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 A peu près Roméo et Juliette (Fanfiction)

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MessageSujet: A peu près Roméo et Juliette (Fanfiction)    A peu près Roméo et Juliette (Fanfiction)  EmptyMer 23 Jan - 10:14

Titre : A peu près Roméo et Juliette
Monde : UA
Genre : Mystère, drame
Pairing : hm... Shonen ai, pour le moment.
Statut : en cours.
Betâ lectrice: Ariani lee

OooO

Dans l'obscurité de la chambre -de leur chambre, à lui et ses jumeaux- l'enfant rouvrit les yeux. Cela faisait bien longtemps que le garçonnet avait des insomnies, mais avec le temps, il en avait pris son parti. Doucement, il se détacha de l'étreinte de ses deux frères, et s'échappa du lit. Depuis leur naissance, les triplés avaient pour habitude de dormir ensemble, et pour satisfaire à leur caprice, leurs parents avaient jugé bon de leurs acheter un lit deux places. D'un pas hésitant, l'enfant avança dans la pénombre jusqu'à ce qu'il marche sur quelque chose –sans doute un Playmobil- qui s'enfonça dans son pied, lui arrachant un cri qu'il étouffa aussitôt. La douleur jaillit jusque dans son talon mais l'ignora en se précipitant vers la porte entrouverte. En la refermant, le plus discrètement qu'il lui était possible avec ses mains tremblantes, il observa le couloir, et fut rassurer de n'apercevoir ni parents, ni bonne et encore moins de garde du corps, mais songea que c'était normale compte tenu de l'heure tardive.

Le blondinet n'était ni prince ni duc de quoi que soit, mais sa famille, richissime, vivait dans une grande et majestueuse demeure non loin de Vérone. Son petit château, comme il l'aimait à l'appeler, était truffé de pièces plus grandes les unes que les autres. Il était bâti sur deux étages, les escaliers menaient à sa chambre à lui et ses frères et à quelques mètres de là, une salle de bain, tout aussi grande. Trois lavabos y était disposés ainsi que trois cabines de douche et trois baignoires. Sur le reste de l'étage se trouvait la chambre de leurs parents, mais aucun des triplés n'avait l'autorisation d'y entrer. Il y avait aussi celle du Docteur, mais personne ne connaissait son nom. C'était le « Docteur ». Et enfin, la dernière porte, au fond du couloir, menait à la chambrée de leur ami d'enfance.

D'un pas décidé, l'enfant longea l'allée, mais cette fois-ci, sans difficulté. En effet, chaque porte était illuminée par une veilleuse disposée sur une petite table de nuit. La lumière éclaboussait le tapis bordeaux. Le blondinet avait toujours comparé son petit château à celui de la Belle et la Bête, aussi grand et majestueux, avec ces escaliers de style baroque, ces fioritures de mauvais goût peintes ou mises en relief à chaque pan de mur, ces arcs surplombant chaque porte comme autant de preuves tape-à-l'œil la richesse démesurée de ses occupants et enfin, ces lustres, qui à vue de nez devaient bien faire dans les un ou deux mètres cinquante.

Comparé à ses frères, l'enfant était discret et solitaire et ses parents ne l'avaient jamais compris. Il leur semblait qu'étant jumeaux, les triplés devaient vivre collés les uns aux autres comme pour manifester cette gémellité mais le garçonnet, loin d'être heureux de cette situation, ne pouvait faire autrement. Chaque jour, il voyait Roxas et Sora jouer ensemble, se toucher, rire et parler pendant des heures. Leur lien semblait éternel, indestructible mais lui, loin de pouvoir les comprendre, les fixait en ressentant encore et toujours un manque, comme un à peu près dans son cœur. Pourtant, les jumeaux l'aimaient à sa juste valeur, l'invitant dans leurs conversations d'enfants, dans leurs jeux de pirates, dans leurs fou-rires mais le garçonnet restait sombre et s'en allait à chaque fois.

Il descendit marche par marche, grimaçant à chaque fois que le bruit de ses pas résonnait dans ce silence de mort. Foutu parquet, foutu escalier sans tapis il ronchonna en songeant que ses parents auraient du en poser comme dans la Belle et la Bête. L'idée était de se faufiler, comme chaque nuit, hors de la demeure, mais pour cela, il ne fallait surtout pas réveiller qui que soit. Alors, le plus discrètement possible, il continua son périple mais bondit lorsqu'il entendit des bruits de pas se diriger vers lui. D'un geste, son regard vira l'étage supérieur, mais le son semblait venir d'ailleurs -de la porte d'entrée, songea t'il en se précipitant derrière l'une des deux statues d'anges pleureurs gardant l'entrée des escaliers. Recroquevillé contre cette sculpture qui prouvait encore que sa famille jetait l'argent par les fenêtres tant leur manque de gout était implacable, le garçonnet retint son souffle, sentant la panique l'envahir.

- Ven !

Surpris, le blond releva la tête au son de cette voix si familière. En face de lui, l'homme aux cheveux argentés le regardait, l'air inquiet, de ses yeux vert de gris perçants.

- Monsieur…

L'argenté lui sourit, d'un sourire triste et lui tendit la main. Le blondinet l'accepta en esquivant son regard, honteux d'avoir été découvert. L'homme et l'enfant firent quelques pas dans l'entrée, sans vraiment savoir où aller, les idées se bousculèrent dans la tête du petit mais l'envie de s'en aller persista, comme une idée fixe non négociable.

- Dis moi Ventus, je sais que le sommeil n'est pas ton allié, mais où vas-tu et que vas-tu chercher lorsque la lune pointe le bout de son nez là
haut dans le ciel ?

Bouche bée, le blond intensifia son regard en posant ses yeux sur l'argenté, et l'homme lui sourit lorsque Ventus lui demanda à demi-mot comment il en savait autant.

- Toi, tu penses que mon rôle n'est que celui d'une gardienne d'enfants, mais loin de cela, je t'observe depuis longtemps, t'aime à ma manière
et connais tes faiblesses et tes peines.

Abasourdis, le blondinet piqua un fard devant son ainé. L'argenté avait quinze ans, et pour une raison étrange, ses parents l'avaient embauché à la naissance des triplés. Ventus n'avait jamais compris leur choix, car logiquement, à cette époque, l'argenté ne devait pas avoir plus de huit ans. Le blondinet applaudissait son courage, ne s'imaginant pas lui même avoir la force ni la patience de s'occuper de trois gamins braillant du matin jusqu'au soir.

- Si cela est vrai, lui dit l'enfant sans un regard, laissez moi m'en aller. Laissez moi aller rejoindre ce qui m'appelle chaque nuit dans mes rêves.

Curieux, l'homme posa sa main sur son épaule et chercha, derrière les mèches qui recouvraient son visage, les yeux ternes de l'enfant solitaire.

- Tes rêves ? Qui est-ce donc ? Qui t'attire ainsi inlassablement ?

Le blond secoua la tête et ses cheveux dorés virevoltèrent au gré de son mouvement.

- Je ne sais pas, pas encore du moins. Mais je dois y aller, je sais qu'il m'attend…

L'argenté emmêla ses doigts dans les cheveux de l'enfant, et surpris, celui-ci le regarda à nouveau. L'homme semblait perplexe, et ne savait encore si le laisser repartir seul, à huit ans, dans la nuit et les rues de Vérone serait une bonne chose. Mais il avait plus d'un tour dans son sac.

- Si cette chose ou cette personne te rappelle à elle chaque nuit, tu te dois d'aller la rejoindre, car si tu ne le fais pas, jamais ton cœur ni ton
sommeil ne pourront être paisibles.

De prime abord, l'enfant était resté muet en songeant que l'argenté allait refuser en bloc ses supplications, et fut plus que surpris à l'écoute de ses paroles. Ventus laissa s'échapper un éclat de rire qu'il étouffa immédiatement en voyant le regard d'avertissement que lui lança l'homme pour lui rappeler qu'il ne fallait faire aucun bruit.

- Enfile tes baskets et prends ta veste, nous y allons !

A nouveau, l'enfant s'égaya d'un léger rire, plus discret que le précèdent et lui adressa un sourire en acquiesçant.

- Merci, merci monsieur !

L'homme termina d'enfiler sa veste et replongea ses doigts dans ses cheveux en les ébouriffant.

- Non, Ven, mon nom n'est pas monsieur, mais Riku !

Riku, ce jeune homme à la carrure fine et élancée, au sourire ravageur et glacial et aux cheveux longs et soyeux, lui jeta un regard en terminant sa phrase. Phrase qui pour lui, invitait Ventus à devenir son meilleur ami. Le gosse, sans doute trop jeune pour comprendre le sens de ses propos, lui dégaina l'un de ses plus beaux sourires, acquiesça avec fermeté et attrapa la main de l'homme qui plus tard, et à coup sur, n'envisagerait plus jamais d'être séparé de lui ne serais-ce qu'une seule seconde.

Dans les rues de Vérone, la chaleur était accablante et le mouflet ronchonna contre cette veste en coton beaucoup trop chaude pour la saison. Sans un regard, l'homme lui permit de l'enlever, songeant que ce n'était ni le vent ni la soirée, qui d'ordinaire plus fraiche, aurait pu l'enrhumer. Le blond le remercia à nouveau et se dévêtit sans attendre. Ils longèrent, main dans la main, un marché de nuit et l'enfant se laissa éblouir par les lumières qui scintillaient dans la nuit. De grands ou petits lampadaires venaient illuminer les échoppes, et Ventus s'étonna de voir que l'astre de lune, veilleuse intemporelle de chaque nuit ne remplissait plus son rôle au regard de cet éclairage terne et froid.

- De tout temps, l'homme a recherché le progrès, et ce que tu vois en fais partie. Ne prend cette mine désolée, lui chuchota l'argenté au creux
de l'oreille.

Sans savoir comment ni pourquoi Riku avait pu lire dans ses pensées, le blondinet acquiesça en lui adressant un demi sourire. Ils pressèrent le pas. Ou tout du moins, l'argenté avait il l'impression de le suivre, comme une course effrénée, comme si Ventus voulait échapper au progrès et au futur désastreux que la société leur préparait. En se précipitant, l'homme bouscula à plusieurs reprises les passants qui le dévisagèrent, l'air mécontent. Mais Riku n'avait le temps que de leur faire un geste en signe d'excuse tant la main qui le tirait ne semblait ne lui laisser aucun répit.

Il confirma sa pensée lorsqu'il trébucha, trois fois, contre des pots, des tableaux posés à même le sol et une fillette, perdue dans la foule, mais étrangement, l'enfant le rattrapa à chaque fois en l'invitant à poursuivre.

Ce soir là, Riku le vit d'un œil nouveau. Il lui sembla que Ventus ne ressemblait plus à l'enfant paumé que bonnes et parents ne cessaient de vouloir confondre avec ses jumeaux. Qu'il s'était trouvé un but, une raison de vivre, et qu'ils savaient tous deux que leurs pas les mèneraient indéniablement à destination.

Digne d'un félin, Ventus s'échappa enfin de la foule sous le regard admiratif de son ami qui lui tenait encore fermement la main.

- Alors ? Par où doit-on aller maintenant ?

Le garçonnet fit quelques pas et regarda de gauche à droite, observant l'un et l'autre chemin qui menaient vers deux tableaux complètement opposés. L'un, allait vers la ville, et il suffoquait déjà à l'idée de revoir ces gens s'agglutiner l'un sur l'autre éclairés par ces lumières sans vie. Le second lui parut plus rassurant, tandis qu'il gardait son regard fixé sur la cime des arbres, là où se trouvait cette prairie au cours d'eau envoutant. Il songea qu'à cette heure-ci, loin du brouhaha et des lumières de la cité, la lune devait briller de mille feux, et laisser se refléter sa magnificence dans cette eau bleu azur. En pointant la prairie du doigt, il songea que celui ou celle qui hantait ses nuits chaque soir ferait le même choix. L'homme voulut acquiescer, mais aussitôt, le blondinet lâcha sa main et s'encourut à nouveau.

- Ven ! Ventus ! Attends-moi !

L'air chaud qui se déposait contre les pommettes, les mèches rebelles qui se balançaient au gré du vent, ce bruit, comme une céréale qui croustille sous la dent à chaque pas, il fallait fermer les yeux pour pouvoir ressentir ces petits plaisirs. Ils étaient tous plus insignifiants les uns que les autres, mais fondus dans un tout, cela devenait son paradis. Subjugué par sa contemplation, et par le hibou, qu'il pouvait distinctement entendre hululer dans les feuillages des arbres, le blondinet en avait presque oublié son ami qui au loin, continuait de l'appeler. Mais il poursuivit sa course, et son visage s'illumina en arrivant enfin à l'orée de la petite prairie. Il sourit et fut ému en songeant que ses prédictions se révélaient exactes en examinant l'ouverture menant sur le pré. En forme de rond, le tapis d'herbe était délimité par cette grande et majestueuse forêt et au centre, ce petit oasis fait de verdure, illuminé par le simple reflet de l'astre.

Il laissa échapper un éclat de rire en reprenant sa course en direction de l'eau bleu azur. Il se sentait enfin libre, vivant et savait, qu'en tournant la tête, l'enfant de ses rêves serait là, comme lui, à l'attendre, trépignant d'impatience à l'idée de cette rencontre. Et comme toujours, Ventus se vantait de n'avoir jamais tors.
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