Fandom français de Kingdom Hearts
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 [OS] Quiet like first snow

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AuteurMessage
Laemia
Vincent-Jean-Hubert
Laemia

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[OS] Quiet like first snow Empty
MessageSujet: [OS] Quiet like first snow   [OS] Quiet like first snow EmptyDim 15 Juil - 18:52

Titre : Quiet like first snow
Monde : Canon
Genre : Romance
Personnages : Vanitas et Olette principalement, mention d'Hayner, Pence, Sora, Donald, Dingo et un peu Ventus
Pairing : Vanitas/Olette (si, si!) et un tout petit sous-entendu VanVen (pas pu m'en empêcher... pardon)
Statut : Complet
Disclaimer : *soupir* Rien ne m'appartient, même pas l'univers... triste, hein?
Rating : T, très léger
Résumé : Une vie paisible, sans heurt, sans vague... Mais quand le silence est brisé définitivement, qu'advient-il?
Remarque : Ne vous arrêtez pas à la mention du pairing bizarre! 8D Hum, d'accord, plus crack que ça, on fait pas, maiiiis... xD

---
Depuis combien de temps se trouvait-il ici, déjà ? Il y faisait froid, mais ça lui allait bien, dans le fond. Ça avait quelque chose de rassurant, de même que cette obscurité qu’il ne parvenait pas à percer.

Combien de temps ? Combien de jours, mois, années pouvaient bien s’être écoulés depuis qu’il se trouvait bloqué ici ? Il n’avait pas l’impression d’être encore une personne… s’il en avait été une un jour, du moins. Tant pis, au fond. A quoi cela servait-il d’exister ? A quoi servait de… vivre ?

Il pouvait voir chaque mouvement des ténèbres, tout ce qui s’y déroulait. Cela faisait longtemps néanmoins qu’il s’était lassé d’observer le seul éclat de Lumière qui y errait. Une jeune femme, une vieille amie à lui… ou plutôt à son double, son original, mais quelle importance ? Ils n’existaient plus ni l’un ni l’autre.

Car il n’existait pas vraiment, n’est-ce pas ? Il était à peu près conscient, semi-éveillé, et après ?

Oh, attendez. Ca remuait quelque part dans l’obscurité. Intrigué, il tenta de se focaliser sur la chose et sentit la déchirure en plein cœur de la nuit. Et des intrus. Deux bruits de pas. L’ouverture ainsi créée produisait une chaleur désagréable qui fit remuer l’être dans son demi-état de conscience ou peu importait ce dont il s’agissait.

Il vit les intrus errer dans le noir. Tiens, donc, intéressant… Ce n’était pas tous les jours que l’on voyait de nouveaux venus dans les ténèbres. Il décida de les observer un moment, faisant abstraction de cette ouverture dans son royaume qui ne se refermait pas et qui le réveillait peu à peu.

Néanmoins, ils partirent plutôt vite. Par un autre passage qui faillit l’aveugler tant il était lumineux. Trop chaud, aussi, brûlant même. De la Lumière en plein cœur des ténèbres ! Heureusement, cette porte ci se referma d’elle-même, emportant ainsi les deux étrangers.
Sauf qu’il restait l’autre passage… celui pas tout à fait refermé. Une vague d’agacement l’emplit. Tiens, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti quoique ce soit… Il bougea légèrement, tenta de se soustraire à cette chaleur dérangeante. Bouger ? Encore une chose qu’il n’avait plus faite depuis longtemps… Et pour cause, il n’était plus sensé pouvoir… pas après sa défaite.

Il tenta d’esquisser un autre mouvement, senti une légère résistance mais parvint à se défaire de l’emprise qui le retenait. La suite vint d’un seul coup, comme s’il venait de percer une coquille hermétiquement fermée que le monde extérieur s’empressait d’envahir à la moindre fissure. L’air parvint à ses poumons brusquement et quelque chose de dur cogna ses jambes. De froid, aussi, mais à ça il y était habitué.

Peu à peu, il reprit conscience de ses muscles et finit par ouvrir les paupières. Bien, ainsi il se trouvait toujours dans le monde des ténèbres ? Il prit appui sur le sol avec ses mains pour se relever.

Il ne comprenait pas pourquoi exactement il venait d’être libéré. Sans doute à cause de la chaleur que dégageait le portail. Il devait mener au monde extérieur. L’autre côté…

Il décida de suivre la Lumière qui en émanait et s’y engouffra, débarquant dans un monde inconnu. Une immense ville parsemée de néon au-delà de laquelle s’étendait la ruine de ce qui semblait avoir été un immense château blanc.

-_-^-_-

« Olette, vient, on rentre !

-Ça fait déjà plusieurs heures, Hayner ! proteste la jeune fille.

-Justement, rétorqua son ami. Ils doivent déjà en avoir fini avec ce qu’ils devaient faire. »

Pour toute réponse, la jeune fille tapa du pied par terre. Pourquoi ne l’écoutaient-ils pas ? Enfin, si Sora et les autres avaient réussis, ils seraient repassés de leur côté de la Cité pour le leur annoncer !

« Ça suffit, soupira-t-elle, on va les chercher.

-Mais, Olette… tenta de la raisonner Pence. Ils se débrouilleront, ne t’en fais pas… »

Elle leva ses yeux déterminés vers lui.

« Très bien, j’irais seule. »

Sora, Donald et Dingo étaient passés dans leur monde quelques heures auparavant, avant d’entrer dans la Cité Virtuelle contenue dans l’ordinateur qui se trouvait dans le Manoir. Ils n’étaient toujours pas revenus. La jeune fille était persuadée qu’ils rencontraient des difficultés. Malheureusement, Hayner et Pence ne semblaient pas de cet avis…

Sans écouter les protestations des deux autres, elle se glissa dans le téléporteur. Depuis que Sora avait débarqué dans la Cité du Crépuscule, Olette ne comprenait plus rien à ce qui se passait dans ce monde. D’abord, ces étranges créatures, les Simili, puis la mystérieuse apparition et l’enlèvement de Kairi… et maintenant, ça ! Bien sûr, personne ne se donnait la peine de répondre à ses questions. Eh bien, elle irait vérifier par elle-même !

Elle atterrit dans une salle en tout point identique à celle qu’elle venait de quitter, ou presque. Dans un coin se trouvait un ordinateur également semblable à celui de la vraie Cité, sauf… qu’il était cassé. Les écrans de contrôle étaient brisés, le clavier fendu en deux. Qu’importe celui qui avait fait cela, il devait vraiment être en colère !

Elle quitta cette salle et arriva dans une autre pièce, vide elle aussi... Dans un coin se trouvait une sorte d’ovale brillant de la taille d’une personne. On aurait dit un passage.

Olette fit un pas en sa direction, hésitante. Etait-ce par-là que les trois autres avaient disparus ? Il ne restait qu’un moyen de le savoir, seulement… Qui savait ce qu’il pouvait bien y avoir de l’autre côté ?

Elle secoua la tête pour se ressaisir. Il fallait qu’elle sache ! Et s’il lui arrivait quelque chose, eh bien… Elle préférait ne pas y penser, à vrai dire.

La gorge pleine d’angoisse, elle s’engagea dans le passage. Ce qu’elle y vit faillit la faire reculer. Visiblement, elle se trouvait dans une sorte de couloir intermédiaire aux couleurs surprenantes. De l’autre côté, une autre ouverture débouchait quelque part. Olette inspira à fond pour se donner du courage. Maintenant qu’elle était là, plus question de reculer ! Sauf si elle croisait des Simili… Là, oui, elle ferait demi-tour.

Après avoir quitté l’étrange couloir, elle se retrouva dans ce qui semblait être une ruelle incroyablement sombre. Le silence qui y régnait aurait dû la rassurer, mais cela provoqua l’effet inverse. N’y avait-il réellement pas âme qui vive, ici ?

Le bruit de ses pas résonnants contre le bitume froid et humide acheva de l’angoisser. Elle traversa le lieu sombre pour finalement débarquer dans une allée plus grande mais non moins sinistre. Elle se rendit compte que, non seulement il pleuvait à verse, mais en plus l’air était affreusement glacé. Elle aurait sans doute un coup de froid le lendemain à cause du brusque changement de température mais ne s’en préoccupa pas plus que ça.

Au moins les nombreux néons et enseignes lumineuses présents éclairaient suffisamment les lieux pour qu’elle puisse y voir comme en plein jour. Tiens donc, des lumières dans une ville déserte ? Quel monde curieux…

Au bout d’un moment, elle crut entendre des pas se mêler au sien. Elle s’arrêta. Plus rien. Soupirant, la jeune fille reprit son chemin en tremblant légèrement à cause de la pluie glacée sur ses bras nus. Elle poursuivit sa marche en longeant les murs jusqu’à atteindre un tournant et… se retrouver nez à nez avec Sora, qui lui renvoya un regard méprisant.

Non, pas Sora… Elle recula, croyant à un effet d’optique dû aux néons de la ville. Pourtant… non. Ce n’était pas lui. A moins… qu’il ne lui soit arrivé quelque chose ?

« S… Sora ? » tenta-t-elle tout de même, fissurant le silence du lieu.

Le garçon la dévisagea de ses yeux jaunes, la détaillant comme s’il s’agissait d’un affreux insecte se dressant sur sa route. Ses cheveux également, étaient plus foncés que ceux de Sora.

Ce fut lui qui se chargea de complètement briser le silence de la ville, que la pluie malmenait déjà depuis un moment. Sa voix tomba sèchement, comme une lame de rasoir.

« Je ne vois pas de qui tu parles, gamine. »

Gamine ? Il devait avoir à peu près son âge ! Olette resta plantée là à le regarder stupidement, comme figée par ses mots. Il n’y avait aucune raison, pourtant ! Mis à part… A part que maintenant, le bruit avait envahi ce monde pâle et sinistre, comme lorsqu’on perce une bulle.

L’inconnu commença à s’éloigner. Mais c’était trop tard. Ses pas résonnaient dans la nuit, piétinaient ce qu’il restait du silence. Olette le ressentait, aussi bien dans ses oreilles que dans sa tête que dans son cœur, qui devenait bruyant lui aussi. Et il s’éloignait… La bulle semblait se reformer peu à peu.

Un éclair de lucidité vint reculer son étonnement au plus profond de son esprit. La jeune fille se reprit.

« Attend ! lui cria-t-elle avant que le son de sa marche ne s’efface. Tu n’aurais pas vu… »

Elle s’interrompit. Bien sûr que non, il ne les avait pas vus. Sora, Donald, Dingo... Où qu’ils soient, ce n’était pas ici.

Le garçon se retourna, l’air fatigué de devoir s’interrompre pour elle, si insignifiante.

« Il n’y a rien par là-bas, lui apprit-il. Seulement des ruines. »

Alors, ils étaient déjà repartis… Hayner et Pence avaient eu raison. Bien sûr. Autrement, elle les aurait devinés dans le silence, non ? Non ! Qu’est-ce qui lui prenait ? Bien sûr que non, elle n’aurait pas pu ! Ce n’était pas le moment de jouer les poètes ! La jeune fille se surprenait elle-même. Elle était d’ordinaire d’un naturel terre à terre, pas du tout encline aux métaphores de ce genre ! Elle devait se ressaisir, mais le sang qui pulsait à ses tempes la déconcentrait.

Celui qui ressemblait tant à Sora attendait qu’elle réagisse, visiblement.

« De… De ce côté-là non plus ! » l’informa-t-elle.

Ils restèrent immobile un instant, écoutant la pluie battre furieusement autour d’eux. Olette ne prenait même plus garde aux gouttes qui s’écrasaient contre sa nuque comme autant de pics de glace s’infiltrants sous sa peau. Elle réalisait peu à peu. Sora et les autres étaient très certainement partis de là d’où cet étrange garçon venait. Que faisait-il ici, d’ailleurs ? Etait-il responsable de leur disparition ?
Elle ne trouvait pas de réponse à ces questions. La pluie, le froid, tout cela l’empêchait de réfléchir correctement. Elle était trempée, à présent.

« C’est toi, lança-t-elle à l’inconnu. Tu leur as fait quelque chose ! »

Elle attendit la réponse, soutenant son regard ambré.

« Je ne vois pas de quoi tu parles, gamine », déclara-t-il froidement.

Froidement, c’était le mot. Exactement comme l’eau dont la voix résonnait contre les pavés.

« Je ne suis pas une gamine ! » s’emporta-t-elle soudain.

Visiblement, cela ne plut pas à l’étranger, qui s’avança vers elle, s’arrêta à un bon mètre, les sourcils froncés et le regard hautain.

« Mais dis-moi, gamine, commença-t-il alors qu’un sourire moqueur étirait ses lèvres. S’il n’y a vraiment rien dans cette direction… D’où viens-tu ? »

Bien sûr, il n’y avait rien, mis à part… Elle retint une exclamation en réalisant. Rien, sauf le Portail qui menait à la Cité du Crépuscule ! Si ce garçon, peu importe qui il était, atterrissait là-bas, Olette savait que ce ne serait pas bon du tout. Elle le sentait. Tout chez lui paraissait malsain, de ses yeux dorés qui brillaient d’un étrange éclat à cet air narquois qu’il affichait. D’accord, il ne fallait pas juger sur les apparences, mais…

« Je te retourne la question, parvint-elle à sortir d’une voix mal assurée.

-Hm, pas faux, rit-il. Je viens d’un autre monde. Toi aussi ?

-Je… »

Elle porta une main à sa bouche avant d’en révéler trop. Il ne fallait pas qu’il sache !

« Non. Je vis ici.

-Menteuse. »

Avant que la jeune fille n’ait pu réagir, il lui saisit le poignet pour l’empêcher de s’enfuir. Cette fois, elle ne put retenir une exclamation de surprise. Sa main était froide.

Elle se dégagea promptement et revint sur ses pas, courant presque.

« Il faut que je rentre chez moi ! »

Sauf que le silence ne voulait pas revenir. Elle entendit à nouveau des pas se mêler aux siens. Ce coup-ci, il ne s’agissait pas simplement de son imagination.

« Arrête de me suivre ! » lui cria-t-elle en se retournant, cette fois-ci clairement énervée.

Et l’autre ne lui obéit pas, se contentant de la fixer d’un air amusé. Elle commençait à changer d’avis sur lui. Il n’était pas dangereux, simplement idiot !

« Il faut bien que j’ailles quelque part », répondit-il en haussant les épaules.

Pour toute réponse, la jeune fille soupira. Il l’énervait. Beaucoup. Lui et son sourire hautain, d’ailleurs. Que pouvait-elle bien répondre à ça ?

Les créatures les assaillirent sans prévenir. Olette poussa un petit cri lorsque les ombres noires sortirent du sol et fondirent sur elle. Par réflexe, elle ferma les yeux, attendant l’impact qui ne vint jamais.

Elle risqua un coup d’œil et vit le garçon éliminer les dernières créatures à l’aide d’une sorte de clé, plus ou moins semblable à celle que possédait Sora. Il se tourna vers elle, amusé de la voir trembler comme une feuille.

« Pathétique », commenta-t-il.

Elle recula alors qu’il esquissait un mouvement en sa direction. Son dos heurta le mur trempé derrière elle.

« Qui es-tu, au juste ? souffla-t-elle.

-Moi ? questionna-t-il en avançant de deux pas. Personne. (Un pas.) De toute façon, même si je te le disais tu ne comprendrais pas. »

Encore une avancée, et il arriva juste devant elle. Il n’aurait qu’à tendre la main pour la toucher. Le cœur de la jeune fille se mit à battre plus fort d’angoisse. Elle retirait ce qu’elle avait pensé auparavant. Il était dangereux. Et malsain. Elle tenta de se fondre encore plus contre le mur.

Elle se rendit compte qu’il ne s’agissait pas de la bonne stratégie à adopter lorsqu’il vint poser ses mains des deux côtés de sa tête pour la bloquer. Il pencha la tête de côté, un mince sourire aux lèvres, ses yeux ambrés plantés dans les siens. Ces yeux… Olette ressentait une pointe d’agacement en les fixant. Non seulement parce qu’elle ne supportait pas son air si sûr de lui, mais aussi parce qu’ils remuaient quelque chose en elle, au creux de son estomac, qu’elle ne comprenait pas.

« Tu as peur ? » demanda-t-il en se penchant légèrement vers elle.

Il faisait quelques centimètres de plus qu’elle. Elle se contenta de lui envoyer un regard noir qu’elle espérait assez agressif. Elle n’était pas stupide. Elle savait bien qu’il devinerait si elle mentait. Seulement, elle ne pouvait pas non plus lui faire le plaisir de lui avouer son effroi.

Il eut un petit rire devant son manque de réponse et sa question se transforma en constatation.

« Tu as peur.

-Qu’est-ce que tu me veux ? » répliqua-t-elle.

Il l’ignora royalement.

« Tu trembles… » la nargua-t-il en passant le bout de ses ongles sur son bras nu.

La jeune fille s’empressa de rompre le contact, son cœur battant à toute allure.

« Tu me rappelles quelqu’un, poursuivit le garçon. Il s’appelait Ventus. Lui non plus n’aimait pas que je le touche.

-Qu’est-ce qu… ? »

Elle ne termina jamais sa phrase, surprise par l’autre qui, sans préavis, posa une main sur sa joue. Contact doux en apparence mais qui lui fit l’effet d’une bombe lâchée dans tout son organisme.

Pour la première fois, il abandonna son air supérieur pour une mine pensive, fronçant légèrement les sourcils, les lèvres entrouvertes. Il était beau, Olette ne s’en rendait compte que maintenant. Le constat tomba comme une vérité indéniable. Une petite voix au fond de son esprit lui chuchota qu’elle perdait l’esprit, qu’il n’était pas l’heure de penser à cela ! Elle l’ignora. Au diable la conscience, pour une fois.

En parlant de diable…

« Je me demande… murmura celui qui se trouvait en face d’elle en se penchant encore vers son visage. Je me demande si tes lèvres auraient le même goût que les siennes… »

… Quoi ?

Le silence revint, assourdissant, comme si tout, tout même la pluie, se taisait pour mieux laisser sa raison hurler silencieusement. Le temps se figeait et avançait trop vite à la fois. Olette n’eut pas le temps de se poser la question de si elle le voulait ou non que, déjà, les lèvres du garçon vinrent s’écraser sur les siennes. Contact froid qui la réchauffa étrangement, l’électrisant de part en part, s’envolant la seconde d’après. La seule image qui lui vint à l’esprit fut une chute de neige, rare, gelée, étonnamment douce et qui fondait en touchant le sol.

Elle ne rouvrit pas de suite les yeux, tentant encore de calmer les pulsations de son cœur. Elle savait que si elle tentait de se décoller du mur maintenant, ses jambes ne la porteraient pas. Elle s’étalerait lamentablement sur le bitume.

Enfin, Olette se décida à le regarder. Le bruit reprit ses droits à l’intérieur de la bulle qui s’était formé l’espace d’un instant. La pluie se remit à tomber, plus vite et plus fort que jamais.

L’autre avait repris son sourire. Pas le même qu’avant, cela dit. Pas tout à fait vaniteux, pas tout à fait mélancolique.

« Pas vraiment, déclara-t-il plus pour lui-même que pour elle. Cela dit, ce n’est pas désagréable. »

La jeune fille fut tentée d’approuver, avant de se ressaisir. Il venait de l’embrasser ? Comme ça, sur un coup de tête ? Pour qui la prenait-il, au juste ?

Elle élança son bras pour lui donner une gifle mais fut coupée dans son élan par une main qui lui serra le poignet.

« Quoi, tu n’as pas aimé ? demanda-t-il avec une pointe d’amusement dans la voix.

-Je… Ce n’est pas une question de… Oh, j’en ai assez ! Lâche-moi ! »

Au contraire, il resserra sa prise, lui arrachant un petit cri de douleur.

« Tu as essayé de me frapper, là, non ? rétorqua-t-il en ignorant ses protestations.

-Et toi, tu m’as embrassée ! s’écria Olette en tentant de se dégager. Je t’ai dit de me lâcher. »

Cette fois-ci, son sourire redevint clairement malsain en observant les efforts vains de la jeune fille.

« Tu m’amuses », répliqua-t-il calmement.

Olette ne comprenait plus rien. Elle ne comprenait pas qui était ce garçon, ni ce qu’il lui voulait, ni pourquoi elle s’était sentie affreusement bien lorsqu’il avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle ne souhaitait pas comprendre. En temps normal, elle aurait cherché une explication logique, posément, comme elle le faisait avec ses exercices en classe, mais pas cette fois, non. Elle ne voyait pas, ne trouvait pas de réponse qui la satisfasse. Rien n’était rationnel, en ce moment, et elle détestait ça. Elle devenait folle et cet inconnu n’arrangeait rien.

Elle ne connaissait même pas son nom.

« Pourquoi cherches-tu à me fuir ? » demanda-t-il.

Pour le coup, elle cessa de se débattre un instant. Ne faisait-il pas tout pour l’effrayer, justement ? Cela lui semblait logique de vouloir partir le plus loin possible ! Sur le coup, elle se sut que répondre. Plus tard, lorsqu’elle y repensera, elle saura qu’elle aurait dû dire qu’elle n’aimait pas ce qu’il lui faisait ressentir rien qu’en étant si près d’elle.

Oh, non, elle n’aimait pas ça du tout. Olette, elle préférait les choses rationnelles et le silence. Tout le contraire de ce garçon étrange, sans doute à moitié fou, qui représentait des tas de questions à lui seul et qui amenait tant de bruit dans son cœur et dans sa tête.

« Je… balbutia-t-elle. Je ne veux pas rester une seconde de plus près de toi ! »

Une fois la phrase construite dans son esprit, c’était sorti tout seul.

« Bien sûr, déclara-t-il paisiblement. Personne ne le veut, de toute façon. »

Elle crut percevoir un semblant d’amertume dans sa voix.

« Je suis un monstre, pas vrai ? poursuivit-il. C’est comme ça que vous me voyez, tous ? »

Il eut un rire sans joie et lâcha son poignet, se rapprochant à nouveau d’elle, sa bouche à quelques millimètres de la sienne. Leurs souffles se mêlèrent. Olette frissonna, ne pensant même plus à s’en aller, ni même à essayer. Au revoir, la raison… encore une fois.

« Enfin, ça ne fait rien, murmura-t-il tout contre ses lèvres. C’est ce que je suis et ça me plaît. »

Néanmoins, il ne scella pas le baiser. Olette dut se faire violence pour renoncer à l’idée de s’en charger elle-même.

« Mais pourquoi m’en blâmer, hm ? »

S’en fut trop. Avant de céder à ses pulsions, elle le repoussa en posant ses mains à plat sur son torse. Il s’écarta d’elle en haussant un sourcil interrogateur.

« Pourquoi est-ce que tu résistes alors que tu en as envie ? questionna-t-il, cette fois réellement surpris.

-Parce que ce n’est pas… pas…

-Pas quoi ? »

Oh, elle avait des tas d’adjectifs en tête pour terminer sa phrase : pas raisonnable, pas correct, pas bien, pas comme ça qu’une jeune fille sensée se comportait…

« Pas… continuait-elle de marmonner néanmoins, incapable de conclure, de mettre un point final à cet ensemble de mots, à cette seule chose qui faisait encore sens - les mots.

-Tu ne pourrais pas te laisser aller, tout simplement ? » susurra-t-il en s’approchant à nouveau.

Il se contenta de poser son front contre le sien. Ses cheveux ébène ruisselaient d’eau.

Sur le coup, elle se dit que pourquoi pas, après tout, puis une pensée idiote lui vint à l’esprit. Lui, combien de personne avait-il embrassé de cette manière, juste comme ça, sur l’envie du moment ? Elle, ça ne lui était jamais arrivée avant ça. C’était complètement insensé !
« Ça t’arrive souvent, à toi ? répliqua-t-elle sèchement, avec mépris.

-De me laisser aller ? Oh, oui, ricana-t-il. D’embrasser des gamines dans les ruelles ? Moins souvent, je dois l’avouer… Je crois bien que c’est la première fois… A moins qu’on ne considère Ventus comme une gamine. Je divague, là, non ? »

Elle se fichait de savoir qui était ce Ventus. Et encore ce surnom ! Elle n’était pas une enfant ! De quel droit jouait-il avec elle comme ça, au juste ?

Elle se dégagea prestement de son emprise, tourna le dos et, sans se retourner, jamais, elle se mit à courir. Si elle avait eu la faiblesse de tourner la tête, elle n’aurait pas pu faire un pas de plus. Sa course résonnait sur les pavés alors que le rire du garçon s’estompait derrière elle. Néanmoins, elle eut le temps de l’entendre l’appeler une dernière fois.

« On se reverra ! Tu peux toujours courir, je te retrouverais ! »

C’était une promesse. Olette ignora les violentes protestations de son cœur pour se concentrer sur le bruit de sa course qui résonnait dans ce monde vide de sens. Elle retraça le chemin qui l’avait mené jusqu’à lui comme on remonte le temps. Arrivée au passage, elle s’élança dedans. Il se referma juste après elle, comme s’il attendait son retour – ou au moins le retour de quelqu’un- pour s’effacer. Elle se retrouva à nouveau dans la pièce vide, presque comme si rien ne s’était passé. Mais c’était trop tard. Le silence avait été percé à jamais. Olette avait l’impression que plus jamais le bruit ne se tairait.

-_-^-_-

Il neigeait à la Cité du Crépuscule, et il s’agissait là un évènement assez notable dans ce monde où les températures étaient relativement chaudes même en hiver. Olette se souvenait avoir déjà vu de la neige lorsqu’elle était plus petite. Néanmoins, lorsqu’elle ouvrit la fenêtre ce matin-là, le duvet blanc ne lui fit pas repenser à son enfance.

Elle remonta un peu moins loin, quelques mois plutôt. Elle revint en pensée dans cette ruelle, avec cette pluie drue qui tombait, ce froid qui s’insinuait dans tous les pores de sa peau. Et ce garçon qui lui avait volé son premier baiser. Elle ne connaissait même pas son nom… Elle rêvait de lui, parfois.

Depuis ce jour, le silence n’était toujours pas réapparu dans son esprit. Elle y avait réfléchi des heures durant, avait tourné et retourné la scène dans sa tête pour arriver à cette seule et unique question : s’il réapparaissait, que ferait-elle ? Bien sûr qu’il ne le ferait pas, sinon par hasard. Sa promesse de la retrouver…. Paroles en l’air, rien de plus. Néanmoins, la réponse intriguait la jeune fille. Fuirait-elle, encore ? Oh, non, elle l’avait amèrement regretté la première fois.

Parce qu’il lui manquait, aussi insensé que cela puisse paraître. Depuis ce jour, son cœur n’avait cessé de réclamer une présence qu’elle ne pouvait pas lui fournir. Elle, auparavant si sérieuse, plongée dans les études et les livres, s’était mise à rêver. Paradoxalement ou non, elle se sentait plus vivante que jamais depuis cette nuit-là.

Elle ne le fuirait pas s’il réapparaissait. Que ferait-elle, alors ? Ça, elle n’en avait aucune idée.

Ce fut dans cet état d’esprit qu’elle sortit de chez elle ce matin-là. Merci aux vacances de Noël, elle n’avait pas besoin d’emprunter le chemin de l’école. Elle songea un moment à se rendre au repaire pour y retrouver Hayner et Pence, puis non, finalement. Elle n’avait pas envie de les voir aujourd’hui. Avec ce temps, ils ne penseraient qu’à faire des batailles de boules de neige. Oh, elle ne pouvait pas les en blâmer, mais elle n’avait pas la tête à cela.

Pour être sûre de ne pas les croiser, elle prit le chemin de la forêt qui menait au Manoir. Personne ne venait jamais par là. On y accédait par un trou dans un mur de la Cité. Elle n’avait d’ailleurs jamais compris à quoi servait ce mur, mis à part à délimiter la ville. Peut-être à faire en sorte que la végétation ne s’égare pas sur les pavés tout propres ? Enfin, quelle importance, dans le fond ?

Les arbres eux aussi étaient enneigés. C’était joli et ça changeait grandement du paysage habituel. C’était comme de partir à l’aventure dans sa propre ville. La jeune fille eut un sourire discret.

Qu’allait-elle faire, à présent ? C’était bien beau de se balader, mais cela finissait par lasser. Elle s’appuya contre un arbre sans s’asseoir, ferma les yeux et écouta simplement. Elle fut surprise de l’étrange apaisement qui la prenait. Le silence…

L’atmosphère lui paraissait presque vide. Etait-ce à cause du temps ?

Elle rouvrit les paupières, s’accroupit pour prendre un peu de neige dans ses mains. C’était froid, mais pas désagréable. Doux, aussi. Elle finit par devoir lâcher le duvet blanc néanmoins, ne tenant pas à avoir les doigts tout engourdis. Elle porta ses mains devant sa bouche et souffla dessus pour les réchauffer.

Elle ne l’entendit pas arriver. Probablement à cause de la neige. Il était silencieux, comme elle.

« Je t’avais dit que je te retrouverais, gamine », susurra une voix derrière elle, faisant glisser un souffle d’air chaud contre son cou.

Elle bondit sur ses pieds avec une exclamation de surprise, se retourna.

Il la fixait de son habituel sourire dérangeant. Olette en eut le souffle coupé. Elle le fixa un bon moment, les jambes flageolantes, sans pouvoir se détourner de son regard ambré.

« Tu as une idée du temps que ça m’a pris pour trouver ton monde ? continua-t-il comme si de rien n’était.

-Je sais, j’ai attendu », souffla-t-elle sans s’en rendre compte.

Il eut un sourire triomphant lorsqu’elle porta une main à sa bouche comme pour ravaler les paroles qui venaient de sortir. Pourtant, d’un côté, c’était vrai… Elle l’avait attendu, oui. En poursuivant sa vie comme si de rien n’était, en n’en parlant à personne, mais elle pensait toujours à lui.

C’était toujours aussi fou qu’à leur première rencontre, mais elle avait eu le temps de s’y faire. Enfin, de se faire à l’idée, du moins.
Il franchit la distance qui les séparait en quelques enjambées et se posta devant elle, son regard brillant d’un étrange éclat.

« J’ai besoin de demander la permission ? questionna-t-il en lui caressant doucement la joue.

-Oui, en effet, souffla-t-elle.

-Oooh, fit-il d’un air faussement impressionné. La petite fille devient grande ?

-Imbécile…

-Je peux ?

-Non. »

Il parut étonné. La jeune fille se félicita mentalement de parvenir à lui tenir tête.

« Pourquoi ça ? »

Pour une fois, il paraissait plus perdu qu’elle, et Olette en ressentit une joie vengeresse. Mais ce n’était pas juste pour le plaisir de lui dire non qu’elle refusait…

« Tu ne m’as jamais dit ton nom, expliqua-t-elle doucement.

-Oh, ce n’est que ça… »

Elle fronça les sourcils. Ce qu’il l’énervait ! Cette simple petite question l’avait hantée durant des mois ! Elle ne cessait de penser à une personne sur laquelle elle ne pouvait même pas mettre un prénom ! Visiblement, ce détail ne semblait pas le déranger, lui.

« En général, avant de demander l’identité des gens, on commence par se présenter, fit judicieusement remarquer le garçon.

-Je m’appelle Olette, soupira-t-elle avec néanmoins un sourire en coin. A ton tour.

-Vanitas, répondit-il simplement. Je peux, maintenant ? »

Ça lui allait bien songea-t-elle avec un petit pincement au cœur. Elle hocha la tête.

Si elle avait cru un moment qu’il s’était assagi au cours des derniers mois, elle changea vite d’avis lorsqu’il posa ses mains sur ses épaules et la renversa dans la neige. Elle tomba avec un petit cri de stupeur. Son visage à quelques centimètres du sien, il la fixait avec cette lueur amusée dans le regard et ce sourire presque malsain qui la fit frissonner malgré elle.

Il l’embrassa. Olette ne réfléchit même plus à ce qu’elle faisait, à ce qui les séparait. Elle avait perdu l’esprit, et alors ? Etait-ce de l’amour, cette chose qu’elle ressentait ? Une simple obsession ? Elle ne saurait dire. Quelque chose entre les deux, peut-être. Mais ça pouvait toujours évoluer…

Lorsqu’ils se séparèrent, Olette fixa ses yeux ambrés pour une fois sérieux. Une question lui vint à l’esprit, la frappa comme un coup de poing à l’estomac.

Et maintenant ? Maintenant, ils faisaient quoi ? Est-ce que cette chose qui les liait mènerait à quelque chose, au juste ? Elle n’osa pas formuler sa question mais n’en eut pas besoin.

« Tu pourrais me suivre, murmura-t-il à son oreille. Je suis sûr que je peux te trouver une place parmi mes ténèbres. »

Elle trembla en prenant enfin compte de l’ampleur du fossé qui les séparait. Lui, il était du côté des méchants. Cela paraissait enfantin dit ainsi, mais il s’agissait là de la vérité pure et simple. Elle se traita d’idiote. Il avait fallu qu’elle s’entiche d’un être de l’obscurité !

« Ça te plairait, hm ? continua-t-il. Ma princesse des ténèbres… »

Oh, c’était tentant, en effet. Tout plaquer sur un coup de tête pour le suivre. Incroyablement facile.

« Je ne peux pas, Vanitas… »

Son nom sonnait étrangement bien lorsqu’elle le prononçait… Il eut un petit rire sans joie, posa à nouveau ses lèvres contre les siennes, moins longtemps, puis se releva. Elle en fit de même, grelottant de froid. Elle venait à peine de s’en rendre compte.

Elle soupira, le cœur lourd, certaine qu’une fois qu’il serait parti, qu’il aurait quitté ce monde, elle ne le reverrait plus jamais. C’était sans doute mieux comme ça, mais… mais…

« Pourquoi cet air attristé, au juste ? demanda Vanitas en la prenant par la taille pour l’attirer à lui.

-Tu crois qu’on se reverra ? répondit-elle sans le regarder.

-Non. »

Elle se tourna vers lui, quémandant des explications.

« Nous ne sommes pas destinés à être ensemble, dit-il simplement. Tu ne peux pas me suivre, je ne peux pas rester. »

Là, il marquait un point. D’un autre côté, destin ou pas…

« Mais… protesta-t-elle doucement en rapprochant son visage du sien. Peut-être que, même si on n’était pas destinés à se croiser… Tu pourrais revenir quelques fois…

-Ça nous fera du mal à tous les deux, répondit-il.

-Je sais…

-Ce n’est pas raisonnable.

-Je sais... »

Oh, elle en avait assez d’être sage ! Pour le lui prouver, elle déposa sur ses lèvres un baiser silencieux comme la neige.
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[OS] Quiet like first snow

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