réveiller correctement, puis retenta l’expérience. Seulement, et après ça, autre chose lui rappela bien vite les évènements de la nuit dernière ; une vive douleur la tiraillait au niveau de son cœur. Elle se leva avec plus de difficulté qu’elle ne l’aurait cru, une main sur la poitrine, et l’autre qui s’appuyait sur le matelas pour réussir à se redresser.
Après s’être assise, elle tendit le bras vers la table à chevet et prit son portable, pour y regarder l’heure. Il était onze heures passées, et sans doute que Riku devait déjà être parti pour sa faculté. Elle soupira puis se leva pour se diriger vers la salle de bain, mais n’arrivait pas à faire abstraction de ce poids et de cette douleur au niveau de la poitrine.
Une fois qu’elle réussit à se mettre debout elle chancela dans un premier temps, avant de trouver un équilibre précaire. Elle s’aida du mur pour atteindre la porte de la chambre d’amis, qu’elle ouvrit. Ce fut à ce moment-là qu’elle put entendre la voix de Riku, qui était bel et bien là contrairement à ce qu’elle croyait, et qui devait être au téléphone.
« Ne t’inquiète pas, elle se repose, mais ça devrait aller, je suis entré dans sa chambre tout à l’heure, et elle n’était plus pâle. »
Vanilla savait que l’argenté devait parler d’elle, mais elle ignorait totalement l’identité de l’interlocuteur de son ami. Elle décida alors de rejoindre Riku, qui se trouvait très certainement dans le salon. Lorsqu’elle arriva, le garçon l’observa, et s’adressa rapidement à la personne avec qui il parlait depuis quelques minutes.
« Elle vient de se lever, je te laisse, elle te rappellera plus tard. »
Vanilla entendit très distinctement la voix d’Alexia qui criait dans le téléphone quelque chose, avant que Riku ne raccroche. Il s’approcha ensuite de la jeune femme, et l’examina.
« Comment tu te sens ? Demanda-t-il. - Patraque, mais ça va, répondit-elle en s’asseyant sur le canapé. Pourquoi tu avais Alexia au téléphone ? - Elle voulait te demander de l’accompagner chez vous, pour récupérer quelques affaires, du coup je lui ai dit ce qu’il s’était passé cette nuit. - Et pourquoi t’es pas à la fac ? - Car je voulais être sûr que tu ailles bien, de toute façon je pourrai toujours demander les cours aux autres personnes de ma promotion. »
Vanilla soupira intérieurement. Ca ne faisait même pas vingt-quatre heures qu’elle vivait chez Riku, et voilà qu’elle lui avait déjà créé plein de problèmes. Elle savait que ça n’était pas une bonne idée d’être ici.
« Tu vois ? Je t’avais dit que j’allais t’apporter que des emmerdes, déclara-t-elle. - Oh, commence pas avec ça, surtout que tu devrais te reposer. »
Après avoir dit ça, Riku prit cette fois-ci son téléphone portable, et ouvrit son répertoire, pour chercher le numéro de Zenia. Vu qu’Alexia avait téléphoné pile à l’instant où il voulait appeler la scientifique, il n’avait pas pu encore le faire. Pendant qu’il composait le numéro de la cardiologue sur son fixe, il adressa un regard à Vanilla, qui paraissait… absente.
« Vanilla ? Tu es sûre que ça va ? S’inquiéta-t-il. - Hein ? Répondit l’autre, qui semblait être revenu à elle. Oui oui… j’me sens juste un peu mal, ça va passer. Pis je dois appeler Alexia pour la rassurer. - Va te recoucher, tu la rappelleras plus tard. Ah et d’ailleurs, aujourd’hui tu ne bougeras pas d’ici, compris ? - Oui maman, soupira-t-elle en se levant avec une légère difficulté. »
Riku observa Vanilla se diriger vers le couloir, et ne cliqua sur le bouton « appeler » qu’une fois qu’il était sûr que la jeune femme avait bien rejoint la chambre d’amis. Il espérait que son état s’améliorerait rapidement.
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Lorsque l’Ombre fut de retour dans les souterrains, ce fut sans surprise qu’elle apprit qu’elle était à nouveau convoquée dans le bureau de son Maître. Elle savait que ce nouvel échec serait la raison de sa disparition définitive. Elle frappa donc à la porte du bureau de son Supérieur, qui l’invita à entrer presqu’immédiatement. Une fois qu’elle fut au centre de la pièce, l’autre ne détourna pas un seul instant sa tête de ses documents. Lorsqu’il s’adressa à elle, il avait un ton beaucoup trop calme pour être rassurant.
« Quelle est ton excuse, cette fois ? - Je n’en ai pas. - Alors pourquoi as-tu échoué ? »
L’Ombre ne trouva rien à répondre, et serra les poings en baissant la tête. A quoi bon se justifier, de toute façon ? Son Maître avait déjà prévu sa sentence, donc qu’il en finisse vite au lieu de faire durer cette entrevue. L’homme en face d’elle finit par se lever, sans lui adresser le moindre regard.
« Je t’avais prévenu de ce qui allait arriver si tu échouais encore une fois, non ? J’ai de toute façon suffisamment de serviteurs pour accomplir la mission que je t’avais confiée. »
Une douleur similaire à la dernière fois prit l’Ombre Corrompue. Mais bien vite celle-ci devint plus tenace, plus horrible ; la Créature sentit sa peau fondre et ses organes internes brûler. Son Supérieur ne regarda la scène que lorsqu’il ne resta plus rien de ce qui avait été à l’époque son esclave. Il soupira en voyant le sol souillé par les restes de ce dernier, puis claqua simplement des doigts, faisant ainsi apparaître une autre Ombre encapuchonnée. Celle-ci s’agenouilla immédiatement, en signe de respect.
« Nettoie-moi ça, et cherche-moi les meilleures Ombres que tu as sous la main. Je les attendrai dans le salon. - Tout de suite, Maître. »
Son Supérieur sortit ensuite de la pièce, et réfléchit à la situation en se dirigeant vers le salon. Maintenant qu’il avait tué son Ombre, il aurait un mal fou à retrouver cette Vanilla, mais qu’importe ; il avait suffisamment d’informations sur son entourage pour la forcer à se montrer devant lui.
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Axel soupira pour la millième fois, alors que son opposée continuait à faire les cent pas dans la salle à manger. Cela faisait deux heures maintenant qu’Alexia attendait que Vanilla la rappelle, et elle n’avait pas du tout digéré le fait que Riku lui raccroche au nez.
« Tu sais, c’est pas parce que tu tournes en rond qu’elle va rappeler plus vite. Pis t’étais aussi dans le même état qu’elle à un mom- - Je m’en fiche, coupa Alexia. Riku avait pas à me raccrocher au nez comme ça, alors qu’il venait de m’annoncer un truc pareil ! »
Pour toute réponse, Axel soupira une nouvelle fois, mais se leva, et chercha ses clés de voiture sur la table basse du couloir. D’un côté il pouvait comprendre l’inquiétude de la rousse, mais d’un autre il avait de moins en moins de mal à supporter les sentiments qu’elle lui transmettait depuis avant. Il n’y avait donc qu’une solution pour pallier à ce problème.
« Bon, j’ai des trucs à faire dehors avec Sora, donc s’tu veux j’peux te déposer chez Riku en passant ? »
Axel n’eut pas besoin de répéter sa proposition ; Alexia enfila rapidement ses converses, et attrapa son blouson sur le dossier d’une chaise. A croire qu’elle avait fait exprès d’être chiante pour que le roux finisse par lui proposer ça… Le duo se mit en route immédiatement, et au bout d’un petit quart d’heure, la voiture noire d’Axel s’arrêta devant l’appartement de Riku. En sortant, Alexia déclara à son opposé qu’elle lui enverrait un SMS dès qu’il pourrait la récupérer.
« Tu me prends pour ton taxi, là ? - Règle numéro 1 : toujours venir en aide à son double lorsqu’il est dans le besoin ! - … Tu viens de l’inventer celle-là, répondit simplement l’autre, avant de céder. M’enfin bref, j’attendrai ton SMS alors… ou je reviendrai squatter avec vous pour prendre l’apéro quand j’aurai fini mon boulot. »
Axel laissa ensuite sortir Alexia de sa voiture, puis remit le contact à cette dernière. La rousse, quant à elle, se dirigea vers l’entrée de l’immeuble, et chercha le nom de famille de Riku dans la liste des occupants. Une fois qu’elle l’eut trouvé, elle appuya plusieurs fois sur le bouton, pour recevoir une réponse quinze secondes après.
« Laisse-moi deviner… c’est Alexia, c’est ça ? Demanda l’argenté d’un ton détaché à travers l’interphone. - Fais pas ton malin et ouvre-moi. - Comme tu veux, mais ne fais pas trop de bruit, Vanilla a du se rendormir depuis ton appel. »
La rousse, après ces mots, entendit le cliquetis de la porte qui se déverrouillait, et la poussa donc directement, pour se mettre en direction du second étage –elle ne prit pas l’ascenseur, car elle ne voulait pas perdre son temps à l’attendre. Lorsqu’elle arriva devant l’appartement de l’argenté, la porte était légèrement entrouverte ; sans doute pour éviter à Alexia de devoir sonner, histoire de ne pas réveiller sa meilleure amie.
Elle poussa légèrement la porte, et put voir Riku, qui était en train de sortir un cintre, qu’il tendit directement à l’arrivante, pour qu’elle y accroche son blouson et qu’elle puisse le ranger à l’endroit prévu à cet effet. Après ça, l’argenté l’invita à s’asseoir dans le salon, puis lui apporta une canette de soda avec un verre. Une fois tous les deux installés autour de la table basse, Alexia en vint directement au vif du sujet qui l’avait poussée à venir.
« Elle va bien ? - Elle a eu une petite crise d’absence tout à l’heure, mais je lui ai dit de se reposer, donc ça devrait aller, expliqua l’argenté. - T’as mis Zenia au courant ? - Evidemment. - Et elle t’a dit quoi ? - De surveiller son état, et de l’emmener chez elle si jamais son état s’aggravait, ou ne s’améliorerait pas. - Et dire que moi j’dormais, pendant que ma meilleure amie était sur le point de crever…, murmura Alexia. - Ca ne sert à rien de penser comme ça, Alexia, répondit Riku. - Peut-être, mais quand même ! Rétorqua l’autre, avant de baisser le ton à nouveau –et la tête par la même occasion. M’enfin… heureusement que t’étais là. »
Après tout, et même si elle était en colère contre elle-même, Alexia se rendait compte que si l’argenté n’avait pas été là, Vanilla ne le serait pas non plus à l’heure qu’il était. Après avoir vidé son verre, la rousse se leva.
« Où est sa chambre ? - Dans le couloir juste en face, deuxième porte à droite, répondit Riku. Mais je te l’ai dit, elle est sans doute en train de dormir. »
Seulement Alexia n’avait sans doute pas écouté la fin de la phrase, vu que l’argenté poussa un soupir lorsqu’il la vit disparaître dans la direction indiquée. Mais d’un côté c’était compréhensible ; la rousse devait être horriblement inquiète –surtout qu’elle avait vécu la même chose, quelques années auparavant. Il fallait juste espérer que, comme Alexia, Vanilla ne souffrirait d’aucune séquelle suite à cette expérience.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 25 Juil - 21:26 | |
| Chapitre 13 : L’Ombre Originelle
Kaël était en train de se préparer à partir pour l’école primaire dans laquelle il travaillait, lorsqu’il entendit finalement Seïra se lever. Il abandonna les copies de ses élèves sur son bureau, et rejoignit la jeune femme dans la cuisine. La brune était en train de se servir un verre de jus de fruits, et paraissait encore à moitié endormie, ce qui fit sourire Kaël.
« Je t’avais dit de ne pas jouer à la console si tard…, soupira-t-il, en prenant un ton faussement moralisateur. - Pas ma faute, j’ai pas vu l’heure, fut la seule défense que trouva l’autre sur l’instant. - Mais oui, bien sûr… »
Se réveillant doucement, la brune remarqua que Kaël était déjà habillé et qu’il était très certainement en train de se préparer pour partir quelque part. Trop endormie encore pour rejoindre les bouts, elle se demandait pourquoi il s’était levé aussi tôt.
« Tu vas où à une heure pareille ? - Je travaille, moi, mademoiselle, répondit-il, amusé. - Ah oui… on est jeudi j’avais oublié. »
Mais Kaël se rappela bien vite de la condition de Seïra, et surtout de ce choix qu’elle devrait faire. La brune avait en plus appris qu’elle était enceinte non pas que d’un mois et demi comme elle l’aurait cru, mais depuis déjà deux mois. Résultat ; il ne lui restait plus que quatre semaines de réflexion, avant que l’avortement ne soit plus du tout possible.
En plus de ça, sa condition commencerait doucement à se voir lorsqu’elle atteindrait le troisième mois, donc si elle décidait de le garder, il faudrait également qu’elle trouve un moyen de l’annoncer aux autres, malgré la situation dans laquelle se trouvait le monde à cause du retour du monstre originel. Même si pour l’instant elle paraissait trop endormie pour vraiment y réfléchir, Kaël aurait préféré être présent pour elle et rester à ses côtés pour l’aider et la conseiller –si bien sûr elle voulait bien de son aide sur ce point de vue-là. Malheureusement, son métier ne lui en laisserait l’occasion qu’à la fin de la semaine prochaine, lorsque les vacances scolaires commenceraient… Et même si maintenant elle avait des médicaments pour ne pas manquer de vitamines –elle commençait à avoir une carence en fer- et pour calmer les nausées, Kaël ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiet à l’idée de la laisser seule toute une journée.
« Tu es sûre que ça ira, toute seule ? - Mais oui t’en fais pas, déclara-t-elle, déjà plus réveillée après avoir bu du jus de fruits. Toi par contre tu ferais mieux de partir, sinon tu vas arriver en retard. »
Pour prouver ses dires, elle pointa du doigt l’horloge digitale qui indiquait huit heures moins le quart. Pris d’un violent coup de stress à l’idée de ne pas être à l’heure, les pensées de Kaël sur l’état de Seïra se perdirent, pour accueillir une poussée d’adrénaline. Il prit rapidement les copies de ses élèves sur le bureau, les rangea dans sa petite mallette en tissu, ouvrit la porte d’entrée, salua son amie au passage ; Seïra n’eut même pas le temps de lui dire au revoir à son tour, que le rouquin avait déjà refermé la porte.
Le léger sourire qu’elle avait eu en voyant la réaction de Kaël -quand il avait regardé l’heure- disparut bien vite lorsqu’elle baissa la tête vers son ventre. Deux mois… elle ne réalisait toujours pas que cela faisait si longtemps déjà. Il ne lui en restait qu’un pour se décider, mais elle n’avait encre aucune idée de l’option qu’elle devrait choisir. Elle soupira. Au moins elle avait la chance d’avoir Kaël à ses côtés, maintenant –car sans lui, elle n’aurait peut-être jamais su pour son début de carence en fer et tout le reste.
Après s’être servie un bol de céréales, elle prit deux boites de médicaments en main -l’une était pour ses nausées, l’autre pour le manque de fer. Elle prit un comprimé de chaque, qu’elle avala avec de l’eau, puis rangea à nouveau les pilules dans leur emballage. Elle s’installa ensuite devant la télévision, et commença à manger son petit déjeuner en observant sans vraiment le faire les images qui défilaient. Elle avait un pressentiment, comme s’il était arrivé quelque chose cette nuit…
Maintenant totalement réveillée, elle se rappela finalement de la cible principale et facilement accessible des Créatures ; Vanilla. Grâce au lien des jumeaux, presqu’aussi fort que celui des opposés, Seïra pouvait sentir que ce sentiment d’inquiétude la concernait. Elle posa son bol sur la table basse, et chercha rapidement son téléphone qu’elle avait remis dans sa veste la veille.
Elle n’avait ni messages, ni appels manqués de la part de sa sœur, mais elle vit un SMS de Kaël qui lui demandait de faire attention à elle, et de le contacter si elle avait un problème. Seulement elle ne prit pas le temps de lui répondre, et décida d’appeler sa jumelle, en espérant que ce pressentiment était faux. Au bout de deux sonneries, ce fut la voix d’Alexia qui lui répondit dans un chuchotement, ce qui lui confirma une chose ; il s’était passé quelque chose durant la nuit.
« Pourquoi c’est toi qui répond ? Il s’est passé quelque chose avec Vani ? S’empressa-t-elle de demander. - Attends, je sors de la chambre et je t’explique. »
Seïra dut attendre trente secondes, qui lui parurent être cinq minutes, avant de pouvoir réentendre la rousse, qui avait reprit sa voix habituelle.
« Y’a l’autre Ombre Corrompue qui a fait son squatte, mais Riku est intervenu à temps. - Est-ce que Vanilla va bien ? Elle a du aller à l’hôpital ? - Oui elle va bien, et non y’a pas eu besoin. Riku a téléphoné à Zenia, et il faut juste surveiller son état durant les prochaines heures. »
Alexia put facilement entendre un soupir de soulagement venant de Seïra. Du coup, une fois sûre que la brune était calmée -et surtout rassurée- la rousse décida de changer de sujet.
« Mais au fait, pourquoi tu es chez Kaël depuis quelques jours ? »
L’inquiétude pour sa sœur passée, Seïra réalisa finalement la question qui venait de lui être posée –pourtant elle aurait du se douter que celle-ci allait tomber au bout d’un moment. Elle chercha rapidement une réponse qui ne sonnerait pas trop fausse ou soupçonneuse.
« C’est une longue histoire, mais t’en fais pas, ce n’est rien de grave, juste un… hm… syndrome post-rupture ? - J’suis sûre que y’a autre chose là-dessous, rétorqua Alexia. »
C’était lors de ce genre de moment qu’elle n’aimait pas parler à la rousse ; celle-ci parvenait à deviner beaucoup trop facilement lorsque quelqu’un qui lui était proche lui cachait une chose importante.
« M’enfin, si c’était grave, ou si ça devait le devenir, tu nous en parlerais quand même, hein ? - Oui, bien sûr ! - Ok alors, déclara simplement la rousse, avant de prendre un ton plus détaché et de passer à autre chose. Par contre si tu pouvais revenir chez toi au plus vite, ce serait cool, car là on a ton double qui nous colle aux basques car il se sent trop seul. »
… Mais en même temps, Seïra adorait vraiment Alexia, car elle ne cherchait pas la petite bête –sauf avec Vanilla mais c’était encore différent. La brune se permit même de rire lorsque son amie lui rapporta le comportement qu’avait Sora depuis qu’elle logeait chez Kaël.
« Tu t’excuseras de ma part auprès de lui, hein ? - Mouais, je crois pas que ce sera suffisant, je sais pas si tu te rends comptes, mais on dirait VRAIMENT un chiot abandonné. - Il s’en remettra. »
Puis elles discutèrent de futilité pendant un petit quart d’heure, ce qui les détendirent un peu, surtout après le stress –de nature bien différente de l’une à l’autre- qu’elles avaient toutes les deux éprouvé récemment. Lorsque le moment de raccrocher arriva, Seïra demanda simplement à Alexia de prendre soin de Vanilla, et de faire attention au petit chiot qu’était Sora en ce moment.
« T’inquiète je gère ! Fut la réponse de la rousse qui raccrocha brusquement. »
Seïra posa son téléphone à côté d’elle, et soupira en s’affalant totalement sur le canapé. Elle se sentait coupable d’être coincée là, à cause d’une stupide grossesse dont elle n’arrivait pas à se décider pour la continuer ou non, alors que sa propre sœur avait de nouveau été attaquée. Elle aimerait vraiment aller la voir, mais Kaël préférait qu’elle reste tranquille durant la matinée, pour être certain que les médicaments prescrits n’avaient pas d’effets secondaires trop dangereux ou gênant.
Elle décida toutefois d’envoyer un SMS à sa sœur, pour lui dire qu’elle savait ce qui lui était arrivé, et lui ordonna également de se ménager jusqu’à son rétablissement complet. Par contre, et pendant l’après-midi, Seïra n’hésiterait pas à rendre visite à Riku, une fois qu’elle serait certaine que les médicaments n’avaient pas d’effets secondaires gênants.
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L’Ombre Originelle attendait depuis quelques minutes maintenant ses serviteurs les plus compétents, qu’il avait demandé à voir suite à la mort de l’un de ses esclaves. Il avait à côté de lui différents dossiers et de nombreuses copies de ceux-ci, qu’il donnerait aux futurs arrivants, afin de les préparer aux prochaines missions qui les attendaient.
Il entendit finalement, au bout d’un quart d’heure -et plusieurs fois à la suite-, le bruit caractéristique de la téléportation de ses serviteurs. Il leva son regard du dossier qu’il relisait, et observa chaque personne encapuchonnée qui venait d’arriver. Elles étaient dix Ombres à avoir répondu présentes –il espérait que cela serait suffisant.
« Bien. Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous ai ordonné de venir ici, n’est-ce pas ? »
Hochement positif pour la plupart. En effet, les dix Ombres provenaient de plusieurs secteurs différents –certaines avaient effectué le voyage, alors qu’elles étaient à plusieurs milliers de kilomètres de l’endroit du rendez-vous. De ce fait, la Créature Originelle pouvait facilement comprendre leur surprise.
« Comme vous le savez, je recherche activement les humains aux double-cœurs. Mais récemment, l’Ombre qui était chargée de trouver et d’annihiler les deux de cette ville a échoué une fois de trop. - Vous souhaitez donc qu’on la remplace ? Demanda une première Ombre. - Exactement. - Mais devons-nous vraiment être aussi nombreuses pour ça ? Interrogea une autre. - J’y viens, déclara calmement le Maître. Ils ne sont que deux, mais sont plutôt bien entourés, et surtout irréparables à présent. Ce que je vous demande donc, c’est de vous infiltrer parmi les humains, et de tenter de les repérer. - Sans vouloir vous offenser, Supérieur… nous ne pouvons pas nous exposer au soleil, c’est vous-même qui nous l’avez dit à notre naissance, rétorqua finalement une autre des Ombres, assez hésitante. - J’ai récupéré assez de force pour pouvoir vous retirer cette faiblesse. »
Les Ombres se lancèrent des regards interrogateurs, mais gardèrent le silence. Après tout, elles savaient que leur Maître leur donnerait toutes les explications qu’elles souhaiteraient, surtout avant une mission d’une telle ampleur.
« Beaucoup d’entre vous m’ont déjà ramené des doubles-cœurs, d’où je puise ma force. De ce fait, et même si je ne peux pas le faire encore pour toutes vos consœurs, je peux tout de même offrir cette résistance à toutes celles présentes. »
Après cette explication, leur Maître fit passer les différents tas de dossiers entre les Ombres, qui se plongèrent immédiatement sur le dossier en haut de la pile qu’on venait de leur donner. Il prit à son tour les papiers dans ses mains.
« Vous avez entre vos mains les dossiers médicaux de mes cibles et de leurs proches. Je vous demanderai donc de vous débrouiller soit pour trouver directement les deux doubles-cœurs, soit un de leurs amis ou membre de leur famille, qui vous amènerait jusqu’à eux, grâce aux photos présentes dans ces dossiers. - Ce qui explique notre infiltration parmi les humains…, souffla l’une des Ombres qui feuilletait les pages. Mais devons-nous attaquer le jour ? - Bien sûr que non, mais vous serez dans l’obligation de vous rapprocher d’eux, de vous présenter à eux avec un nom humain et de sympathiser… après et selon la personne trouvée, je pense que je peux compter sur vous pour improviser, n’est-ce pas ? »
La dizaine d’Ombres présente répondit par la positive, ce qui fit sourire leur Maître en dessous de sa capuche. Au moins des serviteurs sur qui ils pouvaient vraiment compter, songea-t-il. « Bien. Maintenant vous avez tout ce qu’il vous faut pour commencer votre mission. N’hésitez pas à consulter les dossiers que je vous ai donné, afin de vous imprégner des visages des cibles principales, et ceux des personnes qui pourront nous emmener jusqu’à elles. »
Il claqua ensuite des doigts, pour donner à ses serviteurs l’immunité au soleil qu’il leur avait promise précédemment, et qui était nécessaire au bon déroulement de la mission. Il précisa d’ailleurs que les Ombres devraient également troquer leur manteau contre des vêtements d’humains, et leur offrit donc à chacune une tenue différente.
« Et bien sûr, si vous avez des questions, ou bien des doutes, je reste à votre disposition durant l’intégralité de la mission, rajouta-t-il, avant de conclure. Je compte sur vous et votre discrétion, car vous pourriez provoquer la jalousie de vos consœurs. »
Les Ombres hochèrent la tête en signe d’accord puis, et après avoir salué avec respect leur Maître, les dix créatures se téléportèrent. Elles n’avaient pas intérêt à échouer ; après tout leur Supérieur n’avait pas hésité à tuer une Ombre qui avait plusieurs fois failli à ses missions. De ce fait, il fallait qu’elles soient toutes parfaitement préparées pour ne pas échouer.
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Xion observait distraitement le paysage à travers la fenêtre de sa chambre d’hôpital. Cela ferait bientôt vingt-quatre heure qu’elle et son amie avaient été admises, et comme l’état de Riko était légèrement plus grave que le sien, le personnel avait préféré laissé l’argentée en observation plus longtemps.
La noiraude soupira, et finit par déposer le magazine qu’elle lisait, pour se lever puis sortir de sa chambre, en direction de celle de Riko. Arrivée devant, Xion savait qu’elle n’avait pas besoin de frapper à la porte –son amie ne l’entendrait sans doute pas encore.
Elle entra, puis regarda en direction du lit, où son amie l’observait. Durant les premières heures, Riko avait souffert de saignements au niveau des oreilles, à cause de l’exposition de celles-ci à l’explosion. Mais visiblement, les médecins avaient réussi à stopper l’hémorragie, et à pouvoir pratiquer des examens. D’après ces derniers, Riko devrait retrouver son ouïe progressivement -car son oreille interne n’était que partiellement abimée.
Xion sourit à Riko et la salua d’un geste de la main, puis décida d’ouvrir les volets, encore fermés. Une fois la pièce convenablement éclairée, la noiraude s’assit sur une chaise à côté du lit. Depuis l’incident, c’était la première fois qu’elle voyait l’argentée réveillée. Et quelque part, Xion s’en voulait. Si elle n’avait pas été distraite par les paroles du monstre, elle aurait sans doute pu elle-même se protéger des bruits de l’explosion… Elle prit finalement l’ardoise que le personnel avait mis à disposition de Riko, et écrivit rapidement un « Je suis désolée, si j’avais fait attention, j’aurais pu t’éviter ça ».
Lorsque l’argentée lut le mot, elle ne fit que soupirer, avant de prendre des mains de Xion l’ardoise et le feutre, afin de lui répondre. « Commence pas avec ça, puis ce n’est que temporaire, donc tu n’as pas à t’en faire, d’accord ? »
Quand Xion eut fini de lire, elle regarda Riko. Celle-ci tentait d’afficher un sourire rassurant, et lui avait également prise la main. Mais même si ce n’était qu’une surdité temporaire, la noiraude ne pouvait pas retirer ce sentiment de culpabilité qui la prenait au cœur. Elle serra un peu plus fort la main de Riko sans s’en rendre compte. L’argentée, quant à elle, et avec sa main encore libre, effaça la phrase qu’elle avait écrite, pour en écrire une autre qu’elle montra à Xion. « Arrête de faire cette tête, et pense un peu à toi, tu as toi aussi été blessée, donc tu dois te reposer »
C’était vrai, pensa Xion. Elle avait quelques brûlures, et elle devait encore se remettre de l’explosion, surtout qu’elle souffrait d’une très légère commotion cérébrale, suite au choc qu’elle avait reçu en percutant le sol, au moment de l’explosion. Certes ce n’était que peu handicapant, mais Xion devait tout de même être surveillée malgré tout. Après avoir souhaité un bon rétablissement à Riko, et avoir reçu un « toi de même » de la part de celle-ci, la noiraude décida de retourner dans sa chambre, avant que le médecin ne signale sa disparation et que l’hôpital en soit vite alerté dans son intégralité.
Elle soupira intérieurement, car pile au moment où elle avait à nouveau rejoint son lit, le médecin -qui était chargé de veiller sur son état- frappa à la porte. Ca s’était vraiment joué de peu. Le professionnel lui posa tout d’abord les questions sur les possibles douleurs qu’elle ressentait, avant de lui expliquer que des infirmières viendraient incessamment sous peu pour lui changer les bandages et lui donner les médicaments qu’elle devait prendre. Mais pendant la seconde partie de la conversation, Xion n’écoutait qu’à moitié. Elle venait de réaliser qu’une nouvelle nuit s’était écoulée, et elle s’inquiétait pour les autres.
A cause de la fermeture du service des urgences et de certaines salles d’examens de leur hôpital d’origine, Riko et Xion avaient été transférées dans celui de Semina, la ville voisine. Du coup, s’il était arrivé quelque chose aux autres, qui se trouvaient toujours à Agena, l’argentée et la noiraude ne pouvaient pas encore être au courant. Xion espérait vraiment qu’il n’y aurait aucune mauvaise nouvelle qui leur tomberait dessus, lorsqu’elles pourraient retourner dans leur ville natale d’ici quelques jours…
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 29 Juil - 10:44 | |
| Chapitre 14 : Lumière Ténébreuse
Sora observait d’un œil distrait Axel réparer la moto d’Alexia. En effet, le roux avait réussi à convaincre son patron de faire croire à son double que la moto était irréparable, et depuis sa sortie de l’hôpital, il travaillait sur sa rénovation. Le brun était venu l’aider, histoire que ça aille plus vite, mais il fallait avouer que depuis les évènements récents, plus l’absence de Seïra dans leur appartement… il n’avait plus vraiment la tête à ça. Il se souvenait encore distinctement des violents sentiments qu’il avait ressenti il y avait déjà quelques jours, et suite à la rupture entre la brune et ce Kylian. Et lorsque son opposée était venue en coup de vent pour y chercher quelques affaires le lendemain… elle ne lui avait pas laissé le temps de poser des questions, qu’elle était déjà repartie. Ce comportement plutôt fuyant inquiétait vraiment Sora, qui espérait vraiment que son double n’avait pas de graves problèmes, en plus de ceux provoqués par le retour des monstres…
« Bon, tu me la passes cette foutue clé de 12 ? Demanda soudainement Axel, qui devait lui tendre la main depuis quelques minutes. »
Suite à cette intervention, Sora sortit brusquement de ses pensées, pour plonger sa main dans une boite à outils, puis tendre l’objet demandé à Axel. Celui-ci prit la clé qui lui était tendue, et se remit à travailler sur le véhicule qu’il rénovait en soupirant.
« Tu sais, si c’est pour faire porte-manteau, t’étais pas obligé de venir, déclara-t-il. - Désolé…, s’excusa le brun, en affichant un léger sourire. »
C’était vrai ; il avait promis à Axel de l’aider, mais là il était aussi utile qu’une doudoune en été dans un désert. Bien sûr, le roux savait pertinemment pourquoi, mais cela ne faisait qu’augmenter son agacement.
« Tu sais, il est difficile de cacher des trucs à nos doubles généralement, reprit-il finalement. Si Seïra le fait c’est qu’elle doit avoir de bonnes raisons, mais que c’est pas non plus très grave. - Pourtant je ressens clairement des doutes et une certaine peur, rétorqua l’autre. Tu crois que ça pourrait être du à sa rupture ? - P’t’être, chais pas. »
Axel arrêta finalement quelques minutes son dur labeur, et se redressa en frottant ses mains sur son vieux pantalon, déjà bien sale, pour retirer le surplus de saletés dues aux nombreuses manipulations faites sur le véhicule.
« Moi j’pense que tu t’inquiètes pour rien, et que si déjà elle, elle va pas super bien avec tout ce qu’il se passe, c’est pas non plus le moment de lui en rajouter une couche. - Oui, tu as peut-être raison…, murmura Sora, avant de finalement mettre les gants de protection, et en changeant complètement de sujet. Mais au fait, tu crois vraiment pouvoir réussir à réparer cette moto ? Car elle est quand même dans un sale état. »
Axel observa ladite moto cabossée et éraflée de partout. Elle était effectivement pas très belle à voir, mais le moteur, les systèmes de direction et de freinage étaient presque indemnes, et ne demandaient qu’une petite révision, quant au reste, ce n’était que de minimes réparations. La carrosserie, elle, serait la chose la plus simple à remplace et à repeindre, il fallait seulement attendre l’arrivée des nouvelles pièces nécessaires.
« Sous-estimerais-tu mes talents de mécano ? Demanda-t-il en faisant mine de menacer Sora avec sa clé de 12. - Je n’oserai pas voyons, lui répondit l’autre en souriant. - Y’a intérêt. Bon, allez, il est temps de s’y remettre ! Ah et si tu pouvais servir à autre qu’à regarder les mouches voler… - Roh ça va hein ! Rétorqua Sora, faussement vexé mais un large sourire qui le trahissait directement. »
Après tout Axel devait avoir raison ; malgré les sentiments que lui transmettait par moment Seïra, Sora devait s’inquiéter pour rien. C’était normal que la brune soit un peu plus fragile, en sachant sa sœur et Kaël en danger, donc normal également qu’elle ait parfois des crises émotionnelles. Et même s’il y avait peut-être autre chose là-dessous, le brun –malgré son lien avec la jeune femme- ne pouvait pas non plus se mêler de ce qui ne le regardait pas. Mais il se promit une chose ; quand Seïra reviendrait, et si elle avait envie de parler à ce moment-là… il l’écouterait. Pour l’instant, il ferait simplement tout pour ne pas lui apporter un poids ou une inquiétude supplémentaire. Il tenta de se ressaisir, et donc de penser à autre chose –comme à la visite qu’il avait prévu de faire à Vanitas dans l’après-midi. Après tout, cela faisait quelques jours qu’il n’était plus allé le voir, et il s’était vraiment passé beaucoup de choses !
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Depuis qu’elle avait été privée de son enveloppe corporelle, pour être ensuite renvoyée dans le royaume des ténèbres, l’Ombre –anciennement corrompue- errait sans but dans ce monde sombre. Lorsqu’elle avait rejoint son lieu de naissance, l’Ombre avait perdu l’apparence humaine qu’elle empruntait. A présent, elle n’était plus qu’un amas de gaz noir, avec une forme vaguement humanoïde –des jambes, des bras, une tête, et des yeux rouges. Elle serra ses poings –si elle pouvait appeler ça comme ça- et se laissa au final tomber sur ce sol sombre et cotonneux. A quoi cela servait-il d’avancer, après tout ? Il n’y avait aucune issue, elle était coincée là pour l’éternité à présent. Envolés, ses rêves de devenir humaine à part entière. Envolée, cette envie de vivre normalement, et de mourir naturellement. Elle était condamnée à tourner en rond dans cet endroit, parce qu’elle n’avait pas réussi la mission qui lui avait été confiée.
Mais plus elle réfléchissait, plus elle se rendait compte qu’elle préférait ça, au final. Elle n’aurait pas supporté de vivre à la place d’une autre personne –de cette Vanilla. Tuer pour vivre aurait été un fardeau beaucoup trop gros pour elle. Alors même si elle était condamnée à errer dans ce monde, à ne plus voir les étoiles et la lune la nuit… elle ne regrettait rien. Le prix à payer pour vivre était trop élevé, et la culpabilité qu’elle aurait ressenti trop grande. Ce n’était pas parce qu’elle n’était pas humaine qu’elle deviendrait égoïste.
Enfin, de toute manière, et vu l’endroit où elle errerait pour l’éternité, le devenir serait plutôt difficile, à présent. Elle soupira, et ferma ses yeux de monstres. Au fond, elle s’était habituée à cette enveloppe humaine, et elle n’avait vraiment plus l’habitude de ressembler à une telle créature ; ça avait été confortable, malgré certaines choses qui lui avaient été inaccessibles –comme le sommeil, ou le plaisir de contenter une faim, les aliments n’ayant aucun goût dans sa bouche. Mais même ça, ça ne lui avait pas appartenu ; ce corps n’avait été qu’un cadavre, provisoirement recomposé –et maintenant remis dans son état d’origine-, afin d’accueillir une âme venue des ténèbres, qui ne ferait qu’obéir aveuglement aux ordres donnés en se laissant facilement manipulée. Elle avait été tellement idiote de croire que son Maître lui offrirait une vie humaine… elle se doutait qu’au fond, il n’en n’avait rien à faire des ressentis de ses serviteurs, et qu’il ne souhaitait qu’une chose ; atteindre son but, sans se soucier des autres –humains ou Ombres.
« Bonjour, résonna une voix claire et féminine. »
S’il y avait bien une chose à laquelle l’Ombre ne s’attendait pas, c’était bien recevoir la visite de quelqu’un dans un lieu pareil. Elle releva ses yeux rubis vers l’inconnue, et l’examina rapidement. Elle avait visiblement des cheveux foncés –même s’il était impossible de savoir leur couleur exacte dans ce monde sombre- mais ce qui perturba l’Ombre… c’était les yeux de la femme en face d’elle ; ils étaient du même rouge que les siens. Pourtant, elle paraissait humaine -et dégageait même l’odeur qui était propre à cette race.
« Qui êtes vous ? Demanda finalement l’Ombre, méfiante, et d’une voix à la fois masculine et féminine. Et comment avez-vous fait pour venir ici ? - Je m’appelle Ariane. Ariane Mahoney, répondit simplement l’autre, sans se défaire de son sourire. Et j’ai le pouvoir de traverser la barrière entre ce monde et celui des humains. - Un… tel pouvoir existe ? Souffla simplement l’Ombre. - J’en suis la preuve. Mais les ténèbres ne m’ont pas offert seulement ça. - Que voulez-vous dire ? »
La dénommée Ariane ne répondit pas tout de suite ; elle se contenta de prendre l’une des mains de la créature en face d’elle, qui l’observa simplement avec interrogation. L’humaine avait quant à elle fermé les yeux, et semblait se concentrer.
« Tu es peut-être née dans ces ténèbres, mais la nature de ton cœur a changé en côtoyant le monde des humains. - Je n’y ai vécu que quelques jours, et j’ai déçu celui qui m’avait offert cette opportunité. - Je sais, je peux facilement le lire dans ton cœur, déclara simplement Ariane. Je peux également t’offrir une seconde chance. »
Une seconde chance ? L’Ombre ne voyait pas trop où voulait en venir son interlocutrice. De toute façon, et même si par le passé elle avait été idiote, elle ne se ferait pas avoir par une autre personne manipulatrice.
« J’ai déjà donné dans les faux espoirs, donc si c’est pour me corrompre à votre tour, vous pouvez repartir, rétorqua la créature des ténèbres, qui se voulait être sûre d’elle, malgré sa voix tremblante. - Loin de moi l’idée de te manipuler. Tu as déjà assez souffert comme ça, répondit avec douceur l’autre, en serrant légèrement la main qu’avait voulu retirer l’Ombre. - Alors si ce n’est pas pour me rallier à votre cause, pourquoi vous êtes ici ? - Ton désir d’être humaine, et la détresse de ton cœur m’a atteinte, voilà tout. »
L’Ombre tressaillit. Comment cette personne avait-elle pu sentir ce genre de choses, alors qu’elle était humaine ? Quels liens avait-elle avec le monde des ténèbres, et ses habitants ?
« Je sais que tu ne me croiras sans doute pas, continua finalement la femme. Mais je peux t’offrir ce que tu souhaites, te permettant ainsi de rattraper tes erreurs, par la même occasion. - Arrêtez… je sais très bien que c’est impossible, les faux espoirs ne fonctionnent plus sur moi. »
L’Ombre se libéra de la main d’Ariane, et se releva. Elle n’avait nulle part où aller dans ce monde, c’était certain, mais cela ne l’empêcherait pas de s’éloigner de cette femme pour ne plus entendre ses absurdités.
« Tu te demandes sans doute pourquoi j’ai cette odeur humaine, ou bien cette capacité à sentir et à aller dans ce monde, n’est-ce pas ? »
L’écho de la voix claire et calme d’Ariane résonna partout aux alentours, et l’Ombre, anciennement corrompue, s’arrêta, piquée par la curiosité que venait de provoquer les mots de cette femme. Cette dernière, assez fière de son petit effet, s’approcha de la créature.
« J’ai été une prisonnière de ce monde, il y a longtemps. Je n’ai rien perdu de mon humanité, cependant mon corps a subi certaines modifications, comme ce physique ou bien ces pouvoirs, expliqua-t-elle. Et je souhaite les utiliser uniquement pour venir en aide aux autres, et aussi pour retrouver et arrêter quelqu’un. - Qui ça ? - Celui que tu appelles Maître, et que les humains nomment Ombre ou bien Monstre originel. »
A l’entente de ces mots, la voix double de la créature changea de ton, tandis qu’elle serra ses poings –et sans doute que si elle avait eu une apparence humaine, sa colère aurait pu se lire encore plus explicitement sur son visage.
« Alors c’est uniquement pour que je vous aide à le retrouver que vous voulez me ramener dans le monde des humains… - Pas du tout. Que tu choisisses de m’aider ou non, je t’offrirai tout de même cette seconde chance. - Mais qu’est-ce que vous y gagnerez, vous ? - Sans doute rien, mais je ne suis pas le genre de personne qui agit uniquement pour son propre intérêt. »
Malgré les mots de cette femme, l’Ombre continuait de douter. Serait-elle à nouveau trahie ? Reviendrait-elle une seconde fois à la case départ si elle décidait de faire confiance à cette Ariane ? Même si celle-ci affichait un sourire franc et sincère, elle pouvait très bien cacher son jeu… Ariane, quant à elle, se contenta de tendre une main vers l’Ombre, qui recula d’un pas par réflexe –mais la femme n’en tint visiblement pas rigueur.
« Alors ? Que souhaites-tu ? Rester enfermée ici pour toujours, ou trouver ta place dans le monde des humains, et réaliser tes rêves ? » ~0~0~0~0~
Toutes les Ombres, qui avaient été chargées de retrouver les deux doubles-cœurs de la ville pendant la journée, s’étaient retrouvés dans une ruelle assez sombre, encore peu habituées à la lumière du jour. Leur Maître leur avait fourni certaines informations, ainsi que ce que les humains appelaient « argent » servant de monnaie pour divers échanges matériels -ce qui pourraient donc s’avérer utile pour se fondre dans la masse.
Maintenant, elles devaient toutes les dix se débrouiller par elles-mêmes, non seulement pour vivre comme des humains, tout en accomplissant la tâche qui leur avait été confiée. Seulement un groupe comme le leur ne passerait pas forcément inaperçu… et il fallait encore qu’elles se trouvent toute une identité pour se fondre complètement parmi l’autre espèce.
« Dans le langage humain, nous sommes des touristes, déclara finalement une Ombre. Mais pour être crédible dans ce rôle, il nous faut au moins une valise chacune, avec des vêtements de rechange, ce genre de choses. »
Ses consœurs et elle-même s’exécutèrent rapidement, et firent apparaître des sacs, de tailles et de couleurs différentes selon l’Ombre. Au moins un premier point de réglé. Il restait encore les noms, et l’Ombre qui avait expliqué le terme « touriste » décida de prendre la situation en main, en voyant les autres hésiter.
« Si vous étiez humaine, c’est la première chose qui vous permette de vous différencier des autres, continua-t-elle. - Donc on peut choisir celui qui nous plaît ? - Exactement. C’est quelque chose de personnel, et même si vous n’êtes pas vraiment des humains… vous vous sentirez comme tel lorsqu’on vous interpellera. »
Les autres se regardèrent entre elles, avant d’examiner leur propre physique. En effet, un humain pouvait être une « fille » ou un « garçon » et leurs noms devaient donc être choisis en conséquence. Les dix Ombres choisirent des prénoms qu’elles avaient pu entendre, et qui leur avait plu. Une fois ce point réglé à son tour, la créature qui dirigeait les opérations depuis le début reprit la parole.
« Bien, à présent, et pour plus d’efficacité, il vaut mieux se séparer, pour couvrir un plus grand périmètre et paraître moins suspects. »
Les autres ne virent aucune objection à cela, et laissèrent leur supérieur provisoire déterminer les différents groupes. Après ces derniers formés, le dirigeant des opérations leur rappela également que tant qu’ils n’auraient pas trouvé au moins l’une des cibles, il était inutile de chercher à joindre ou rejoindre les autres, ou à contacter leur Maître. Enfin, et après avoir réglé tous les détails, chacun rejoignit son ou ses coéquipiers, puis le groupe de dix Créatures se sépara pour en former à présent quatre.
L’un de ces derniers formait un binôme qui, en tant qu’humains, devaient jouer le rôle d’un jeune couple en vacances romantiques. Ils avaient quelques connaissances sur le sujet, et tenterait de mener au mieux leur mission dans la peau de ce genre de personnes. En parcourant la ville, ils découvrirent un lieu où émanait une dose considérable de ténèbres. Curieux de savoir comment les Hommes avaient pu entretenir une telle chose sans être corrompus, le couple décida de visiter cet endroit en premier, avant d’avoir des interactions sociales avec les humains.
Une fois arrivées au lieu empli de ténèbres, les Ombres y découvrirent un grand bâtiment, avec une architecture qui tranchait avec le reste des immeubles, qui se trouvaient aux alentours. Intriguées, elles s’approchèrent, et purent distinguer une vaste étendue de pierres et de stèles, à peine dissimulés par un petit muret.
« Je crois qu’ils appellent ça un cimetière, déclara finalement l’une des deux créatures. C’est là qu’ils y enterrent les cadavres. - Donc nous serions nés dans un endroit de ce genre ? - Sans doute, ce qui explique pourquoi ce lieu dégage une telle source de ténèbres… je n’avais pas fait le rapprochement lorsque j’avais senti une chose similaire dans le pays d’où j’ai été tiré pour cette mission. - Eh ben… »
Les deux Ombres observèrent la bâtisse encore quelques minutes. Ils se sentaient étranges, mais n’arrivaient pas à mettre un nom sur ce qu’elles ressentaient actuellement. La première créature qui avait parlé finit tout de même par se ressaisir.
« Nous ferions mieux de continuer, si nous voulons réussir notre mission. - Oui, tu as raison. »
Elles s’apprêtèrent à retourner sur leurs pas avant de se rendre compte que, ne connaissant pas du tout la ville, elles n’avaient aucune idée de l’endroit par lequel elles devraient commencer leurs recherches. Elles se fixèrent et soupirèrent de lassitude.
« Finalement, être chez les humains, c’est pas aussi simple que ce que j’avais cru…, souffla l’Ombre au physique féminin. - Notre Maître compte tout de même sur nous, nous ne pouvons donc pas le décevoir, rétorqua malgré tout l’autre, aux allures masculines. Rappelle-toi de ce qui est arrivé à l’un d’entre-nous. - Oui, je sais bien, mais bon… - Ne t’en fais pas, le Maître nous a bien dit qu’il préférait qu’on prenne notre temps pour réussir, que de revenir perdants. Nous avons donc le temps de nous adapter. »
L’autre ne fit qu’hocher la tête et malgré leur découragement, les deux Ombres se remirent en route. Elles n’avaient aucune idée de ce qu’elles devaient faire pour l’instant, et se contentaient alors d’observer chaque personne ou bâtiment à l’allure curieuse qu’elles croisaient. Leur regard s’attarda un instant sur un jeune homme, qui se dirigeait vers l’endroit qu’elles venaient de quitter. Quand l’inconnu finit par disparaitre de leur champ de vision, les deux Ombres retournèrent à leur contemplation du monde qui les entourait –c’était tout de même plus joli de se balader en ville en plein jour- avant d’être brusquement interrompues.
« Vous êtes perdus ? Leur demanda finalement la personne qu’elles avaient observée plus longuement. »
Les deux Ombres s’observèrent rapidement ; maintenant que l’inconnu s’était suffisamment rapproché, elles pouvaient facilement reconnaître le visage qui leur faisait face –c’était l’une des personnes qui pouvaient les mener vers les cibles de leur Maître. C’était l’occasion ou jamais de commencer leur mission d’une bonne façon. L’Ombre à l’apparence féminine prit finalement la parole.
« Bah en fait, je suis en voyage avec mon copain et on s’est perdus, déclara-t-elle en prenant le bras dudit « copain ». Oh et je m’appelle Océane, et lui c’est Adrien. - Moi c’est Sora, enchanté, leur déclara l’inconnu en face d’eux. Si vous voulez je peux vous faire un peu visiter et vous guider jusqu’à un hôtel ? - C’est qu’on ne voudrait pas déranger, rétorqua Adrien, qui voulait éviter de montrer trop d’enthousiasme à cette proposition. - Ne vous en faites pas pour ça, leur assura Sora en souriant. - Merci, vraiment, vous nous sauvez sans doute la vie ! Répondit Océane, ravie de voir que leur ennemi leur avait proposé de les aider, sans qu’ils n’aient besoin de lui demander. »
Tandis qu’ils se mirent tous les trois en route, les deux Ombres, légèrement plus en retrait, s’observèrent. Pour un début de mission en terre inconnue, tout se déroulait relativement bien. Malgré tout, elles ne pouvaient pas encore crier victoire, car il fallait encore se rapprocher suffisamment de ce Sora, pour qu’il finisse par les guider vers les cibles de leur Maître –et le tout, sans paraître trop suspectes aux yeux de l’humain. La patience serait donc de mise, mais « Océane » et « Adrien » étaient prêts à la supporter, afin de ne pas décevoir leur Supérieur.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 1 Aoû - 0:30 | |
| Chapitre 15 : Rétablissement
Cela faisait maintenant cinq jours que l’attaque nocturne contre Vanilla avait eue lieu. La jeune femme s’était parfaitement remise de cette expérience et était partie, en empruntant la voiture de Riku -qui n’en n’avait pas besoin pour se rendre à sa faculté- chez elle pour récupérer des affaires avec Alexia.
L’argenté avait au départ refusé que Vanilla conduise –bien que l’incident s’était produit il y avait presque une semaine- mais celle-ci avait tellement insisté qu’il avait fini par craquer, ou plutôt… elle lui avait fait perdre suffisamment de temps pour réussir à le mettre en retard à son cours de psychologie différentielle, qui se déroulait à quatorze heures –du coup, stressé, il lui avait finalement donné les clés de sa voiture.
Une fois assis dans l’amphithéâtre, il sortit son netbook et l’alluma rapidement, en préparant sa clé USB qui contenait ses cours. Le professeur entama son long monologue, qui commençait toujours par l’histoire de la psychologie différentielle, en parlant du début des études sur les variabilités interindividuelles qui avaient commencé fin du XIXème siècle, grâce à Francis Galton.
« Galton avait proposé d'appliquer à l'espèce humaine la théorie de la sélection naturelle, qui découle de son programme de recherche, expliqua le professeur d’un ton monotone. Celui-ci consistait à réussir à écrire objectivement la variabilité entre les individus et à la mesurer, mais également à montrer que cette variabilité est d'origine héréditaire. Il est celui qui jeta les bases de l'eugénisme, terme qu'il avait d’ailleurs lui-même inventé… »
A partir de là, Riku cessa d’écouter. Non pas que ça ne l’intéressait pas, mais à force d’entendre et de réentendre qui était ce Francis Galton, il commençait à le connaître par cœur, cet homme. De toute façon, il n’arrivait tout simplement pas à se concentrer ; les images de la nuit où Vanilla avait failli être dépossédée de son cœur continuaient de tourner en boucle dans son esprit. Et même s’il l’avait sauvée, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ce qui aurait pu arriver s’il était arrivé rien qu’une seconde plus tard…
Bien qu’il n’en n’avait rien fait paraître auprès de la concernée et des autres, il s’était terriblement inquiété pour Vanilla, surtout avec les nombreuses absences qu’elle avait eu durant les premières heures qui suivaient son attaque. Lorsqu’il en avait parlé à Zenia, celle-ci lui avait simplement dit que le corps, l’âme, et le cœur spirituel de la noiraude avaient été « désynchronisés » en quelque sorte, mais que le problème se règlerait de lui-même.
La scientifique n’avait pas eu tort ; à son réveil le lendemain, Vanilla paraissait plus sûre d’elle dans ses mouvements, n’était plus aussi maladroite que la veille, et ne souffrait plus d’absence depuis trois jours.
L’intégralité du cours se déroula sans que Riku ne prenne aucune note. Il soupira, et rangea son netbook qui ne lui avait pas été d’une grande utilité, au final. Bon, de toute façon, du peu qu’il avait entendu par ses camarades à la sortie de l’amphithéâtre, leur professeur n’aurait que radoté des choses déjà-vus.
Il sortit du campus où se trouvait sa faculté, et prit le chemin de son appartement. Cela faisait trois heures que Vanilla était partie avec Alexia, et la première lui avait dit qu’elle le préviendrait dès qu’elle serait sur le chemin du retour, pour éviter qu’il s’inquiète. N’ayant reçu aucun SMS, Riku supposa bien vite qu’elle devait toujours être à Lynao –ville où elle vivait avec la rousse depuis maintenant trois ans. Il espérait que tout se passait bien, là-bas, et que Vanilla s’était vraiment totalement remise de la mauvaise expérience qu’elle avait vécue quelques nuits plus tôt.
En arrivant finalement chez lui, l’argenté observa l’horloge digitale accrochée dans le couloir. Il n’était pas encore tout à fait dix-huit heures, et comme la noiraude n’était toujours pas rentrée, Riku décida de prendre une douche avant son retour. Il passa donc rapidement dans sa chambre, chercha des vêtements propres, ainsi qu’une serviette dans son armoire murale, puis se dirigea vers la salle de bain.
Seulement, et au moment où il entrebâilla la porte, de la vapeur s’en échappa. Trouvant cela étrange, étant donné l’appartement vide, il ouvrit cette fois-ci entièrement la porte, pour y voir…Vanilla. Celle-ci était à peine recouverte d’une serviette, tandis qu’elle se séchait les cheveux avec l’aide d’une autre.
Aucun des deux ne réalisa la situation tout de suite. Mais les yeux de l’argenté se détournèrent finalement –et contre son gré- du regard doré pour finir un peu trop bas, avant de les relever le plus rapidement possible. Malheureusement, il était inutile d’espérer que l’autre n’avait rien remarqué, vu le regard que lui lançait à présent Vanilla. Ce fut d’ailleurs elle qui rompit le silence, d’un ton calme –trop calme.
« Si tu ne fermes pas la porte dans la seconde qui suit, je pense que tu n’auras jamais l’occasion d’avoir des enfants. »
Malgré l’avertissement prononcé d’une froideur extrême, ce n’était pas celui-ci qui fut la raison du départ de Riku ; il le fit plus par automatisme que par autre chose, et tenta de remettre ses idées au clair une fois de retour dans sa chambre -dont il avait fermé la porte avant de s’y adosser. Il finit par porter une main à son front ; il n’arrivait pas à croire ce qu’il venait de lui arriver, et de ce qu’il venait de… presque voir. Vanilla devait déjà être en train de préparer quelque chose pour le tuer.
Mais comment aurait-il pu savoir qu’elle était déjà là ? Elle lui avait pourtant dit qu’elle lui enverrait un SMS lorsqu’elle serait sur le chemin du retour, il ne l’avait pas imaginé ! Bon, il n’était pas impossible qu’elle ait finalement oublié, et il fallait avouer que la vapeur qu’il avait vu sortir de la salle de bain avant le drame aurait du lui mettre la puce à l’oreille…
Riku observa son téléphone longuement en se demandant qui pourrait bien l’aider dans une situation pareille. Sans doute personne, à vrai dire, mais il pouvait toujours espérer trouver quelqu’un qui pourrait le sortir de là. Il avait quand même un don pour réussir à se mettre dans des pétrins pareils avec les filles…
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Cela faisait à présent six jours que l’attaque à la bombe avait eue lieu à l’hôpital d’Agena. Les travaux avaient d’ores-et-déjà commencé, tandis que Vera s’attelait toujours autant à la gestion de ces derniers. Cependant, dans la ville de Semina, Riko ne se souciait pas trop de ça.
Lorsqu’elle s’était réveillée la veille, elle avait été capable d’entendre des chuchotements –malgré des acouphènes plutôt gênants voire même douloureux- et ce matin, elle avait pu parfaitement entendre le volet qu’avait ouvert l’infirmière. Ca la soulageait un peu de réentendre, après six jours de silence plutôt insupportable.
Mais même si son ouïe s’était presque totalement remise, il fallait avouer que le reste de son corps restait particulièrement lourd… elle pouvait se déplacer seule sur des petits trajets, comme celui qui la menait à la petit salle de bain individuelle présente dans sa chambre près de son lit, mais elle se sentait encore incapable de marcher longtemps.
Malgré tout, ce n’était pas son état physique qui la dérangeait le plus –c’était les sentiments que Riku lui faisaient ressentir ces derniers jours. En effet, elle avait su reconnaître plusieurs émotions que lui avait inconsciemment transmis son double ; comme par exemple une énorme inquiétude il y avait de ça quelques jours, puis, à l’instant, une gêne bien tenace. Pour le premier sentiment, Riko sentait que ça avait un lien avec Vanilla ; sans doute qu’elle avait de nouveau été prise pour cible par les monstres, mais elle avait du s’en sortir, vu que l’argentée n’éprouvait aucune tristesse ou émotions qui pourraient indiquer un deuil. Elle n’avait donc pas besoin de s’en faire pour ça, surtout que Riku était quelqu’un de très protecteur et qu’elle lui faisait confiance pour la protection de Vanilla.
Ce qui la perturbait, en fait, c’était cette seconde émotion, cette gêne. Jusqu’à présent, Riku ne lui avait jamais fait ressentir quelque chose de semblable -et en plus de ça, ce n’était pas du tout compatible avec l’inquiétude ressentie en premier. C’était vraiment étrange, et ça la frustrait légèrement de ne pas savoir ce qu’il se passait du côté de son opposé…
Elle prendrait bien des nouvelles de lui, histoire de savoir ce qui lui arrivait, mais elle se rappela bien vite que ses effets personnels étaient dans le coffre-fort dans le mur d’en face, et qu’elle n’avait ni la force ni le courage d’aller chercher son téléphone à l’intérieur. Elle soupira, avant d’entendre quelqu’un frapper à la porte ; elle autorisa la personne à entrer quelques secondes plus tard –il s’agissait du médecin qui la suivait depuis son arrivée ici.
« On dirait que vous avez retrouvé votre ouïe, déclara-t-il en notant quelque chose sur le dossier qu’il tenait en main. C’est une bonne nouvelle. »
Le professionnel ausculta rapidement la jeune femme qui, durant l’intégralité de l’examen, resta silencieuse. Le médecin finit par se lever à nouveau, et regarda sa patiente. Il entama une série de questions, histoire d’avoir une idée plus précise de l’évolution de son état. L’argentée déclara seulement être encore un peu faible, et de souffrir d’acouphènes, mais l’homme la rassura sur le fait que ce ne serait que provisoire, comme sa surdité.
« Vous vous êtes plutôt bien remises, mademoiselle Miles et vous, le plus important maintenant est de prendre du repos. - D’ailleurs, comment va Xion ? Interrogea l’argentée, lorsqu’elle entendit l’autre faire référence à la noiraude. - Ne vous en faites pas, comme vous, elle s’est presque totalement remise, il faudra juste que vous traitiez régulièrement vos blessures, mais pour ça… il n’est pas vraiment nécessaire de rester à l’hôpital. Je vais joindre Mme Deltara pour la prévenir, afin qu’elle prenne les dispositions nécessaires pour envoyer quelqu’un vous chercher dans l’après-midi. Je lui communiquerai également les précautions à prendre pour votre cas. »
Riko fut directement rassurée ; après tout, et depuis sa visite qui datait de quelques jours, la noiraude n’était plus revenue, et l’argentée n’avait plus eu de nouvelles d’elle –et il fallait avouer qu’elle s’était inquiétée.
« Bien, je vais vous laisser vous reposer, déclara finalement le médecin en se dirigeant vers la porte. S’il y a le moindre problème, n’hésitez pas à faire appel aux infirmières. »
Riko ne fit qu’hocher la tête en signe d’accord, et laissa le professionnel s’éclipser. Une fois qu’il fut parti, l’argentée se remit à la contemplation de la fenêtre. En se concentrant sur ce sentiment de gêne que Riku lui faisait ressentir, elle se demandait vraiment ce qui avait bien pu arriver entre le moment où Vanilla avait sans doute été attaquée, et maintenant… vivement qu’elle puisse rentrer, afin de pouvoir tirer les choses au clair avec son opposé.
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Après avoir été déposée par Vanilla chez Axel, Alexia avait bien vite remarqué qu’il n’y avait absolument personne dans l’appartement –pas même Sora le petit chiot. C’était étrange, tout de même, car son opposé ne l’avait pas prévenu qu’il pouvait être absent à son retour… Enfin, elle ne s’en soucia pas plus longtemps, surtout qu’elle ne ressentait rien de particulier de la part du roux.
Elle décida de profiter de sa liberté, et brancha son iPod sur les haut-parleurs du salon, et mit la musique plutôt forte –mais pas trop non plus, histoire de ne pas déranger les voisins. Après ça, elle se mit à l’aise, puis rangea les affaires qu’elle avait récupéré chez elle, avant de prendre sa 3DS, et de s’installer sur le canapé.
Depuis le début des évènements avec les monstres, ces moments de tranquillité se faisaient rares, et c’était la première fois depuis son retour à Agena qu’elle arrivait à vraiment se détendre. Vanilla n’avait pas été menacée ces dernières nuits, et elle paraissait en forme. En plus, d’après Zenia –qui prenait régulièrement de leurs nouvelles- Riko et Xion se remettaient également de leur mauvaise expérience. Pour l’instant, il n’y avait plus aucun point noir, et tous –même Vanilla- se permettaient de relâcher un peu la pression.
En fait, il ne restait qu’un seul mystère dans tout cela ; le comportement de Seïra. Celle-ci était peut-être passée pour voir sa sœur lorsque celle-ci avait failli perdre son coeur, mais elle paraissait vraiment fermée à toutes conversations qui pouvaient la concerner. Même Sora n’avait pas l’air d’être au courant de quelque chose…
Alexia prit son téléphone en main. Elle n’avait pas l’habitude de se mêler de ce qui ne la regardait pas, mais -et malgré sa discussion téléphonique avec la brune qu’elle avait eu quelques temps auparavant- elle était tout de même frustrée que la jeune femme ne se confie pas à elle. Il ne restait du coup qu’une seule personne qui pouvait lui parler de la situation ; Kaël. Elle décida donc de lui écrire un SMS, mais de tourner celui-ci de manière à ce que son inquiétude pour son amie ne soit pas directement découverte.
Après l’avoir envoyé, elle posa son téléphone sur son ventre, et reprit sa 3DS en main. Elle ne s’attendait pas à avoir une réponse immédiatement, mais préférait quand même avoir son portable près d’elle, au cas où. Contre toute attente, le petit appareil vibra au bout de deux minutes. Impatiente, elle soupira de déception lorsqu’elle vit que ce n’était qu’Axel. Elle ouvrit cependant le message.
Toi là, t’es de nouveau à Agena ? Si oui passe au garage où j’travaille, j’ai un truc à te montrer /o/
Alexia releva un sourcil. Pourquoi voulait-il la voir dans un lieu aussi sale ? En plus, elle n’avait pas de véhicule pour s’y rendre et de toute façon, elle ne voyait pas vraiment ce qu’il voulait lui montrer dans un endroit pareil. Elle lui répondit donc tout ça, et reçut un nouveau message peu de temps après.
Fais pas chier ton monde et viens, le garage est à 30 mn de marche tu vas survivre
Alexia soupira bruyamment, mit son portable dans sa poche, sauvegarda sa partie sur la 3DS, et se leva enfin pour éteindre la musique qu’elle avait mise. Elle se prépara, puis partit de l’appartement d’Axel, en prenant soin de fermer la porte à clé derrière elle. Son opposé avait intérêt à ne pas la faire marcher aussi loin pour rien. Sur le chemin elle reçut un autre SMS, cette fois-ci de Vanilla, qu’elle ouvrit immédiatement.
Je demande le droit d’asile chez toi et Axel.
Alexia n’avait aucune idée de ce qui avait pu pousser Vanilla à lui envoyer un tel message, mais elle sentait que la réponse allait lui plaire. Elle ne put réprimer un sourire en écrivant un message qui demandait ce qui était arrivé. La réponse ne tarda pas.
Ce con n’a pas de verrou à sa salle de bain. Pitié achève-moi.
En lisant ça, Alexia ne put s’empêcher d’éclater de rire, et de téléphoner à sa meilleure amie, histoire d’avoir plus de détails. Seulement lorsque, et après plusieurs tonalités, Vanilla finit par répondre, la rousse n’eut pas le temps d’en placer une.
« Je te préviens que si tu as téléphoné juste pour te foutre de ma gueule je raccroche. »
Alexia dut se faire extrêmement violence pour ne pas rire, et pouvoir interroger convenablement sa meilleure amie sur la situation.
« Promis je rigole pas, déclara-t-elle. Allez, raconte-moi tout. - J’ai oublié de prévenir Riku que j’étais rentrée, j’ai pris une douche, et deux minutes après en être sortie, il est entré dans la salle de bain, déclara sa meilleure amie après un silence. - Sérieusement ? - Sérieusement. »
Alexia ne put s’empêcher de rire en imaginant la scène, mais tenta de se calmer lorsque Vanilla menaça de raccrocher pour de bon. Une fois sûre de pouvoir parler correctement, Alexia reprit la parole.
« Mais t’avais une serviette non ? - Mais quand même ! En plus ce pervers il en a quand même profité pour regarder là où il fallait pas ! - Je pense pas que ce soit vraiment le genre de Riku… pis c’est naturel pour un homme, répondit-elle, avant de rajouter avec un large sourire. Et faut avouer que t’es plutôt bien foutue aussi. »
Aucune réponse, mais lorsqu’Alexia voulut reprendre la parole, ce fut trop tard ; elle entendait clairement la tonalité qui signifiait que son interlocutrice venait de lui raccrocher au nez. La rousse soupira, et observa son téléphone. Elle savait que Vanilla ne la bouderait pas très longtemps, surtout avec une histoire pareille sur les bras, seulement Alexia ne pensait pas que sa meilleure amie réagirait comme ça.
Elle décida de lui envoyer un SMS pour s’excuser. La réponse arriva plutôt rapidement –preuve que Vanilla ne lui faisait pas véritablement la tête, sinon elle n’aurait pas répondu. Mais d’un côté sa réaction avait été tout à fait normale, surtout vu la situation. La rousse n’en vint qu’à une seule conclusion ; elle devrait vraiment apprendre à se taire, car un jour ça pourrait violement lui retomber dessus. Après cette nouvelle résolution, elle ouvrit et lut finalement le message de Vanilla.
Excuse acceptée. Maintenant si tu pouvais trouver un truc pour me sortir de là…
Rassurée de lire les deux premiers mots du message de Vanilla, Alexia tenta de trouver quelque chose pour l’aider. Il était évident que depuis l’incident, sa meilleure amie devait être coincée dans la salle de bain, et qu’elle ne pouvait plus en sortir en sachant Riku quelque part de l’autre côté. La rousse connaissait en plus les habitudes de la noiraude par cœur ; elle s’habillait généralement dans sa chambre, et devrait du coup traverser le couloir en serviette. Et même si Vanilla n’était pas extrêmement pudique, la situation devait tout de même être plus qu’embarrassante et gênante pour la noiraude sur le coup, car elle n’avait pas vraiment l’habitude de se retrouver face à un garçon dans une tenue aussi légère.
Alexia regarda autour d’elle, puis l’heure qu’affichait son téléphone ; Axel l’attendait toujours et elle avait déjà fait la moitié du trajet, donc elle ne pourrait pas retourner surs ses pas et aller chez Riku, pour tenter de faire une diversion -et Vanilla n’accepterait jamais que quelqu’un d’autre soit au courant de cette histoire…
Elle eut soudainement une idée. Certes elle ne pouvait pas aller chez l’argenté, mais elle pouvait lui téléphoner. Après tout, suite à ce qu’il s’était passé, lui aussi devait être dans tous ses états, et il était fort probable qu’il n’oserait plus jamais regarder Vanilla en face. Seulement voilà ; les deux habitaient pour l’instant ensemble, donc si ça restait tendu et gêné entre eux à cause de ça… ils ne seraient pas sortis d’affaires. Donc au lieu d’aider uniquement Vanilla, Alexia pourrait s’arranger pour leur faire oublier ce « léger » incident.
En cherchant le numéro de Riku dans son répertoire, la rousse réfléchit rapidement à quelque chose qui pourrait mettre les deux colocataires sur la même longueur d’ondes. Afin de leur faire oublier les derniers évènements, il fallait un truc où Alexia était certaine qu’il y aurait un quiproquo assez grand pour les mettre d’accord. Ce fut en appuyant sur la touche « appeler » de son téléphone qu’elle finit par trouver le plan parfait.
Après tout, aux grands maux les grands remèdes, et même si elle avait conscience qu’elle ne respecterait pas trop sa résolution précédente, ça lui importait peu, car tant que c’était ensemble que Vanilla et Riku voudraient la tuer, ce serait l’essentiel. Malgré tout, au fond d’elle, Alexia espérait quand même de ne pas avoir trop de morceaux à recoller après ça… |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 5 Aoû - 2:21 | |
| Chapitre 16 : Choix et Hésitation
Noa venait tout juste de sortir de la banque où il travaillait, lorsqu’il reçut un appel sur son portable. En regardant le petit objet, il vit que c’était Zenia qui cherchait à le joindre –et généralement, lorsque la scientifique téléphonait, ce n’était pas de très bon augure… Malgré son hésitation, il fit glisser son doigt sur l’écran tactile pour décrocher, puis porta son téléphone à l’oreille.
« Bonjour Zenia. - Bonjour Noa, répondit l’autre. Est-ce que je te dérange ? - Non, je viens tout juste de finir mon service. Pourquoi, il y a un problème ? - Du tout, j’aurai juste voulu que tu me rendes un service. - Un service ? Quoi comme ? - Il faudrait chercher Riko et Xion à l’hôpital de Semina, mais je n’ai pas la possibilité de me libérer, à cause d’une réunion du personnel qui a lieu d’ici vingt minutes. »
Noa, qui était en train de s’installer dans sa voiture en mettant le contact, se stoppa lorsqu’il entendit le prénom de son double et de l’argentée. Elles avaient tout de même été victimes d’une explosion, certes peu puissante, mais tout de même… étaient-elles donc vraiment en état de pouvoir sortir ?
« Elles sont déjà en état de sortir ? - Pour Xion il lui faut juste encore du repos, mais ça ira. Pour Riko, par contre, le médecin qui s’occupait d’elle m’a donné quelques précautions à respecter pendant au moins deux semaines. Tu as de quoi noter sur toi ? - Une seconde. »
Noa chercha rapidement un bout de papier utilisable dans la boite à gants, puis fouilla dans sa sacoche pour y chercher un stylo. Il mit le haut parleur de son téléphone en marche et posa la feuille sur le volant, prêt à écrire ce que lui dicterait Zenia. Une fois prêt, il signala à celle-ci qu’elle pouvait à lui indiquer les précautions à prendre avec Riko. Au bout d’une ou deux minutes, et après que la scientifique eut tout dicté, le jeune homme la remercia, avant qu’elle ne raccroche pour se préparer pour sa réunion.
Noa rangea ensuite son téléphone dans sa poche, et y glissa également le papier sur lequel il avait noté ce que venait de lui dire Zenia, puis se mit en route vers la ville de Semina. L’avantage de celle-ci était sa proximité ; en quinze minutes à peine il arriva à destination et, chanceux, il trouva même rapidement une place sur le parking de l’hôpital. Il se dirigea ensuite vers la réception où un homme, d’une quarantaine d’années, l’accueillit -visiblement de mauvaise humeur.
« C’est pour quoi ? - Bonjour, on m’a informé que Xion Miles et Riko Daika avaient reçu l’autorisation de sortir et- - Ouais ouais okay, tendez. »
Noa soupira intérieurement. Il se demandait ce qui avait traversé l’esprit de la réception pour engager une personne aussi impolie, mais bon, au moins il faisait correctement son travail, vu qu’en une minute à peine l’homme assis en face de lui put lui donner les informations sur le médecin qui suivait ses deux amis. Après avoir tout de même remercié ce réceptionniste qui n’avait pas vraiment le sens du contact, Noa se mit en route pour le cinquième étage, là où se trouvait le service où avaient été admises Riko et Xion, ainsi que leur médecin, un certain Ansem Kraut. Sur le chemin des chambres, il croisa un homme d’une cinquantaine d’années, et qui portait la blouse blanche spécifique des médecins. Ce fut d’ailleurs le professionnel qui l’interpella en premier.
« Vous devez être Noa Miles, n’est-ce pas ? - Euh, oui, mais… - Je suis le médecin Kraut, madame Deltara m’a prévenue de votre arrivée il y a quelques instants, expliqua l’homme en face de lui. Et je suppose qu’on vous a donné deux numéros de chambres différents à la réception ? - En effet. - Pour plus de praticité, nous les avons transférées dans une chambre double, maintenant qu’elles étaient toutes les deux en état d’être déplacées. Si vous voulez bien me suivre. »
Noa hocha simplement la tête, et se laissa guider par le médecin, qui l’emmena dans un autre couloir, avant de s’arrêter à une porte, où les noms de Riko et de Xion étaient inscrits dessus.
« Elles ont déjà signé tous les papiers nécessaires à leur sortie, et elles ont déjà été prévenues de votre arrivée. Par contre, pour le cas de mademoiselle Daika… Est-ce que le médecin Deltara vous a mise au courant des précautions à prendre ? - Oui, elle l’a fait. - Parfait. Je vous laisse donc avec vos amies alors. Deux infirmiers arriveront avec des fauteuils roulants d’ici peu de temps pour leur éviter trop d’effort d’un seul coup. »
Puis le médecin s’éloigna. Noa le vit disparaître au détour d’un couloir, puis regarda la porte devant lui, avant de frapper une fois dessus. Il entendit la voix de son double l’autoriser à entrer, et la vit assise aux côtés de Riko. Les deux jeunes femmes lui souriaient, et il ne put s’empêcher de faire pareil, rassuré de les voir en forme, malgré quelques blessures et un état de fatigue encore visibles. Après les avoir salué, le noiraud s’installa sur une chaise en face du lit sur lequel elles étaient. Il voulut ouvrir une conversation, le temps d’attendre les deux membres du personnel, mais il fut devancé par son propre double.
« Est-ce qu’il s’est passé quelque chose à Agena, durant notre absence ? »
Noa se rappela soudainement que, les visites étant interdites dans le service où avaient été admises les deux jeunes femmes, personne n’avait pu les tenir au courant des derniers évènements –mais qu’elles avaient du sentir qu’il était arrivé quelque chose, à cause du lien des doubles. Il leur raconta donc l’attaque qu’avait subie Vanilla, mais les rassura également sur le fait qu’aucune autre tentative depuis celle-ci n’avait eu lieu.
« Il s’en est vraiment fallu de peu cette fois, alors…, souffla Xion qui avait baissé la tête. - En effet, confirma Noa, avant de rassurer son double, qu’il sentait perturbée. Mais le pire a été évité, donc tu n’as pas à t’en faire. - Et il n’y a pas eu d’autres explosions ? Demanda Riko. - Pas pour l’instant, mais les équipes de Braig reste sur le qui-vive, répondit Noa. »
Un silence s’installa entre les trois jeunes adultes. En passant un regard vers Riko, Noa se rappela des précautions à prendre durant les deux prochaines semaines. Déjà l’argentée devait éviter d’être en contact avec trop d’ondes, et donc bannir l’utilisation des objets qui en émettaient une trop grande quantité –télévisions, micro-ondes, et téléphones par exemple- mais devait également être le moins possible dans des endroits trop bruyants, afin de ne pas souffrir de migraines. Ensuite, et Xion était cette fois-ci également concernée, il faudrait éviter les efforts trop physiques pour l’instant, pour que leur corps puisse se remettre correctement.
Les connaissant, Noa se doutait que certaines choses ne seraient pas vraiment respectées dans leur intégralité –et ses doutes se confirmèrent bien assez vite, lorsque Xion reprit la parole.
« Ca fait longtemps du coup qu’on n’a pas tous été réunis, et comme pour l’instant c’est le calme plat du côté des Ombres… On pourrait peut-être se retrouver au café Granny ce soir, non ? - Non seulement vous devez vous reposer, mais en plus de ça Riko doit éviter les lieux trop bruyants, rétorqua Noa. - On ne restera pas très longtemps, juste le temps de revoir tout le monde, se défendit Xion. »
Noa soupira. Décidemment, il n’arriverait jamais à tenir tête à son double… il finit par accepter en précisant qu’il appellerait les autres une fois qu’il aurait ramené les deux jeunes femmes en ville.
« Mais je vous préviens, déclara-t-il. Je vous surveillerai, et aux moindres signes suspects, je vous ramènerai à votre hôtel, compris ? »
Riko et Xion répondirent par un hochement de tête en signe d’accord. Quelques instants après, ils entendirent frapper à la porte –et même si elles ne le montraient pas, les deux jeune femmes étaient vraiment ravies de pouvoir enfin sortir d’ici.
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Cela faisait maintenant vingt minutes que le drame avait eu lieu. Riku n’avait pas bougé, et était resté assis contre la porte de sa chambre, sans savoir quoi faire. A l’extérieur, il pouvait deviner que Vanilla non plus n’avait pas quitté la salle de bain depuis ce qu’il s’était produit, car il n’avait entendu aucun bruit.
Il observait toujours son téléphone –comme si un objet pouvait lui donner la solution… Il soupira, et s’apprêta à ranger l’appareil dans sa poche, lorsqu’il le sentit vibrer entre ses doigts. Il observa le petit cadran qui s’était éclairé, en indiquant le nom de la personne qui émettait l’appel. Lorsqu’il vit le nom d’Alexia, il hésita très sérieusement à répondre, connaissant le lien qu’elle avait avec Vanilla, mais finit tout de même par décrocher.
« Riku ? Demanda directement la rousse. - Quoi ? - C’est vrai que t’as essayé de violer ma meilleure amie ? - … Je te demande pardon ? - Elle vient de me téléphoner, là, expliqua Alexia, qui avait un ton très peu rassurant. Tu aurais tenté de la toucher alors qu’elle sortait de la douche ! »
Riku avait du mal à en croire ses oreilles. Vanilla l’avait vraiment accusé de ça ? Il ne pouvait pas laisser passer une telle chose ! Tout ceci n’avait été qu’un incident et il n’avait jamais cherché à… Il retenait Vanilla à déformer les faits comme bon lui semblait.
Pendant qu’Alexia s’égosillait à lui dire des choses qu’il n’écoutait même pas, Riku se dirigea vers la salle de bain, bien décidé à tirer les choses au clair avant de voir Alexia rappliquer chez lui et le tuer –car vu que ça concernait Vanilla, elle en serait complètement capable. Il frappa plusieurs fois à la porte, mais ne l’ouvrit cependant pas.
« Je peux savoir pourquoi tu as dit ça à Alexia ? - … Hein ? Entendit-il à travers la porte. Comment t’as su que je lui avais… - Je l’ai actuellement au téléphone là, et elle est en train de me menacer de mort car tu lui aurais dit que j’avais essayé de te violer. - … Mais j’ai jamais…, souffla l’autre. »
Bien décidée à savoir pourquoi Alexia avait à ce point déformé ses dires, Vanilla se releva, s’approcha de la porte, l’ouvrit, prit le téléphone des mains de Riku, avant de s’enfermer à nouveau dans la salle de bain.
« Je peux savoir ce qu’il te prend de dire ce genre de choses ?! Il a pas essayé de me violer ! - Bah voilà ! Vous voilà d’accord sur un point ! J’ai accompli ma mission, et en plus de ça, et comme j’ai entendu la porte de la salle de bain, t’es condamnée à sortir pour lui rendre son téléphone. »
Comprenant finalement le plan d’Alexia, Vanilla se promit de la tuer dès qu’elle la reverrait. Cependant, il fallait avouer que maintenant elle n’avait pas trop le choix de sortir un jour… mais il était hors de question que Riku la voit en serviette malgré tout -et à part le rapprocher de là où elle était, la rousse n’avait pas fait grand-chose pour arranger le problème, finalement.
« Sérieux, t’aurais pas trouvé encore plus naze comme plan ? - Bah écoute… non. Mais vous êtes assez grands pour régler le reste tous seuls, nan ? - C’est la dernière fois que je demande ton aide. - Tu dis ça maintenant, mais tu me remercieras plus tard, rétorqua Alexia, avec un large sourire, même si la noiraude ne pouvait pas le voir. Allez je dois te laisser, à plus, et courage ! - Attend une sec- »
Seulement Vanilla n’eut pas le temps de finir sa phrase, qu’Alexia avait déjà raccroché. La noiraude observa le cadran du téléphone, et se promit de préparer une mort lente et douloureuse à sa meilleure amie, une fois qu’elle serait sortie de ce pétrin.
« J’ai jamais dit à Alexia que tu voulais me violer. - J’avais cru le comprendre… »
Un silence s’installa, alors que chacun s’était assis contre la paroi de la porte –sans que l’autre ne le sache. Riku se sentait idiot d’avoir cru que Vanilla avait vraiment dit ce genre de choses à Alexia, et la noiraude se trouvait débile d’avoir réagi aussi excessivement alors qu’elle connaissait l’argenté, et qu’elle savait que ce n’était pas son genre de se rincer l’œil -de toute façon, tout ça était de sa faute, vu qu’elle n’avait pas prévenu pour son retour.
Malgré tout, elle se voyait mal sortir de la salle de bain en serviette sous les yeux de l’argenté ; car être dans une tenue aussi légère devant Alexia était une chose, mais devant Riku -qui était un garçon, donc- c’était quand même mille fois plus gênant.
« Riku ? Demanda-t-elle pour finalement rompre le silence. - Oui… ? - Tu veux bien… aller ailleurs le temps que j’aille dans ma chambre me changer ? J’te rends ton portable après. - Je serai dans la cuisine alors, rejoins-moi quand tu seras, hm… prête. »
Une gêne évidente planait entre les deux jeunes adultes, et ils la combattaient plutôt difficilement. Cependant, Vanilla put entendre les pas de Riku, et lorsque ce ne fut plus le cas, elle décida enfin de sortir en pensant à emmener les deux téléphones avec elle. Une fois dans sa chambre, elle s’habilla, repassa rapidement dans la salle de bain pour y mettre ses serviettes à sécher, puis rejoignit finalement Riku dans la cuisine.
« Tout ce qu’il s’est passé restera entre nous, compris ? Déclara directement Vanilla, à peine fut-elle arrivée. - Ouais… enfin, à mesure que l’autre tienne sa langue. - On l’écorchera vive si elle le fait pas. - Je n’y vois aucune objection. »
Les deux adultes passèrent un regard à l’autre. Il fallait avouer que sans l’intervention d’Alexia, ils seraient toujours au stade où chacun restait cloîtré dans une pièce, alors que là, il faudrait juste réussir à mettre de côté cette scène ainsi que la gêne née à cause d’elle. Riku finit par se déplacer, et prendre sa veste accrochée au porte-manteau non loin de là, sous les yeux interrogateurs de Vanilla.
« Je vais aller acheter un verrou pour cette salle de bain. Tu viens ? Demanda l’argenté en récupérant ses clés sur la commode. - … J’arrive. »
Après tout, et même s’ils mettraient du temps à effacer ce souvenir de leur mémoire, ils pourraient au moins éviter de reproduire cette scène une seconde fois.
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Le premier réflexe de Kaël après être rentré chez lui, ce fut de se diriger vers son salon, pour s’assurer que Seïra allait bien. Certes cela faisait quelques jours qu’elle était sous traitement –qu’elle supportait plutôt bien- seulement elle n’avait pas encore réussi à prendre sa décision, et il ne lui restait plus que trois semaines, avant que l’avortement ne devienne impossible. Il s’inquiétait donc de son état mental, même si la brune s’efforçait de ne rien faire paraître ; déjà pour ne pas faire de mal à Sora en lui faisait ressentir ce genre de choses désagréables, mais aussi pour éviter au rouquin de se sentir coupable de la laisser seule.
En arrivant dans le salon il vit Seïra, couchée sur le canapé, et un bras cachant ses yeux qu’elle avait fermés. Inquiet, il s’approcha, et lui secoua avec douceur l’épaule. La jeune femme sembla réagir, releva légèrement son bras pour voir l’autre, avant de le reposer dans sa position initial en soupirant. Lorsque Kaël vit la brune replier ses jambes, il se permit de s’installer à ses côtés, sans pour autant détourner son regard. Alors que le silence régnait, Kaël sentit son téléphone vibrer dans sa poche, mais l’ignora totalement et se contenta d’observer Seïra.
« Est-ce que… ça va ? Osa-t-il finalement demander. - A ton avis ? Souffla-t-elle simplement. - Tu veux en parler ? »
Seïra savait que Kaël ne voulait que son bien, mais discuter de tout cela avec lui ne servait pas à grand chose, au fond. Et elle avait honte d’être venue chez lui uniquement lorsqu’elle avait eu besoin d’aide –après tout, ça avait été la première fois, quelques jours auparavant, qu’elle avait franchi le seuil de l’appartement du garçon. Elle se tourna sur le côté, avait ouvert les yeux, et observait maintenant distraitement les images qui défilaient sur la télévision.
« Tu dois quand même me prendre pour une sacrée égoïste, en fait… - Pourquoi dis-tu ça ? - J’suis jamais venue chez toi, et c’est que quand j’ai eu des problèmes que je suis allée vers toi. - Tu penses vraiment que je penserai ça de toi alors que je t’ai promis de t’aider ? »
Il vit finalement la jeune femme se redresser et s’asseoir, mais elle s’obstinait à garder la tête baissée. Seïra savait qu’elle pouvait compter sur le garçon ; malgré tout… elle avait toujours cette peur d’être une gêne. Elle serra ses poings posés sur ses genoux et referma les yeux ; elle se détestait. Jamais elle ne s’était sentie aussi vulnérable mais surtout idiote…
Au moment où des larmes incontrôlables tentaient de passer la frontière de ses paupières, elle sentit Kaël l’attirer contre elle. Elle leva un regard interrogateur vers lui, qui la fixait simplement, avec cette expression rassurante dont seul lui avait le secret.
« Je ne peux pas choisir à ta place, mais je peux toujours essayer de te guider. Mais pour ça… »
Pour ça, il fallait qu’elle trouve le courage de se confier, pensa Seïra qui s’était blottit dans les bras du rouquin, en observant à nouveau le sol avec insistance. Seulement ce n’était pas une chose qu’elle avait l’habitude de faire ; aux yeux de tout le monde, c’était la fille constamment de bonne humeur, avec toujours le sourire aux lèvres, et qui n’avait jamais de problèmes. En plus de ça, elle ne souhaitait pas inquiéter les autres –malheureusement, la chose était déjà faite avec Kaël. Elle soupira intérieurement en réalisant la dernière chose ; pourquoi cherchait-elle encore à se cacher, alors qu’elle avait déjà énormément impliqué le garçon dans cette histoire ? C’était idiot de sa part, et ça ne ferait qu’augmenter l’inquiétude qu’avait déjà le rouquin pour elle. Elle prit son courage à deux mains, et décida d’arrêter de se cacher derrière cette façade -que le garçon avait de toute façon déjà percée quelques jours auparavant.
« D’un côté, j’aimerais garder cet enfant, mais d’un autre… je n’arrête pas de penser qu’il finira par devenir quelqu’un comme son père, car j’aurais foiré quelque chose dans son éducation. C’est con de penser comme ça, mais… - Bien sûr que non, coupa Kaël. C’est normal, et c’est même la crainte de toutes les futurs mères, tu sais ? - Toutes les mères ne sont pas célibataires, hein. - Je sais bien, mais elles se posent quand même la question si elles vont être une bonne mère. Si tu veux, je peux même te donner ma réponse à ce sujet. »
Seïra observa un instant Kaël, intriguée, mais lorsqu’elle voulut dévier son regard à nouveau, le jeune homme l’en empêcha, et la fixa droit dans les yeux.
« Je suis convaincu que tu seras une bonne mère, et tu sais pourquoi ? Justement parce que tu te poses la question et tu t’inquiètes pour le bien être de cet enfant. Mais aussi parce que je connais ton souhait de fonder une famille, commença-t-il. Alors qu’importe qui est le père biologique de cet enfant, l’essentiel pour toi c’est d’accomplir cette envie, ce rêve. Ce n’est pas parce que cet enfant est né de l’union de quelqu’un comme Kylian qu’il deviendra comme lui, car je sais que tu ne le laisseras jamais devenir ainsi. Et même si ce n’est pas maintenant, je suis sûr que tu trouveras quelqu’un qui sera digne d’être son beau-père, et que tu seras fière de lui présenter. »
En entendant ce discours, Seïra ne sut même pas quoi dire, sur l’instant. Et quand elle sentit Kaël relâcher son menton, afin de la laisser à nouveau libre de ses mouvements, elle détourna simplement la tête. Tout ce que lui avait dit le garçon avait été sincère –elle avait facilement put le lire dans ses yeux. Elle sourit, alors que des larmes menaçaient à nouveau de s’écouler –mais pour une tout autre raison que la précédente, cette fois. Prise d’une étrange pulsion qu’elle ne parvint pas à contrôler, elle se blottit complètement contre Kaël, dont elle sentit rapidement les bras l’entourer.
« Merci…, souffla-t-elle finalement. »
Kaël l’avait rassuré sur ses pires craintes, sans même hésiter dans ses mots –comme s’il s’était préparé à cette conversation depuis le début. Elle se sentait si idiote de ne pas avoir parlé plus tôt avec lui de tout cela, alors qu’il avait été d’un grand soutien ces derniers jours… En plus de ça, ses bras avaient cet étrange pouvoir sur elle ; elle se sentait comme invulnérable à tout ce qui pouvait l’entourer ou lui arriver. Elle se laissa un peu plus tomber contre le torse du garçon, qui ne la repoussa pas. Au fond d’elle, et grâce à Kaël, elle venait finalement de trouver sa réponse -même si elle n’en n’avait pas encore pleinement conscience.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 8 Aoû - 13:02 | |
| Chapitre 17 : Seconde Chance
Juste après avoir raccroché au nez de Vanilla, Alexia sourit, satisfaite. Elle donnerait beaucoup pour savoir ce qu’il se passait actuellement dans l’appartement de Riku. Malheureusement… elle ne pouvait pas vraiment se permettre de ne pas aller au garage où travaillait son double, sans en subir les conséquences.
Après avoir parcouru la moitié de la ville, la rousse arriva finalement à l’endroit où Axel lui avait donné rendez-vous. Elle put apercevoir celui-ci à l’entrée avec Sora, ainsi qu’un énorme drap à leurs côtés. Intriguée, elle s’approcha de ses deux amis, sans quitter des yeux le tissu qui recouvrait visiblement un objet assez imposant.
« Pile à l’heure, déclara le brun, un large sourire aux lèvres. - Pourquoi vous m’avez fait venir à pieds ici ? - Justement pour t’annoncer que ton calvaire était fini, voyons ! Lui répondit son opposé, qui avait pris d’une main le morceau de tissu noir. »
Alexia releva un sourcil, et observa tour à tour Axel et Sora. Elle se doutait que depuis quelques jours ils manigançaient tous les deux quelque chose, mais leurs paroles la rendaient vraiment perplexe.
« T’es prête ? Demanda finalement son double. - Prête à qu- »
Seulement le roux ne la laissa pas terminer sa phrase, qu’il avait déjà retiré le tissu au dessus de l’objet, dévoilant une moto à la carrosserie rouge vive et flambant neuve. Alexia crut halluciner un instant en reconnaissant son véhicule –elle s’en approcha et en caressa la scelle. Elle regarda son double et Sora avec incompréhension.
« Mais ton patron m’avait sorti qu’elle était irréparable ! - Je l’ai convaincu de te dire ça, oui, mais en vrai…, rétorqua l’autre, tout sourire. »
Alexia plongea à nouveau son regard sur son véhicule qu’elle ne pensait plus jamais revoir de sa vie –elle s’était même déjà résignée à en acheter une autre… Elle ne pensait vraiment pas que son double serait capable de la retaper à ce point –et en une semaine à peine.
« J’sais même pas quoi dire, là… - Alors ne dis rien, et va la tester ! Lui répondit alors Sora en lui tendant les clés de sa moto. »
Alexia ne se fit pas prier une seconde fois, et se saisit rapidement du petit trousseau. Elle se dirigea ensuite vers sa moto neuve et l’enfourcha. Seulement, et lorsqu’elle s’apprêta à mettre le contact, trois personnes venaient de bloquer la seule sortie possible. Légèrement frustrée, elle laissa cependant Axel accueillir ces potentiels clients.
« Yo ! En quoi puis-je vous aider ? - Eh bien en fait, nous sommes perdus et… »
Les trois arrivants n’avaient jusqu’à présent pas adressé le moindre regard pour eux, mais lorsqu’ils le firent, la seule fille du groupe –et celle qui avait commencé à parler- ouvrit grand les yeux, et les pointa directement du doigt.
« Mais vous êtes nos en- »
Elle se fit brusquement stoppée par l’un des garçons présents, qui lui frappa le crâne suffisamment fort pour qu’elle ne puisse que geindre de douleur pendant les prochaines secondes ; le temps nécessaire pour la dernière personne présente de prendre finalement la parole, sous les regards interrogateurs d’Alexia, Axel et Sora.
« Excusez-la. Nous venons d’arriver en ville, et elle a un peu de mal à s’exprimer quand il y a tant de personne en face d’elle, déclara calmement l’homme. Je suis Antoine, cette jeune fille c’est Laly, et voici Raoul. »
Tous se saluèrent, avant de finalement entendre les rugissements de la moto d’Alexia, qui avait enfilé le casque posé sur le mini-coffre de son véhicule.
« Bon, c’pas tout ça, mais moi j’y vais ! A plus tard Sora, Axel, et bonne chance les touristes ! »
Ses deux amis n’eurent même pas le temps de lui répondre, que la rousse était déjà partie –mais d’un côté, c’était compréhensible. Sa chère moto avait du lui manquer, après tout ce temps passé sans. De ce fait, et malgré les regards surpris des trois autres, Sora et Axel se comportèrent le plus naturellement possible envers eux.
« Faites pas attention à elle, déclara le roux en haussant les épaules. Vous avez besoin qu’on vous guide quelque part, p’t’être ? - Hm… nous aimerions voir le Mémorial, déclara Antoine. Il paraît que c’est le plus grand symbole qui marque la fin de la guerre, donc nous ne voudrions pas passer à côté. - Ouais, compréhensible. Sora ? J’peux pas quitter le travail, tu pourrais t’en occuper alors ? - Pas de problème ! »
Après tout, il avait déjà servi de guide récemment à un jeune couple, donc ça ne le dérangeait aucunement de recommencer. Juste au moment où Sora venait de partir avec les touristes vers le Mémorial, Axel reçut un appel de la part de Noa, qui voulait savoir s’il était disponible ce soir, pour que tout le petit groupe se retrouve enfin au complet au Café Granny. Le roux accepta avec plaisir, et déclara au noiraud qu’il se chargerait de prévenir –et convaincre- Alexia et le brun de venir.
~0~0~0~0~
« Alors ? Que souhaites-tu ? Rester enfermée ici pour toujours, ou trouver ta place dans le monde des humains, et réaliser tes rêves ? »
L’Ombre anciennement corrompue ignorait combien de temps, dans le monde des humains, s’était écoulé depuis la visite d’Ariane. Elle savait juste que cette dernière lui avait précisé qu’elle pouvait prendre le temps qu’elle voudrait pour réfléchir à sa proposition –et qu’il suffisait que la créature prononce son nom pour qu’elle revienne.
L’amas de gaz noire qu’elle était redevenue se déplaçait sans but dans ce monde sombre et triste, l’esprit toujours perturbé par les paroles de cette humaine corrompue par les ténèbres –mais qui, malgré tout, avait réussi à garder son humanité et sa propre conscience. D’un côté, l’Ombre l’admirait pour ça -car elle, elle n’avait pas réussi à échapper à la corruption de son ancien Maître.
Bien sûr, depuis qu’elle était à nouveau enfermée dans ce monde, la créature avait récupéré ses souvenirs d’Ombres avant qu’elle ne se fasse contrôler par son Supérieur ; elle se souvenait d’ailleurs d’une de ses consœurs qui se faisait appeler Selena -comme si cette dernière, malgré sa prison de ténèbres, cherchait à avoir une identité humaine depuis sa naissance. Ladite Selena avait également réussi à échapper à la corruption lors de son arrivée chez les humains, maintenant qu’elle y pensait…
L’Ombre anciennement corrompue soupira. Si elle revenait chez les Hommes, le risque de se faire corrompre à nouveau était bel et bien là. Et même si cette Ariane lui avait dit que son cœur de monstre avait développé une certaine humanité, elle ignorait si ça suffirait à lutter contre l’immense pouvoir de celui qui avait été son Supérieur, quelques temps plus tôt.
« Un véritable humain est prêt à prendre des risques, lorsqu’il souhaite quelque chose. »
Les réflexions de la créature s’interrompirent brusquement, lorsqu’elle entendit à nouveau la voix de l’humaine résonner dans les profondeurs de ce monde. Elle se tourna vers sa provenance, et put voir Ariane, tout aussi souriante que la première fois. Cette dernière sembla deviner la question que voulait lui poser l’Ombre.
« Chez les humains, cinq jours se sont déjà écoulés, depuis ma dernière visite ici, commença-t-elle. Alors je m’inquiétais pour toi, comme je n’avais aucune nouvelle. - Désolé, s’excusa la Créature, dont les yeux rouge fixaient à présent obstinément le sol noir et cotonneux de cet endroit lugubre. C’est juste que… - Tu as peur ? Devina facilement Ariane. Peur de redevenir la personne que tu étais lors de tes premiers jours chez les humains ? - Oui. »
L’humaine laissa échapper un petit rire, avant de prendre la main de l’Ombre et de fermer les yeux -afin de pouvoir utiliser l’un de ses pouvoirs que lui avait octroyé ce monde. En effet, et quelqu’était la nature du cœur qu’elle examinait, elle pouvait facilement en lire le contenu. Elle pouvait même parfois prédire son évolution –positive comme négative- selon l’aura qu’il dégageait. Après quelques secondes, Ariane relâcha sa main et rouvrit les yeux. Elle affichait un sourire rassurant.
« Ne t’en fais pas. A part de l’hésitation, je n’ai rien lu dans ton cœur qui pourrait t’être néfaste. - … Vraiment ? - Vraiment. - Alors je suis… apte à retourner là-bas ? - Si ça n’avait pas été le cas, je ne serai jamais venue à ta rencontre, il y a cinq jours, enfin… humainement parlant bien entendu. - Alors vous connaissiez déjà ma réponse ? - Je connaissais celle de ton cœur. Maintenant… tout dépend de toi. - De moi ? - Evidemment, car c’est à toi qu’appartient le choix de suivre ton cœur ou non. »
L’Ombre anciennement corrompue serra ses poings composés uniquement de gaz. Si elle acceptait de retourner chez les humains, elle aurait non seulement le droit à un corps qui lui appartiendrait dans son intégralité, mais également à sa propre identité. Elle n’aurait plus à voler celle d’un autre ou de tuer. Ariane le lui avait promis, et ça n’avait pas l’air d’être une menteuse –sinon elle ne serait jamais revenue ici. Sa décision serait sans doute lourdes de conséquences, cependant…
« Je… je crois que je vais accepter votre offre. »
Ariane hocha simplement la tête, sans se départir de ce sourire qui la caractérisait. Elle s’approcha ensuite de la créature humanoïde, et posa cette fois-ci une main sur son cœur. Mais avant d’ouvrir un portail vers le monde des humains, elle préféra tout de même le mettre au courant d’une dernière chose.
« Je ne pourrai pas complètement détruire les liens que ton Maître t’a forcé à avoir avec cette jeune humaine, déclara-t-elle avant de commencer. Mais ne considère pas ça comme un fardeau. - Mais si je finis par la…, hésita l’Ombre. Par la tuer ? - Tu ne le feras pas, je le sais, répondit Ariane, sûre d’elle. Au contraire, ce lien pourra t’aider à savoir si elle est en danger, et à la localiser si ça devait être le cas. - Comme si elle voudrait être protégée par quelqu’un qui a failli la tuer… - Elle n’en saura rien. Personne ne pourra savoir ton ancienne identité. Tu auras une autre voix, une autre apparence, aucun des humains que tu as pu croiser ne pourra te reconnaître. Sauf si tu souhaites être sincère, auquel cas il faudra faire tes preuves auprès d’eux, pour qu’ils t’accordent à leur tour cette seconde chance. »
Encore faudrait-il que ces humains ne la tuent pas directement, une fois qu’ils sauraient qui elle était réellement… Il valait donc mieux pour elle ne rien dire lors de leur possible « première » rencontre.
« Tu es prête à devenir humaine pour de bon, Ombre ? - Oui, je le suis. - Alors c’est parti. Dirigeons-nous vers ta nouvelle vie. »
Durant le sort de téléportation qu’avait effectué Ariane, la créature avait l’impression que tout son corps la piquait, mais elle était incapable de dire si c’était douloureux ou agréable. De toute manière, elle n’eut pas vraiment le temps de se poser très longtemps la question, car elle sentit rapidement son corps s’écraser sur quelques chose de dur, mais pas non plus complètement. Ce qui était sûr, c’était que cette matière ne correspondait plus à celle qui formait le sol du monde des ténèbres. Sans ouvrir les yeux, elle tenta de se lever, mais eut vite l’impression que son corps pesait plus d’une tonne.
« Tu n’as plus l’air très habitué à avoir un corps fait de matière, je me trompe ? Demanda Ariane, un peu amusée. - Oui, mais la transition la dernière fois était moins… brutale, déclara-t-il, d’une voix unique, et masculine. - C’est normal. Tu n’avais qu’un cadavre, et même s’il était plus ou moins recomposé… tu as bien remarqué les choses auxquelles tu n’avais pas eu accès, non ? »
En effet. L’Ombre se rappelait de toutes ces choses qui, malgré un corps humain, lui avait été refusé –comme le sommeil, la faim, et d’autres besoins naturels de l’Homme. Cela expliquait donc cette différence de poids, car son ancien Maître n’avait pas pris la peine de recomposer tous les organes ou cellules correctement.
La créature trouva finalement le courage d’ouvrir les yeux, et put admirer pour la première fois de sa vie un lever du soleil. Il prit la main que lui tendait Ariane pour l’aider à se mettre debout, chancela légèrement les premières secondes, mais ne quitta pas un seul instant cette grosse boule lumineuse qui éclairait le ciel.
« C’est magnifique… - Et encore, tu n’es pas au meilleur endroit pour admirer ce genre de choses, lui déclara Ariane, en souriant. Ce monde est rempli de lieux merveilleux, que tu pourras découvrir par toi-même, maintenant. Mais avant ça… regarde-toi. »
Alors que l’Ombre se demandait ce que voulait dire l’humaine par là, celle-ci lui tendit un petit miroir de poche, dans lequel elle put s’observer. Les iris rouges qu’elle avait dans son monde natal étaient restés –preuve éternelle que, malgré tout, elle avait été une habitante des ténèbres. Mais elle avait de la peau humaine, un visage humain, des cheveux blonds et longs mais surtout humains… en fait, elle possédait enfin tout ce qui caractérisait une personne qui vivait dans cet endroit lumineux depuis toujours.
« Tu le sais peut-être déjà, mais ici, les humains se séparent en deux types ; il y a les humains féminins, comme moi par exemple, et les humains mâles. Tu fais d’ailleurs partie du second type. Il va donc falloir te trouver un prénom et un nom en accord avec ça. »
Durant ses quelques nuits dans ce monde, il n’avait pas vraiment eu l’occasion d’entendre le genre de noms que portaient les humains… Et en voyant l’ancienne Ombre un peu perdue, Ariane en comprit directement la raison. Elle s’approcha du jeune homme que la créature était devenue, et prit l’une de ses mains entre les siennes.
« Si tu veux, je peux choisir pour toi. - Je veux bien, après tout vous vous y connaissez, alors que moi non… - Arrête un peu de me vouvoyer, toi et moi, physiquement parlant, nous faisons presque le même âge après tout. - Je… je vais essayer. »
Elle lui sourit, avant de fermer les yeux et de se concentrer, pour trouver un prénom qui irait à ce jeune homme. Ce fut à peine une minute plus tard qu’elle prononça d’une voix claire le nom que son protégé porterait -et ce, jusqu’à la fin de sa vie.
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Quand l’état psychologique de Seïra fut plus rassurant, Kaël se permit de se lever du canapé, pour préparer du thé au citron –la saveur favorite de la brune. Pendant la préparation, quelqu’un chercha à le joindre ; l’appel fut de courte durée, car Noa ne fit que les prévenir qu’une réunion avait lieu au café Granny. Kaël, en demandant rapidement l’avis de Seïra, accepta l’invitation puis raccrocha.
Après ça, et une fois la boisson chaude de prête, le jeune homme apporta un plateau avec tasses et théière, qu’il déposa sur la table basse, en face du canapé. Il observa la jeune femme boire quelques gorgées, toujours un peu inquiet pour elle.
« Est-ce que ça va mieux, un peu ? - Oui, ça va, ne t’en fais pas, lui déclara-t-elle. Au fait… - Oui ? - Tu n’avais pas reçu un SMS pendant ma crise existentielle ? Demanda-t-elle un sourire aux lèvres. »
Kaël reconnaissait bien Seïra ; elle n’aimait pas qu’on s’attarde trop longtemps sur elle, et malheureusement, le téléphone portable du jeune homme lui avait offert la meilleure excuse pour changer de sujet. Il soupira, alors que la jeune femme était retournée dans la contemplation du contenu de sa tasse, pensive. Il savait qu’insister ne servirait qu’à l’énerver, alors il préféra sortir le petit appareil de sa poche, afin de voir qui avait cherché à le contacter. Lorsqu’il vit le nom d’Alexia sur le cadran, il fut assez surpris sur l’instant, mais ouvrit tout de même le message.
Yo ! Il se passe quoi avec Seïra pour qu’elle reste chez toi ? Tu sors avec elle ou quoi ? xD
A la lecture de la dernière question de la rousse, Kaël ne put s’empêcher de rougir. Alexia pouvait vraiment être stupide, lorsqu’elle s’y mettait ! Seïra, quant à elle, remarqua bien vite l’état du rouquin, et tenta de se pencher pour voir à son tour le contenu ainsi que l’expéditeur du message –seulement le garçon ferma bien vite le clapet de son téléphone, sous les plaintes de la brune.
« C’était un message d’Alexia, j’ai le droit de voir aussi ! - Ce n’était rien d’intéressant. - Je crois pas, car vu la tête que t’as fait quand tu as lu… allez montre ! - Non, et puis bois ton thé, sinon il va refroidir. »
Alors que Seïra soupira, déçue et boudeuse, Kaël –qui s’était remis de la connerie d’Alexia- se rappela tout de même de la première partie du message. La rousse ne devait pas être la seule à s’inquiéter de cette brusque colocation, car personne ne pouvait en connaître la véritable raison. Il se rappela également du petit coup de téléphone que lui avait passé Noa, les invitant ainsi à les rejoindre au café Granny le soir même. Vu l’état dans lequel avait été Seïra, il se demandait si c’était une bonne chose qu’elle y aille –après tout Sora serait là et devait, à chaque seconde qui s’écoulait, savoir les émotions que pouvaient ressentir Seïra… Il s’apprêta à en parler à la concernée, lorsque celle-ci, la tête basse et les mains serrés sur sa tasse, commença à murmurer quelque chose. Kaël ne comprit pas tout de suite, et lui demanda alors de répéter ; à ce moment-là, elle inspira un grand coup -sans pour autant quitter l’objet qu’elle tenait en main des yeux.
« Je crois que… je vais garder cet alien, souffla-t-elle. »
Puis elle marqua un silence, osa observer Kaël dans les yeux, avant de reprendre.
« Tu voudras bien m’aider, ces prochains mois ? - Je… oui bien sûr, lui répondit Kaël, légèrement pris de court. Jamais je ne t’aurais laissé livrée à toi-même dans cette situation, de toute façon. »
Seïra lui sourit, avant de poser sa tasse vide sur le plateau, pour ensuite se laisser tomber sur le canapé. Elle ferma les yeux, et reposa sa tête sur l’épaule de Kaël. Elle sentait qu’au fond d’elle, elle avait fait le bon choix. De toute façon, elle n’aurait pas été mieux que Kylian, si elle avait abandonné cet enfant qui grandissait en elle. Sans doute que si elle avait été seule, elle n’aurait pas eu le choix… mais Kaël était là, et depuis le début il la soutenait du mieux qu’il le pouvait –et Seïra savait qu’elle pourrait compter sur lui durant le reste de sa grossesse.
Elle repensa également à l’invitation de Noa ; peut-être qu’il valait mieux pour elle d’annoncer son état au reste du groupe à ce moment-là. Après tout Riko et Xion étaient enfin sorties de l’hôpital, et les monstres leur offraient un peu de répit ; il fallait donc saisir cette occasion. Elle espérait secrètement pouvoir compter sur Kaël, si jamais elle se déciderait et tenterait de tout avouer pour de bon. |
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mar 11 Aoû - 23:09 | |
| Chapitre 18 : L’Entre-Monde
Cela faisait maintenant plusieurs jours que le Monstre Originel avait envoyé ses Ombres diurnes se mêler aux humains. Il savait même que certaines d’entre elles avaient déjà pu rencontrer les proches de ses deux cibles principales. Pourtant, et pour la première fois depuis son retour dans ce monde, savoir si la mission confiée se déroulait correctement n’était pas sa priorité.
Depuis quelques temps maintenant, il ressentait la présence d’une personne qui possédait l’empreinte des ténèbres. Ce n’était pas l’une de ses Ombres, ça c’était certain, mais il savait que cette chose n’était pas humaine pour autant. Seulement il n’y avait pas que ça… il y avait également une aura étrange qui entourait l’intégralité d’Almari, selon ses Ombres –mais son pouvoir était bien trop faible pour qu’il puisse lui-même en ressentir la présence. Il posa ses coudes sur son bureau, et appuya son menton sur le dos de ses mains, soucieux. Il détestait ce genre de situation, où des informations –sans doute cruciales- lui échappaient.
« Maître, vous êtes là ? »
L’Ombre Originelle finit par sortir de ses réflexions au moment où il entendit la voix de son bras droit à travers la porte. A en sentir a légère inquiétude dans la voix de son serviteur, cela faisait sans doute plusieurs fois qu’il frappait à la porte. Il soupira intérieurement ; il était rare qu’il soit à ce point préoccupé pour ne pas entendre –ou même sentir- l’arrivée de l’un de ses fidèles… Il autorisa l’Ombre la plus digne de confiance qu’il possédait à entrer.
« Est-ce que vous allez bien ? Demanda immédiatement son bras droit. - Ne t’en fais pas, tout va bien. Mais toi ? Que fais-tu ici ? Je ne t’ai pas convoqué. - Eh bien en fait… d’autres Ombres et moi-même avons trouvé la source de l’aura que nous sentons depuis plusieurs jours maintenant. - Et donc ? D’où ou bien de qui vient-elle ? - De l’Entre-Monde. »
Le Maître releva la tête vers son bras droit. Si ce dernier pouvait voir son visage sous cette capuche blanche, il y verrait un grand scepticisme.
« L’Entre-Monde n’existe plus depuis la fusion, je te signale. Il a disparu lorsque les ténèbres l’ont englouti. - Je le sais bien, mais… sa nature est différente que celle qu’il avait avant. Et son influence ne cesse d’augmenter dans ce monde-ci. »
Pour la première fois depuis son retour sur terre, l’Ombre originelle sentait que tout commençait à lui échapper. Entre ce début de trahison provenant de l’un de ses serviteurs, et maintenant ça…il craignait pour sa survie. Il était encore trop faible pour pouvoir se défendre de lui-même, car ses esclaves n’avaient pas réuni suffisamment de double-cœurs qui lui serviraient à retrouver sa véritable force.
« Nous n’avons donc plus le temps. Je dois récupérer les doubles-cœurs de cette ville, et ainsi pouvoir me diriger vers une autre. - Mais les Ombres diurnes ne- - Je sais, coupa son Maître. Elles ne peuvent rien faire pour l’instant. Je vais donc m’en charger moi-même. - Mais c’est trop risqué, vous n’êtes pas encore… je veux dire… - Je n’ai peut-être que peu de force, mais j’arriverai à repérer les doubles-cœurs de cette ville, et ça me suffira à les piéger. Je te demanderai de m’accompagner, et de préparer quelques uns de tes amis pour qu’ils viennent également, vu que je ne peux moi-même voler de cœurs. - Je… oui bien sûr. - Je vais à présent m’absenter pour commencer les préparatifs. Je compte sur toi. »
Puis, sans un mot de plus, l’Ombre Originelle se téléporta dans le Mémorial, près de la grande stèle de marbre, où d’innombrables noms y étaient inscrits. Dessus, il y avait non seulement les noms des doubles de ses différentes cibles à travers le monde, mais en plus cette aura identique, bien plus concentrée, qu’ils ressentaient tous depuis plusieurs jours et qui était de plus en plus forte –bien que le Monstre Originel, lui, ne pouvait vraiment la sentir qu’au Mémorial, vu que ce lieu en était la source.
Si cette aura venait effectivement de ce nouvel Entre-Monde, cela signifiait qu’en voulant fusionner les ténèbres à Almari, il avait inconsciemment provoqué la fusion avec cette troisième partie. Seulement ça ne le réjouissait pas, car il ignorait les conséquences qu’aurait cet imprévu. Il devait donc prendre les devants et, même s’il avait cherché à éviter ça, il devrait agir en personne, maintenant.
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Cela faisait maintenant presque deux semaines que les créatures ne montraient aucun signe de vie. Presque deux semaines, donc, que Vanilla n’avait plus été attaquée –ce qui ne la rassurait pas. Même si cette tranquillité avait certes été agréable au début… maintenant, la noiraude craignait qu’à la prochaine tentative –qui serait sans doute parfaitement préparée, vu le silence radio de l’Ombre Corrompue- elle n’arriverait pas à s’en sortir.
Bien sûr, elle tentait de dissimuler cette peur, qui était née quelques jours plus tôt, seulement Riku avait visiblement compris son petit jeu. Et lorsqu’elle entendit l’autre soupirer, alors qu’il était en train de l’aider à retirer ses bandages -pour la dernière fois- elle comprit bien vite que tout était terminé.
« Tu veux en parler ? - De ? Tenta-t-elle vainement. - De ce qui te tracasse. - Rien ne me tracasse. - A d’autres. Alors ? »
Riku vit Vanilla détourner le regard, mais ne dit rien. Il continua de retirer le bandage à l’épaule, dont la blessure était à présent presque complètement cicatrisée. Lorsqu’il eut fini au bout de quelques secondes, son regard descendit sur le ventre de la jeune femme. La cicatrice du coup de poignard -qu’elle s’était pris six ans auparavant- restait toujours aussi visible, mais Vanilla semblait l’avoir complètement oubliée –ou du moins, elle ne devait plus vraiment y faire attention. Malgré tout, Riku ressentait toujours ce sentiment de culpabilité lorsqu’il se remémorerait la scène qui avait failli coûter la vie à celle qui, maintenant, était devenue une amie très chère.
« Je pense que pour ta sécurité, vaut mieux que je m’en aille, avant que l’autre débile ait l’idée géniale de se pointer à nouveau, déclara finalement la jeune femme pour rompre le silence, et sans chercher à tourner autour du pot. - Ne recommence pas avec ça. On a déjà eu une conversation là-dessus, et je t’interdis de quitter cet appartement pour une raison comme celle-là. »
La réaction de Vanilla fut plutôt imprévisible ; elle se retourna vivement, et fixa Riku dans les yeux. Son regard montrait principalement de la colère, mais il y avait aussi cette détresse –et de la culpabilité. Pourtant, et même si elle essaya, aucun mot ne sortit de sa bouche, et elle finit par baisser la tête –son regard était vide.
Riku se doutait qu’elle n’allait pas bien depuis quelques temps, mais visiblement il n’avait pas réalisé qu’en fait, Vanilla était à un stade supérieur du simple « ne pas aller bien » -pourtant, cela faisait plusieurs nuits qu’il entendait régulièrement Vanilla se réveiller, il aurait du se douter, agir plus tôt. Mais il ne voulait pas la déranger ou plus simplement l’énerver, alors il ne lui avait jamais rien dit.
Seulement il avait oublié un détail assez important ; celui de la distance que Seïra avait placée entre elles. Même lors de la réunion d’il y avait deux jours –pour fêter le rétablissement de Riko et Xion- la brune n’avait pas dit grand-chose à sa jumelle -au contraire. C’était comme si elle cherchait à l’esquiver. Donc non seulement la noiraude était pourchassée, et avait constamment cette épée de Damoclès au dessus d’elle, mais en plus sa sœur n’était plus aussi proche d’elle qu’à l’époque, et lui cachait sans doute des choses. En observant plus attentivement la jeune femme, Riku constata que Vanilla tremblait -certes que très légèrement, mais suffisamment pour que ce soit inquiétant, surtout venant de sa part.
« Vanilla ? Demanda-t-il doucement, en posant une main sur la sienne. - Non. Chut. Ne me parle pas, ne me touche même pas…, souffla-t-elle en repoussant la main de l’autre. »
Il n’y avait pas que son corps qui tremblait –sa voix aussi. Et c’était plus que compréhensible. Entre les tentatives de meurtres qu’elle avait vécues, les accidents provoqués par les monstres, Xion, Riko et Alexia blessées par sa faute, mais aussi Seïra distante –sans doute pour une bonne raison, mais tout de même… Riku se rendait compte que toute la pression accumulée chez la jeune femme était en train de faire définitivement surface, malgré cette carapace qu’elle s’était créée depuis le début. L’argenté, à cet instant -et en voyant Vanilla- se détestait. Il aurait du réagir plus tôt. Etre là avant de la trouver dans un état pareil –mais non, il n’avait rien fait, car la seule fois où il lui avait parlé n’avait pas du tout était suffisante.
Il ne prononça pas le moindre mot, mais attira Vanilla contre lui. Les tremblements de celle-ci s’intensifièrent, et elle chercha à se dégager, mais Riku l’en empêcha. La jeune femme tentait vainement de reprendre le contrôle sur ses émotions, de ne pas craquer, seulement…
« Je suis désolé, j’aurais dû être là pour toi bien plus tôt. »
Les mots de trop pour son état plus qu’instable. C’était fini, elle avait perdu le combat contre son propre cœur. Elle s’appuya sur Riku et serra un poing sur le T-shirt de l’argenté. Elle commença à parler, en tentant malgré tout d’empêcher les larmes de couler.
« J’en peux plus. Des monstres, des dangers dans lesquels je vous mets, de mon incapacité à me sauver moi-même, ou de comprendre ma propre sœur. Si j’étais plus forte… »
Seulement elle n’arriva plus à continuer. Sa voix s’était bloquée pour contenir ses sanglots. Il ne fallait pas qu’elle pleure, elle n’en avait pas le droit. Elle s’était déjà suffisamment ridiculisée comme ça devant le garçon. Malgré tout, ce contact lui faisait du bien, et les va-et-vient qu’effectuait Riku avec sa main dans ses cheveux étaient certes gênants, mais ça la calmait.
« Sincèrement, Vanilla, je pense que tu es l’une des personnes les plus fortes qu’il m’est été donné de rencontrer. - Tu dis ça pour me faire plaisir…, rétorqua l’autre dans un murmure presque inaudible, en restant toutefois blottie contre l’argenté. - Non, je le pense vraiment. Peu d’entre nous aurait pu tenir le coup face à toutes les épreuves que tu as dû affronter ces dernières années. »
Il n’était pas difficile de savoir à quoi faisait principalement référence Riku ; car même si lui aussi avait été endeuillé pendant plusieurs années par la mort de Vanitas, il était évident que le lien des doubles avait été plus dur à supporter que celui de l’amitié de ce côté-là. L’argenté se rappelait encore clairement de ces quarante-huit heures qui avaient fait sombrer Vanilla dans une folie destructrice. Et d’autres choses qui s’étaient produites les trois années suivantes –parmi elles… des tentatives de suicide, dont Vanilla refusait toute allusion.
Pourtant, et comme Kaël, elle avait finalement réussi à s’en sortir. Pas toute seule, c’était certain, mais elle s’était battue jusqu’au bout. Riku l’admirait quand même pour ça, car il n’était pas sûr d’avoir pu réussir un tel exploit s’il était arrivé quelque chose à Riko, à l’époque de la seconde malédiction. Un long silence s’installa entre les deux jeunes adultes, rompu finalement par Vanilla, toujours contre Riku, toujours avec cette voix légèrement tremblante.
« Quand je suis partie y’a trois ans… je sais toujours pas trop pourquoi j’ai fait ça. Ni pourquoi je suis revenue y’a quelques jours. - Comment ça ? - J’ai longtemps cru que c’était parce que les parents de Sora ne me supportaient pas, mais en y réfléchissant, je crois que c’était pas vraiment ça. Mais j’arrive toujours pas à mettre la main sur la vraie cause… - Kaël a été influencé par le cœur de Kairi, et est devenu instituteur, commença Riku. Alors peut-être qu’il s’est passé la même chose chez toi avec le cœur de Vanitas ? - Peut-être, mais je voudrai bien savoir pourquoi il m’aurait fait quitter la ville, cet idiot. »
Elle soupira, remit finalement son haut, puis se leva du canapé. Elle se sentait encore vulnérable, psychologiquement parlant, mais grâce au soutien de Riku elle avait tout de même repris un minimum de contrôle sur ses émotions, et avait presque pu entièrement quitter cet état de faiblesse. Son regard dévia vers l’horloge, qui indiquait presque minuit ; elle décida donc de profiter de l’heure tardive pour retourner dans sa chambre au plus vite.
« Je vais aller me coucher, décréta-t-elle, avant de finalement regarder Riku dans les yeux, et d’esquisser un léger sourire. Merci, pour ce soir. »
Elle ne laissa cependant pas le temps à l’argenté de répondre, qu’elle s’éclipsa vers la chambre d’amis qu’elle empruntait depuis bientôt deux semaines. Le jeune homme la laissa faire, et ne chercha pas à la retenir.
Malgré les remerciements de son amie, il restait soucieux ; tant que la situation ne s’améliorait pas sur au moins l’une des choses qui pesaient sur Vanilla… celle-ci risquait bien d’entrer dans une spirale infernale, et finir, chaque nuit, par déprimer. Elle pourrait même recommencer –comme à l’époque- à broyer complètement du noir, et ça Riku refusait que cela arrive. Il prit son portable, et malgré l’heure tardive, décida d’envoyer un SMS à Seïra.
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En se réveillant dans la chambre d’amis de l’appartement d’Ariane, l’Ombre anciennement corrompue soupira. Elle avait encore énormément du mal à s’habituer au nouveau rythme que son corps lui imposait. Bien sûr, elle avait découvert de nombreuses choses agréables, comme le sommeil, les rêves, et même le plaisir de manger ou même de boire… mais elle n’arrivait pas encore à être à l’aise avec tout cela. Malgré tout, la créature, maintenant humaine, décida de se lever, puis se dirigea vers la cuisine, où l’éblouissant sourire d’Ariane l’accueillit.
« Bien dormi, Aloïs ? »
D’ailleurs, s’il y avait bien une chose à laquelle le jeune homme –après tout il n’était plus un simple amas de gaz- s’était habitué presqu’immédiatement, c’était son prénom. Ce regroupement de lettres qui lui permettait d’être quelqu’un à part entière, et qui lui offrait sa propre identité, sans voler celle d’un autre.
« Mieux que les dernières fois. - Tu verras, bientôt être un humain sera quelque chose de naturel pour toi. »
Pourtant, et malgré ce sourire rassurant qu’elle affichait constamment, Aloïs sentait qu’Ariane était perturbée par quelque chose. Il s’installa à la table de la cuisine, juste en face de la femme, prit une gorgée de chocolat chaud, puis regarda l’autre dans les yeux.
« Quelque chose ne va pas ? - Oh non, tout va bien, ne t’en fais pas, déclara-t-elle directement. Tu n’as pas à t’inquiéter. »
Aloïs retourna dans la dégustation de son petit-déjeuner, tout de même un peu sceptique. Il n’arrivait pas encore à vraiment cerner la femme qui l’avait sauvé d’une solitude certaine, mais il sentait qu’elle lui mentait –malgré tout, il ne rajouta rien, pour ne pas la blesser ou l’énerver.
Ariane, en constatant que l’autre ne chercha pas à insister, soupira intérieurement. Elle venait à peine de le ramener, donc ce n’était vraiment pas le moment de l’inquiéter avec ses histoires à elle. Elle-même avait beaucoup de peine à réaliser la situation actuelle ; les trois mondes, liés depuis maintenant six ans, étaient en train de fusionner, et ça n’avait rien de rassurant.
En effet, et depuis la première fusion, Almari représentait la vie, et l’équilibre que ce parti possédait était maintenu par les Ombres –le monde des Ténèbres- et l’Entre-Monde –qui représentait la mort. Seulement les barrières qui séparaient ces trois univers se brisaient, les unes après les autres, à cause de l’Ombre Originelle qui cherchait à prendre le contrôle d’Almari. Si cela continuait ainsi… la vie mais aussi les monstres, ainsi que les habitants de l’Entre-Monde pourraient bien définitivement disparaître. Elle devait à tout prix mettre fin à ça, avant qu’il ne dépasse le point de non-retour, et que tout disparaisse à jamais. Mais pour cela, elle devrait rentrer en contact avec ceux qui habitaient actuellement dans l’Entre-Monde, afin d’avoir leur version des faits.
En plus, depuis sa création, elle connaissait chaque habitant de la nouvelle version de l’Entre-Monde –car à l’époque, celui-ci représentait à la fois la mort et les ténèbres, ce qui avait changé lors de la fusion et l’apparition des Ombres- ce qui était un assez grand avantage pour pouvoir savoir ce qui arrivait là-bas.
C’était d’ailleurs grâce à l’influence de ces personnes –évidemment mortes, il ne restait que leur conscience- que la malédiction des doubles avait pu être définitivement levée, six ans auparavant. Ce qui signifiait que si l’équilibre de ce parti-là se détériorait… tout pouvait recommencer. Elle devait donc s’assurer de l’état actuel de cet endroit, et voir si les habitants avaient des informations supplémentaires sur la situation actuelle.
« Je vais devoir m’absenter pendant quelques heures, prévint-elle soudainement. Tu sauras te débrouiller seul ? »
Les quelques mots prononcés par la jeune femme surprit Aloïs. Depuis qu’elle l’avait ramené, ils ne s’étaient jamais quitté ; elle l’avait emmené au Mémorial y étudier l’étrange aura qui s’en dégageait, afin d’en savoir plus sur le danger que courrait ce monde… tout en l’aidant à en découvrir davantage sur la vie humaine. Elle ne lui avait jamais rien caché, et restait sincère envers lui… pourquoi voudrait-elle le mettre de côté maintenant ? Même s’il était fortement intimidé par la prestance d’Ariane, il fallait tout de même qu’il prenne confiance en lui, et qu’il arrive à s’affirmer devant elle.
« Je viens avec toi, déclara-t-il sans l’ombre d’une hésitation. - Je t’assure que ce n’est pas nécessaire, je dois juste… - C’est bien toi qui as demandé mon aide pour qu’on puisse retrouver mon ancien Maître et l’empêcher d’aller au bout de son projet, non ? Coupa Aloïs. Alors je ne te laisserai pas me mettre de côté. »
Même si la réaction de l’Ombre qu’elle avait sauvé la surprenait, Ariane esquissa un sourire. Elle était contente de voir l’évolution positive d’Aloïs, face au nouveau monde qui l’entourait, et à ce mode de vie plus « normal » -malgré leurs recherches intensives pour sauver l’avenir des différents mondes. D’ailleurs, il devait sans doute ignorer l’existence du troisième monde qu’elle s’apprêtait à visiter, songea-t-elle. Et c’était vrai ; il avait le droit de savoir, surtout avec la bonne volonté qu’il mettait dans tout ce qu’ils faisaient ensemble.
« En plus des ténèbres et d’Almari, il existe un troisième monde, celui qui maintient l’équilibre entre les deux autres, et qui s’appelle l’Entre-Monde, expliqua-t-elle pour commencer. Il existait déjà avant la fusion d’Alma et de Mirari, mais sa nature a changé lorsque les deux mondes qui représentaient la vie ont fusionné. Mais c’est grâce à ce monde que les doubles ne souffrent plus d’aucune malédiction. - Et… ce monde est habité ? - Evidemment. Mais comme il représente la mort, ses habitants sont tous d’anciens humains, morts depuis, au maximum, six ans. Mais il n’y a pas que ça qui rend ce monde si spécial. - Il y a quoi d’autres ? - Oh, ça… -elle sourit- je te laisserai le découvrir quand nous y serons. Tu connais déjà les informations principales sur ce monde, et lorsque tu verras ceux qui habitent là-bas, tu arriveras sans doute à faire le rapprochement entre certaines choses par toi-même. »
Aux derniers mots que prononça Ariane, Aloïs devina facilement qu’elle le laisserait l’accompagner. Seulement maintenant, il se posait plein de questions sur ce nouveau monde. Qu’est-ce qui l’attendait là-bas ? Qu’est-ce qu’il pourrait bien voir et qui lui expliquerait la nature exacte de ce monde ? Il était à la fois inquiet et pressé de le savoir.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 15 Aoû - 0:52 | |
| Chapitre 19 : Destruction
C’était le week-end, soit les deux seuls jours de la semaine où Kaël pouvait se permettre de rester dans son lit pendant un moment, avant de « devoir » se lever pour de bon. Il pensait pouvoir profiter de ces quelques minutes pour réfléchir à ce qu’il ferait de sa journée, jusqu’au moment où il entendit un bruit venant de la chambre à côté de la sienne ; soit là où se trouvait Seïra -comme si cette dernière venait de frapper quelque chose.
Curieux, mais surtout inquiet de la nature de cet impact, il décida de se lever plus rapidement que prévu, pour se diriger vers la chambre d’amis de son appartement. Lorsqu’il ouvrit la porte, ce fut pour voir Seïra, agenouillée à même le sol, un poing légèrement meurtri contre le mur. La brune avait les yeux fermés, et tenait fermement son portable de son autre main.
Le rouquin s’approcha, et s’accroupit à ses côtés, puis posa ses doigts sur ceux de Seïra qui tenaient le téléphone. A ce contact, la jeune femme sursauta, et rouvrit les yeux –embués de larmes- vers le garçon, qui lui prit avec douceur le petit appareil de sa main, pour le poser plus loin. D’ailleurs, il n’était pas difficile de deviner que l’état de Seïra devait s’expliquer par quelque chose qu’elle avait du lire dans ses messages.
« C’est Kylian qui t’a à nouveau écrit ? Tenta finalement le garçon, après quelques secondes silencieuses entre eux. - Si seulement…, souffla la brune, d’un ton qu’elle tentait de maîtriser. Je pensais qu’éviter de parler de ma mise en cloque éviterait aux autres de s’inquiéter, mais… »
Seulement elle sentait qu’elle craquerait si elle en disait plus. Elle indiqua alors à Kaël de lire le dernier message qu’elle avait reçu de Riku durant la nuit. Une fois que le rouquin en eut pris connaissance, il n’était pas difficile de comprendre l’état actuel de Seïra, qu’il décida de prendre dans ses bras –ne sachant pas quoi dire sur l’instant.
« Je… j’ai fait du mal à ma sœur alors qu’elle avait pas besoin de ça, j’ai fait souffrir mon double avec mes putains de sentiments alors qu’il en avait pas besoin non plus… je me suis éloignée des deux personnes les plus chères à mes yeux… - Seïra… - Je sais pas quoi faire, continua la brune, ignorant son ami. Je suis à la fois une mauvaise jumelle, mais aussi un mauvais double… à croire que ma vie c’est qu’une suite consécutive d’éch- - Au lieu de raconter ce genre d’absurdité, tu veux bien m’écouter ? Interrompit finalement Kaël. On parle de Vanilla et de Sora, là. - Mais tu as lu ce SMS ! Alors si même Riku m’en veut, imagine les deux autres… »
Seïra tremblait de tout son corps maintenant, en plus de commencer à se sentir nauséeuse –car évidemment, elle n’avait pas encore pris son traitement. Heureusement que ce dernier agissait quand même sur le moyen terme, et que son corps s’était régulé, maintenant qu’elle arrivait au terme du premier trimestre de sa grossesse. « Riku ne t’en veut pas. Il s’inquiète pour toi, Sora, et Vanilla, tout simplement. Et la situation peut facilement s’arranger, tu sais ? - Tu parles… après mon comportement envers eux… - Je pense qu’ils t’en voudront plus de les avoir diabolisés ainsi, que de la distance que tu as créée entre vous. Tu sais très bien qu’ils ne sont pas comme ça. »
Seïra ne trouva rien à répondre ; elle se trouvait juste encore un peu plus pitoyable. C’était vrai, sa sœur et son double n’étaient absolument pas du genre à en vouloir aux autres pour un oui ou pour un non, bien au contraire. Elle se blottit un peu plus dans les bras protecteurs de Kaël, malgré tout consciente qu’il ne serait pas toujours là.
« Tu sais…, reprit finalement le rouquin. C’est bientôt votre anniversaire, à vous trois. Tu pourrais peut-être tirer profit de ça, non ? Ca retirera les tensions accumulées. »
A ces mots, Seïra réalisa que les dernières semaines étaient passées si vite qu’elle ne s’était pas rendue compte de ça. Elle se redressa finalement, et observa Kaël. L’éclat qu’avait le regard de la brune brillait à nouveau, et elle esquissait un léger sourire.
« Tu as raison ! Je vais pouvoir rattraper toutes mes erreurs à ce moment-là ! Je vais leur offrir la plus belle fête d’anniv’ qu’ils aient jamais eu et… tu m’aideras hein ? »
Malgré une certaine déstabilisation, Kaël répondit par la positive ; il n’y avait que Seïra qui était capable de changer d’humeur aussi rapidement. Même dans ses moments les plus noirs, dès qu’elle y voyait un peu de lumière, ça lui suffisait à se ressaisir complètement. C’était perturbant pour ceux qui assistaient à un tel changement, mais tout de même rassurant. Pourtant, il pouvait tout de même lire des doutes dans les yeux de son amie, alors qu’il l’aidait à se relever.
« Mais si ça marche pas ? S’ils m’en voulaient quand même… - Je te l’ai dit, personne ne t’en voudra, et lorsque tu leur expliqueras la situation, je suis sûr qu’ils comprendront parfaitement pourquoi tu as agi comme ça. - Oui… tu dois avoir raison. »
Leur conversation fut finalement interrompue par la sonnerie de téléphone de Kaël, qui sonnait dans la pièce d’à côté. Le rouquin, suivi par Seïra, se dirigea dans sa chambre, et prit l’objet posé sur la table de chevet. Sur le cadran lumineux, ils pouvaient tous les deux y lire le nom de Riku. La brune s’inquiéta immédiatement –après tout c’était lui qui lui avait envoyé le SMS- mais le rouquin tenta de la rassurer d’un geste avant de décrocher.
« Oui allô ? - Salut Kaël. Est-ce que Vanilla serait chez toi, par hasard ? - Euh, non… pourquoi ça ? Demanda l’autre, en regardant Seïra, qui lui mima de mettre le haut-parleur. - Elle m’a laissé un mot comme quoi elle était partie faire un jogging, vers huit heures du matin, mais elle n’est toujours pas rentrée. »
Seïra et Kaël s’échangèrent un regard inquiet à l’entente de ces quelques mots. Encore plus lorsqu’ils observèrent l’heure indiquée par le réveil du rouquin ; presque onze heures. Malgré la fonction hauts parleurs d’activée, et le fait que c’était l’argenté au bout du fil, Seïra prit le téléphone des mains du rouquin.
« C’est pas normal, ses joggings durent rarement plus d’une heure, voir une heure trente grand max. - Je m’en doute, et c’est pour ça que j’ai téléphoné, répondit Riku. J’ai appelé Axel et Alexia, mais elle n’est pas chez eux non plus, du coup j’ai pensé qu’elle était chez Kaël suite au sms que je t’avais envoyé, mais visiblement ce n’est pas le cas. »
Un silence pesant s’installa entre les trois jeunes adultes. Il n’y avait aucune raison pour que Vanilla disparaisse sans prévenir personne –encore moins sans mettre au courant sa meilleure amie, ou bien sa sœur- et même s’il faisait jour, la seule chose qui pouvait expliquer cette soudaine disparation c’était… Tous semblèrent faire les différents rapprochements ; il n’y avait que ça, ils ne voyaient rien d’autres. Surtout que Vanilla n’était pas du genre à disparaître sans prévenir au moins l’un d’entre eux.
« Oh non… non non non, paniqua Seïra, qui en lâcha presque le téléphone en réalisant la situation, mais qui ne voulait pas y croire. C’est impossible ! Ils n’agissent que la nuit, ça ne peut pas être ça ! »
Kaël força la jeune femme tremblante à s’asseoir, tandis qu’il reprit le téléphone. Il pouvait parfaitement comprendre l’état de son amie ; sa sœur disparaissait, était sans doute entre les mains de ces monstres qui les pourchassaient, elle et Kaël, depuis deux semaines… et en plus de ça, si Vanilla était vraiment prise au piège par ces monstres, Seïra n’aurait même pas pu s’excuser de son comportement, et sa sœur garderait d’elle une image qui ne la reflétait pas. Peut-être qu’elles n’auraient jamais l’occasion de se réconcilier.
« On est encore sûrs de rien, déclara Kaël pour tenter de rassurer la brune. Tu as essayé de la joindre ? Demanda-t-il à Riku. - Evidemment, et plus d’une fois, mais je n’ai jamais obtenu de réponse. En tout cas, son téléphone est allumé, ça c’est certain. »
Kaël s’apprêta à répondre quelque chose, lorsqu’il entendit la tonalité qu’émettait son téléphone lorsqu’il recevait un double appel. Il observa son cadran, et vit le nom de Vanilla sur ce dernier. Le rouquin prévint immédiatement Riku, et ne lui laissa même pas le temps de répondre, qu’il prit l’appel de la jeune femme.
« Vanilla ! Tu nous as fait p- - Eh bien. J’entends enfin la mélodieuse voix de ma seconde cible, interrompit une voix masculine. Il était temps. »
Le sang de Seïra et Kaël se glaça dans leurs veines, alors qu’ils s’observaient. Ils ne connaissaient pas leur interlocuteur, mais il n’était pas difficile de supposer son identité. Ce qui signifiait que Vanilla était vraiment entre les mains de ce monstre –peut-être même qu’elle était déjà… Alors qu’il s’installa aux côté de Seïra afin de la prendre dans ses bras pour tenter de la calmer, Kaël prit son ton le plus froid.
« Qu’est-ce que vous avez fait à Vanilla ? Où est-elle ? - Tu le sauras en raccrochant. Mais je te préviens, lorsque tu me retrouveras… Viens seul, sinon je ne garantie pas que tu reverras ton amie vivante. »
Puis, sans laisser le temps à Kaël de répondre, leur ennemi raccrocha, les remettant ainsi en contact automatiquement avec Riku. Ce dernier, en sachant qu’il n’était plus en attente –et remarquant que les autres ne parlaient pas- reprit la parole pour demander des explications. Kaël, en constatant que Seïra était incapable de prononcer le moindre mot, finit par répondre.
« Vanilla a été capturée par l’Ombre Originelle. Elle veut que je la retrouve seul dans un lieu qu’elle m’a indiquée par sms. - Hors de question que tu y ailles seul, rétorqua Riku qui malgré sa propre inquiétude face à la nouvelle, tentait de rester calme. On va t’accompagner. - Il m’a prévenu, si je viens accompagné, il la tuera, et là on ne sait même pas dans quel état elle est actuellement. - Mais c’est un piège et tu le sais très bien ! Répliqua Seïra, tremblante et morte de peur pour sa sœur, mais qui ne voulait pas que Kaël prenne un risque pareil. - Je n’ai pas le choix Seïra. Si on veut avoir une chance de la sauver… Riku, je raccroche. Je compte sur toi pour parler à Sora de ce qu’il se passe, je dépose Seïra chez toi. »
Sans même attendre de réponse de la part de l’argenté, Kaël appuya sur la touche rouge de son téléphone, ce qui l’amena à l’écran d’accueil. Sur celui-ci, le rouquin voyait qu’il avait un nouveau message, dont l’expéditeur était le numéro de Vanilla. Il serra le poing. Le monstre Originel avait bien réussi son coup, et il n’avait pas d’autres choix que de se risquer à aller à ce rendez-vous, pour avoir une chance de sauver la noiraude. Il observa Seïra, qui lui tenait le bras. Son regard était vide, ses yeux n’arrivaient même plus à exprimer sa souffrance, tellement elle était immense.
« Je reviendrai, et Vanilla sera avec moi, je te le promets. Mais je refuse que tu sois seule pendant ce temps. »
Il força Seïra à se préparer, fit de même et, au bout de dix minutes, les deux jeunes adultes se retrouvèrent dans la voiture de Kaël, en route vers l’immeuble de Riku. Une fois arrivée dans l’appartement de ce dernier, les deux arrivants pouvaient constater la présence de Sora, terriblement inquiet. Seïra se précipita, en pleure, vers lui. Le brun la prit dans ses bras, mais observa le rouquin. Il avait une horrible impression de déjà-vu. Vanitas aussi leur avait promis de revenir, le jour où… Il espérait que ça ne finirait pas pareil.
« Il n’y a vraiment aucune autre option ? Demanda-t-il finalement, ne voulant pas revivre cet évènement, qui avait eu lieu six ans auparavant. - Le monstre a été clair, et je ne veux pas courir le risque qu’on perde Vanilla, déclara Kaël. Je dois y aller. Ne me suivez pas. »
Puis, sans un mot de plus, Kaël quitta l’appartement. Ce ne fut que dans sa voiture qu’il décida d’enfin ouvrir le sms non-lu, pour découvrir le lieu où était détenue Vanilla, et où l’attendait la créature Originelle. Il rit nerveusement en découvrant que ça se passerait dans le Mémorial, mais s’y dirigea immédiatement.
Il fit en sorte de garer sa voiture à un endroit où elle ne serait pas facilement visible, même s’il faisait jour, en sortit, puis se dirigea vers l’entrée de la grande bâtisse, dont il ouvrit les portes dès qu’il fut assez proche. En pénétrant à l’intérieur, il remarqua bien vite que le Mémorial était bien plus sombre que d’habitude –mais surtout, il entendit clairement les portes se verrouiller derrière lui une fois qu’il fut suffisamment avancé. Evidemment. Le monstre Originel n’allait pas prendre le risque de laisser d’autres personnes entrer…
Des bougies s’allumèrent jusqu’à l’énorme stèle de marbre couverte de lettres dorées où, à ses pieds, se trouvait Vanilla –visiblement inconsciente. Sans réfléchir plus longtemps, il courut et s’agenouilla près d’elle. Il ne vit aucune blessure externe au niveau de son cœur et, en prenant son pouls, il ne put que soupirer de soulagement en le sentant battre. Comme le monstre n’était pas encore là, Kaël tenta de réveiller Vanilla, et la secoua légèrement. Mais la seule réponse qu’il eut fut un rire qui provenait de derrière lui. Il se retourna vivement, pour découvrir un homme encapuchonné dans une tenue blanche.
« C’est inutile ce que tu fais, tu sais ? »
Kaël ne répondit rien sur l’instant, mais déposa délicatement Vanilla contre le sol, avant de se relever, afin de faire complètement face au monstre, les poings serrés. Il s’éloigna de la noiraude, et s’approcha de son ennemi.
« Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Demanda froidement Kaël. - Je lui ai… hm… comment dire ? Ah oui. Je lui ai déjà pris ce que je voulais. Tu es arrivé quelques minutes trop tard, dommage. »
Quoi ? Non, c’était impossible. Le rouquin avait senti le pouls de son amie à l’instant ! Il ne pouvait pas être arrivé trop tard. Il ne pouvait pas… avoir échoué pour la troisième fois dans le sauvetage d’un proche. L’air dur et froid qu’il arborait se transforma bien vite en expression beaucoup moins sûr de lui, alors qu’il avait baissé la tête. Le monstre en face de lui rit.
« Un cœur spirituel n’a pas les même propriétés qu’un cœur organique, tu sais ? Un cœur humain peut continuer de battre, même sans cœur spirituel à ses côtés. Ce n’est juste pas valable dans l’autre sens. - Vous… mentez, souffla Kaël, en essayant de combattre cette culpabilité naissante. Si vous pouviez aussi facilement nous atteindre et voler nos cœurs, vous n’auriez pas attendu deux semaines pour agir en personne ! - Alors tu m’expliques pourquoi elle ne se réveille pas, malgré tes appels ? Ce serait une mauvaise blague de sa part de faire semblant de dormir, tu ne crois pas ? - Je… »
Kaël se tourna vers le corps de Vanilla, qui respirait, mais qui n’était au fond plus qu’une coquille vide, sans cœur spirituel. Non… Kairi et Vanitas avaient déjà disparu devant ses yeux, alors qu’il aurait pu –dû- faire quelque chose pour les sauver… c’était impossible que, encore une fois… Il sentit ses jambes se dérober sous lui, alors qu’il mit son visage entre ses mains. Son passé l’avait rattrapé, et il n’arrivait même plus à se rationnaliser en voyant deux souvenirs bien distincts repassaient en boucle dans son esprit.
« Jamais deux sans trois, à ce qu’on dit, ricana le monstre. Mais ne t’en fais pas, je vais abréger ta souffrance. Mais d’une manière lente et douloureuse, cela va de soi. »
Kaël entendit le monstre claquer des doigts. A ce moment-là un bruit sourd permit au rouquin de revenir un tant soit peu à la réalité, lorsqu’il vit la stèle de marbre exploser en des milliers de morceaux, et le corps de Vanilla être propulsé plus loin, à cause du souffle de l’explosion. Il rejoignit immédiatement la noiraude, qui avait dévalé les quelques marches de l’autel sans douceur, pour vérifier qu’elle n’avait pas de blessures trop graves –ce qui ne fut, heureusement, pas le cas. Il la prit ensuite dans ses bras, et se retourna vers le monstre, qui lui souriait.
« Protéger une coquille vide ? Quel intérêt ? En plus, il faudrait déjà que tu puisses te sauver toi-même, avant de vouloir jouer au héros. »
Il claqua à nouveau des doigts. Cette fois-ci ce fut le plafond qui s’écroula. Kaël put en éviter les débris en reculant rapidement, sans pour autant lâcher Vanilla, qui s’obstinait à garder les yeux fermés. Il serra la noiraude plus fort contre lui, mais releva son regard vers le monstre Originel, dont la tenue blanche était éclairée par les rayons du soleil -que le plafond détruit avait laissé entrer. Il faisait jour, et le monstre en face de lui survivait malgré tout. Mais les bruits d’explosions devraient bientôt alerter toute la ville.
« Inutile d’espérer de l’aide, j’ai réussi à lancer une petite illusion qui empêche toute personne à proximité de réaliser ce qui est en train d’arriver au Mémorial, déclara le monstre, comme s’il avait lu dans les pensées du rouquin. Nous sommes rien que nous deux. Génial, non ? »
Cette fois-ci, ce ne fut pas au Mémorial qu’était destinée la salve noire que préparait le monstre originel. Seulement avec Vanilla dans les bras, Kaël n’avait, cette fois-ci, aucune chance d’esquiver le coup. Et lorsqu’il se le prendrait, il serait bien trop faible pour empêcher l’autre créature de lui prendre ce qu’il voulait. Mais il refusait de lâcher la noiraude, car il ne pouvait tout simplement pas l’abandonner pour sa propre survie. La seule chose qu’il eut le temps de faire, ce fut de faire dos au monstre, pour éviter que Vanilla ne soit touchée par l’impact de l’attaque.
Attaque qui n’arriva jamais.
Il ne fit qu’entendre un fracas, comme si la salve noire avait été finalement envoyée contre les bancs immenses présents dans le Mémorial, complètement en ruines maintenant. Peu après, et avant de se retourner, il entendit la voix de la créature Originelle.
« Tu n’as pas la tenue ni l’aura de mes Ombres, mais tu as le visage que l’une d’entre elle a volé. Intéressant. »
Il y avait donc quelqu’un d’autre ? Mais comment ? L’accès à l’entrée avait pourtant été scellé par la créature… Tout en gardant fermement le corps de Vanilla contre lui, Kaël osa se retourner –mais lorsqu’il vit finalement la personne qui l’avait sans doute sauvé d’une mort certaine, il ne put en croire ses yeux. Même si elle lui faisait dos et qu’une étrange aura bleue entourait ses mains, le rouquin pouvait parfaitement la reconnaître. Mais comment… ?
« Enfin, vois-tu, je suis occupé, et je n’ai pas le temps à accorder à des imposteurs. Surtout que c’est moi qui suis censé exceller dans la matière. »
Le monstre Originel envoya une salve noire vers la personne qui avait interrompu son attaque précédente, seulement elle ne se laissa pas faire, et d’un geste de la main, renvoya l’aura noire contre son maître, avec l’aide d’une attaque similaire, mais bleue. La créature fut envoyée plusieurs mètres plus loin, et fut sonnée pendant quelques instants, ce qui permit à l’autre de s’approcher de Kaël, qui n’en revenait toujours pas.
« Tu dois fuir avec Vanilla au plus vite, je m’occupe de lui, d’accord ? - Tu… tu es vraiment Kairi ? Demanda l’autre, ignorant totalement les mots de la jeune femme. - Oui, mais… je n’ai pas le temps de t’expliquer. Tu dois m’obéir et fuir par la porte de derrière, elle n’est pas verrouillée. Je le retiendrai. - Attends, mais comment ? - On se reverra peut-être alors je te dirai à ce moment-là –elle vit la créature se relever- mais maintenant va-t-en, vite ! »
En voyant à son tour le monstre Originel se relever, et visiblement énervé, Kaël n’eut pas besoin que la rousse lui répète une fois de plus. Malgré tout, en se dirigeant vers la porte de secours, il avait de la peine à croire ce qu’il avait vu. Kairi… ne pouvait pas être là. C’était impossible. Et pourtant… elle l’avait sauvé d’une mort certaine, c’était indéniable. Mais comment était-ce plausible ? Avec son coude, il arriva à ouvrir la porte qui, effectivement, était ouverte. Mais à cet instant…
« Si tu crois qu’un fantôme te permettra de t’en tirer aussi facilement…, déclara-t-il en dirigeant son bras vers l’endroit où se trouvait le garçon. - Kaël, cours ! S’écria Kairi, qui tenta vainement d’arrêter le monstre dans son geste. »
Mais il était trop tard. Une nouvelle explosion fut provoquée et Kaël, avec Vanilla, furent propulsés à l’extérieur du Mémorial, sans aucune douceur. A ce moment-là, le garçon sentit quelque chose percuter violement sa tête, lui faisant lâcher le corps de la noiraude, qui atterrit plusieurs mètres plus loin, tandis que lui tomba sur le sol. Il porta fébrilement une main au niveau de l’endroit où il avait senti le projectile, et put deviner facilement que le liquide poisseux qu’il y sentit était du sang.
Sa vision s’était énormément dégradée, et il n’avait absolument plus du tout les idées claires, il ne voyait que le corps de Vanilla, un peu plus loin. Il tenta de chercher son téléphone dans la poche de sa veste –en espérant qu’il ne se soit pas cassé durant sa chute- lorsqu’il sentit une autre main lui prendre le précieux objet.
Il tenta de lever son regard vers la personne, mais il ne vit que vaguement des baskets et des vêtements visiblement foncés –il ne parvenait pas à se relever suffisamment pour avoir une chance de voir le visage de l’autre. La dernière chose qu’il sentit et put voir, c’était l’inconnu lui mettre son téléphone dans l’une de ses mains –celle qu’il n’avait pas tâché de sang en découvrant sa blessure. Le cadran était encore allumé, sur un message que la personne venait d’envoyer à Sora –mais lorsqu’il voulut essayer d’en lire le contenu, tout devint définitivement noir.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mar 18 Aoû - 22:40 | |
| Chapitre 20 : Silence rompu
Kaël ignorait pendant combien de temps il était resté inconscient. En tout cas, il savait qu’il était vivant grâce à deux choses ; déjà cette douleur à l’arrière de son crâne, mais aussi à l’odeur caractéristique d’antiseptiques d’un hôpital. Il tenta de se rappeler de ce qui l’avait conduit là, mais seules des images floues lui parvinrent. Il se souvenait juste distinctement de quatre choses ; la disparation de Vanilla, le rendez-vous dans le Mémorial, la présence du monstre Originel là-bas, et surtout ce qu’il lui avait dit à propos de la noiraude. En se rappelant de cette dernière information, il se redressa brusquement, ce qui lui provoqua des vertiges, qu’il eut du mal à faire passer. A ce moment-là, il entendit une voix –celle de Riko.
« Tu as eu une commotion cérébrale, mais heureusement pour toi, tu ne mettras que quelques jours à t’en remettre si tu te reposes correctement. »
En tournant la tête, il put effectivement voir l’argentée assise sur une chaise, sans doute à veiller sur lui depuis son arrivée ici. A travers la fenêtre il vit qu’il faisait nuit, ce qui lui indiquait qu’une journée –au moins- était passée.
« Comment tu te sens ? Demanda finalement la jeune femme. - Je… ça va. J’ai mal à la tête mais je crois que c’est tout. »
Il remarqua également qu’il avait légèrement du mal à articuler, mais rien de très alarmant visiblement, car l’expression de Riko ne changea pas en l’écoutant. Puis finalement, il se rappela de ce qui l’avait poussé à s’asseoir aussi brusquement. Son air s’assombrit, tandis qu’il tenta d’éviter le regard de l’argentée. Encore une fois il avait échoué. Encore une fois il avait laissé un de ses proches entre les mains d’un monstre. Il serra les poings sur ses draps.
« Je suis désolé. - De ? Demanda l’autre, visiblement surprise. - A cause de moi, Vanilla est… elle n’est… - Tu lui as sauvé la vie, je ne vois pas pourquoi tu devrais être désolé de ça, rétorqua finalement Riko. »
… Comment ça, sauvé la vie ? Le monstre originel lui avait pourtant clairement dit qu’il lui avait volé son cœur ! Qu’elle… qu’elle ne pouvait plus se réveiller. Il vit Riko se lever de sa chaise en soupirant, et s’approcher pour rapidement vérifier la perfusion à laquelle il était relié puis le regarda, bras croisés.
« Tu l’as protégée lors de la destruction du Mémorial, en la sortant juste à temps avant que ça ne s’effondre complètement. - Mais le monstre… le monstre m’avait dit qu’il lui avait pris son cœur… - Sans doute une manipulation de sa part pour t’affaiblir. Vanilla a été assez gravement droguée, et déposée au Mémorial. On a pu réussir à éliminer les produits toxiques de son sang à votre arrivée ici, pour que tout puisse rapidement rentrer dans l’ordre. »
Mais il y avait encore des détails qui échappaient à Riko et à tous les autres. Comment Kaël avait-il réussi à s’enfuir en portant quelqu’un, alors que le monstre était doté de pouvoirs surpuissants, et que lui n’était qu’humain ? Ou encore le mystérieux SMS qu’avait reçu Sora, mais que Kaël n’aurait jamais pu écrire et encore moins envoyer, dans son état. Seulement il était fort probable que le rouquin ne se souvienne pas non plus de tout, à cause du choc qu’il avait subi. De ce fait, l’argentée décida de le laisser tranquille là-dessus. Surtout qu’en voyant son expression, il paraissait encore sceptique sur les informations qu’il avait reçues.
« Vanilla s’est vaguement réveillée tout à l’heure. Mais le temps que les effets de la drogue se dissipent complètement de son organisme, il lui faudra au moins une nuit complète. Tu veux que je vienne avec elle, demain matin ? - La savoir vivante est déjà une surprise, souffla Kaël. Alors je ne voudrais pas l’empêcher de se rétablir. »
Et puis si une personne devait voir la noiraude en priorité, c’était Seïra, pas lui. Riko comprit le choix du rouquin et décida de le laisser se reposer, le temps de rendre son rapport à son tuteur. Mais juste avant de partir, elle se tourna une dernière fois vers lui.
« On ignore comment tu as fait, mais… merci de l’avoir sauvée. Sans toi elle serait sans doute vraiment morte. »
Puis avant même que le rouquin ne puisse réagir, l’argentée s’éclipsa en refermant la porte derrière elle, laissant ainsi le garçon seul, qui n’en revenait toujours pas. Il avait vraiment réussi à sauver Vanilla ? Alors qu’il avait cru qu’elle serait la troisième personne qu’il aurait laissé mourir sans rien tenter ? Lui-même ignorait complètement comment il avait pu accomplir un exploit pareil ; après tout, du peu qu’il se souvenait, il était loin d’être en bonne posture… Il avait vraiment l’impression d’avoir oublié quelque chose d’important, comme si on le lui avait supprimé de sa mémoire. Et malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à mettre un doigt sur un quelconque indice -il se souvenait juste d’une aura étrangement bleue.
Seulement, et à force de réfléchir à ça, son mal de tête augmenta légèrement, et il décida alors d’abandonner. Après tout, l’essentiel n’était pas de savoir comment il avait fait. L’essentiel c’était de savoir qu’il avait enfin réussi à protéger une vie, qu’importe la manière dont il s’y était pris. Il avait pris le risque d’aller sauver Vanilla, de promettre qu’il s’en sortirait avec elle… et il avait tenu parole sur tous les points. Seïra devait être tellement heureuse… mais aussi stressée, car il savait que cette fois-ci, elle ne reporterait plus au lendemain ce qu’elle avait à dire. Il ne serait pas là pour l’aider, mais il espérait de tout cœur que ça se passerait bien entre les jumelles –même s’il n’y avait aucune raison que ça se passe mal, au fond.
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Seïra, depuis qu’elle, Riku et Sora étaient allés chercher Kaël et Vanilla au Mémorial, n’avait pas quitté la chambre de sa sœur une seule seconde. Elle n’avait donc pas loupé son premier réveil, seulement ce dernier fut bien trop court, et la noiraude encore beaucoup trop prise par les effets de la drogue, qu’elle n’avait pas encore pu lui parler.
Mais depuis, plusieurs heures -et même toute une nuit- était passée. D’après Xion, le prochain réveil de Vanilla lui permettrait de suivre une conversation, pas non plus trop longue, mais Seïra n’avait de toute manière pas un roman à lui raconter –bien qu’elle se sentirait plus rassurée si Kaël était à ses côtés.
En songeant au garçon, elle ne put s’empêcher de se rappeler du moment où il avait, avec Vanilla, était retrouvé inconscient près du Mémorial complètement en ruine. Les habitants ne réalisaient pas encore tout à fait que le plus grand symbole de la première guerre avait été détruit… mais à elle, au fond, ça lui importait peu. Le rouquin avait su tenir sa promesse, avait sauvé Vanilla et c’était tout ce qui comptait pour elle. Un Mémorial ça se reconstruisait, une vie humaine, par contre, ne pouvait pas ressusciter. Elle serra un peu plus fort la main de sa sœur sans s’en rendre compte. Elle ignorait encore comment remercier Kaël -pour tout ce qu’il faisait pour elle, mais aussi pour les risques qu’il avait pris afin de sauver Vanilla. Seulement, pour l’instant, elle avait plus important à régler.
Elle entendit la porte s’ouvrir sur Sora, à qui elle n’avait encore rien dit non plus. Elle voulait attendre et pouvoir leur parler à tous les deux, car elle n’était déjà pas sûre de pouvoir y arriver une fois, alors deux… Seïra salua son double à l’aide d’un sourire, tandis qui lui répondit de la même manière, avant de s’installer sur une chaise à côté d’elle.
« Tu as pu voir Kaël ? Demanda finalement la brune. - Oui, je l’ai vu, et il va bien. Il n’a juste pas l’air de se souvenir des faits qui font de lui un véritable héros, sourit son opposé. »
Les deux se regardèrent amusés, mais au fond, Seïra pouvait sentir quelque chose en Sora de différent, depuis la dernière épreuve qu’ils avaient tous vécue. La brune avait finalement réussi à mettre le doigt dessus, à force d’y réfléchir –elle n’avait après tout que très peu dormi- et bien vite, en y resongeant, son sourire se dissipa, et se reporta sur Vanilla. Elle n’était pas sûre que c’était vraiment ça, mais… elle devait lui demander.
« Tu en veux à Kaël ? - Pourquoi je lui en voudrais ? Interrogea Sora, vraiment surpris de la question de son opposée. - A propos de ce qu’il s’est passé il y a six ans, et de hier, enfin… »
Elle avait déjà provoqué assez de peine comme ça à son double, Seïra ne pouvait pas se permettre d’en rajouter. Mais malgré ses explications très vagues, Sora les comprit sans problème.
« Tu crois que je lui en veux d’avoir sauvé Vanilla hier, mais pas Vanitas y’a six ans ? »
Aucune réponse, mais un frisson de la part de son opposée. Le brun supposa qu’il était tombé juste, et prit alors simplement l’une des mains de Seïra dans les siennes, avant de la forcer à la regarder. Il lui souriait sincèrement.
« Tu me connais si mal en tant que double ? Tu me déçois un peu, Seï’, déclara-t-il simplement. Mais t’en fais pas, après les bêtises que j’ai pu dire sur Kaël le jour où c’est arrivé, je ne l’ai plus accusé d’une chose pareille. Donc ce serait complètement idiot de ma part de lui en vouloir d’avoir sauvé Vanilla. - Oui, c’est vrai, pardon, je crois que j’ai le cerveau un peu retourné, désolée. - Va dormir un peu, je peux veiller sur ta sœur sans problème. - Non. Enfin… je voudrais vous dire quelque chose avant, donc je dois attendre son réveil. - Tu es sûre que ça ne peut pas attendre ? Tu es vraiment pâle… - Ne t’en fais pas. »
Si elle reportait encore une fois, elle avait peur de ne jamais réussir à leur dire. Ni à s’excuser, surtout. Alors elle était prête à supporter la fatigue encore un peu. D’ailleurs elle ne regretta pas d’avoir lutté contre le sommeil, car dix minutes après un silence entre le duo, Vanilla commençait à montrer des signes de réveil. A ce moment-là, Seïra serra légèrement plus fort la main de sa sœur, tandis que celle-ci, à ce contact, ouvrit enfin les yeux. Elle paraissait désorientée, mais surtout très peu réveillée lorsqu’elle commença à parler.
« J’suis où là… ? »
Le duo s’observa, et ne put s’empêcher de se sourire. Lors de son premier réveil, Vanilla avait posé exactement la même question, mais visiblement elle ne s’en souvenait pas. Les effets secondaires de la drogue, sans doute.
« A l’hôpital, répondit tout de même Seïra. La créature originelle t’avait droguée. - Ah, ça m’dit vaguement un truc, ouais… j’étais en train de faire un jogging, j’crois… - C’est ça, mais tout est rentré dans l’ordre maintenant, rassura Sora. Tu as juste le poignet droit cassé et plâtré, mais tu t’en sors bien, au final. »
Il était inutile pour l’instant de lui en dire plus sur ce qui était arrivé –entre la destruction du Mémorial et le piège destiné à elle et Kaël- car visiblement il lui faudrait encore un peu de temps pour émerger. Sora, sous la demande de la noiraude, l’aida à s’asseoir, et à boire un peu d’eau. Ca sembla l’aider quelque peu à se réveiller, et la première chose qu’elle put voir fut la pâleur du visage de sa sœur. Elle soupira puis s’adressa à Sora à nouveau.
« La prochaine fois que je suis en mode comateuse, tu veux bien ligoter Seï’ dans un lit ? - A vos ordres mon capitaine, rit le brun. »
Pour la forme, Seïra ne fit que cogner son double avec son coude, pour lui montrer son mécontentement de cet accord, mais elle reprit bien vite son sérieux en observant sa sœur. Elle hésitait à lui parler maintenant, alors qu’elle venait à peine de se réveiller, mais…
« Tu te sens assez en forme pour que je puisse vous parler, à toi et So’ ? - Nous parler ? De quoi ? Demanda Vanilla, qui paraissait suffisamment attentive, maintenant, bien qu’encore fatiguée. »
Seïra ne pouvait pas continuer à les faire souffrir. Ni elle, ni Sora. Elle inspira profondément, et baissa la tête, tout en lâchant la main de Vanilla, pour serrer le tissu de sa robe, qu’elle fixait maintenant avec attention.
« Je voulais m’excuser pour mon comportement de ces derniers jours. Enfin semaines. Je me suis éloignée de vous, alors que vous êtes les personnes les plus proches de moi, et si Riku ne m’avait pas envoyé un sms suite à ce qu’il s’était passé avec toi il y a deux jours, je l’aurais certainement même pas encore compris. Je suis désolée. »
Elle avait dit tout cela d’une traite, et avait maintenant besoin de reprendre son souffle. Elle était d’un côté contente de ne pas avoir eu besoin de compter sur Kaël une nouvelle fois pour finalement s’excuser, mais elle craignait de ne pas pouvoir supporter leur réaction seule, maintenant. Elle avait fermé les yeux, et ne réalisa pas tout de suite que quelques secondes après ses mots, des mains s’étaient posées sur les siennes. Lorsqu’elle rouvrit les paupières, elle vit Sora et Vanilla lui sourire –et il n’y avait pas besoin de mots entre eux pour comprendre que les deux autres lui pardonnaient absolument tout.
« Mais ce n’est pas tout…, reprit finalement Seïra, malgré la réaction positive des deux autres. Si j’ai créé cette distance, c’est parce je… je souhaitais vous cacher quelque chose, car je pensais que ce n’était absolument pas le moment… »
Et puis finalement elle se lança. Elle leur raconta la raison de sa fuite chez Kaël, de sa grossesse, de ces deux dernières semaines, et de ce choix qui s’était imposé à elle. Les autres l’écoutèrent sans l’interrompre, et lorsqu’elle eut fini, elle poussa un énorme soupir –à la fois soulagée d’avoir enfin dit tout cela, mais toujours avec cette crainte d’être mal jugée d’avoir gardé l’enfant de Kylian. Un silence s’était installé entre les trois jeunes adultes, rompu finalement par Sora, qui prit Seïra dans ses bras, avant de la relâcher aussi vite pour la regarder dans les yeux.
« Mais c’est génial, ça, comme nouvelle ! Déclara le brun, sincèrement heureux. - Idiote, répondit quant à elle Vanilla. Je sers à quoi moi si tu me dis pas ce genre de choses, hein ? Demanda-t-elle sur un ton faussement boudeur. - Désolée…, murmura Seïra en en esquissant un léger sourire. - En tout cas compte sur nous pour fêter ça dignement quand tout sera fini ! Répliqua son double. - J’en demande pas tant ! - Mais j’y tiens ! »
Puis, et après l’avoir félicité, et lui avoir indiquée –ou plutôt harcelée- sur le fait qu’elle pourrait tout le long de sa grossesse compter sur eux, Sora s’appuya complètement sur le dossier de sa chaise et adressa un regard à Vanilla.
« N’empêche, enfin une bonne nouvelle dans cette période difficile, ça fait du bien, pas vrai Vani ? Ne put-il s’empêcher de rajouter. »
A cet instant, Vanilla observa avec surprise Sora, alors que lui aussi réalisa finalement ses propres mots. Seïra fixa également son double ; depuis six ans, elle évitait un maximum –malgré ses réflexes- de surnommer sa propre sœur ainsi devant son opposé, car c’était exactement le même surnom qu’il donnait à l’époque à Vanitas, et qu’elle refusait de lui faire du mal, alors qu’il l’utilise de son plein gré… c’en était assez déroutant –surprenant, même.
De son côté, Sora se surprit lui-même également, et ne put s’empêcher de porter une main à sa bouche. Il ne pensait pas un jour pouvoir utiliser ce surnom pour quelqu’un d’autre que Vanitas. Et même si Vanilla était son double, il ne pensait pas réussir à le faire sans se faire du mal. Pourtant… il ne souffrait pas spécialement, et il finit même par en rire, sous l’incompréhension totale des deux autres. Il avait été tellement stupide en fait –pour un surnom en plus ! Une fois calmé il observa les jumelles, et prit son air de garçon faussement naïf.
« Eh ben, vous en faites des têtes, c’est qu’un surnom, non ? »
Il adressa ensuite un sourire sincère à Vanilla qui, depuis la mort de Vanitas, vivait dans la crainte de trop rappeler le garçon dans ses gestes ou agissements à ses proches. Et la seule réaction qu’eut la noiraude fut de rire à son tour. La situation était déjà tellement stupide de base, alors les réactions qu’ils avaient eu… ils formaient vraiment un drôle de trio, ensemble.
« Alors toi…, déclara-t-elle simplement à l’attention de Sora, une fois calmée. T’es un sacré numéro. - Ah bon ? Pourquoi ça ? Demanda-t-il du même ton innocent que sa précédente intervention. - Imbécile. »
Vanilla finit par se recoucher, les effets de sa dernière mésaventure n’étant pas totalement dissipés, mais ordonna à Seïra d’aller se reposer dans une chambre, pour son bien être, mais également celui de l’enfant qu’elle portait en elle depuis bientôt trois mois. La brune n’avait pas d’autres choix que d’obéir, de toute façon à bout de force –mais heureuse.
Heureuse de voir qu’aucune tension ne s’était créée entre eux malgré tout ce qu’il s’était passé, même si elle était consciente qu’elle serait dix fois plus materner, maintenant qu’elle leur avait parlé de sa grossesse. Heureuse d’avoir eu cette conversation avec les deux personnes les plus chères à ses yeux. Heureuse aussi de l’amélioration de la relation entre Sora et Vanilla, et de ce surnom commun utilisé sans gêne, nostalgie, ou souffrance.
Malgré tout, et en se dirigeant vers la chambre de Kaël, elle se sentait également très idiote. Elle avait craint cette conversation pour pas grand-chose, en fait. Les excuses avaient été acceptées tout de suite, et la nouvelle de sa grossesse était non seulement passée naturellement, mais en plus de ça elle avait provoqué la drôle de situation sur la fin. Elle avait hâte de raconter tout cela à Kaël, avant d’aller se reposer.
Dans la chambre de Vanilla, Sora s’apprêta à son tour à s’éclipser, pour laisser la jeune femme se reposer, lorsque celle-ci l’interpela.
« Hé… Sora. »
Elle avait hésité à l’appeler « So’ » mais s’était abstenue, de peur d’en faire trop. Même si Sora la surnommait « Vani », elle ne voulait pas empiéter sur le territoire des jumeaux, en se permettant trop de choses. Mais elle tenait quand même à lui dire quelque chose au sujet de la conversation ridicule qui avait eu lieu avant le départ de Seïra. Le brun, quant à lui, l’observa dès qu’il fut interpelé.
« Oui ? - Pour tout à l’heure… merci. Je crois que ça m’a fait du bien d’entendre ça de ta bouche. »
Pour toute réponse, le garçon lui sourit, et lorsqu’il s’apprêta à partir, il se retourna une dernière fois vers elle.
« Oh, encore un truc, Vani… ta sœur ne se gêne pas à m’appeler So’, alors plus la peine d’hésiter à faire pareil, ok ? »
Puis, sans laisser le temps à Vanilla de répondre, Sora s’éclipsa, assez fier du petit effet, et donc de l’expression qu’il avait provoqué chez la noiraude. En plus, peut-être que Vanitas les observait, de l’endroit où il était. Et peut-être qu’il attendait depuis le début que le trio se comporte ainsi, au lieu d’être rebuté à l’idée de faire référence à des choses du passé. Penser à ça amusa Sora.
Ils avaient vraiment été tous les trois idiots d’attendre aussi longtemps pour parler rien qu’entre eux. Mais maintenant que la chose était faite… l’impression d’être les rois du monde était quand même tenace –et il savait que Seïra ressentait la même chose que lui en ce moment-même. Pour Vanilla, c’était plus compliqué de savoir, mais c’était évident qu’elle pouvait se reposer sereinement elle aussi. Ce fut avec un large sourire aux lèvres que Sora décida de rejoindre Xion et Riko, en pause à cette heure là. |
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Sam 22 Aoû - 12:11 | |
| Chapitre 21 : Indices
Après s’être reposée pendant plusieurs heures aux côtés de Kaël, Seïra décida d’aller grignoter quelque chose à la cafétéria de l’hôpital, avant d’aller rendre visite à sa sœur. Arrivée au lieu convoité, elle y vit Riku, en train de boire un café. Une fois s’être servie un muffin et un soda, elle le rejoignit à sa table, un large sourire aux lèvres. Elle le salua, ce qui le sortit visiblement de ses pensées.
« Ah, salut Seïra. Tu as pu te reposer ? - Ouais, je suis en pleine forme ! »
A l’entente de cette réponse dite avec tant d’enthousiasme, Riku ne put s’empêcher de sourire, avant de boire une autre gorgée de son café, pendant que la brune ouvrait sa canette. Elle l’avait déjà remercié à propos du SMS et elle lui avait, comme avec Vanilla et Sora, expliqué les raisons de cette distance, pour qu’il comprenne l’histoire dans son intégralité. Mais comme pour son double et sa sœur, elle avait fait promettre à l’argenté de ne rien dire à ceux qui n’étaient pas encore au courant. Elle ne reviendrait donc plus là-dessus, mais songea à quelque chose en y repensant. Un sourire qui ne rassura pas vraiment Riku, naquit sur son visage.
« Alors ? Y’a quoi entre ma sœur et toi ? - Que… Pardon ? - Vous vivez ensemble depuis deux semaines, vous avez donc du vous rapprocher ! Allez dis-moi tout. »
Riku ne rougissait pas souvent, mais lorsque ça arrivait, c’était un instant mémorable. En voyant la tête de son ami, Seïra savait qu’il y avait quelque chose entre lui et Vanilla. Surtout quand le garçon commença à se mettre sur la défensive en évitant soigneusement le regard de la brune.
« Désolé de te décevoir, mais il n’y a rien. C‘est juste une amie pour qui je m’inquiète. - Tu peux tout me dire, pis c’est vrai qu’elle est quand même vachement cool ma sœur. - Mais t’as fini oui ? Même s’il y avait quelque chose entre Vanilla et moi, c’est certainement pas à toi que je le dirai en premier. - Ah ah ! Tu viens d’avouer qu’il y a quelque chose là ! - … Et ton rapprochement avec Kaël, on en parle ? »
Cette simple question eut l’ultime privilège de faire taire Seïra, tandis qu’elle se réinstalla correctement sur sa chaise, bras croisé, et le regard fuyant.
« C’pas pareil lui et moi. - Ah bon ? Pourtant tu habites chez lui, il s’inquiète pour toi… - Bon ok, changeons de sujet. »
Seïra détestait lorsque la situation se retournait contre elle. Du coup, il fallait qu’elle change de conversation le plus rapidement possible. A ce moment-là, elle se rappela que Riku restait en relation avec Zenia, histoire d’être tenu au courant de ce qu’il se passait du côté des monstres, pendant qu’ils étaient à l’hôpital –elle avait pris des congés pour pouvoir enquêter sur les ruines du Mémorial.
« Des nouvelles de Zenia ? - Pas vraiment, non. Elle m’a juste dit que le Monstre n’avait laissé aucun indice sur son identité. Mais elle continue ses recherches là-bas. - Comment on peut vaincre un type aussi insaisissable ? - J’en sais rien, soupira Riku. En tout cas, s’il peut survivre à la lumière du jour, il va sans doute en profiter. Il faut redoubler de vigilance. »
Par la suite, une autre question voulut franchir les lèvres de Seïra, seulement elle hésita un moment ; car même si finalement tout s’était bien terminé, il y avait beaucoup trop de mystères qui planaient sur ce qu’il s’était passé au Mémorial, la veille –et avec le coup qu’il avait reçu, même Kaël ne pouvait pas tenter de les aider. Elle soupira, avant de boire une autre gorgée de sa boisson. S’attarder sur un sujet aussi déprimant n’était pas vraiment le bon plan, mais en regardant l’heure qu’affichait l’horloge de la cafétéria, Riku décida finalement de se lever.
« Je dois préparer mes cours de fac pour demain, j’ai pris pas mal de retard, avec ce qu’il s’est passé. On se retrouve ce soir avec les autres, au café Granny ? - Pas de soucis. Bon courage pour tes cours ! »
Tandis que Riku se dirigea à l’extérieur de l’hôpital, Seïra remonta à l’étage où se trouvaient les chambres de Kaël et Vanilla –d’ailleurs, cette dernière pourrait sortir dans la journée, d’après Xion.
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Kaël, qui resterait encore plusieurs jours à l’hôpital, regardait distraitement son téléphone. Il n’était pas dans une partie du centre hospitalier qui exigeait qu’il soit éteint ; du coup il en profitait pour au moins se tenir au courant de l’actualité, durant sa convalescence.
Il avait également saisi l’occasion pour lire le SMS qui avait été envoyé à Sora, la veille, lorsque le Mémorial avait été détruit. En le découvrant, il avait tout de suite pu affirmer qu’il n’en n’était pas l’auteur, car ce n’était pas vraiment sa façon de s’exprimer.
Après avoir lu le journal –qui mentionnait la destruction du Mémorial- sur son téléphone, il retourna dans sa messagerie, et ouvrit à nouveau ce SMS écrit par un parfait inconnu.
Mémorial bougez vous
Clairement, même à bout de force, il ne se voyait pas écrire d’une telle manière. Il soupira, se recoucha et ferma finalement les yeux. Si seulement il parvenait à se souvenir, il était presque certain que tout s’éclaircirait immédiatement… Il n’y avait qu’une seule chose qui revenait à chaque fois qu’il tentait de se rappeler ; cette couleur bleue claire. Mais il n’avait aucune idée de ce que cela pouvait signifier. Il voulut approfondir ses recherches dans ses propres souvenirs, mais ce fut à cet instant-là qu’il entendit quelqu’un frapper à la porte –il invita immédiatement la personne à entrer, malgré sa frustration d’avoir été dérangé en pleine réflexion.
« Hello. »
En reconnaissant la voix de Vanilla, Kaël rouvrit immédiatement les paupières vers la jeune femme –comme pour vérifier si c’était vraiment elle, qui venait de le saluer. En examinant la noiraude, il vit qu’elle affichait un léger sourire et paraissait en forme, malgré la dernière épreuve qu’ils avaient vécue. La seule chose qui dérangeait le rouquin, c’était ce plâtre au niveau du poignet droit de son amie, et qui arrivait juste en dessous du coude –elle n’était pas ressortie complètement indemne, contrairement à ce qu’il croyait… Mais ça aurait pu être définitivement pire ; le monstre originel aurait très bien pu ne pas lui mentir, et avoir vraiment volé le cœur de la noiraude.
« Comment tu te sens ? Demanda finalement Vanilla. - Ca va, je serais sans doute obligé de rester quelques jours en convalescence, mais ça aurait pu être pire. Et toi ? - D’après Xion je peux sortir aujourd’hui. »
Après ces mots, Vanilla s’installa sur la chaise à côté du lit où était assis Kaël. Elle se sentait vraiment idiote de s’être fait avoir par le monstre aussi facilement, mais sans le rouquin… elle n’aurait jamais pu se sentir aussi imbécile, en fait.
« Merci pour ce que t’as fait. »
Il ne s’attendait pas à recevoir des remerciements, surtout qu’il ignorait lui-même comment il l’avait sauvée. Il ne trouva donc rien à répondre, mais ne put s’empêcher de ressasser encore une fois les deux scènes de ce passé, qu’il tentait désespérément de mettre de côté, sans grand succès. Il ne pouvait pas croire que Vanilla aurait pu être la troisième personne qu’il aurait laissé mourir, mais il était sûr d’une chose ; du peu qu’il se souvenait, il n’aurait pas pu la sauver, car là où ses souvenirs commençaient à devenir flou, c’était à l’instant où il avait pris Vanilla dans ses bras, pour lui éviter d’être écrasée par les débris du plafond, tandis que le monstre était sur le point de leur lancer une salve noire. Aucun échappatoire de possible. Puis il y avait eu cette lueur bleue, et ensuite ce trou noir.
« T’es sûr que ça va ? Demanda finalement la noiraude. - Oui, ne t’en fais pas. »
Il ne pouvait pas lui dire ce à quoi il venait de penser. Comment réagirait-elle si elle apprenait qu’en fait, elle serait morte si... si quoi, au fond ? Même ça il l’ignorait –ce n’était pas que culpabilisant, c’était également très frustrant.
Vanilla sembla vouloir dire quelque chose, lorsque la porte de la chambre s’ouvrit –et à ce jour, Kaël ne connaissait qu’une seule personne qui ne frappait pas avant d’entrer. En voyant Seïra les bras croisés et observer avec dureté sa sœur, il n’était pas difficile au rouquin de deviner que la présence de Vanilla ici n’était pas vraiment prévue.
« Qu’as-tu à dire pour ta défense ? - Je trouvais plus ma chambre, c’est crédible ? - Ca l’aurait presque été si tu avais eu le droit d’en sortir. - Oups ? »
Seïra soupira de lassitude. Ce genre de comportement venant de sa sœur ne l’étonnait même plus, avec le temps.
« Tu ferais mieux de la rejoindre, un médecin viendra t’examiner, pour savoir si tu peux sortir aujourd’hui. »
Seulement le regard malicieux et le sourire qu’affichait à présent Vanilla ne rassura pas la brune, qui se mit sur la défensive.
« Quoi ? - Rien, rien, déclara innocemment la noiraude en se dirigeant vers la porte. Je vais vous laisser entre vous et je vais rejoindre ma chambre, à plus tard ! - Eh attend une minute ! »
Mais sa jumelle avait déjà quitté les lieux, en prenant soin de fermer la porte derrière elle. Seïra ne put qu’entendre le rire de Kaël, qui avait assisté à la scène en silence. La brune s’apprêta à répliquer quelque chose, seulement le rouquin, qui s’était bien vite calmé, la devança.
« Ca fait du bien de vous voir toutes les deux aussi complices à nouveau. »
L’air boudeur de Seïra disparut immédiatement, pour laisser place maintenant à un léger sourire. Elle s’installa à la place qu’occupait sa sœur précédemment, pensive. Kaël, lui, ne fit qu’observer la brune. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait plus vu aussi rayonnante ; l’éclat qu’il aimait voir dans les yeux de son amie brillait comme avant, et ne risquait plus de s’éteindre, comme ça avait pu être le cas auparavant. Il était heureux de la voir allait mieux, et redevenir la Seïra qu’il connaissait. « Merci de l’avoir sauvée, vraiment. Si tu n’avais pas été là… je n’ose même pas imaginer ce qui aurait pu se passer, pour toi, comme pour elle. - Vous remerciez peut-être tous la mauvaise personne. Après tout nous sommes certains que je n’étais pas seul au Mémorial, répondit finalement Kaël après un léger silence, la tête baissée. - Peut-être, ou peut-être pas. En tout cas pour moi tu resteras son sauveur… -elle hésita un moment- et aussi le mien. »
Kaël ne comprit pas vraiment la dernière partie de la phrase de Seïra, mais celle-ci ne lui laissa pas le temps de chercher à la décoder ; elle l’enlaça, les larmes aux yeux.
« Sans toi… je n’aurais jamais su surmonter ce qu’il s’est passé avec Kylian, ni faire mon choix pour l’alien que je porte. Sans toi… je n’aurais pas eu le courage de parler à Vani, So’, et Riku de mon état, souffla t-elle avant de rire nerveusement. Sans toi… je serai pas en train de te pleurer dessus en riant comme une débile. - Seïra… - Et si tu étais mort au Mémorial, jamais je te l’aurais pardonné. »
Elle finit par s’écarter, et par sécher ses larmes. Elle n’osa pas le regarder, se contenta alors de baisser la tête, et de serrer les mains du rouquin entre les siennes. Elle tremblait légèrement.
« Tu me connais, en plus, tu sais que quand je dis quelque chose, je le pense vraiment, rajouta-t-elle. - Je n’ai jamais douté une seule fois de tes paroles, mais… est-ce que tu es sûre que tout va bien ? Tu trembles… - Je… oui ça va, c’est rien vraiment. - Tu es sûre ? - Non. Si, enfin… »
Elle sourit nerveusement en repensant à une conversation qu’elle avait eu il y avait à peine trente minutes avec Riku, et ce sourire que lui avait adressé Vanilla avant de sortir de la chambre. Et lorsqu’elle osa finalement regarder Kaël dans les yeux, elle y vit cette lueur qui faisait de lui tout ce qu’il était pour elle –et celui qu’elle avait appris à aimer sans s’en rendre vraiment compte.
Sans doute était-ce ses hormones qui jouaient avec elle, et peut-être regretterait-elle l’acte qu’elle était sur le point de commettre, mais… il n’y avait rien à faire, elle ne parvenait plus à contrôler son corps –sa raison. Son impulsivité n’avait pas fini de lui jouer des tours.
Kaël ne réalisa pas tout de suite la situation, mais lorsque les lèvres de Seïra finirent par frôler les siennes, il ne la repoussa pas ; tout d’abord suite à la surprise… mais aussi –et surtout- d’une autre chose qui s’était éveillée en lui à l’instant même où il avait senti la chaleur et la douceur des lèvres de Seïra contre les siennes.
Bien vite ce geste timide se transforma en un baiser passionné, où les deux jeunes adultes se permirent même de s’enlacer. Et durant ces quelques secondes -qui pouvaient très bien être des minutes- plus rien ne semblait exister pour eux. Il n’y avait plus de Kylian, plus de monstres, plus de Mémorial détruit, plus de chambre d’hôpital, plus aucune inquiétude.
Ils avaient tous les deux trop cherché à refouler leurs véritables sentiments -à cause de tous les évènements récents- et à ne pas vouloir comprendre l’évidence –Seïra sortait à peine d’une rupture… seulement leur raison avait finalement perdu le combat. Mais ils ne le regretteraient pas, ils le savaient.
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Toute la journée, Zenia avait cherché le moindre indice qui pourrait les mener au Monstre Originel. Il faisait déjà nuit lorsqu’elle s’apprêta à partir du Mémorial détruit, quand la lumière bleutée qui provenait du ciel éveilla sa curiosité.
A travers ce plafond détruit, elle put voir ce qui pouvait correspondre à la lune. Seulement Zenia n’avait pas le souvenir d’être en une période du mois où elle était pleine, et surtout… elle était bleue. D’un bleu magnifique, presque mystique, mais c’était complètement anormal. Pourquoi l’astre était-il d’une telle couleur ?
« Nos chemins se croisent à nouveau, Zenia. »
L’interpelée quitta la lune bleue du regard, afin de porter son attention vers cette voix qui lui était vaguement familière. L’arrivante, toujours souriante, était accompagnée d’un homme, cette fois. En observant le visage de la femme en face d’elle, la scientifique réussit finalement à poser un nom sur elle. Ariane Mahoney. Elle l’avait rencontrée au cimetière, il y a deux semaines environs.
« L’Entre-Monde donne un aspect vraiment magique au ciel humain, tu ne trouves pas ? Lui demanda la femme, en observant à son tour l’astre bleu. - L’Entre-Monde ? - Tu ne connais pas l’existence de ce monde ? Il existait bien avant la fusion entre Alma et Mirari, pourtant. Sa nature a simplement changé, il y a six ans. »
Non, Zenia n’avait jamais entendu ou vu ce mot-là auparavant. Il fallait dire qu’à l’époque, elle était enchaînée à l’organisation scientifique dans laquelle elle était, et que celle-ci ne pensait qu’à créer un passage praticable entre les deux mondes. Au final ils avaient fait beaucoup mieux, même si c’était au péril de plusieurs milliards de vies et de sacrifices.
« Comme pour vous, qui êtes composés d’un corps organique, d’un cœur spirituel, et d’une conscience, vos mondes vivent grâce à une trinité. Seulement en unissant vos deux mondes, vous avez détruit cette trinité, d’où la séparation de l’Entre-Monde en deux choses distinctes ; les ténèbres, d’où provient le monstre Originel, et la mort, afin de rétablir la balance. L’entre-Monde représente la mort et annule la malédiction des doubles de par sa simple présence, grâce à ses habitants. »
Zenia observa à nouveau cette Lune bleue. C’était grâce à ça que chaque personne n’était plus condamnée à vivre dans la terreur de perdre son opposé ? Seulement une autre chose interpela la scientifique.
« Ce monde est habité ? - Oui. Enfin… ils ne sont pas très nombreux. Ils doivent être, hum… deux-mille-quarante-sept, si mes souvenirs sont bons. - C’est une donnée très précise. - Peut-être, mais je suis sûre que ça te permettra de plus rapidement comprendre qui sont ces mystérieux habitants. D’ailleurs… deux d’entre eux sont la clé de ce qu’il s’est passé ici, il y a deux jours. - Comment ça ? - Si je te donne plus d’indices, tu devineras trop rapidement, et ce ne serait pas très amusant, déclara l’autre avec un sourire. Mais lorsque tu trouveras la signification de mes mots, sache que je ne serai jamais très loin. »
Zenia, qui ne savait pas trop quoi dire, ne fit qu’observer Ariane et son compagnon s’approcher des ruines qu’était à présent la stèle de marbre. Elle y ramassa un morceau, et le donna à la scientifique. Le nom inscrit sur la roche lui était évidement simplement familier –après tout elle les avait écrit et réécrit d’innombrables fois pour compléter les archives ou dossiers importants. Seulement elle ne comprenait pas pourquoi Ariane lui donnait une telle chose.
« Ce sera mon dernier indice. Tu as normalement tout ce qu’il faut pour rassembler les morceaux de ce Puzzle. Et lorsque que tu auras la réponse à la question « qui sont les habitants de l’Entre-Monde ? » je reviendrai te voir. Et lorsque ce sera le cas… les habitants ne seront peut-être plus obligés d’agir dans l’ombre, et de sceller les souvenirs de ceux qui pourraient les voir et les reconnaître. »
Ce fut sur ces derniers mots qu’Ariane et son compagnon disparurent dans des étincelles bleutées, près de la stèle détruite. Zenia resta un moment là, sans bouger, à regarder le morceau de marbre que venait de lui donner cette femme. Elle récapitula également les quelques données que lui avait fourni Ariane ; cet Entre-Monde qui représentait la mort ne possédait que deux-mille-quarante-sept habitants, à priori deux d’entre eux avaient un fort lien dans les évènements qui avaient conduit à la destruction du Mémorial, et le nom inscrit sur le morceau de roche devait l’aider à rassembler tous les éléments.
Une chose en tout cas était sûre ; si Ariane lui avait fourni une donnée si précise tel que le nombre d’habitants dans ce mystérieux monde, c’était parce qu’elle avait déjà du le voir quelque part. Il n’y avait plus qu’à trouver où, en s’aidant des autres indices qu’elle possédait.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mar 25 Aoû - 23:02 | |
| Chapitre 22 : Nuit Éternelle
Quand la créature Originelle se téléporta dans son bureau, ce fut directement pour frapper le mur rageusement. Il n’y croyait pas ! Cette Kairi était pourtant morte depuis six ans, comment avait-il pu être confronté –et surtout perdre- contre elle ?! En plus de ça, elle ne l’avait pas loupé. Ce pouvoir bleu qu’elle avait était aussi puissant que ses propres slaves des ténèbres. Elle n’était donc plus humaine, ça c’était certain –car un humain ne pouvait pas utiliser ce genre de pouvoir. Elle allait regretter de s’être mise sur son chemin. Même si elle n’était plus « vivante » à proprement parler, il la ferait disparaître pour de bon d’une manière ou d’une autre.
« Maître ? Vous êtes de retour ? Demanda la voix de son plus fidèle serviteur. - Oui, tu peux entrer. »
L’Ombre s’exécuta, mais lorsqu’elle ouvrit la porte et découvrit la tenue abimée et noircie de son Maître, elle se précipita vers lui, comme pour l’examiner. Seulement la Créature Originelle n’était pas d’humeur. Elle repoussa son esclave immédiatement.
« Je n’ai que faire de ta pitié, tu le sais très bien. Mais si tu es là, c’est que tu as des choses nouvelles à m’apprendre, alors je t’écoute. - Eh bien…, commença l’autre, qui s’était légèrement écarté. Nous avons reçu de nombreux témoignages qui nous informait de l’apparition d’une seconde lune, mais bleue. - Du bleu, hein… »
Comme par hasard, cette fille avait utilisé un pouvoir qui prenait cette couleur-là. Il était donc certain que tout cela n’était pas qu’une simple coïncidence. C’était donc ça, l’Entre-Monde ? Cela avait conservé la conscience des personnes qu’il avait tué à l’époque ? Si c’était ça, il avait intérêt à rester vigilant, car il était certain que toutes ces âmes, maintenant qu’elles en avaient l’occasion, voudraient se venger de lui.
« Laisse-moi seul. Je dois réfléchir à une nouvelle façon d’attraper mes cibles de cette ville. - N’oubliez pas votre rôle en tant qu’humain, maître, car si vous vous absentez trop souvent, des soupçons pourraient naître contre vôtre identité humaine. - Ces choses ne sont pas assez dégourdies pour faire les rapprochements nécessaires, je ne risque rien. Pour l’instant occupe-toi de gérer les Ombres à travers la ville. Je veux qu’on la quitte dès que possible. - Bien, Maître. »
L’Ombre s’éclipsa, sans un mot de plus. La créature originelle, quant à elle, retira sa tenue blanche pour rapidement prendre une douche, et pouvoir ainsi endosser les vêtements qu’il devait porter dans son rôle de simple humain. Et s’il le fallait, il n’hésiterait pas à agir en tant que tel, même si cela devrait corrompre plus rapidement sa couverture, maintenant il n’en avait rien à faire ; il avait récupéré quelques double-cœurs –du moins, ses Ombres l’avaient fait pour lui, vu qu’il ne pouvait pas sortir de la ville- depuis sa défaite contre Kairi, et il trouverait d’autres moyens de piéger ses cibles.
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Comme le lui avait dit Xion, Vanilla avait pu quitter l’hôpital dans l’après-midi… mais du lendemain ; car même si la drogue n’était plus du tout présente dans son organisme, il valait mieux être sûr qu’elle ne présentait aucun effet secondaire. Mais maintenant que c’était chose faite, il n’était pas nécessaire de retenir la noiraude plus longtemps. Elle devrait juste aller à quelques rendez-vous de routine le temps que son poignet se rétablisse de sa double fracture.
Riku l’avait donc cherché en voiture, après ses cours, pour être tout de même sûr que la jeune femme ne se fatigue pas trop après ce qui lui était arrivé. Durant tout le trajet, elle se contenta d’observer distraitement le paysage. En le constatant, l’argenté s’en inquiéta ; les silences comme ceux-là n’étaient jamais rassurant avec Vanilla.
« Tu vas recommencer à te renfermer ? - Tu te trompes, je vais bien. - Vraiment ? - Oui, vraiment. »
Ce n’était pas tout à fait un mensonge. Ce séjour à l’hôpital, ou plutôt les conversations qui avaient eu lieu pendant ce dernier, l’avaient vraiment aidé. Mais c’était certain qu’elle ne pourrait pas retirer l’inquiétude d’être attaquée malgré tout –cette fois-ci elle avait vraiment failli y rester, en plus. Au moment où la voiture de Riku passa à côté du Mémorial complètement en ruines, elle ne put s’empêcher de frissonner. C’était le symbole de la première guerre, c’était là que se réunissaient les personnes à travers le monde pour se recueillir…
« Zenia ou quelqu’un d’autre va prendre en charge les réparations du Mémorial, tu crois ? Demanda-t-elle finalement. - Je ne sais pas. Déjà il faut que les travaux aux urgences de l’hôpital se finissent, et ils aviseront sans doute à ce moment-là. »
C’était vrai ; même si la reconstruction du centre hospitalier avançait plutôt rapidement, ce n’était pas encore fini –et c’était bien plus urgent que le Mémorial, pour l’instant. Elle s’apprêta à fouiller dans sa poche pour chercher son portable, lorsqu’elle se rappela que c’était le monstre Originel qui l’avait maintenant. Elle soupira. Elle ne pourrait même pas s’occuper convenablement le temps d’être de retour chez Riku.
Un silence se réinstalla entre les deux jeunes adultes, jusqu’à ce qu’ils arrivent à destination. Une fois dans l’appartement, ils y découvrirent la présence de Sora, qui avait dû subtiliser un double des clés lors de sa dernière visite.
« Coucou vous deux ! Vous tombez à pique ! - Tu es un peu chez moi Sora…, soupira Riku. - Je dois parler à Vanilla d’un truc ! –il se tourna vers la concernée- on va dans la chambre d’amis ? - Euh… si tu veux… »
Avant d’être tirée de force dans la pièce -qu’elle empruntait depuis son séjour chez Riku- elle se tourna vers lui ; d’après le haussement d’épaules suite à sa question muette, l’argenté ne devait être au courant de rien. Une fois dans la chambre, et la porte fermée, Sora invita Vanilla à s’asseoir sur le lit, avant de sortir une petite boite de sa sacoche.
« Je l’ai trouvé sur la table de l’appart’ en rentrant chez moi tout à l’heure. - C’est quoi ? - Ouvre et tu verras. »
Elle haussa un sourcil, perplexe, mais obéit finalement au brun en ouvrant la petite boite. Une surprise certaine put très vite se lire sur son visage lorsqu’elle en découvrit le contenu. Elle releva la tête vers Sora.
« Mon portable ? Mais comment t’as fait pour le retrouver ? - Je te l’ai dit, je l’ai retrouvé sur la table de la salle à manger, mais j’ai aucune idée de qui a pu le mettre là. J’ai téléphoné à Zenia vu qu’elle cherchait des trucs au Mémorial, mais c’était pas elle. »
Même si Vanilla écoutait ce que disait Sora, elle finit malgré tout par reporter son regard sur son téléphone, qu’elle alluma. Lorsqu’elle le fit elle reçut bien vite un message… d’elle-même ? Quand est-ce qu’elle aurait pu faire une chose pareille ? Elle finit par quand même ouvrir le SMS.
Fais gaffe à tes affaires la prochaine fois.
Lorsque Sora en lut à son tour le contenu, il était tout aussi perturbé par ce message. Ils se regardèrent un moment, sans vraiment savoir quoi se dire. Cela ne pouvait pas être le monstre qui avait écrit une telle chose, quand même ? Surtout qu’il ne penserait pas à lui rendre comme ça -il aurait cherché à la piéger sans aucun doute. Le brun afficha alors l’expression la plus dramatique qu’il avait.
« Hé, Vani… - Quoi ? - Je crois que notre ville est hantée. - … C’est sans doute la plus grosse connerie que j’ai jamais entendu de ta part. »
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Noa était difficilement en train de mettre à jour les dossiers de ses clients, lorsqu’il finit par soupirer. Il observa distraitement l’écran de son ordinateur, qui affichait l’état actuel d’un des nombreux comptes qu’il gérait. Il avait toujours voulu être comptable, et ce métier ne l’avait jusqu’à présent jamais ennuyé, cependant… les évènements récents l’empêchaient de travailler. A vrai dire, toute la ville semblait tourner ralentie.
En plus, et depuis la destruction du Mémorial en plein jour, certaines écoles primaires avaient déjà fermées, pour la sécurité des enfants et beaucoup de professeurs ne tenaient plus correctement leurs cours. Bien sûr Kaël ne comptait pas, vu qu’il avait été blessé lorsque le Mémorial s’était effondré, mais d’autres n’avaient aucune excuse.
Tous les habitants d’Almari retombaient tout doucement à l’époque où les créatures les avaient piégés dans les souterrains. Tous redevenaient paranoïaques au fur et à mesure. Et c’était de plus en plus inquiétant. Surtout qu’ils venaient à peine de réussir à rétablir un fonctionnement normal dans ce monde… si cela continuait comme ça, tous les efforts des scientifiques auront été vains.
Bien sûr, il n’y avait pas eu que l’histoire avec le Mémorial qui avait éveillé une telle frayeur chez les habitants. Depuis maintenant deux nuits, tous pouvaient apercevoir cette deuxième lune à la couleur anormalement bleue.
Noa détourna finalement le regard de son écran, et observa par la fenêtre de son bureau. De jour, tout paraissait tellement… normal. Et pourtant, le danger était de plus en plus présent à chaque seconde, la ville devenait de moins en moins dynamique et continuait doucement mais sûrement à sombrer dans la peur.
Mais lui, il ne pouvait pas se permettre de plonger comme tous les autres. Il connaissait les deux cibles principales de cette ville, et il était hors de question qu’il abandonne. Et il n’était pas le seul à penser ainsi ; tous ses amis songeaient sans doute à la même chose, et tentaient de continuer à vivre normalement, lorsque les créatures ténébreuses leur en laissaient l’occasion.
Résolu à ne plus se laisser perturber par tout cela, Noa s’apprêta à retourner sur son ordinateur, pour y continuer son travail –seulement un étrange phénomène le poussa à observer de nouveau à travers la fenêtre.
Le soleil s’assombrissait, tandis que de nombreux nuages noirs et violets foncés firent leur apparition, pour s’agrandir sans cesse. Bien vite, toute la ville fut engloutie par les ténèbres –car aucun doute là-dessus, c’était l’œuvre des Ombres. Noa put entendre l’agitation –la peur- que venait de provoquer ce plongeon dans l’obscurité. Il pouvait observer de par sa fenêtre les gens paniquer, d’autres se réfugier chez eux, et certains extrémistes qui menaçaient de tuer chaque personne qui s’approchait d’eux de les tuer –ne sachant pas comment discerner une créature polymorphe d’un vrai humain.
La nuit était complètement noire. Il n’y avait ni étoiles, ni astre argenté. La seule source de lumière qui finit par leur parvenir au bout de dix minutes d’obscurité totale… ce fut cette lune étrangement bleue, qui arrivait à vaincre les ténèbres. La ville prit donc bien vite un aspect bleu, presque fantomatique.
Noa n’avait pas besoin de l’aide d’un quelconque scientifique pour savoir que cette « planète » serait leur seule source de lumière naturelle pour un long moment. Mais si le soleil avait été entièrement englouti par les ténèbres, plongeant ainsi tout le monde dans une nuit éternelle… cela voulait dire que, bientôt, ce serait au tour d’Almari de sombrer.
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Quand Ariane et Aloïs réapparurent près de la stèle détruite au Mémorial, tous deux sentirent la même chose ; les Ténèbres, partout, et l’Entre-Monde qu’ils venaient de quitter semblait diffuser son aura uniquement pour minimiser les dégâts. En levant leur regard, les deux adultes remarquèrent ce ciel noir, éclairé difficilement par la Lune Bleue. Ce monde-ci venait de sombrer dans une Nuit Eternelle, et bientôt… la fusion de la trinité provoquerait la disparition de tous leurs habitants, qu’importe leur nature.
« Combien de temps nous reste-t-il avant que le monde humain ne sombre… ? Demanda difficilement Aloïs. - Je l’ignore. Avec un peu de chance il nous reste plusieurs semaines, et dans le pire des cas, quelques jours. Il faut trouver ton ancien Maître au plus vite, mais pour ça nous avons besoin de l’aide des humains qui l’ont affronté il y a six ans. - Tu veux parler de cette Zenia à qui tu as confié l’énigme de l’Entre-Monde ? - Entre autre. Je pense que vue la situation, les habitants de l’Entre-Monde n’auront d’autres choix que de se montrer définitivement, qu’importe les conséquences psychologiques. Le temps nous est à présent trop compté pour des énigmes et surtout… ils étaient humains, alors ils refuseront de laisser l’humanité sombrer. Mais nous, pour l’instant, nous devons aider la vie, et l’empêcher de commettre des actes sous la peur. »
Aloïs hocha la tête en signe d’accord, et les deux adultes se mirent à courir à travers les rues de la ville, où la panique si lisait sur chaque visage qu’ils croisaient. Aloïs et Ariane convinrent immédiatement d’un plan ; tous les deux possédaient le pouvoir de manipuler –voir retirer- des cœurs. Il fallait donc apaiser ces derniers, pour que chaque personne retrouve sa raison, et avant que l’humanité ne disparaisse. Pour cela ils n’eurent d’autres choix que de se séparer, et d’user au maximum de leur pouvoir pour convaincre tous les cœurs de la ville à se calmer.
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Au moment où Almari fut plongé dans l’obscurité, Zenia, dans son bureau de l’hôpital, était en train d’étudier le mystère de l’Entre-Monde. Evidemment, elle laissa immédiatement ses réflexions de côté lorsqu’elle se rendit compte de ce qu’il se passait actuellement dehors. Elle ouvrit la fenêtre, et put assister non seulement à l’apparition des ténèbres dans le ciel, mais également –et surtout- à la résistance que montrait la Lune bleue, pour apporter une source de lumière naturelle –très pauvre- à Almari, lui donnant un aspect presque fantomatique.
Seulement la chose qui la fit vraiment réaliser l’ampleur de la situation, c’était l’agitation et les cris dans les rues, quelques mètres en dessous d’elle. Elle avait l’impression d’être revenue six ans plus tôt, à l’époque où la première guerre avait elle aussi provoqué une panique générale.
« Va légèrement falloir raccourcir le temps des devinettes. »
Zenia, à l’entente de cette phrase –ou plutôt de la voix masculine qui venait de la prononcer- ne sut comment réagir. Elle ne put que se retourner lentement, pour voir son interlocuteur et être sûre d’avoir bien entendu -à cet instant, elle crut halluciner. Vanitas et Kairi. C’était eux, en face d’elle, elle en était absolument certaine. Seulement c’était impossible… Mais bien vite, la scientifique se rappela que l’Ombre Originelle se servait de cadavres pour accueillir certains de ses serviteurs « supérieurs » sur Almari. Elle reprit donc rapidement le contrôle d’elle-même, et se prépara à sortir son arme. Mais à ce moment-là… son pistolet disparut dans une lumière bleue. Elle observa avec incrédulité les deux personnes en face d’elle, et vit Kairi tenir l’arme qu’elle s’apprêtait à utiliser.
« On a pas le temps de vous expliquer, mais vous devez vous barrer d’ici, et faire évacuer les gens de l’hosto, déclara Vanitas. - L’Ombre Originelle a bien l’intention de détruire définitivement ce lieu pour provoquer une catastrophe qui vous forcera à vous rendre, continua la rouquine. On a déjà mis Kaël, Eva, Riko et Xion en sécurité, ainsi que deux autres étages entiers de patients et de personnels, mais pour le reste… on a besoin de vous. »
Vu les mots qu’elle entendait et donc la gravité de la situation, Zenia savait que ce n’était pas le moment de plonger dans des réflexions concernant la présence de ces deux personnes ici. Il fallait qu’elle fasse évacuer chaque service de cet hôpital et au plus vite.
Laissant ses états d’âme de côté, elle appela immédiatement la sécurité, pour lancer le plan d’évacuation d’urgence. Une fois ça de fait, elle releva son regard vers l’endroit où se trouvaient Vanitas et Kairi –mais il n’y avait plus personne. Aurait-elle finalement rêvé ? Non, c’était impossible. Ils avaient été là, c’était une évidence. La seule chose qui n’était pas évident à savoir c’était si ça avait été les vrais -et dans ce cas, comment ça avait été possible. Pourtant elle avait l’impression d’avoir la réponse sur le bout de la langue.
Seulement un violent tremblement -en même temps qu’un énorme bruit d’explosion- l’empêcha de réfléchir plus longtemps ; si elle voulait s’en sortir et pouvoir réfléchir à ça posément, elle devait arrêter de se poser des questions maintenant, et quitter les lieux avant que tout ne s’effondre.
Une course contre la montre se lança, alors que toutes les minutes –ou presque- une nouvelle explosion et un nouveau tremblement lui faisait perdre l’équilibre. Plusieurs fois, elle dut changer de trajectoire, à cause de l’escalier qu’elle empruntait –ou voulait emprunter- qui s’effondrait sous ses pieds. Et plus elle tentait de trouver un échappatoire, plus elle voyait l’hôpital complètement s’effondrer, elle à l’intérieur.
Elle n’avait réussi qu’à descendre deux étages lorsqu’elle découvrit avec effroi que tous les accès visibles pour descendre étaient condamnés. En plus de ça l’électricité s’était coupée, et elle ne voyait plus rien dans les couloirs, même s’ils étaient fenêtrés –la lumière de cette Lune bleue n’étant pas suffisante pour éclairer plus qu’elle ne le faisait déjà. Elle tenta malgré tout de garder son calme et de continuer à rechercher une sortie.
Bien vite, plusieurs minutes s’écoulèrent, alors qu’elle continuait à parcourir chaque recoin –qu’elle parvenait à voir- de cet hôpital. Par chance, elle n’y avait croisé personne, ce qui signifiait qu’il avait été évacué –dans cette aile du moins. Donc elle n’avait pas rêvé ou imaginé la scène dans son bureau ; car si ça avait été le cas, l’hôpital n’aurait pas pu être aussi vite vidé. De ce fait, les deux personnes qu’elle avait vu -qu’importe leur véritable identité- avaient vraiment aidé à l’évacuation.
Epuisée, elle s’arrêta finalement en plein milieu d’un couloir en ruine, qui ne tarderait sans doute pas à s’effondrer sur celui d’en dessous. Essoufflée, elle s’adossa au mur et se laissa tomber contre celui-ci, les yeux fermés, prête à affronter la mort. L’essentiel c’était que tous ces patients innocents ne soient plus dans cet Enfer –sa vie à elle n’avait que peu d’importance, au final.
« On vous avait dit de vous grouiller, soupira une voix. »
Voix qu’elle reconnut comme étant celle de Vanitas. Que ce soit le vrai ou un faux, cela n’avait aucune importance, au fond. Et si c’était une simple hallucination, cela ne changerait rien à son Destin. Elle ouvrit les paupières pour voir le garçon debout devant elle, qui lui tendait la main.
« C’est pas dans votre genre d’abandonner comme ça, si ? »
C’était vrai. Habituellement elle faisait tout pour garder son sang-froid. La seule fois où elle n’avait pas réussi… c’était à la mort de Vanitas, justement, il y a avait de ça six ans. Sa logique lui hurlait d’ailleurs qu’elle rêvait, que le noiraud ne pouvait pas être là –pourtant, son cœur, lui, voulait y croire, même si ça n’avait aucun sens. Mais en y réfléchissant… si elle voyait le garçon, c’était peut-être parce qu’elle était sur le point de mourir, comme ce fut le cas au moment du sacrifice du noiraud, et que son cerveau lui montrer celui qu’elle avait indirectement tué, comme une sorte de vengeance… elle ne cessait de voir ce visage pâle, en plus de ce trou béant et sanguinolent au niveau de la poitrine, se transposer sur l’image actuelle du noiraud en face d’elle.
Puis une autre explosion eut lieu, la sortant de ses réflexions. Elle sentit alors la main de l’autre prendre la sienne, la forcer à se relever, puis à courir dans la pénombre. Elle ne comprit pas. Si c’était une hallucination… Vanitas n’était pas censé pouvoir la toucher. Alors peut-être qu’elle imaginait la voix et le visage, mais qu’il y avait vraiment quelqu’un qui était en train de la sauver ? Plus elle tentait de trouver quelque chose de logique à propos de l’apparition du garçon, plus les choses s’embrouillaient en elle.
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent tous les deux au dernier escalier indemne, qu’elle n’avait pas su trouver à cause de la noirceur dans laquelle était plongé l’hôpital. Ils l’empruntèrent immédiatement. Ce fut en continuant de le regarder et de réfléchir sur sa présence, tout en descendant le plus rapidement possible l’escalier, que Zenia comprit enfin.
Elle s’arrêta brusquement. Vanitas se tourna vers elle –il s’apprêta sans doute à lui dire de continuer avant que leur dernière porte de sortie ne s’effondre, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Elle devait savoir. Être sûre de cette hypothèse qui venait de naître en elle.
« Si vous êtes les véritables Kairi et Vanitas, cela signifie que vous êtes des habitants de l’Entre-Monde, n’est-ce pas ? - Eh bah, il vous en a fallu du temps pour faire le rapprochement. Mais vaut mieux en discuter plus tard, vous croyez pas ? »
Une autre explosion, cependant plus lointaine, rappela à Zenia le danger dans lequel elle se trouvait. Elle hocha la tête, et tous les deux reprirent la descente de ces escaliers qui paraissaient sans fin. Mais Zenia ne faisait pas attention à ça. Elle n’arrêtait pas de réfléchir sur ce qu’elle venait de découvrir. Si la malédiction n’existait plus depuis six ans, c’était grâce aux consciences des personnes qui étaient mortes sans leur double ? C’était ça, le secret de l’Entre-Monde ? Celui qu’Ariane voulait qu’elle découvre par elle-même ? Malheureusement, elle n’eut pas le temps de pousser ses réflexions plus loin ; le sol était devenu plane et à ce moment-là elle fut dehors plus rapidement qu’il n’en fallait pour le dire.
Elle pouvait à présent entendre des sirènes, des cris, apercevoir de nombreux brancards et des ambulances –sans doute pour le transfert des différents patients. Et lorsqu’elle sentit Vanitas lui lâcher la main, et qu’elle voulut regarder dans la direction où se trouvait le garçon… elle découvrit qu’il avait disparu.
Elle n’eut cependant pas le temps de se demander où il avait pu passer ; l’adrénaline qu’elle avait eu pour courir à ses côtés commençait déjà à s’estomper, et elle tomba rapidement à genoux, fatiguée –psychologiquement comme physiquement parlant. Elle avait de la peine à réaliser tout ce qu’il venait de lui arriver –ce à quoi elle venait d’échapper. Surtout qu’à entendre les différents cris et les bruits ambiants, l’hôpital devait être en train de s’effondrer pour de bon, et qu’il s’en était vraiment fallu de peu pour qu’elle en ressorte saine et sauve.
Pendant qu’Eva s’approchait d’elle avec Braig, Zenia sourit nerveusement, alors que ses forces la quittaient toujours un peu plus –et que ses yeux peinaient à rester entrouverts. Il y avait six ans de ça elle avait failli mourir, sauvée de justesse par Vanitas. Et là… le même schéma venait de se reproduire. Quelle ironie.
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| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
Messages : 425 Date d'inscription : 17/06/2012 Age : 31 Localisation : A la fois nulle part et partout.
| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Ven 28 Aoû - 23:11 | |
| Chapitre 23 : Identité Révélée
Quand Zenia rouvrit les yeux, elle découvrit qu’elle était dans une pièce sombre, avec comme seule source de lumière, cette Lune bleue –non, l’Entre-Monde- à travers la fenêtre, qui faisait de son mieux pour éclairer ce monde englouti par les ténèbres. Comme il n’y avait plus de soleil, et qu’elle ne voyait pas d’horloge, il lui était impossible de savoir combien de temps s’était écoulé entre le moment où elle s’était évanouie, et maintenant.
Elle soupira, mais arriva à se redresser plutôt rapidement –en même temps, elle n’avait pas été blessée, donc c’était logique. A en sentir l’odeur d’antiseptiques, sans doute était-elle dans un hôpital d’une ville voisine. Elle décida d’allumer la lampe de chevet qui était à ses côtés, puis tenta de rassembler ses souvenirs sur ce qui était arrivé –mais à ce moment-là, elle vit une lumière bleue apparaitre juste en face d’elle.
La lueur bleutée prit très vite une forme humaine, et Zenia finit par reconnaître Ariane qui lui souriait, malgré la situation actuelle –et à ce moment-là, tout lui revint définitivement. L’énigme de l’Entre-Monde, Kairi et Vanitas dans son bureau, l’évacuation, et le noiraud qui était revenu la sauver avant que tout ne s’effondre pour de bon.
« Selon deux de mes sources, tu as finalement compris ma petite énigme. »
Zenia ne répondit rien, mais il n’était pas difficile de deviner l’identité des dites « sources » de la femme en face d’elle. D’ailleurs, la scientifique avait tellement de questions à lui poser, maintenant qu’elle avait pu correctement se reposer –mais elle ne savait absolument pas par quoi commencer. Ariane le devina facilement, et décida alors d’anticiper les possibles questions de l’humaine.
« Grâce à toi, l’hôpital a pu être évacué dans son intégralité. Et sur les mille-cents personnes présentes à l’intérieur, il n’y a eu qu’une cinquantaine de blessés, et à peine une dizaine de morts. Certes il y a eu des pertes, mais ça aurait pu être bien pire, vu la catastrophe provoquée. »
C’était vrai. Même si ça lui faisait mal d’apprendre que malgré tout, tout le monde ne s’en était pas sorti, ce n’était qu’une minorité -et vu les dégâts, Zenia s’attendait tout de même à pire. Mais quand était-il d’Eva, Kaël, Riko et Xion ? Et les autres, aussi, est-ce qu’ils allaient bien ? Zenia se souvenait parfaitement bien de la crise de panique de la population dans les rues… elle décida de poser la question à Ariane –celle-ci lui répondit d’abord d’un sourire.
« Mis à part Kaël qui avait déjà une commotion à la base, Riko et Xion sont juste en observation tout comme toi, ici, dans l’hôpital de Semina. - Et les autres ? - Ils sont indemnes aussi. »
Zenia se permit de soupirer de soulagement. La situation aurait pu être tellement pire… Elle vit finalement Ariane s’asseoir sur la chaise installée juste à côté du lit.
« Maintenant que tu as découvert le secret de l’Entre-Monde, je pense qu’une petite explication claire et plus précise est nécessaire. »
C’était vrai. Zenia avait peut-être trouvé la solution à l’énigme, mais il y avait encore d’autres mystères qui planaient sur ce monde.
« Comme je te l’avais dit au Mémorial, l’Entre-Monde existe depuis la création de Mirari et d’Alma. A l’époque, c’était la barrière invisible qui séparait ces deux mondes, en quelques sortes, d’où son nom. Il n’était pas habité, mais pendant un millénaire, j’étais coincée là-bas avec mon double. Nous avions voulu jouer aux scientifiques chacun de notre côté, et ça n’a pas été une très bonne idée, déclara l’autre en souriant. J’ai réussi à trouver une brèche au bout de mille ans, et j’ai pu voyager entre Alma et Mirari, grâce à des pouvoirs que m’avait accordés l’Entre-Monde de l’époque. Je pensais ainsi retrouver mon double, mais lui… était définitivement coincé dans la séparation des deux mondes. »
Alors si Zenia comprenait bien… Ariane avait plusieurs milliers d’années ? C’était incroyable. Comment se faisait-il qu’elle n’avait pas vieillie ?
« L’Entre-Monde a arrêté mon temps, en quelque sorte, répondit-elle à l’interrogation muette de la scientifique. Je ne suis plus à proprement parler « vivante », mais je ne suis pas morte pour autant. - Mais comment se fait-il que tout cela ne soit relaté dans aucun livre ? Je veux dire, l’Entre-Monde est une part de la trinité, si je comprends bien, et ce depuis le début… - Parce que tout le monde ignorait que nos mondes fonctionnaient grâce à une trinité, nous étions tous persuadés qu’Alma et Mirari étaient simplement le « miroir » de l’autre. »
C’était vrai. Aucune recherche sur un possible « troisième monde » n’avait été mené, car tout le monde était convaincu de ça. Ce que lui disait Ariane était logique.
« Pendant des siècles, j’ai recherché mon double, sans jamais le retrouver, ou même sentir sa présence, continua finalement l’autre femme. Notre lien avait été détruit le jour où on s’est retrouvé dans l’Entre-Monde. Et puis finalement, il y a six ans… - Nous avons tenté de créer un passage praticable… et l’Entre-Monde a changé, c’est ça ? »
Ariane ne répondit pas tout de suite, mais c’était la première fois que l’expression lumineuse de la femme disparaissait, pour laisser place à de la mélancolie, voire même de la tristesse. Elle gardait malgré tout toujours ce sourire, même s’il ne signifiait plus la même chose.
« L’Entre-Monde s’est en effet séparé en deux parties distinctes… J’ai modifié l’un des « morceaux », dans le but de créer une solution à la malédiction, bien que j’ignorais encore comment m’y prendre à ce moment-là, mais l’autre… la partie « ténébreuse » de ce monde coupé en deux… »
Elle s’arrêta, et pour la première fois son sourire s’éclipsa pour de bon, alors qu’elle serrait les poings. Zenia commençait doucement à voir où voulait en venir Ariane, lorsque celle-ci eut le courage de continuer.
« Mon double, qui était resté coincé plusieurs millénaires entiers, et conscient de tout pendant ce temps… est devenu fou et a réclamé vengeance sur l’humanité, qui n’avait même pas tenté de le retrouver. A l’époque il avait pourtant été l’un des plus grands scientifiques d’Alma. - Donc le monstre Originel, c’est… - Mon opposé, oui. »
Zenia ne sut pas quoi répondre face à une nouvelle pareille. Mais en sachant les pouvoirs que possédaient les habitants de l’Entre-Monde –car aucun doute maintenant, c’était bien eux qui avaient sauvé Kaël et Vanilla au Mémorial, et qui avaient du sceller les souvenirs du rouquin- et en les comparant aux pouvoirs des monstres… mise à part la couleur qui changeait, cela devait être une force similaire. Et maintenant que la scientifique savait qu’Ariane gérait le nouvel Entre-Monde, et que son double s’occupait des ténèbres… tout paraissait parfaitement logique. Il n’y avait qu’une seule chose qui perturbait encore Zenia.
« Comment as-tu fais pour recueillir Kairi, Vanitas, et toutes ces personnes qui sont mortes sans leur double ? Osa-t-elle finalement demander. Je veux dire, leur cœur spirituel est bien aux côtés de leur opposé, non ? - Je te l’ai dit, vous les humains… vous fonctionnez aussi par trinité : le corps organique, le cœur spirituel, et la conscience ou âme. Leur corps est mort, leur cœur a alors trouvé refuge dans leur double, quant à moi… j’ai recueilli leur âme, donc l’essence de ce qu’ils sont, leur personnalité et leurs souvenirs. »
Pour Zenia, cela signifiait qu’une chose ; depuis six ans, les personnes décédées sans leur double n’avaient pas pu trouver la paix. Elle serra les poings. Même ça, ils n’y avaient pas eu droit, à cause du monstre originel.
« Ils étaient prêts à faire ce sacrifice, tu sais, déclara Ariane, qui devina sans peine à quoi pensait Zenia. Lorsqu’ils sont arrivés, je leur ai laissé le choix. Soit je les libérais de l’Entre-Monde mais alors la malédiction sur Almari continuait, soit ils y restaient, pour éviter à l’humanité de vivre continuellement dans la peur de perdre un double. Kairi et Vanitas faisaient parties de la majorité qui voulait que la malédiction cesse. - Mais… ils finiront par pouvoir trouver la paix, à un moment donné ? - Bien sûr. Ils ont été nécessaires pour la création de « l’anti-malédiction » mais une fois que le double encore vivant mourra… - Ils seront libérés de l’entrave, et pourront disparaître définitivement… - Exactement. Du moins dans la théorie cela se passe comme ça, mais après… les réactions qu’ont les âmes enfermées dans l’Entre-Monde peuvent diverger. »
Il n’était pas difficile de comprendre le sous-entendu d’Ariane ; c’était évident que certaines consciences pouvaient moins supporter que d’autres d’être enfermées, sans pouvoir rien faire, et encore moins interagir avec le monde humain -lorsque celui-ci n’était pas menacé d’être englouti par les ténèbres.
« Kairi n’a eu aucune difficulté à s’adapter. C’était dur au début, bien sûr, mais grâce à son cœur spirituel en Kaël, elle pouvait toujours avoir un certain contact avec lui et pouvait soutenir son double dès qu’elle le voulait, alors ça lui suffisait, déclara Ariane. Pour Vanitas… ça a été plus difficile. C’était complètement involontaire de sa part, mais j’ai tout de même dû couper le lien qui l’unissait avec Vanilla, parce qu’il risquait de la détruire complètement. - … Il y a trois ans, lorsque Vanilla a brusquement décidé de quitter la ville, devina facilement Zenia. - Exactement. Mais je le répète, contrairement à d’autres, Vanitas ne l’a pas fait volontairement. Et il n’est pas le seul à avoir eu ce genre de problèmes avec son double. D’autres ont été plus extrêmes, et ont provoqué leur mort… il y a eu plein de scénarios différents. »
Compréhensible. Vanitas était mort trop jeune, sans avoir eu de « vraie » vie… et puis il y avait eu cette promesse avec Sora, qu’il n’avait pas su tenir. De la culpabilité, de la colère… que des sentiments néfastes pour Vanilla, qui avait le cœur spirituel du noiraud en elle. Le comportement étrange et perturbant –à la limite de la folie, parfois- de la jeune femme, avant qu’elle ne quitte la ville trois ans auparavant, paraissait tellement logique dans l’esprit de Zenia, maintenant.
« Mais crois-le ou non…, reprit finalement l’autre. Ce n’est pas moi qui ai rétabli le lien entre eux. Vanitas a brisé la barrière que j’avais construite entre lui et Vanilla, la nuit où les Ombres ont commencé à apparaître. C’est lui qui l’a poussé à revenir vers vous, au moment même où Alexia avait reçu l’écho des sentiments d’Axel. - Donc je ne faisais absolument pas fausse route… murmura Zenia. - Comment ça ? - J’ai fait des recherches sur la possible influence qu’aurait un cœur spirituel chez son double, mais… lorsque j’ai posé des questions sur ça à Kaël, ça n’a pas été très fructueux, alors j’ai finalement arrêté. - Tu touchais presque au but, mais c’est vrai que Kairi évitait de trop influencer son cœur. Bien que sans le faire exprès elle a fait de ce garçon un instituteur, sourit l’autre. - C’est pour ça que j’avais commencé à vraiment m’intéresser à ce phénomène. »
Ariane laissa échapper un rire. Elle avait vraiment bien choisi la personne à qui elle raconterait l’histoire de l’Entre-Monde. Zenia était vraiment intelligente, et aurait pu la devancer sur certains points, si elle avait réussi à rassembler plus d’informations. La femme finit tout de même par se lever.
« Il est temps pour moi de te laisser. Mais ne t’inquiète pas. Même si je ne peux pas trouver Arioch seule, je peux pour l’instant au moins limiter les dégâts qu’il cause, en aidant les humains à maîtriser leurs émotions malgré la situation. »
La scientifique crut mal entendre.
« Tu veux dire que… ton double s’appelle Arioch ? - Oui, c’est ça. Mais ce n’est pas une donnée très utile, il n’est plus censé exister depuis des millénaires. »
Zenia ne répondit pas tout de suite, mais elle réalisa finalement des choses qu’elle aurait dû comprendre plus tôt. Il y avait de ça un mois, la scientifique trouvait que le Arioch qu’elle connaissait -et « fraîchement muté d’un autre hôpital » d’après ses dires- vraiment étrange. Elle ne lui avait jamais fait confiance –et encore moins lorsqu’elle avait appris que Riko et Xion étaient à sa charge. Mais la coïncidence était beaucoup trop grande pour en être une, surtout que l’apparition d’Arioch s’était faite à peine quelques temps avant celle des Ombres.
« A quoi ressemble-t-il ? Demanda finalement la scientifique. - Eh bien…comme moi il a eu des changements physiques à cause de l’Entre-Monde de l’époque. Actuellement, ses yeux sont rouges comme les miens mais ses cheveux sont blancs, contrairement à moi. »
Exactement comme Arioch Necroma, l’urgentiste en chef apparu dans l’hôpital un mois auparavant, et tuteur de Xion et Riko depuis plus de deux semaines. Plusieurs choses revinrent à l’esprit de Zenia ; l’hôpital qui avait été la cible de deux attaques similaires, le fait qu’une Ombre Corrompue avait pu si facilement pénétrer les lieux, et Vanilla qui avait été récemment droguée à cause d’un mélange de produits, disponibles uniquement dans les hôpitaux. Toutes ces choses la ramenaient à Arioch –et uniquement lui.
Après tout… non seulement il pouvait facilement fournir des plans du centre hospitalier à ses Ombres et poser des bombes discrètement, mais en plus… qui d’autres qu’un médecin aurait pu avoir si facilement accès à des médicaments aussi dangereux ? Et qui le soupçonnerait, vu que son métier consistait à sauver des vies ? « Quel médecin sauverait des humains, si c’est pour les tuer tout de même par la suite ? » c’était très certainement la question qui avait convaincu Arioch de jouer un tel rôle. Comment autant de choses avaient pu ainsi lui échapper ?
En voyant l’expression de Zenia, Ariane comprit bien vite que la scientifique savait qui était Arioch dans le monde humain.
« Tu le connais, c’est ça ? - Un nouveau collègue, apparu il y a un mois. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’Eva a découvert que les étranges ondes des monstres étaient revenues. Je n’avais jamais pensé à faire le rapprochement jusqu’à maintenant… »
Elle avait été tellement stupide ! Tout l’hôpital, ainsi que toute la ville, étaient en danger depuis le début parce qu’elle n’avait pas pensé à ça. Seulement autre chose lui revint. Kaël et Vanilla. Pour le premier, qui souffrait d’une commotion, Arioch était en charge du dossier avant la destruction de l’hôpital. Pour la deuxième, il avait été celui qui l’avait examiné pour l’autorisation de sortie durant l’après-midi. Il pouvait donc très bien leur avoir injecté des produits non répertoriés sur leur ordonnance… ou pire encore ; avoir utilisé ses pouvoirs contre eux pour les piéger d’une manière ou d’une autre. Il fallait qu’elle demande à Ariane, pour savoir s’il existait une sorte de « pouvoir différé ».
« Kaël et Vanilla… c’est Arioch qui s’est chargé d’eux lors de leur dernier séjour à l’hôpital. Est-ce qu’il aurait pu leur implanter quelque chose pour les piéger de manière non-immédiate ? - Aucune chance, déclara Ariane, sûre d’elle et toujours souriante. Devinette : où penses-tu que Vanitas et Kairi sont, la plupart du temps, maintenant qu’ils peuvent interagir avec le monde humain ? - Aux côté de Vanilla et Kaël…, répondit Zenia, qui comprit rapidement où voulait en venir Ariane. - Exact. Donc si Arioch avait tenté quoique ce soit… tu te doutes bien qu’ils auraient réagi en conséquence. »
Alors Vanilla et Kaël étaient constamment en sécurité sans le savoir, depuis que les habitants de l’Entre-Monde avaient gagné cette liberté d’interaction. Et même si les deux jeunes adultes souhaitaient rester anonymes, en n’apparaissant pas devant les autres… ils ne laisseraient pas leur double mourir pour autant. Ce qui avait dû se passer au Mémorial en était la preuve. De ce fait…
« Tes deux amis ont littéralement des anges gardiens à leurs côtés, reprit Ariane, amusée. Arioch ne pourra jamais les attaquer directement sans le regretter très rapidement. »
Première bonne nouvelle que Zenia recevait, depuis que l’identité du Monstre Originel était claire dans son esprit. Seulement les risques restaient présents. Arioch devait sentir la présence, certes invisible, des habitants de l’Entre-Monde. Du coup il savait que tenter une attaque directe sans y être préparé était une très mauvaise idée. Il pouvait donc facilement s’en prendre à quelqu’un d’autres, pour les attirer dans un piège –ce qu’il avait déjà fait plusieurs fois. Tout le monde devait rester sur ses gardes.
« De toute façon, ne t’attend pas à une intervention de sa part avant quelques temps, rassura Ariane. Ce qu’Arioch a fait pour faire sombrer Almari dans une nuit éternelle, plus la destruction de l’hôpital… ça lui a coûté énormément d’énergie, donc vous aurez le temps de tous vous préparer. - Mais les ténèbres peuvent se répandre, maintenant que… - Non, coupa directement l’autre. Tout simplement parce qu’en provoquant cette nuit, il a amélioré l’influence de l’Entre-Monde en même temps. - Ce qui veut dire ? - S’il veut continuer à fusionner les ténèbres et votre monde, il devra anéantir un à un chaque habitant de l’Entre-Monde. La chose amusante, c’est que je suis leur corps organique, en quelque sorte. De ce fait… Arioch pourra faire disparaître leur conscience pendant quelques temps en les attaquant, mais tant que je serai là, je me chargerai de les ramener à chaque fois. - Mais en contrepartie, si toi tu meurs… - J’emporte tous les habitants avec moi, oui. Surtout que si je suis la seule à pouvoir enfermer les ténèbres qu’Arioch dégage, lui est le seul qui peut réussir la même chose avec mes propres pouvoirs. - Et je suppose qu’à ta mort, l’Entre-Monde disparaîtra complètement, la malédiction sera de retour, et vu l’état de ce monde… les ténèbres finiront leur travail très rapidement. - Tu as tout compris. J’ai entre mes mains l’âme d’un peu plus de deux-milles personnes, en plus de devoir garder les habitants de ce monde-ci vivants. Mais ne t’inquiète pas, ce n’est pas mon double qui détruira tout cela maintenant. »
Au fond d’elle, Zenia voulait lui faire confiance et la croire. Surtout que gérer des consciences de personnes mortes bien trop tôt, cela ne devait pas être la chose la plus simple à faire –elle n’avait donné que l’exemple de Vanitas, mais c’était évident qu’il devait y en avoir des centaines d’autres dans ce cas-là. Ariane, malgré les épreuves, gardait toujours ce sourire rassurant, et paraissait confiante.
« Je vais maintenant te laisser. Si l’Entre-Monde doit vous servir de soleil pour le moment, je ferai mieux de faire quelque chose pour augmenter sa luminosité, sourit-elle. »
Elle s’apprêta à partir à l’aide de son pouvoir de téléportation, lorsqu’elle observa une dernière fois Zenia.
« J’ai failli oublier ! Kairi et Vanitas m’ont demandé de te faire passer un message… - Laisse-moi deviner, coupa la scientifique. Ils ne veulent pas que je divulgue ce qu’il s’est passé à l’hôpital, n’est-ce pas ? - C’est ça. Pour l’instant, tant qu’ils peuvent éviter la chose… ils préfèrent ne pas se montrer devant les autres, ni leur signaler leur présence. J’espère que tu les comprends. »
Bien sûr que Zenia les comprenait. Les revoir lui avait déjà fait un grand choc… alors elle n’osait même pas imaginer ce que cela pouvait provoquer chez ceux qui avaient été proches d’eux -et qui étaient parvenus à faire leur deuil- s’ils étaient amenés à les revoir. Alors tant que c’était possible, la scientifique n’avait aucune raison de ne pas accéder à la requête des deux jeunes adultes. Il fallait juste espérer qu’Arioch ne cherche pas à tirer profit de la situation, s’il venait à la découvrir… |
| | | Fexatsyn Miroï Disciple de l'Ombre et Rêveuse à temps plein
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| Sujet: Re: [FanFic] Notre Avenir nous appartient Mer 2 Sep - 13:13 | |
| Chapitre 24 : Observation
Une journée était passée depuis la tombée de cette nuit noire, éclairée uniquement par cette Lune Bleue. Cette dernière faisait tout ce qu’elle pouvait pour illuminer au maximum Almari, mais elle ne vaudrait jamais la luminescence du soleil, disparu sous les ténèbres.
Les habitants s’étaient habitués étrangement vite à ce changement, songea Noa. Mieux que ça… ils semblaient avoir retrouvé le courage qu’ils commençaient à perdre avant que cette nuit éternelle ne s’abatte sur eux –pourtant il se souvenait bien de la crise de panique au moment où tout était arrivé… c’était vraiment étrange.
La ville, cependant, ne pouvait plus fonctionner « comme avant ». Avec la destruction du Mémorial, et maintenant de l’hôpital… Noa s’inquiétait du prochain bâtiment qui pourrait être visé. Un hôtel ? Une caserne ? Cela pouvait être n’importe quoi, tant que ça permettait aux Hommes d’être affaiblis d’une manière ou d’une autre… Ils pouvaient simplement s’estimer heureux de ne voir encore aucune attaque d’Ombres.
Le garçon observa distraitement sa montre, et vit qu’il était bientôt quinze heures. Il se rappela alors que Zenia leur avait donné rendez-vous dans un café –dans lequel ils n’avaient pas l’habitude d’aller- afin de leur communiquer des informations importantes qu’elle avait reçues.
Comme ce n’était pas très loin de la banque où il travaillait, il décida d’y aller à pieds. Une fois arrivé là-bas il y vit ses amis et les rejoignit rapidement –il ne manquait à l’appel que Kaël, Seïra et Zenia. Après s’être salués, Axel décida d’ouvrir la porte de l’établissement ; le café était cependant fermé.
« Si Zenia nous fait poireauter dans le froid pour que dalle, j’préviens que ça va chier, se plaignit le roux, qui n’avait pas pensé à mettre une veste plus chaude que son blouson en simili cuir. - Je t’avais prévenu qu’il faisait froid, tu peux t’en prendre qu’à toi-même, rétorqua Alexia. D’ailleurs Zenia est où, en fait ? - Elle est allée chercher Kaël à l’hôpital de Semina, déclara Riko. Mais elle ne devrait pas tarder. - Et pour Seïra ? Quelqu’un sait où elle est ? Demanda Xion. - Elle accompagne Zenia, répondirent Vanilla et Sora en chœur. »
Les deux jeunes adultes se regardèrent, et ne purent s’empêcher de sourire. C’était la première fois que ça leur arrivait, et c’était plutôt amusant. Les autres, eux, firent beaucoup moins attention à ça et passèrent bien vite à autre chose.
« Cette lune bleue dégage quelque chose d’étrange, quand même, déclara Riku en observant l’astre. - Pourquoi tu dis ça ? Demanda Xion. - Vous n’avez pas remarqué que depuis qu’elle est là et, malgré la situation, on est étrangement calmes ? Pas dans le sens où on est indifférents à ce qu’il se passe, mais…, tenta d’expliquer l’argenté. Il n’y a qu’à voir le reste des habitants aussi. - Maintenant que tu le dis…, répondit Vanilla, en levant sa tête également vers la Lune Bleue. »
Tous réalisèrent finalement qu’en effet, ils se comportaient normalement, alors qu’ils avaient tous assisté au plongeon dans les ténèbres qu’avait subi Almari la veille… et la crise de panique de la population n’avait duré que quelques heures. C’était illogique. Ils n’eurent cependant pas le temps de réfléchir plus longtemps à la question ; ils virent Zenia, Kaël et Seïra sortir d’une voiture, pour les rejoindre plutôt rapidement.
« Je vois que vous êtes tous là, il est temps de rentrer alors. Comme je connais la personne qui dirige ce café, elle a accepté de me prêter les clés pour aujourd’hui, vu qu’elle est fermée. »
Rejoignant ses dires aux gestes, Zenia sortit un trousseau de clé, et en engouffra une dans la serrure de la porte. Les autres se regardèrent ; la scientifique était vraiment pleine de surprise. Une fois à l’intérieur, la femme referma derrière elle, puis tous s’installèrent à l’une des plus grandes tables.
« Pour ce que j’ai à vous dire, je préférais être dans un endroit différent et calme où l’on pourrait discuter sans que personne nous entende, expliqua-t-elle une fois installée. - Tu as de nouvelles informations ? Demanda Kaël. - Je connais l’identité de l’Ombre Originelle et je sais pourquoi elle n’a pas été détruite, il y a six ans. »
Ces deux nouvelles étonnèrent toutes les personnes présentes, qui se regardèrent. Comment Zenia avait-elle pu découvrir ce genre de choses, alors qu’elle avait subi la journée forcée d’observation à l’hôpital de Semina ? Enfin, ce n’était que des détails au fond. Après tout, s’ils pouvaient en finir, car ils avaient les informations pour, ils n’allaient pas cracher dessus.
« Alors allons lui casser la gueule pour de bon, histoire d’avoir la paix, déclara Axel. - Ce n’est pas aussi simple. Seul un pouvoir similaire au sien peut le détruire. »
Les autres observèrent Zenia avec insistance, comme pour la pousser à continuer. La scientifique soupira intérieurement. Elle ne pouvait pas se permettre de faire trop référence à l’Entre-Monde, sans risquer d’en dire trop, mais elle pouvait au moins leur parler d’Ariane, avec une ou deux allusions à cette Lune Bleue.
« J’ai rencontré une femme qui s’appelle Ariane, elle est l’une des habitantes de cette Lune qui nous éclaire depuis la catastrophe. Elle détient des pouvoirs similaires au monstre Originel et à ses Ombres, et m’a même dit son identité. Nous sommes donc chargés de le retrouver, pour qu’elle puisse agir. - Et c’est qui, le monstre ? Demanda Axel. - Vous le connaissez plus ou moins… c’est Arioch Necroma. De son vrai nom, Arioch Mahoney. Il est le double d’Ariane, et de part leur nouvelle nature non-humaine, seule elle peut éliminer le danger qu’il représente. »
Riko et Xion furent les premières à réussir à faire le rapprochement, mais ne surent quoi dire, ni comment réagir. Depuis le début… leur tuteur était celui qu’ils pourchassaient tous ? Ce qui signifiait que depuis tout ce temps, elles étaient constamment en danger ? Elles n’en revenaient pas d’être encore vivantes… Mais en tout cas, ça expliquait cette entrevue qui avait provoqué la destruction des urgences, la fois où Riko avait souffert d’une surdité temporaire.
« Agir à la vue de tous n’aurait pas été dans son intérêt, mais je crois que sa dernière défaite au Mémorial lui a laissé un goût très amère, d’où ce plongeon dans les ténèbres qu’il a fait subir à Almari, continua Zenia. - Alors elle a aussi une armée d’Ombres à ses côtés, l’Ariane ? Demanda Alexia. - Ce ne sont pas des Ombres comme Arioch, mais oui, elle détient elle aussi une certaine aide. Mais elle n’a pas souhaité m’en dire plus là-dessus. »
La dernière partie de sa phrase était un mensonge. Zenia savait très bien qui étaient ces personnes qui aidaient Ariane, mais elle avait promis à la femme, et indirectement à Kairi et Vanitas, de ne rien dire pour l’instant.
« D’après Ariane, continua la scientifique. Arioch n’arrivera pas à agir tout de suite, vu l’ampleur des dégâts qu’il a causés, et donc de l’énergie que ça lui a coûté. Si on le retrouve avant qu’il ne récupère trop de force… - On pourrait réussir à le piéger sans trop de difficulté ? Devina Noa. - Exact. - Mais où peut-on le trouver ? Demanda Seïra. - La source de ses pouvoirs provient du lieu où se trouvait le laboratoire, il y a six ans. - Le Mémorial, c’est ça ? Interrogea Kaël. - C’est ça. Donc il est forcément en ville. - Vaut mieux commencer les recherches au plus vite, alors, déclara Alexia. »
Les autres se regardèrent. La rousse avait entièrement raison. Plus vite ils le retrouveraient, plus vite ils pourraient définitivement s’en débarrasser, avant qu’il n’ait repris trop de force. Seulement les autres restaient tout de même sceptiques quant à la réussite d’une telle mission précipitée.
« Et qu’est-ce que tu proposes ? Interrogea finalement Xion, en s’adressant à la rousse. - On va recommencer notre truc favori qui est de faire des groupes, et on cherche chacun quelque part ! - C’est trop risqué, rétorqua le duo d’argentés en chœur. - Bah vous voyez autre chose peut-être, les Einstein ? Demanda Alexia, vexée d’un tel refus aussi catégorique. »
Les deux « Einstein » ne répondirent rien, car en effet… il n’y avait pas beaucoup de possibilités d’actions. Soit ils prenaient le risque de se séparer, soit ils ne tentaient rien, mais devraient à coup sûr affronter un Arioch au meilleur de sa forme. Zenia sembla réfléchir quelques instants, avant d’interrompre le débat qu’était né entre tous les autres.
« Je pense que la proposition d’Alexia est plutôt pertinente, mais ça demande tout de même quelques préparations. Pour l’instant rentrez chez vous mais soyez prêt à agir si jamais je vous appelle pour commencer la mission. Je vais prévenir Eva et Braig, ils pourraient nous aider. »
Les autres ne trouvèrent rien à redire, et obtempérèrent. Tous sortirent, laissant Zenia un moment seule dans ce café, à relire les notes qu’elle avait écrites après la visite d’Ariane dans sa chambre d’hôpital. A ce moment-là, elle entendit le même bruit que lors du moment où Ariane était apparue dans le centre hospitalier. Zenia releva alors la tête vers les étincelles bleues qui venaient d’apparaître, prête à l’accueillir. Cependant… ce ne fut pas Ariane qui apparut, mais Kairi. La scientifique en fut un peu déroutée, mais se ressaisit rapidement. Elle se promit à elle-même de s’habituer au plus vite à l’apparition de ces personnes qui n’étaient plus censées exister. Elle salua la jeune adulte, qui s’installa juste en face d’elle.
« Que fais-tu ici, Kairi ? - Je suis juste venue vous parler, répondit-elle. Ne vous en faites pas, je ne vous retiendrai pas très longtemps. »
Zenia lâcha ses notes pour observer Kairi. Si elle avait pris le risque d’apparaître, alors que son double était encore à quelques mètres, à l’extérieur… cela devait être important.
« Vanitas et moi on vous a observé, lorsque vous avez parlé à tous les autres, et on a réalisé que, peut-être… vous confier un tel secret était quelque chose de lourd à porter. - Où veux-tu en venir ? - On ne veut pas être un fardeau pour vous. Alors si cacher notre existence devait devenir trop difficile et si pour vous soulager vous avez besoin de leur dire… faites-le, d’accord ? »
La sollicitude des deux habitants de l’Entre-Monde toucha Zenia. C’était vrai ; ils ne lui avaient pas confié une tâche très facile, mais elle saurait s’y tenir –mentir pour le bien des autres, elle l’avait déjà fait. Et de toute façon…
« Même si par hasard le poids de cette promesse devait commencer à me peser… je ne pense pas que ce soit à moi de leur dévoiler une chose pareille. - Comment ça ? - Si ça doit être dit, ce sera à vous de le faire. »
En observant le regard fuyant et le silence de Kairi, Zenia comprit finalement quelque chose. Le fait qu’elle et Vanitas se cachaient de la vue de leurs proches était logique dans le sens où ils étaient censés être morts depuis six ans, mais il y avait autre chose aussi qui les avaient poussés à faire ce choix. Ils avaient peur de leur faire face après toutes ces années. Kairi parce que par sa faute Kaël avait abandonné ses rêves pour suivre les siens, et Vanitas parce qu’il avait fait souffrir involontairement Vanilla pendant trois ans, en plus de ne pas avoir pu tenir sa promesse envers Sora et d’avoir quitté aussi brutalement tous ses amis.
Plus simplement… ils ne voulaient pas être haïs par les personnes qui leur étaient proches, à cause de tout ce que leur mort avait pu provoquer. Mais Zenia, en six ans, avait pu beaucoup mieux connaître toutes ces jeunes personnes. Elle se leva et s’assit sur une chaise plus proche de la rouquine, avant de commencer à parler.
« Vous devriez leur dire, car au final, ça vous permettrait à tous de vous sentir mieux. Et de pouvoir vous dire au revoir correctement lorsque tout sera terminé. »
Kairi sembla l’écouter, puis peser le pour et le contre d’une telle chose, mais elle garda cependant le silence. Zenia n’avait malheureusement pas plus de temps à lui accorder.
« Je dois te laisser, mais n’hésite pas à répéter à Vanitas ce que j’ai pu te dire, et réfléchissez-y ensemble. Vous n’échapperez pas aux possibles moments très émotionnels pour tous, mais… ce serait un petit « mal » pour un grand bien, tu ne crois pas ? »
Ce fut sur ces derniers mots que Zenia décida de se lever, pour sortir du café. Connaissant les pouvoirs de Kairi, la scientifique pouvait fermer la porte à clé sans problème, avant de se diriger puis de s’installer, seule, dans sa voiture –Kaël et Seïra étant ramenés par Sora. Elle ignorait l’aboutissement de ce qu’elle avait pu dire à la rouquine, mais elle pensait vraiment que jouer cartes sur table permettrait à tous de pouvoir avancer. Et surtout d’oublier les mauvais moments, pour ne penser qu’aux meilleurs.
~0~0~0~0~
Depuis que cette nuit Eternelle était tombée, et malgré les conséquences que cela pouvait avoir, Aloïs était fasciné par ce nouveau ciel ainsi éclairé par l’Entre-Monde. Certes il faisait bien plus sombre malgré cette aura bleue, mais d’un côté… il était né dans un monde fait de noirceur, du coup… il se sentait bien. Evidemment, il savait que pour les humains il faudrait arranger très vite la chose, et elle ne lui manquerait pas, mais sur l’instant… il fallait avouer que ce ciel était magnifique, illuminé ainsi.
Il se redressa, et s’assit –en prenant soin de ne pas tomber du rebord de la falaise où il se trouvait. Il y avait peut-être de l’eau en dessous, mais Ariane l’avait prévenu qu’un corps humain ne supportait pas autant de choses que l’amas de gaz qu’il était auparavant. D’ailleurs, en parlant du loup… il entendit la femme s’asseoir à ses côtés. Il l’observa du coin de l’œil. Ces derniers jours, elle avait pris beaucoup de son temps pour pouvoir expliquer entièrement l’histoire de l’Entre-Monde à Zenia, et il fallait avouer qu’Aloïs craignait pour lsa sécurité.
« Tu es sûre qu’avoir raconté toute l’histoire de l’Entre-Monde à des humains ne les mettront pas en danger ? - Ne t’en fais pas, je ne ferai jamais courir un risque à un humain s’il y en avait vraiment un. »
Tous les deux regardèrent distraitement et silencieusement l’Entre-Monde. Ariane était heureuse de voir l’évolution d’Aloïs en tant qu’humain. Il se souciait des autres, apprenait à apprécier cette nouvelle vie… elle ne regrettait vraiment pas d’avoir donné une seconde chance au garçon. Elle se tourna vers lui, souriante, tandis que l’autre ne fit que l’observer avec interrogation. Seulement elle ne dit rien, et reprit simplement la contemplation de cette Lune Bleue qu’elle avait créé six ans auparavant. ~0~0~0~0~
De retour dans son appartement, Riku remarqua que Vanilla observa autour d’elle pendant quelques secondes, avant d’être prise d’un léger frisson lorsqu’elle retira sa veste –qu’elle déposa sur le dossier d’une chaise. En constatant cela, et même s’ils avaient des affaires urgentes à régler… ça n’empêcha pas l’argenté de s’inquiéter de la santé psychologique de son amie.
« Tout va bien ? Demanda-t-il. - Oui oui c’est juste que… -elle s’interrompit- Je dois être simplement fatiguée. - Il est à peine seize heures. - Cette nuit définitive me dérègle juste, c’est tout, se défendit l’autre. - Mais bien sûr… Alors ? Qu’est-ce qu’il y a ? »
Vanilla garda le silence, et détourna la tête –comme si elle éprouvait une certaine honte. Bon, au moins cela rassurait Riku, car il préférait ça à l’air sombre qu’arborait la noiraude lorsqu’ils se lançaient dans ce genre de conversations. Cela ne devait donc pas être très grave, du coup, mais ça le perturbait tout de même d’une certaine manière. Vanilla reprit finalement la parole.
« C’est complètement idiot, hein… Et n’en parle surtout pas à Alexia, sinon elle se foutra de ma gueule à vie. - Donc je peux en parler à Axel ? Taquina-t-il, en esquissant un léger sourire. - Ok, si tu commences comme ça je te dis rien à toi non plus. - Je plaisante. Maintenant, dis-moi ce qui ne va pas. »
Les deux jeunes adultes s’installèrent sur le canapé du salon, et Vanilla poussa un long soupir.
« Des fois, j’ai l’impression d’être observée. - Tu penses qu’une Ombre te traque ? - Nan, enfin, je sais pas, c’est différent et pas forcément désagréable… en tout cas ça dure pas très longtemps, et c’est pas si souvent que ça. - Et depuis combien de temps tu as cette impression ? - Bah… Depuis mon retour ici, en fait. Mais c’était rare au début, alors que depuis deux-trois jours ça arrive plus souvent. »
Riku ne put s’empêcher de sourire, ce qui vexa immédiatement Vanilla, qui croisa les bras en détournant la tête, rouge de honte.
« Je savais que j’aurais mieux fait de rien dire. - Ce n’est pas un sourire moqueur. C’est juste que… je ne sais pas trop. Tu as changé entre le moment où tu es partie, et maintenant. »
Vanilla l’observa du coin de l’œil. Changé ? Peut-être. Elle ne s’en rendait pas vraiment compte. A vrai dire, elle ne se souvenait que très peu des trois premières années qui suivaient la fusion –ou plutôt elle voulait les oublier- donc elle ne pouvait pas vraiment infirmer ou confirmer ce que disait le garçon.
« En mal ou en bien ? Demanda-t-elle finalement. - En très bien. »
En fait, pour Riku, Vanilla n’était pas partie il y avait de ça trois ans, car… elle n’avait jamais vraiment été là. Mais depuis qu’elle était revenue, quelques semaines auparavant, le comportement de la noiraude était redevenu normal au fur et à mesure –et dans son regard brillait quelque chose qui n’existait pas, avant son déménagement.
Riku se rappela également du tout début de leur colocation. Vanilla était fermée à toutes discussions si le sujet principal la concernait, alors que maintenant elle se confiait plus facilement, sans qu’il n’ait besoin d’insister. Elle était également beaucoup plus ouverte –comme à l’époque. Vraiment, il était ravi de pouvoir enfin revoir la Vanilla qu’il avait connu, six ans auparavant.
« Mais pour en revenir à cette impression d’être observée…, reprit finalement Riku. Je pense surtout que ça provient de la situation actuelle, car tu as peur d’être retrouvée par une Ombre, donc tu te mets trop de pression. - J’ai pas peur et je me mets pas la pression, bouda la noiraude. - A d’autres, sourit simplement l’argenté. Mais tu sais… tu pourrais commencer à décompresser, vu qu’on connaît l’identité du monstre, on en aura peut-être bientôt fini. »
Vanilla garda cet air un peu boudeur quelques minutes, avant de finalement soupirer, et de se tourner entièrement vers Riku. Bien sûr l’argenté savait qu’il faudrait d’abord retrouver la créature Originelle, et que beaucoup de choses pouvaient arriver entre temps. En plus, ce n’était pas dans ses habitudes de trop vouloir rassurer, sans pouvoir prouver concrètement ce qu’il disait. Mais il avait tout de même raison sur un point ; ils avaient parcouru plus de la moitié du chemin, et pouvaient espérer un retour à la normale pour bientôt.
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